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Rafael est un archéologue libanais considéré comme une sorte d'Arséne Lupin un peu snob de la vente d'antiquités. Il est sollicité par Gadbahn, un militaire irakien de haut grade pour faire une expertise de pièces antiques trouvés au Nord de l'Irak. Même si cette sollicitation lui semble louche , son amour et sa curiosité pour tout ce qui est beau et antique vont le pousser à se rendre début été 2014, en Irak du Nord dans un oasis dans le désert où stationne l'unité du dit Gadbhan. L'endroit semble un trou perdu d'un calme et d'une sérénité époustouflante, alors qu'il se trouve dans une zone extrêmement dangereuse.....les milices djihadistes ne sont pas loin, ni les forces kurdes, la région est un brasier.
A travers le personnage de Rafael c'est Majdalani qui s'exprime sur la situation au Moyen Orient et en Irak y donnant sa propre vision de l'Histoire géopolitique du monde, où, selon lui le hasard et l'imprévu jouent un rôle important et ont des impacts cruciaux en majorité destructeurs sur la suite des événements et de leurs fins, si fin existe puisque rien ne s'arrête. J'ai presque envie d'y croire , quand je pense comment s'est déclenché l'invasion de l'Irak par les Américains et la mise à mort de Saddam , une marionnette de la CIA qui a finit par se prendre au jeu du pouvoir qui lui a été octroyé par ces derniers, qui une fois sa mission terminée ont décidé de l'éliminer au prix de l'annihilation du pays.
A travers ce trafic d'antiquités dans cette région, grande source de revenus pour toutes ces organisations de lutte armée, l'auteur dénonce aussi les alliances qui changent au gré des intérêts immédiats . Quand il s'agit d'argent personne n'a de scrupules pour coopérer avec l'ennemi. En l'occurrence ici une organisation de l'Etat islamique peut clandestinement négocier sans problème avec l'armée officielle iraquienne. Quand aux acheteurs......Des relations intrinsèques compliquées , où éthique, foi, moral, logique n'ont aucune place, alors qu'en occident on développe des théories pour comprendre des situations sans queue ni tête, la plupart du temps improvisées au gré du cours des événements . Et justement dans notre histoire surgit aussi l'imprévu alors que Rafael s'aperçoit qu'il va être utilisé comme un simple pion.....

Un roman époustouflant aux multiples facettes, sur fond d'une nature grandiose aux portes du désert, qui nécessite pour sa pleine appréciation un minimum de connaissances sur les événements qui suivirent la chute de Saddam en Irak. Outre, l'auteur nous restitue parfaitement l'état d'un pays aux vies précaires sans maître et sans lendemain , qui avance vers le précipice comme une voiture sans pilote, « .....L'avenir, même immédiat, restait suspendu, et toute activité semblait artificielle, comme s'il fallait continuer à aller et venir, mais sans conviction, et juste pour faire passer l'instant jusqu'au suivant puis au suivant encore, et ainsi de suite jusqu'à ce que la catastrophe arrive... ».

Je suis une inconditionnelle de Majdalani, dont tous les livres sont à mon avis à lire.
Ce dernier à la photo de couverture grandiose, qui se lit comme un thriller ne manque pas à la règle.

« Incapables d'admettre que l'Histoire n'avance qu'à tâtons, que ses acteurs jouent à colin-maillard avec les événements alors que nous les croyons toujours dans une brillante partie d'échecs, nous essayons de donner cohérence aux faits en reproduisant les affabulations télévisées ou cinématographiques qui nous inondent et qui finissent par transformer notre manière de voir la réalité, à l'instar de ce qui se produisait au moment du déclenchement de l'épidémie de Covid qui me tint cloîtré chez moi durant des mois, et que les esprits retors mettaient sur le compte d'invraisemblables complots et de sournois conflits économiques. »
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« Lorsque j'ouvrais la porte-fenêtre, le rideau soudain prenait le large et me précédait à l'extérieur avec une lenteur cérémonieuse, porté par l'air chaud du matin, gonflé d'une joie silencieuse. Pour sortir au grand jour, il fallait alors m'en dépêtrer, comme de la toile d'entrée d'une tente. Je faisais ensuite mes premiers pas de la journée sur la terrasse. J'avançais jusqu'à la rambarde rouillée contre laquelle je me tenais, devant les vergers fatigués, en face des montagnes diaphanes, encore noyées dans la lumière du soleil qu'elles cachaient et qui allait se lever derrière elles. Il faisait déjà très chaud et bientôt j'entendais, en bas, les pas du directeur de la coopérative, l'homme à la garde de qui étaient ces plantations avant que ne s'y installent les militaires et qui continuait malgré leur présence à agir comme il l'avait toujours fait, à courir ses maigres vergers, à parcourir les terres difficilement préservées contre la progression du désert, à sillonner les canaux d'irrigation envasés, bouchés, inutilisables, à moins qu'il n'exagérât son zèle pour rappeler qu'il était le maître ici, avant l'arrivée de la troupe ».

Avril 2014, en voiture dans les embouteillages de Beyrouth, Rafael reçoit un singulier appel d'un interlocuteur à l'accent des Emirats ou d'Irak. Brillant archéologue reconnu comme l'un des plus éminents spécialistes de l'objet antique, habitué à être sollicité par des particuliers plutôt louches, Rafael avait appris, poussé par l'aventure, la curiosité artistique et archéologique, à répondre positivement à des invitations de contrebandiers, voire de mafieux de tous ordres. Pléthore d'objets anciens magnifiques circulaient frauduleusement et Rafael n'hésitait pas à transgresser sa conscience lorsqu'il avait le sentiment de servir une cause juste. Sa réputation le précédait mais aussi les potins. Qu'à cela ne tienne, Rafael après s'être renseigné sur la personnalité de son solliciteur, acceptât de se rendre en Irak, et plus précisément dans le Nord, près du village de Cherfanieh, afin d'expertiser une frise assyrienne de belle taille et d'énigmatiques têtes sculptées qui soit disant, appartenait par tradition à la famille et à la tribu du Général Gadban.

Quel homme hors du commun que ce Général Gadban, singulier et impénétrable avec une stature de chef, à la tête d'une armée d'hommes qui lui sont totalement dévoués, bivouaquant dans cette immensité où vergers et plantations cohabitent non loin d'une rivière qui se jette dans le Tigre. Il rêve de faire revivre cette oasis au milieu du désert et de pouvoir ainsi redonner toute leur splendeur passée aux tribus Chammar dont lui-même est issu.

Fasciné par l'art assyrien et en quête de sensations esthétiques, l'archéologue accepte l'invitation et se rend en Irak. Pris en charge par Salem à son arrivée à l'aéroport de Bagdad, Rafael parvient en auto à l'Oasis où il est logé dans la grande maison. de la terrasse, il peut admirer ce paysage édénique. Il se laisse aller à ses méditations. Fort bien accueilli par les officiers, il savoure ses vacances en attendant l'arrivée du Général Gadban. Difficile d'imaginer qu'au-delà des montagnes du Kurdistan qui entourent au loin cette oasis, les milices djihadistes mènent des raids meurtriers là-bas, bien loin au-delà !!!!

La narration dès le début, se veut insouciante, alanguie sous la chaleur. Promenades à cheval, découverte d'un site antique, rencontre avec Shirin, la fille du Général, discussion avec le supérieur d'un couvent syriaque, tout se prête à la rêverie dans cette atmosphère suspendue. Pourtant, malgré ces instants délicieux, petit à petit, Rafael se pose des questions sur les intentions non avouées du Général Gadban. Cet homme habitué aux manipulations politiques et militaires ne se verrait il pas à la tête du pays ? Que veut-il entreprendre avec la somme de la vente de ces antiquités ? Qui serait le commanditaire ? D'un récit tout en passivité, l'histoire se fait plus inquiétante jusqu'au moment où tout bascule.

Dépaysement garanti mais aussi abondance de réflexions à la lecture de ce récit dans cet Irak dévasté ! La mémoire projette dans nos têtes, les évènements tragiques qui étaient diffusés sur nos postes de télévision, de ces souvenirs affleurent des émotions intenses.

Dans ce roman, nous retrouvons les éléments chers à Charif Majdalani : la Maison, les plantations, le Liban.

Il change, néanmoins, de registre. L'auteur élabore un récit où s'entremêlent enquête, aventure, thriller géopolitique, réflexions sur le sens de l'Histoire au travers des échanges entre Rafael et le supérieur du couvent. Les interrogations et les débats évoqués tournent autour de l'instabilité de l'Histoire. Est-elle faite de hasards ou existe-t-il un plan ? Avec des « si », que serait-il advenu ? Comment expliquer que les hommes qui gouvernent les choses fassent preuve d'une telle incompétence, qu'ils ne se soucient nullement des conséquences de l'incohérence de leur choix sans parler du jeu malsain des services secrets dont ces pays sont leur terrain de jeu. L'Histoire se répète mais nul ne tient compte des leçons des épreuves passées. Majdalani s'interroge : « à savoir que tout n'est que chaos sans signification, sans logique et sans but ».


« Il en va en tout cas ainsi de chacun de nos gestes dont l'impact, en des cercles concentriques qui vont s'élargissant, peut retentir bien plus loin et plus gravement que là où il s'est produit ».

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Une aquarelle pastel des montagnes kurdes, rappelant le Paradis dont le sentiment est né en ces contrées paisibles de l'ancienne Mésopotamie, entourant une oasis rose silencieuse et déserte. Aquarelle qui ponctue le livre, par ses descriptions de la nature, l'évocation de ce jardin millénaire puisque paradis signifie jardin , art né , avec l'écriture, l'astronomie, les chiffres, dans cette région du monde.

Habitué des tractations tordues en tant qu'intermédiaire dans la vente d'objets d'art, Raphael le Libanais est contacté pour une future vente d'antiquités mésopotamiennes. Il se méfie, bien sûr, sachant que Daesh vend ces trésors de l'humanité pour financer son avancée en Irak, puis se méfie des personnes qui le contactent, puis se méfie de lui même, trop naïf. Entre les forces Kurdes, l'Etat islamique de 2014, l'armée régulière irakienne, les puissances mondiales (Américains, Turcs, Iraniens, Européens) tous les jeux sont permis.
La curiosité et le désir de beauté l'emportent pourtant sur ses scrupules, lorsqu' on lui propose de venir expertiser ce trésor des Chammars, bédouins du Nord de l'Irak. Ces immenses effigies, statues gigantesques de lions ailés et ces grandes frises ont-elles été transportées jusqu'à Mossoul depuis le palais assyrien de Khorsabad, embarquées sur le Tigre, jusqu'à Bassora où elles furent emportées vers la France tout en distribuant en cours de route un nombre important de colis , dont beaucoup noyés au fond du Tigre? Ou bien proviennent-elles de Ninive, donc postérieures ?

En plus d'être une sorte de roman d'espionnage international concernant l'expertise et la vente des anciennes statues et bas reliefs assyriens, Dernière oasis est aussi une poésie sur la nature, une réflexion sur ce qu'est l'histoire, et sur le déroulement des évènements .

Charif Madjalani pose la question : la nécessité de trouver un sens à l'histoire et à la volonté de trouver une sorte de justification à ces assassinats à répétition, à cette violence qui pousse des villages entiers, femmes, enfants et vieillards sur les routes ne peut nous faire oublier le hasard, les croisements fortuits et choix imprévus. L'incompréhensible optimisme de ses compagnons irakiens, devant l' « absurde force montante de l'obscurantisme et de la barbarie »trouve son explication dans une certaine théorie du complot, agissant pour le compte de puissances occultes, dans l'auréole en tous cas donnée aux agents secrets. Ces agents manipulent en sous main, et finalement Raphael, essayant de trouver un sens au chaos, trouve son compte dans cette explication de ce qui advient autour de Mossoul et de Tibrik. Les plans des différentes puissances, une fois en route, les manipulations en sous-main, les trahisons, les mensonges concernant qui est qui et qui fait quoi, doivent cependant se plier à l'incertitude des hasards. C'est ça l'entropie, l'aléatoire. Un peu comme la liberté de l'homme devant les desseins de Dieu.
Considérations géopolitiques et historiques : les civilisations naissent et meurent, nous dit l'auteur, confronté au désert d'une plaine jadis fertile, mesurant la paix qui a dû régner dans ces contrées avec les massacres et la destruction, l'avancée de l'EI, qui doit l'obliger à fuir l'Irak. Sauf que cette explication ne lui plait pas complètement, car c'est souvent un fait fortuit qui entraine des conséquences en chaine (par exemple, la mort accidentelle d'Alexandre le Grand ayant mangé un fromage avarié entraine la domination de Rome sur toute la Méditerranée, et les religions monothéistes comme le christianisme et l'islam naissent sur ce monde déjà unifié.)
Livre complet et complexe, (que j'ai découvert grâce à bookycooky , qu'elle en soit remerciée) qui se lit pourtant très facilement grâce à l'écriture qui coule comme le Tigre, érudit, fabuleusement intéressant et instructif, et de plus méditant dans cet oasis où rien ne se passe, on « on est livré à la pure contemplation du mystère de l'existence du monde ».
le paradis primitif, l'aurore du monde, l'aube de la création.
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Charif Majdalani signe un roman ambitieux qui oscille entre enquête géopolitique, réflexion historiographique et hommage au "Beau". L'auteur libanais situe son récit en Irak, non loin des terres bientôt gagnées par Daech, alors en pleine expansion. L'attente, le soleil brûlant et les arbres apaisés à peine agités par la brise nocturne font naître chez le narrateur une certaine indolence. Cette atonie lui laisse le temps d'élaborer les hypothèses les plus folles quant à l'identité de son hôte, vendeur de pièces antiques dont l'origine questionne le héros... (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2021/09/05/derniere-oasis-charif-majdalani/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Attention, coup de coeur !!
Dans le Kurdistan irakien en 2014, un spécialiste libanais de l'archéologie est invité par le mystérieux général Ghadban pour expertiser un trésor constitué de quatre sculptures en gypse. Notre narrateur va se trouver mêlé à une aventure digne d'Indiana Jones, à une passionnante quête en plein désert et dans le tourbillon de l'histoire. le casting se compose de l'armée régulière irakienne, les kurdes, l'Etat Islamique qui sème la terreur dans la région, les milices privées des cheikhs, la CIA, les agents secrets russes ou turcs. Car un trésor pareil vaut une fortune et pourra alimenter le conflit pour celui qui saura bien le négocier. Entre manipulations politiques, coups bas, trahisons, complots et attentats, notre spécialiste de l'histoire de l'art va se retrouver à la croisée des chemins de l'histoire avec un grand H.
Cela démarre tout doucement par une attente interminable de la rencontre avec le fameux général au sein de son oasis, puis tout s'emballe avec l'arrivée de Daech aux portes de Mossoul. La fin de ce superbe roman se lit comme un thriller.
Les dialogues entre l'archéologue et le supérieur du couvent nous permettent d'appréhender l'histoire humaine comme générateur de désordre et de chaos. Les plaines autrefois fertiles du Tigre sont devenues un désert, notre oasis va se réduire comme peau de chagrin.
“Si la civilisation humaine a commencé ici, cette plaine donne aujourd'hui une image de ce que sera sa fin.”
Merci au challenge multi-défis 2022 qui m'a amené à lire un roman se situant au proche-orient, sinon vraisemblablement je serais passé à côté de cette pépite.

Absolument passionnant !
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Entropie : tel est le mot-clé de Dernière oasis, le roman du libanais Charif Majdalani, dont les livres ne déçoivent jamais, de par leur érudition, leur style et leur lucidité. L'intrigue prend place en 2014, en Irak, et implique militaires, forces kurdes et de l'État islamique autour du héros, un expert en antiquités orientales, toujours à la limite de la légalité. La situation est explosive mais avant que l'action ne prenne le dessus, Majdalani prend le temps de la contemplation dans cette oasis hors du temps, sorte de dernier refuge d'un paradis perdu, proche des lieux considérés comme le berceau de l'Humanité. Autour de bas-reliefs assyriens, autre symbole d'une lointaine époque, l'action va alors s'accélérer dans le tumulte et le chaos des combats. L'auteur rend passionnant le contexte géopolitique mais va plus loin en s'interrogeant sur la marche de l'Histoire, bien plus chaotique et cahoteuse que ne le prétendent les manuels, fruit du hasard, des nécessités et, pour une grande part, de l'incompétence des "grands" dirigeants successifs de la planète. C'est tout ce qui fait le prix de Dernière oasis, cette alliance subtile de l'aventure et de la réflexion dans un ouvrage qui alterne avec bonheur temps en suspension et précipitation des événements, marquant le désordre du monde et la progression inéluctable et entropique de l'Humanité.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Nous sommes entre le printemps et l'été 2014 dans le Nord de l'Irak. le narrateur est un spécialiste d'oeuvres archéologiques orientales qui ne recule pas devant le trafic d'art. Invité dans une oasis par un charismatique général Ghadban qui tient provisoirement une position liminaire au nom de l'armée irakienne mais en réalité sur la base des allégeances tribales liées à son propre territoire ancestral entre les forces kurdes et les djihadistes de l'État islamique, il doit expertiser et exfiltrer un trésor d'une valeur inestimable. Parallèlement à ce travail illicite et dangereux, et lors de cavalcades au galop entre le désert et les villages chrétiens alentour, il tombe amoureux de Chirine, la remarquable fille de Ghadban. Lorsque Mossoul est conquise par Daech, que le général tombe victime d'un attentat et que le trésor disparaît, le récit se transforme en roman d'aventure, dans lequel le héros et, pendant un court temps, la jeune fille, évoluent dans la zone de guerre à moto, s'interrogeant à la fois sur l'identité des meurtriers de l'homme et sur le devenir du trésor archéologique. Des théorèmes complexes sont échafaudés concernant les éventuels doubles-jeux des uns et des autres belligérants vis-à-vis de Daech, et au-delà eux, sur les possibles responsabilités et trahisons des Américains, des Turcs, des Russes, des Iraniens, dans le cadre de la guerre irakienne. le narrateur refuse les grandes théories complotistes tout en prônant une interprétation des faits historiques fondée sur les hasards, les mauvais calculs, les décisions basées sur des données insuffisantes ou erronées ; pourtant, il est pris au même piège qu'il dénonce, et se voit contraint de modifier plusieurs fois ses conclusions, ce qui n'est pas sans influencer ses affects envers les différents personnages qu'il a rencontrés.
Par-delà l'impression d'une recherche fouillée sur certains aspects assez méconnus et/ou controversés de la guerre en Irak, par-delà le côté aventureux de la contrebande internationale d'oeuvres d'art et des relations sentimentales, ce roman offre de splendides descriptions de paysages et de situations de la guerre moderne, ainsi que de belles réflexions sur L Histoire conçue comme phénomène d'entropie causée par la fureur humaine.
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Je suis une fidèle de Charif Majdalani, auteur libanais qui écrit en français et qui axe souvent ses romans sur la société ou l'histoire de son pays

Un registre différent peut étonner avec cette dernière parution : La situation explosive de l'ensemble du Moyen Orient et les conflits contre l'Etat Islamique font le socle de ce roman réfléchi et souvent passionnant, pétri de théories géopolitiques, incitant à une réflexion sur nos modes de gouvernance, entre démocratie et politiques extrémistes,

L'ambiance décalée du roman, écrit à la première personne, est portée par un personnage principal dans un « entre deux mondes » face à l'immobilité du désert, comme en attente d'une violence annoncée. On s'immerge dans la mentalité irakienne, entre clanisme et corruption, avec en creux le trafic d'oeuvres d'Art finançant la lutte de tous les partis.

Je ressors dubitatif de cette lecture, noyée dans le décor géographique que l'auteur décrit à satiété, mais impressionnée par la clairvoyance de nombreuses analyses.
De longs passages alourdissent néanmoins la lecture, par la nonchalance de l'action et l'envolée des introspections.

C'est un roman qui n'en est presque pas un et qui se mérite, même si le fil rouge de la disparition de trésors artistiques tient en haleine à l'instar d'un roman policier.
Il est vraisemblable que Charif Majdalani a hésité entre style romanesque et essai pour évoquer la géopolitique du Moyen Orient. le roman est accessible au plus grand nombre mais ce ne fut pas une lecture coup de coeur
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Un spécialiste libanais en antiquités orientales est appelé par un général irakien pour expertiser des pièces se trouvant en sa possession. Rendez-vous est donné dans une oasis adossée à un confluent du Tigre dans le nord de l'Irak, à la veille de la prise de Mossoul par Daech. le narrateur se trouve alors embarqué à son corps défendant dans une sombre histoire de trafic de reliques historiques à l'épicentre du conflit opposant l'Irak à l'EI.
L'intrigue est pour l'auteur le prétexte pour évoquer le délitement de l'Irak, ses conséquences sur le Moyen-Orient et par extension sur l'Occident. Ce roman est aussi l'histoire d'un général qui projetait de rétablir l'ordre et la prospérité dans cette région désertique d'Irak qui fut autrefois le grenier à blé du Moyen Orient et dont l'oasis, véritable havre de paix où poussent abricotiers, pruniers et palmiers, en est la promesse. Hélas, une suite de circonstances font échouer ce projet et livre la région au chaos. L'entropie comme facteur de désordre revient comme un leitmotiv dans la bouche du narrateur pour expliquer l'incapacité des hommes à bâtir durablement. L'entropie en physique est une grandeur thermodynamique de mesure du désordre dans la matière. Pour l'auteur, l'irruption du temps et de l'histoire comme facteur de désordre et de destruction serait la conséquence de l'action de l'homme dans le monde. Ainsi, les empires naissent, croissent et disparaissent. de l'empire assyrien, il ne reste comme témoignage que ces reliques, objet d'un trafic international, vendues une fortune à des amateurs d'art de tout acabit. Que l'on adhère ou pas à cette vue de l'histoire, il est certain que le jour où les Américains ont mis le pied en Irak a marqué le début d'une spirale meurtrière dont nous n'avons pas fini de voir les conséquences. Au chaos irakien, comme en écho, répond le chaos libanais que l'auteur a décrit dans un essai fort instructif, Beyrouth 2020, journal d'un effondrement.
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Venu du Liban, un roman sur l'histoire contemporaine : attaques de l'EI en Irak et fuite des chrétiens syriaques vivant dans une zone désertique entre Kurdistan et Syrie, au milieu des tribus bédouines, sur fond de trafic d'oeuvres archéologiques. Un point de vue intéressant qui se lit vite (mais nécessite quelques connaissances) et une description superbe de l'oasis mais je n'ai pas réussi à m'enthousiasmer complètement : je trouve gênant de lire une fiction sur un thème aussi brûlant d'actualité et le discours sur le monde et les hommes trop désenchanté pour moi, surtout porté par ce personnage peu recommandable.
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