Elle qui avait toujours rêvé d'écrire un livre de recettes, accumulant des notes au fil des ans, la Grande Faucheuse ne lui aura pas laissé suffisamment de temps. Aujourd'hui, toute sa famille est réunie autour d'elle. Dix ans que cela n'était pas arrivé. Trop occupée pour l'honorer d'un déjeuner dominical. Dans son cercueil, Maria nous présente ses cinq enfants : l'aîné, Giovanni, un peu trop gentil, et sa femme, Anna, qu'il n'a jamais eu le courage de quitter ; Agata, une artiste ratée qui n'a jamais réussi à vendre ses toiles ; Diego Maria, un homosexuel qui ne se lie qu'avec des hommes riches ; Rosalia, une belle femme posée, une infirmière qui a épousé un chirurgien, son enfant préférée ; et enfin, Santo, arrivé sur le tard, qui fait des études de journalisme et voyage beaucoup. Maria, dont le mari est décédé il y a maintenant plus de 20 ans, a élevé seule ses enfants et pense, hormis quelques exceptions, avoir fait du bon travail. Son enterrement sera l'occasion pour elle de faire remonter certains souvenirs, certains secrets aussi qu'elle aurait préféré taire...
Si au cours de son enterrement, Maria remonte le fil de ses souvenirs pour nous ramener des années en arrière, ce sera aussi l'occasion pour ses cinq enfants de se dévoiler, chacun ayant droit à son chapitre, entrecoupé également de recettes de cuisine... italienne, évidemment ! L'on va de surprises en surprises, concernant chaque membre de cette famille,
Giulio Macaione évoquant ici et là l'absence de la figure paternelle, une mère autoritaire et peu encline aux gestes d'amour, le commérage, la religion, les codes sociétaux de Palerme ou encore les blessures d'enfance. Cet album, s'il fleure bon le basilic et la sauce tomate, révèle également une tragédie familiale douce-amère et un brin piquante. Graphiquement, son trait réaliste et fin, ainsi que sa palette de couleurs, du noir et blanc pour le présent et sépia pour le passé, reflètent parfaitement les émotions et nous plongent dans une ambiance tendue.
Un album savoureux...