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L'intrigue se déroule à Bologne sur une courte période, débutant quelques jours avant Noël. Nous sommes en 1953. Une femme a été assassinée dans un petit appartement. La voisine qui habite l'étage situé au-dessous a prévenu la police.

La victime est Stefania, l'épouse du professeur Cresca, victime quelques mois plutôt d'un étrange accident qui a causé également la mort d'un enfant. On fait appel aux lumières du commissaire De Luca, plus ou moins sur la touche car policier durant la seconde guerre mondiale, donc suspecté de collusion avec les fascistes…

Il est assisté dans son enquête par un jeune policier, Giannino, féru de jazz et on va suivre le duo à un concert où ils vont rencontrer une jeune femme dont la voix ressemble à celle de Lena Horne.

J'ai beaucoup aimé me retrouver à cette époque si particulière : la seconde guerre mondiale n'est pas si loin, la guerre froide bat son plein, on ne sait plus qui espionne qui et on a la gâchette facile… il y a des règlements de compte dans l'air, des policiers ripoux…

Bologne, dans le froid de l'hiver : il neige et il faut bien dire que le chauffage n'était pas particulièrement au point à l'époque. L'atmosphère est glauque, et les méthodes d'investigation limitées, les experts n'étaient pas encore entrés en scène.

Quel plaisir d'arpenter ses rues où l'on peut se faire trucider à tout instant, sur fond de jazz et de musique italienne, de belles brunettes, aux jambes divines qui aiment bien se déplacer pieds-nus, et surtout notre belle chanteuse Claudia, alias Facetta Nera, dont notre commissaire s'éprend au passage… sur fond de cuisine italienne qui fait saliver alors que De Luca est quasiment anorexique et soigne son insomnie à la caféine (ah les vertus de l'expresso !)

De Luca, ex-commissaire qui pourrait le redevenir, que l'on appelle Ingénieur, est un personnage sympathique et attachant qui met un point d'honneur à résoudre une enquête plombée d'avance, sous les ordres du commandeur d'Umberto qui s'empiffre de bomboloni, sorte de beignets à la crème, plutôt du style barbouze, ripoux comme on veut…

Carlo Lucarelli multiplie les pièges, les fausses pistes jusqu'au bout du roman pour notre plus grand plaisir. Il nous offre au passage des coupures de journaux de l'époque de la guerre froide, ce qui intéressait la population à cette époque pour nous donner le temps de souffler un peu entre deux coups d'accélérateur sur la belle voiture de Giannino dont la « conduite sportive » comme disent les djeuns donne souvent le tournis.

C'est la première fois que je lis un polar de Carlo Lucarelli et cela me donne envie de continuer à explorer son univers. Son style est plaisant, ses réflexions sur le démenti plausible, ou le crime parfait ou perfectible ou encore la manière de « gérer l'imperfection » ou ses comparaisons avec les différentes races de chien pour étiqueter les flics, les ripoux, ceux qui sont doués…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Metailié qui m'ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteur.

#Uneaffaireitalienne #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Giallo alla bolognese.
Nous avons connu cette série ancrée dans la République de Salò, puis dans l'après-guerre (Carte blanche,'L'Eté trouble et Via delle Oche).
Nous somme en 1953, le commissaire De Luca n'est plus en odeur de sainteté. Cantonné à des tâches subalternes, il est réintégré sous une fausse identité pour enquêter en sous-marin sur l'assassinat de l'épouse d'un universitaire .

Intrigo italiano. Il retorno del commisario De Luca.est un giallo classique, dont on suit l'intrigue avec un peu de distance. Se détache plutôt de ce roman noir la figure de Claudia une jeune femme métisse, fille d'un Bolonais et d'une Abyssine , qui a grandi en Italie, travaillé comme repiqueuse dans les rizières ambiance Riz amer de Giuseppe de Santis , combattu avec les Partisans dans les montagnes, et qui chante désormais dans les clubs de jazz en rêvant de faire un disque et de se présenter au festival de SanRemo.
Se détache également, et c'est là que Carlo Lucarelli donne la pleine mesure de son talent de romancier , le portrait d'un pays portant encore les séquelles de la guerre, mais en pleine mutation sociale - l'Affaire Wilma Montesi est en train se secouer le pays-, culturelle -l'American Way of Life, le jazz- et surtout politique, le pays entrant de plein pied dans le jeu de dupes que mènent les Etats-Unis et l'URSS en Europe comme partout ailleurs.

De Luca toujours aussi investi, intellectuellement et affectivement dans ses enquêtes, va devoir louvoyer et apprendre de ces nouveaux enjeux politiques et stratégiques différents de ceux avec lesquels il avait dû composer sous Mussolini.
Une Affaire italienne semble donc marquer un tournant dans l'existence pourtant riche du commissaire De Luca, comme dans celle de la politique internationale de l'Italie, à suivre dans Peccato Mortale et L'inverno più nero.

Je remercie les éditions Métailié pour l'envoi de ce roman noir reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique Mauvais Genres.
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Rien de tel qu'un bon polar pour l'été.

Ici le personnage principal est un drôle de flic, De Luca, qui enquête incognito sur le meurtre d'une femme, assassinée dans sa baignoire, du sang partout dans l'appartement.
Le récit s'ouvre sur un accident de voiture. Notre héros est à bord, son lieutenant conduit sur une route italienne dangereuse sous la neige. Va-t-il mourir ?

Il n'est pas officiellement en mission – on comprendra pourquoi plus tard, son passé pendant la période fasciste n'étant pas reluisant. Pour le moment nous sommes à Bologne en 1953 et il fait froid.

De Luca doit déjouer de nombreux pièges et se concentrer sur l'enquête. Il a des indices, notamment ce jeune garçon, qui vit un étage plus bas que l'appartement où a été commis le meurtre, et qui a croisé un homme à tête de monstre : l'assassin peut-être ?
Mais il y a plein de chausse-trappes et De Luca doit déjouer les pièges pour rester en vie.

Et puis il y a le jazz, et cette rencontre improbable avec la belle chanteuse. Celle-ci a plusieurs identités : Facetta Nera, en référence à sa peau brune, mais aussi Claudia. Elle rêve de devenir une vraie chanteuse de jazz et de faire un album. Mais son Manager, ou bien celui qui la soutient dans ses démarches, est retrouvé pendu subitement : faut-il voir l'action de tête de monstre ?

Très documenté sur la période post-fasciste, le décor est très bien planté et l'intrigue bien cousue.
Nous sommes aussi en pleine guerre froide, et on découvre au fil de l'enquête qu'il y a de liens obscurs entre l'Italie et la Russie …

Carlo Lucarelli mène son affaire italienne avec talent, et nous le suivons avec plaisir, jusqu'au rebondissement final.
Un bon bol d'air frais qui nous replonge quelques années en arrière pour une équipée qui en vaut la peine : AVANTI !
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Un peu de mal à rentrer dans l'histoire, mais c'est probablement à cause d'un anachronisme qui m'a empêchée de trop y croire.....le flic qui met sa ceinture de sécurité en 1954, c'est fortement incroyable! les voitures n'en sont pas équipées encore, et après vérification, la première qui en a été pourvue l'a été en 1959! Oui, je sais, ce n'est qu'un détail, mais une enquête policière n'est-elle pas une suite de détails accolés qui finissent par faire sens?
Heureusement, j'ai vite oublié cette licence romanesque, et j'ai accepté de donner un peu de crédit à ce pauvre De Luca, que j'ai trouvé assez attachant, et son acolyte Giannino assez drôle et pittoresque.
L'histoire est rocambolesque à souhait, ni trop ni trop peu, elle s'inscrit dans une période où l'Italie se cherche, où la corruption est partout, où personne ne peut faire confiance à personne, et, ma foi, l'auteur a su créer une atmosphère représentative.
C'est cette ambiance qui m'a plu, ainsi que la psychologie des principaux personnages. Naturellement, c'est De Luca, alias l'ingénieur, alias l'impresario, alias l'assureur, qui remporte la palme. Il a l'air entre deux vies, ne sachant pas très bien se situer, après le fascisme, avant la réhabilitation, entouré de gens pourris, vendus, lui même ne sachant pas vraiment ce qu'il doit être, mais déterminé dans sa quête de l'assassin.
Que de rebondissements et que d'étonnement dans cette histoire! on ne peut le nier, elle est très bien ficelée.
La cerise sur le gâteau, est bien sûr le coeur de notre commissaire qui s'emballe pour une petite à l'air si innocent.....
Merci à la Masse critique, aux éditions Métaillé Noir de m'avoir fait découvrir Carlo Lucarelli, et de m'avoir offert cette petite plongée dans une Italie passée.
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Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Bologna insanguinata. Bologne la sanglante. Dans la garçonnière d'un homme mort dans un accident de voiture deux mois auparavant, le corps de son épouse est retrouvé. Nue, noyée dans une baignoire, Stefania Cresca a reçu aussi des coups à la tête. Son sang tapisse une scène de crime marquée par des vinyles de jazz répandus par terre et brisés, et par de sérieux indices qui montrent que l'on a utilisé la machine à écrire au moment du meurtre. Les fêtes de fin d'année approchent, le froid et la neige parcourent les rues bordées d'arcades de la capitale de l'Emilie-Romagne. Pour enquêter discrètement, Rome envoie un homme au profil très particulier. Giovanni de Luca, aidé du jeune bellâtre Giannino, est chargé de faire la lumière sur une affaire bien sombre. Ancrant son Affaire italienne dans une Italie encore tourmentée par les années de guerre, Carlo Lucarelli reprend les codes du noir en leur donnant une teinte transalpine très marquée. Il réussit ainsi à lui donner une ambiance aussi hivernale que lumineuse.

L'année 1953 se termine, et avec elle les évènements marquants : la mort de Staline, l'accession au trône britannique d'Elisabeth II, la fin de la guerre de Corée. L'Italie est encore en reconstruction, car le fascisme a laissé de fortes traces. Pas tant dans les bâtiments, d'ailleurs : la piazza Maggiore est superbe, la porte Saragozza a tenu le coup ; les traces du fascisme sont plutôt à chercher dans le coeur des hommes et des femmes qui se sont battus, dans un camp ou dans l'autre, une décennie plus tôt. Sans être trop précis à ce propos, Lucarelli laisse entendre que De Luca a aussi joué son rôle. En tant que commissaire, il a servi dans la police politique fasciste. Dans les regards d'inconnus croisés dans la rue, il sent encore la suspicion qui pèse sur lui : celle d'avoir servi, un jour, dans le camp des oppresseurs. A vrai dire, le monde a changé et n'a pas changé en 1953. La police italienne est toujours marquée par l'empreinte mussolinienne et ses méthodes de barbouzes. D'un autre côté, c'est désormais la guerre froide entre Américains et Soviétiques qui définit le paradigme politique de l'époque. A Bologne se jouent les mêmes jeux d'influence qui opposent capitalistes et communistes, CIA et KGB ; intellectuels et policiers ont à choisir et un mauvais choix peut rapidement mener dans une impasse, ou à la mort. Dans une Bologne surnommée la rouge (Bologna la rossa), la nouvelle vision du monde a forcément un peu plus d'importance qu'ailleurs. Ce contexte politique et historique n'est pas seulement une toile de fond. Lucarelli personnalise l'ancien et le nouveau rapport au monde : la chanteuse, Claudia, a appartenu aux partisans italiens luttant contre les fascistes tandis qu'Aldino, le pharmacien jazzman de bas étage, fricote avec les Soviétiques. Lorsque la plaie est encore vive, tout ce qui y bouge a tendance à brûler un peu.

En réalité, on pourrait se demander si Carlo Lucarelli veut vraiment résoudre l'affaire qu'il propose. Si l'affaire piétine sérieusement, c'est bien sûr parce que les indices comme les témoins viennent à manquer très rapidement. Mais l'auteur a peut-être aussi sa part de responsabilité. Tout cela n'est-il alors qu'un grand voile d'apparence, tendu par le narrateur, pour nous faire voir à travers ce qu'il veut réellement nous montrer ? Apparence d'une scène de crime sordide, où rien ne colle vraiment : pourquoi a-t-on utilisé la machine à écrire au moment du meurtre ? Pourquoi les affaires de la victime ont-elles disparu ? Apparence d'une équipe d'enquêteurs : pourquoi De Luca se fait-il appeler Morandi, et pourquoi l'appelle-t-on ingénieur, et non commissaire ? Pourquoi lui avoir imposé la présence de Giannino, beau parleur et certes fin connaisseur de la ville, mais sans réelle expérience policière ? Pourquoi demander à de Luca de faire la lumière sur le meurtre de Stefania Cresca et pas sur les autres morts suspectes, à commencer par celle de Mario Cresca ? Et pourquoi D'Umberto, le chef de service, ne semble-t-il pas accorder une grande importance à la résolution des crimes ? Les apparences sont parfois trompeuses. Avec son Affaire italienne, Carlo Lucarelli livre un semblant de roman noir.

Il est paradoxal que le roman, écrit dans une langue simple et dynamique, produise à la fois deux ambiances contradictoires. L'une est hivernale, à cause de la saison décrite, à cause du froid qui engourdit les membres, provoque les quintes de toux et oblige à chauffer les chambres au poêle à bois. L'autre est lumineuse, car c'est une Italie riche et délicate qui est décrite. Sans doute l'ambiance musicale - car l'époque est au jazz venu d'Amérique - réchauffe-t-elle aussi, et cette musique d'espoir porte sans doute en elle les promesses d'un pays renouvelé. Mais Bologne n'est pas que rossa ; elle est aussi dotta et grassa, docte et grasse, elle promet les nourritures pour l'âme et le corps. du plat de grenouilles frites aux tortellini en passant, même, pour l'austère De Luca, au café noir, c'est une Italie douce et presque maternelle qui apparaît, loin des horreurs des hommes. Il y a enfin ce goût du beau, que rendent les pages des magazines féminins de mode, que démontrent les lignes élégantes de la Lancia Aurelia de Giannino, que matérialisent les costumes sur mesure et les chaussures cirées du même Giannino. Une Affaire italienne est un roman noir égayé de quelques couleurs. Ce sont les belles choses - un plat parfumé et rassurant, une carrosserie racée et nerveuse, la passion naissante entre un obscur inspecteur et une lumineuse chanteuse d'origine éthiopienne - menacées par des mains invisibles : c'est l'innocence à peine retrouvée et déjà menacée.
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Une Affaire italienne, Intrigo Italiano. Il ritorno del commissario De Luca dans la version originale parue en 2017, a été publié par les éditions Métailié en 2021. L'écriture sobre, dans un style souvent journalistique, fait ressortir l'art de la mise en scène filmographique propres à l'auteur: "De Luca le vit en premier, le tournant qui pliait la route comme un coude, et instinctivement, ses pieds écrasèrent le plancher de l'auto, sa main gauche agrippant la poignée avec une force à faire mal aux doigts, la bouche encore béante.
Giannino s'en aperçut un instant après, freina avec un autre juron toussé entre les dents et tourna le volant pour se rabattre à droite, de nouveau derrière le camion, mais en fait il était trop tard." (Page 11)..."Il était en haut de l'escalier, sur le dernier palier étroit qui, au-delà d'une rambarde basse et carrée, donnait sur le vide. Il y avait des rubans adhésifs collés sur la porte avec l'inscription “Police” au crayon, et le tampon de la Questure. De Luca les montra à Giannino, d'un mouvement du menton car il avait les mains plongées dans son pardessus, le dossier couleur crème sous le bras. On aurait dit que tout le froid humide de la rue avait été aspiré jusque-là par la cage d'escalier.
Giannino arracha les scellés puis sortit un passe-partout et, en un instant, ouvrit la porte. Il sourit à De Luca mais celui-ci ne le regardait plus. Il fixait l'obscurité au-delà du seuil tandis que son coeur avait commencé à battre fort et cette fois oui, un excès de salive, d'eau à la bouche, vraiment, le contraignit à déglutir." (Page 20).
Construction: chaque chapitre figure une journée d'enquête, l'histoire commençant par la presque-fin, avec l'accident de voiture dont De Luca et son adjoint Giannino sont victimes. Procédé déroutant car le lecteur ne comprend pas tout de suite où ils vont, et pour quelle raison ils se trouvent sur cette route, en plein hiver. Ce n'est qu'à la fin du roman que le lecteur apprend tous les détails et qu'il fait le rapprochement avec tous les éléments de l'enquête qu'il réunit au fur et à mesure de la lecture.
Fil rouge: Guerre Froide, le péril rouge représenté par les communistes =>Un contexte historique difficile, que nous lecteurs d'aujourd'hui peinons à nous représenter: les relations sociales et politiques gangrenées par une ambiance de délation, de méfiance, héritage des années de fascisme et du totalitarisme imposé par le Duce et sa clique.

21 décembre 1953. De Luca, qui a été le meilleur flic d'Italie pendant la période fasciste et mis sur la touche depuis cinq ans, revient à Bologne incognito afin de résoudre le meurtre de Stefania Mantovani, veuve du professeur Mario Cresca, décédé deux mois plus tôt dans un accident de voiture. Elle a été retrouvée morte dans la baignoire de la garçonnière de son mari. 
Une fois sur place, De Luca observe la scène du crime qu'il reconstitue en imagination. Très vite, il se rend compte que certains détails ne cadrent pas avec le déroulement supposé des événements de la soirée. Aucun signe d'effraction. Connaissait-elle son agresseur? Pourquoi ne retrouve-t-on pas les vêtements de la morte? Et pourquoi l'étrangler avec le fil du téléphone dans le salon pour ensuite la noyer dans la baignoire de la salle de bains?? Décidément, rien ne colle...
La mort soi-disant accidentelle du professeur aurait-elle un rapport avec le meurtre de sa femme? Si oui, quel lien entre les deux morts? De Luca pressent que cette affaire n'est pas si simple qu'elle n'en a l'air, dont les dessous ne sont pas clairs: jalousie d'un membre du groupe de jazz dans lequel jouait le professeur? Meurtre politique dans la lutte contre les communistes? Crapuleux? Ou passionnel? Les pistes ne manquent pas et De Luca devra faire preuve de beaucoup de persévérance et utiliser ses facultés de déduction au maximum s'il veut pouvoir démêler les fils de cette affaire bien embrouillée. D'autant que la météo hivernale, chutes de neige, routes verglacées, gêne considérablement les investigations du commissaire.

Carlo Lucarelli nous entraîne dans les glauques méandres de la politique de l'Italie d'après-guerre, une Italie meurtrie par son passé fasciste dont elle a bien du mal à se blanchir, à l'image de De Luca mis sur la touche pendant cinq ans et que l'on fait revenir incognito plus par nécessité que par reconnaissance, estimant qu'il est le seul à pouvoir venir à boude cette enquête. La scène où il est reconnu par un tenancier de bar est à ce titre très significative. L'ambiance de film noir, le caractère taciturne du commissaire illustrent l'atmosphère délétère dans laquelle se démène la classe politique de ces années noires. du grand polar noir...

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le côté enquête, polar proprement dit, d'Une affaire italienne n'est pas le plus intéressant. C'est souvent le cas. Un policier plus vraiment policier, 1952-1953, dans la belle ville de Bologne, Bologne la rouge, bastion du PCI des belles années, aux sympathies souvent prosoviétiques. Bologne qui n'aime ni les fonctionnaires romains ni les businessmen milanais. De Luca fut un bon flic, mais durant le régime fasciste. Sur la touche il officie très officieusement. L'affaire de départ, la jolie veuve d'un professeur d'université, retrouvée massacrée dans sa baignoire, peu après la mort accidentelle de son mari.

De Luca et son chaperon un peu plus officiel, le jeune Giannino, vont se trouver au coeur d'une affaire, certes italienne, mais surtout émilienne, dans laquelle grenouillent des agents russes, des flics du cru, des musiciens de jazz. le chapelet des morts violentes s'égrène et on a un peu de mal à s'y retrouver. le plus réussi dans Une affaire italienne c'est un petit matin gris en période de Noël dans le froid d'Emile-Romagne. C'est Stormy Weather chanté par la belle Claudia, dite Faccetta Nera, la Lena Horne bolonaise, un peu d'Ethiopie dans cette Italie nordique. Elle est un peu obligée de chanter quelques roucoulades, et Bella Ciao. Mais la musique n'adoucit pas toujours les moeurs et Claudia n'est pas une oie blanche.

De Luca était apparu il y a vingt ans dans une série de trois ouvrages dont Via delle Oche. Carlo Lucarelli l'a laissé mijoter un bon moment et le réactive donc dans cet excellent thriller giallo, dans une Italie au début de sa renaissance où essaient de se recycler, comme dans toute après-guerre, quelques personnages au passé peu reluisant. Dame, il faut tenter de rebondir. Un cousin transalpin du Bernie Gunther de Philip Kerr en quelque sorte. Bologne est une ville où j'ai passé quelques jours il y a quelques années et j'ai eu plaisir à en arpenter les portiques sur les traces de De Luca alias l'Ingeniore Morandi.

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C'est la première fois que je rencontre le commisaire De Luca, personnage apparemment récurrent des rompols de Carlo Lucarelli.
Reconnu comme un flic d'exception sous le régime fasciste, il a payé, à la victoire des Alliés, son allégeance à la dictature.
Pourtant, certains, bien plus coupables que lui, ont réussi à faire oublier leur passé...
Alors que le pays se reconstruit doucement sur les ruines fumantes de la défaite, l'excommunié est appelé à la rescousse pour enquêter sur l'assassinat de la veuve d'un professeur d'université. Même si l'intrigue est un moyen de décrire la déliquescence de la société italienne dans les années d'après-guerre, ce roman qui se déroule à Bologne à l'hiver 1953, vaut surtout pour l'ambiance, digne des films noirs des années 50, qu'il dégage.
Sur une bande-son qui fait la part belle au jazz, symbole de la libération.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Le roman s'ouvre sur une sortie de route sur une petite route de Bologne, dans un virage dangereux.

J'ai été dérouté par l'ingénieur, l'un des deux personnages dans la voiture. Un ingénieur qui fait une enquête ? Etonnant.

Puis le récit revient à l'arrivée de l'ingénieur dans la ville.

Petit à petit, on découvre pourquoi l'ingénieur de Lucca enquête à Bologne, et pourquoi son adjoint l'appelle ingénieur.

L'auteur m'a fait découvrir l'Italie des années 1950, dans une ville ravagée par la guerre, et où les inimitiés créées en 40 ont la vie dure.

L'action se déroule fin décembre-début janvier 1953-54, et il fait très froid, même dans les appartements.

J'ai souri à certains noms de personnages : de Lucca pour l'ingénieur, mais aussi le commandeur d'Umberto. Un hommage, sans doute.

J'ai aimé que la jeune fille de l'histoire ne cesse de marcher pieds nus dans les différents appartements, et même quand elle chante ; qu'une fois assise, elle sert toujours ses genoux entre ses bras.

J'ai souri à la formulation : « comment c'est qu'ils les font (les fritures) que c'est une merveille ? Frites ou en sauce ? Je ne sais pas adjudant, je n'ai pas compris. »

L'auteur a su créer une ambiance froide et sombre, humide.

J'ai aimé les personnages très typés, comme celui surnommé Tête de Monstre.

Un polar italien qui m'a littéralement transporté à une autre époque, un régal.

L'image que je retiendrai :

Celle du café sans lequel l'ingénieur ne peut pas vivre.
Lien : https://alexmotamots.fr/une-..
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A la bolognese

Toujours beaucoup de plaisir à suivre la belle écriture de Carlo LUCARELLI.

Nous sommes à Bologne, hiver 1953. le roman débute sur un accident de voiture qui laisse la vie de notre héros, l'énigmatique commissaire De Luca, en suspens.
Flash-back : De Luca, mis à l'écart pour n'avoir pas combattu fascisme et nazisme, a été rappelé dans le plus grand secret pour élucider le meurtre de Madame Stefania Cresca dont le mari a, lui-même, été victime d'un accident de voiture.

L'ambiance est noire : énigme policière ou affaire d'espionnage ? Nous sommes dans les années 50, URSS, USA, la guerre froide fait rage et le meurtre, « la sortie de scène », est la solution de facilité pour éliminer celles et ceux du camp adverse ou de son propre camp.
C'est dans ce climat trouble que notre commissaire anorexique va traîner sa silhouette, exercer son esprit acéré pour démêler des fils d'autant plus embrouillés que s'y noue une histoire d'amour au rythme du jazz et de la variété italienne.

Carlo LUCARELLI a su rendre cette ambiance noire et opaque propre aux histoires d'espionnage de cette période. L'histoire forcément compliquée fait la part belle aux pièges, chausse-trappes, dissimulations, révélations contradictoires… La raison s'y perd pour mieux s'attacher aux personnages qui offrent, à leur tour, plusieurs visages; et en particulier, De Luca, à chaque fois habité de façon obsessionnelle et quasi animale par son enquête et les pistes à suivre.



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