Histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir, c'est le récit du quotidien. le quotidien d'un homme en fin de vie, qui vivote dans un semi déni de sa propre mortalité, et qui va peu à peu tisser des liens avec sa nouvelle voisine.
Cette voisine, c'est notre narratrice. Curieuse de connaître son voisin, elle s'immisce petit à petit dans ses habitudes, et apprend chaque jour un peu plus qui se cache derrière Sandór, ce voisin d'apparence si distante et détachée de tout.
Au fil du temps, beaucoup d'émotions partagées, une bonne dose d'empathie, des confidences échappées ça et là, vont mener nos deux protagonistes à établir une relation de confiance.
Le récit qui se déroule en pleine pandémie, nous relie instantanément, de manière très concrète aux existences de Sandór et de la narratrice. L'écriture très épurée, très plane de
Catherine Lovey permet une lecture très rapide et très fluide. Cette sensation de détachement due à cette écriture si pure, se retrouve dans le portrait extrêmement flou de la voisine. Une distance envers la maladie, envers la Mort, envers cet homme qui n'était il y a peu qu'un inconnu. Enfin, la distance de Sandór face à la vie entière.
Le quotidien de la narratrice va dorénavant être rythmé par la routine de son voisin. Elle va prêter attention au moindre de ses déplacements, plus particulièrement à ses absences, et se soucier de plus en plus de son état de santé, qui malgré l'optimisme déguisé de Sandór, se désagrège à petit feu.
Un lien unique, parfaitement singulier et pourtant innommable va unir les deux personnages. On ne peut ni parler d'amitié ni d'amour. C'est à la fois proche et très distinct de ses deux sentiments.
Mais le plus troublant, en définitive, réside dans le mystère qui entoure notre fameuse narratrice. Les rares éléments dilués de-ci de-là n'approfondissent en rien le portrait d'elle que l'on tente de se créer. Cette frustration est une sensation toute nouvelle. Jamais je n'avais croisé un personnage narrateur demeurant si anonyme et inconnu à son lecteur.
L'écriture de
Catherine Lovey, si paisible, si calme, détonne face à l'imminence de la Mort, mais la fermeté, presque implacable de ses mots, agit tel un rappel à l'ordre.
Histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir, est sans aucun doute un des livres les plus curieux que j'aie jamais lus.