Deux petits vieux se présentent au départ du train qui devrait les emmener vers un embarcadère pour une magnifique croisière organisée par DWW, soit « Dream Water World, là où la vie est plus bleue ». Dixit la pub de cette agence de voyages.
Sauf que Hermine et Juste Rivaz n'ont pas la moindre envie de partir, quoique ce voyage coûteux leur ait été offert par leur fils et, pour être polis, ils sont venus le dire à l'organisateur et accompagnateur du voyage. On essaie bien un peu de les persuader et devant leur détermination, le chef d'agence leur envoie à domicile la narratrice afin qu'ils signent une reconnaissance de libre renonciation. Leur fils en paiera les frais, très bien pour DWW.
Le procédé est un peu rude pour la narratrice, peu habituée à des pratiques si cyniques. Elle s'attache aux deux gentils vieillards et finit par aller les revoir dans leurs montagnes, sereins et heureux alors qu'elle souffre du coma d'un amant de fraîche date, Alexis Berg. Il s'est jeté par la fenêtre, victime probable comme ses collègues de la politique forcenée de DWW. le boss, un certain Cédric Martin D. veut faire main basse sur la caisse noire et ne recule devant rien pour dégager tous ceux qui le gênent.
Hermine est une bonne cuisinière et une femme bienveillante : quand des voisins ne peuvent plus cuisiner et n'en peuvent plus de la bouffe insipide de l'APA (aide personnalisée à l'autonomie), elle vend à prix coûtant de très bons petits plats. Las ! Les services sociaux s'en mêlent (travail au noir, empiétement sur les prérogatives des concernés, menaces de dénonciation). Alors chacun reprend ses plateaux-repas et les jette aux poules, tout en continuant à se régaler de la cuisine goûteuse d'Hermine..
La narratrice passe beaucoup de temps auprès
D Alexis, lui lit de longs extraits de livres ce qui donne lieu à d'amusantes – quoique longuettes – réflexions sur la lecture aux comateux !
Mais tout bascule dans sa vie le jour où elle apprend la mort
D Alexis, une longue lettre des deux vieillards lui parvient, pleine de douceur, de sensibilité. Elle parle de « signes », d'un rouge-gorge posé sur la fenêtre annonçant l'arrivée de la triste nouvelle, d'une bougie blanche allumée qui parle du mort, de la chaleur de la main pas encore partie vers le néant, chaleur triste et douce qui alimentera le souvenir...
Le livre est ainsi fait, de touches délicates et fines parmi de longues réflexions plus ou moins intéressantes sur la société, de phrases sensibles parmi une véritable logorrhée qui déroule à l'infini des mots, encore des mots.
Au final, un personnage intéressant quoique trop bavard, deux vieillards pleins de bonté et de douceur qui attendrissent le lecteur, une société souvent dure et bête mais où on fait de jolies rencontres. Pour peu d'y prêter attention.