Il y a un côté paradoxal dans cette nouvelle : alors qu'on associe l'angoisse, l'horreur, à la nuit et à la solitude, le Narrateur a eu peur, il a connu l'horreur et il veut nous la transmettre, au coeur d'une métropole, dans une maison, en plein jour, et surtout en plein été. J'ajoute que, si ce n'est pas délibéré de la part de l'auteur, lire ce texte alors que la France a connu plusieurs vagues de chaleur extrême pendant cet été 2022 contribue davantage au décalage.
Oui, il fait beau et chaud, et le Narrateur n'est pas seul. Cependant, en quelques lignes – la nouvelle est très courte, une impression d'étrangeté : la maison est vieille, aux papiers peints défraichis, les pièces sentent le moisi. le Narrateur n'est pas seul puisqu'il habite avec d'autres locataires, mais ils ne sont pas de son monde ; ce qui signifie qu'ils sont plus pauvres que
lui, moins cultivés par rapport à
lui qui se présente comme un écrivain sans succès. Et, entre les lignes, on comprend aussi que le Narrateur les méprise avec un fort sentiment raciste parce qu'ils sont d'une autre origine que
lui, parce que ce sont des migrants hispaniques – il insiste sur les caractères prétendument « raciaux » du visage et du corps de sa logeuse ou du Docteur.
Quant à l'explication sur cet «
air froid » et sur la maladie du Docteur, ce pourrait être une illustration de la théorie du triomphe de la volonté... Je n'en dirais pas plus sur ce court texte, qui vaut pour son ambiance, même si, particulièrement cet été, c'est la chaleur qui angoisse plus que le froid...