Citations sur La Route : Les Vagabonds du rail (69)
J’ai souvent prétendu (mes auditeurs ont cru que je plaisantais) que l’homme se distingue des animaux surtout en ceci : il est le seul animal qui maltraite sa femelle, méfait dont jamais les loups ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication. Sur ce point, notre frère « inférieur » conserve encore l’instinct sauvage, tandis que l’homme a perdu les siens, du moins la plupart des bons.
Notre hall était un ramassis des plus sordides, composé de débris et de la pourriture, des scories et de la lie de la société : individus tarés, fous crétins, épileptiques, monstres, avortons, en résumé un vrai cauchemar d’humanité. D’où les crises fréquentes chez nous. Elles semblaient contagieuses. Quand un détenu commençait à piquer une crise, d’autres suivaient son exemple. J’ai compté jusqu’à sept malheureux pris d’accès au même moment, emplissant l’air de leurs cris affreux, cependant qu’un nombre de détraqués, devenus furieux, vociféraient du haut en bas de la prison.
Ô vous qui prêchez la charité, prenez exemple sur les pauvres, car seuls ils savent pratiquer cette vertu ! Ils ne donnent pas leur superflu, car ils n'en possèdent point. Ils se privent parfois du nécessaire. Un os jeté au chien ne représente pas un acte charitable. La charité, c'est l'os partagé avec le chien lorsqu'on est aussi affamé que lui.
J'ai souvent prétendu (mes auditeurs ont cru que je plaisantais) que l'homme se distingue des animaux surtout en ceci : il est le seul animal qui maltraite sa femelle, méfait dont jamais les loups ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication.
Sachez que le succès du mendiant dépend de son habileté de conteur. Avant tout, il doit jauger d'un seul coup d’œil sa victime, et ensuite lui débiter un boniment en rapport avec le tempérament particulier de cette personne et inventé à souhait pour l'émouvoir. C'est ici que surgit la grande difficulté : dès qu'il voit à qui il a affaire, le mendiant commence son histoire.
De temps à autre, dans les journaux, magazines et, annuaires biographiques, je lis des articles où l'on m'apprend, en termes choisis, que si je me suis mêlé aux vagabonds, c'est afin d'étudier la sociologie.
Excellente attention de la part des biographes, mais la vérité est tout autre : c'est que la vie qui débordait en moi, l'amour de l'aventure qui coulait dans mes veines, ne me laissaient aucun répit.
Plus tard, lorsque je tombai sur la fameuse phrase de Milton dans le Paradis perdu : "Mieux vaut régner en enfer que servir au ciel!" je m'aperçus que réellement, parfois, les grands esprits se rencontrent.
Le plus grand charme de la vie de vagabond est, peut-être, l’absence de monotonie. Dans le pays du hobo, le visage de la vie est protéiforme, c’est une fantasmagorie toujours variée, où l’impossible arrive et où l’inattendu bondit des buissons à chaque tournant de la route. Le vagabond ne sait jamais ce qui va se produire à l’instant suivant : voilà pourquoi il ne songe qu’au moment présent. Ayant appris la futilité de l’effort suivi, il savoure la joie de se laisser entraîner aux caprices du hasard.
III Tableaux p34
Maintes fois, à travers les Etats-Unis, on m'a refusé du pain dans les maisons cossues sur la colline, mais toujours on m'en a offert, près du ruisseau ou du marécage, dans la petite cabane aux carreaux cassés remplacés par des chiffons, où l'on aperçoit la mère au visage fatigué et ridé par le labeur.
Ô ! vous qui prêchez la charité ! prenez exemple sur les pauvres, car eux seuls savent pratiquer cette vertu. Ils ne donnent pas leur superflu, car ils n'en possèdent point. Ils se privent parfois du nécessaire. Un os jeté au chien ne représente pas un acte charitable. La charité, c'est l'os partagé avec le chien lorsqu'on est aussi affamé que lui.
A la fin de ce voyage, je perdis mon wagon à la suite d' une heureuse circonstan
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