AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 182 notes
Encore une petite merveille des doigts de la romancière Françoise Lefèvre. Je ne me lasse pas. Je me délecte de sa plume. Je savoure chacune de ses lignes. C'est beau. C'est fort. C'est vrai.

C'est vrai car c'est la maman qui écrit ici un pan de l'histoire de son petit prince cannibale. Atteint d'autisme, Jean vit dans son monde et en revient pour devenir un enfant ordinaire. Mais dans son monde, lorsqu'il écoute de longues heures l'eau dégouliner des tuyaux, qu'il hurle quand on l'appelle Jean exigeant un autre prénom ou qu'il se bouche les oreilles et hurle à la vue d'un ballon, c'est un cataclysme pour la maman, elle se fait vampirisée, mangée par les cris et les regards mauvais des gens qui jugent. La maman fait preuve d'une patience digne des plus grands moines. Une patience qui m'a subjuguée et impressionnée tout le long. Évidemment cette patience trouve sa source dans l'amour car ce récit déborde d'amour et de tendresse.
On parcourt durant 153 pages les pensées de la maman, ses réflexions sur la grossesse, la naissance, l'enfance, la société inadaptée pour la différence.
Le tout avec un flux d'émotions permanent, une légèreté poétique sur la lourdeur des difficultés. Car l'amour toujours lui, fait déplacer des montagnes, donne toutes les réponses aux doutes, rend possible l'impossible et démontre qu'un enfant quel qu'il soit n'est autre qu'un petit prince dont le principal besoin est l'Amour.
Commenter  J’apprécie          925
Suite à ma lecture du témoignage du fils, trente ans après être sorti de l'autisme, j'ai décidé de voir la vie d'un autre côté et de lire le poignant témoignage de la mère.
C'est ainsi que j'ai découvert cet ouvrage, emprunté, tout comme le premier d'ailleurs, à la médiathèque dans laquelle je suis inscrite. Pourquoi cette soudaine fascination pour l'autisme ? Je n'en ai pas la moindre idée. Peut-être tout simplement parce que c'est une sorte de monde imaginaire ou alors est-ce la différence par rapport aux autres qui m'a intriguée, moi, ancienne enfant blessée qui me suis toujours sentie exclue ?

Bref, je suppose que mes centes d'intérêt ne vous intéressent guère et que ce qui vous importe, vous, lecteurs, est ce que j'ai pensé de cet ouvrage. Eh bien, je dirais que c'est tout simplement superbe; J'admire le combat de cette femme qui s'est battue aux côtés de son enfant autiste, différent des autres donc incompris, voire même souvent rejeté par la société. Un enfant blessé, meurtri par la vie qui ne vit que dans son monde, dont seule sa mère va, au fur et à mesure de son long combat, réussir à obtenir les clés.
Une femme écrivain qui plus est et mère de trois autres enfants, dont le père est absent et qui doit donc assumer seule la lourde charge que représente Jean Sylvestre à lui seul. Un enfant qui la ronge de l'intérieur, qui lui pompe toute son énergie et que pourtant, elle n'abandonnera jamais...

Le récit poignant, et véridique qui plus est, d'une maman on ne peut plus aimante. Une lecture dont on ne sort pas indemne, je vous le garantit et vous mets en garde mais que je ne peux que vous recommander !
Commenter  J’apprécie          533
« L'amour d'une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin. » a écrit Agatha Christie dans Rendez-vous avec le mort.
La reine du crime a bien raison : l'amour maternel est le plus puissant qui soit. Personnellement, je serais prête à me battre bec et ongles pour mes enfants. Comme une lionne.
Question combat, Françoise Lefèvre en connait un rayon.
Maman d'un petit garçon autiste, elle a tout fait pour rentrer dans son monde, pour communiquer avec lui, pour le faire sortir de sa coquille.
Elle a toujours refusé les étiquettes, les préjugés, les avis définitifs qui condamnent Sylvestre. Elle s'est toujours dit qu'elle réussirait, qu'elle n'avait pas d'autre choix : elle devait réussir.

L'autisme est un handicap doublement terrible. Tout d'abord parce que la communication est le fondement des relations humaines. Mais surtout parce que c'est un handicap invisible.
L'autisme ne se « voit » pas, bien qu'il soit bien présent, bien envahissant.
Un handicap physique ou un handicap mental visible induisent, si ce n'est de la compassion, sans doute une certaine compréhension chez les personnes que l'on croise.
Avec l'autisme, il n'en est rien et Françoise Lefèvre nous fait très bien comprendre ce à quoi elle se heurte quotidiennement.
Le regard des autres est difficile à soutenir ; les reproches sont difficiles à entendre.
Une scène m'a particulièrement frappée, elle se déroule dans un supermarché. Sylvestre agit d'une façon qui perturbe le train-train habituel des clients présents dans le magasin. Mais ce qu'ils prennent pour un caprice n'en est pas un, ce n'est qu'un événement "classique" dans la vie de Sylvestre, une manifestation banale d'une peur non exprimée, non exprimable pour lui.
La maman qui a tant de fois vécu ce genre de situation subit en silence les regards désapprobateurs et les réflexions déplacées. Elle s'efforce d'abréger le pénible épisode, mais ne dit rien. À quoi bon ? "Personne ne comprend, même quand j'explique."
Quel terrible constat ! Sylvestre n'est pas le seul a être enfermé : par rapport au monde extérieur, sa maman est enfermée avec lui dans une terrible solitude.

Le Petit Prince cannibale est un très beau titre.
Tous les enfants sont des cannibales qui dévorent leur mère : physiquement lors de l'allaitement, mentalement car la mère pense constamment à son enfant, matériellement parce qu'il passe avant tout, et socialement lorsqu'elle renonce pour lui à certaines choses ou certaines personnes.
Oui, tous les enfants sont cannibales, mais Sylvestre l'est plus que les autres. Beaucoup plus.
À travers son roman, Françoise Lefèvre raconte son combat permanent pour son fils. Elle le fait avec beaucoup de simplicité, elle ne cherche pas à se glorifier : Sylvestre est son Petit Prince, c'est tout.
J'ai une grande admiration devant les trésors d'imagination déployés par une mère prête à tout essayer pour que son fils fasse une toute petite chose minuscule et totalement banale chez les enfants "normaux".
J'ai une grande admiration devant la patience infinie, l'acharnement, la persévérance dont fait preuve cette mère, faisant et refaisant inlassablement les mêmes gestes, répétant sans se fâcher les mêmes paroles, telle Sysiphe roulant sans fin son rocher.
J'admire ce que cette maman fait pour son Petit Prince.
Le Petit Prince cannibale est un livre qui ne peut pas laisser insensible, d'autant plus qu'à un fond prenant vient s'ajouter une très belle forme.
J'avais découvert Françoise Lefèvre dans La grosse, j'y avais beaucoup aimé son écriture tout en délicatesse et poésie, j'ai retrouvé ces qualités dans le Petit Prince cannibale.
Je ne peux que féliciter les lycéens qui ont attribué leur Goncourt en 1990 à ce roman : ils prouvent une fois de plus leur bon goût. Bravo !
Commenter  J’apprécie          415
Je ne connaissais pas l'écriture de Françoise Lefèvre et sans le multidéfis 2019 (item Goncourt des lycéens) je crois que je serai passée à côté du petit prince cannibale, le titre ne m'attirant pas plus que ça.
Une fois de plus, j'ai fait une belle découverte.
Très belle écriture de madame Lefèvre. Poétique et en même temps percutante, fracassante, notamment quand elle évoque le suicide de sa pensée.
Roman qui m'a un peu déstabilisée au début. Françoise Lefèvre raconte les jeunes années de son fils Jean, un enfant autiste. A l'intérieur de ce témoignage, parsemé d'ici delà, le récit d'une autre histoire, le cheminement de la pensée de Françoise Lefèvre qui est maman mais aussi écrivain.
On la suit donc dans son combat pour sortir son fils de l'autisme mais aussi dans ses tentatives pour écrire un roman. Car le petit prince cannibale grignote aussi l'écrivain. Ce roman est bouleversant mais ce qui ressort surtout c'est l'amour infini de cette mère pour son enfant.

A découvrir.
Commenter  J’apprécie          352
J'apprécie cette auteure, j'ai tardé à lire ce livre car je pressentais qu'il y aurait de la douleur.
Malgré tout, ce combat de 4 années pour sortir son fils de l'autisme, fut une réussite. Se battre contre la maladie et vaincre pour son enfant, abandonner son métier, sa vie, juste pour être là à chaque instant, pour le retenir de sombrer encore plus dans son univers. Lui tenir la main, le calmer, le rassurer et lui montrer le chemin petit à petit, jour après jour, pour qu'enfin il quitte sa planète.
C'est éprouvant comme combat, et l'auteure a su nous faire part de toute cette souffrance, les difficultés.
Un très beau témoignage sur cette maladie et sur la relation d'une mère avec son enfant.
Bien sûr la plume est toujours aussi délicieuse.
Commenter  J’apprécie          293
Le petit prince cannibale de Françoise Lefèvre est un livre rare, inoubliable et incontournable. Parce qu'elle a choisi de se battre contre vents et marées, parce qu'elle a décidé qu'elle arriverait à le faire sortir de son isolement , parce qu'elle est mère et que l'amour d'une mère peut tout et encore plus, elle consacre sa vie à son fils mais parfois elle craque "Je t'aurais tué parfois de me faire si mal, d'aspirer avec tes hurlements toute ma poésie. Mes pensées. ma bonne volonté. Tout mon amour. Mon increvable amour pour toi. Tu prenais tout et ne donnais rien." (page 42) Alors elle essaye de préserver quelques rares moments à l'écriture , elle en a viscéralement besoin et Blanche nait sous nos yeux, une femme en mal d'amour, à la voix de cristal mais rongée par le désespoir.
Roman, Récit? ou roman-récit? Je dirais surtout un cri, cri d'amour , de désespoir, de désespérance, d'espoir, de joie quand enfin le soleil entre à flots dans sa vie et la sienne. Françoise Lefèvre dédit son livre à son fils Julien-Hugo.

Prix Goncourt- lycéens -1990
Commenter  J’apprécie          271
Un petit livre vraiment impressionnant : l'histoire d'une mère qui a décidé d'élever son plus jeune fils à la maison. Une chose normale, vous pensez, mais son fils est un enfant autistique. C'est un enfant silencieux et isolé avec un comportement étrange et toutefois destructif. On ne peut pas du tout discuter avec lui. Il est régulièrement sujet à des crises de colère.
La mère, elle aime son fils. Elle est sûre qu'elle peut aider son fils à se tirer d'affaire. Elle croit qu'il pourrait changer, qu'il pourrait devenir plus « normal » par lui aimer et surtout par lui éduquer lui-même chez elle. Alors, elle décide de lui garder à la maison au lieu de lui envoyer à une école spéciale ou à une institution.
Elle sait que cette décision aura des conséquences. Elle sait qu'il y aura des temps difficiles et embarrassants avec son fils, soit à la maison, soit dehors parmi les gens dans les magasins et en pleine rue. Elle n'ignore pas qu'il y aura des conséquences pour la vie familiale. En plus, la décision d'élever son fils lui-même aura aussi une autre grande conséquence personnelle car elle est écrivain. Ce sont des choses vraiment difficiles à combiner : l'écriture et l'éducation d'un enfant autistique.
C'est une histoire touchante. L'auteur décrit sa vie avec son fils. Il y a des événements frustrants, il y a du chagrin mais aussi de l'espoir… Chaque petite progression de l'enfant est une grande victoire pour la mère ; un mot prononcé, une réaction positive inattendue … Bien que les deux situations soient totalement différentes, le livre de Françoise Lefèvre a quelques similarités avec « Ou on va papa » de Jean-Louis Fournier. Il décrit ses expériences avec ses deux enfants sévèrement handicapés par anecdotes. Les deux livres partagent l'amour des parents pour leurs enfants, leurs espoirs et leurs frustrations.
« le Petit Prince cannibale » est un bon livre touchant sur un sujet difficile. le livre a gagné le Prix Goncourt des lycéens en 1990.

Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
Commenter  J’apprécie          230
Petit livre mais un beau témoignage sur la relation entre une mère écrivaine et son enfant autiste de 0 à 6 ans.
L'auteure nous livre son parcours sans rien cacher de son combat quotidien, de ses déceptions, de ses victoires, de son amour inconditionnel pour son fils.
Un combat de tous les jours, un quotidien difficile voire très difficile , parsemé de moments de doutes, d'abattements, de colère, d'incompréhension, du regard des autres. Et de temps en temps, une éclaircie : un simple geste, une simple parole, qui permet de croire et de persévérer, balayant d'un geste les moments de doutes.
En parallèle, s'agissant d'une auteure, celle-ci essaie d'écrire un livre dont elle nous livre quelques passages au fil des chapitres. Car cet enfant absorbe tout son énergie et même plus pendant plusieurs années, sa vie de femme, d'auteure, sera mise en stand by.
Un livre touchant sur l'amour et le combat d'une mère pour son enfant.
Commenter  J’apprécie          220
Le Petit Prince Cannibale est un livre mi-roman mi-autobiographie qu'il est bien difficile de critiquer.
L'autrice livre son expérience de mère d'une jeune garçon autiste qu'elle veut à toute force "guérir" et intégrer dans le monde "normal". Les guillemets sont mis sur les mots qui datent un peu le livre. Publié en 1990, l'approche du handicap de son fils paraît aujourd'hui étrange où la vision de ce trouble n'est plus la même.
Bon, comme nous ne sommes pas dans une posture de psychiatre ou de clinicien, peu importe les mots, on retiendra autre chose de ce livre.
Par exemple l'écriture à fleur de peau de Françoise Lefèvre, ultra sensible, intérieure, vibrante, électrique.
L'amour qu'elle porte à son fils, son envie d'affronter le monde pour lui, à travers lui.
Et puis l'histoire qu'il l'empêche d'écrire aussi, celle de Blanche, la cantatrice dont la peau se transforme en ulcère, histoire qu'elle n'arrive pas à avancer tant elle est accaparée par Jean.
Cannibale parce qu'il mange sa mère, il mange ses mots, il mange sa vie et son énergie.
Un récit fulgurant, comme un arc électrique, douloureux, mais aussi empli de lumière.
Commenter  J’apprécie          155
Françoise Lefèvre est une écrivaine atypique. Son écriture est toute en délicatesse et en poésie, faite de petites phrases et de mots qui « tambourinent » souvent le coeur.
J'avais déjà lu d'elle « La grosse », un beau roman qui racontait l'histoire une grosse femme, garde-barrière et que tous les habitants grossophobes de son village rejetaient.


« le Petit Prince cannibale » n'est pas un roman. C'est écrit comme un roman, mais c'est l'histoire folle d'une partie de la vie de l'auteure. Elle raconte avec souvent des mots vibrants, des mots qui m'ont fait vaciller, qui m'ont fait vriller le coeur et qui m'ont donné des violents uppercuts, le combat insensé qu'elle a mené pendant 4 ans avec son fils déclaré autiste.


C'est le cri d'une mère qui aime son enfant, et qui pense que seul l'amour le sauvera. Qu'elle pourra faire sortir un jour son fils de ce monde où il est resté enfermé.
Françoise Lefèvre, aura pendant plusieurs années, tout sacrifié, aura mis sa vie entière et même sa vie d'écrivaine entre parenthèse.
Son livre nous donne une grande leçon de vie. Il est aussi un magnifique témoignage sur cette maladie qui illustre cette relation extraordinaire d'une mère avec son enfant.


Le livre est déchirant, il est plein d'humanité, rempli d'amour, rempli d'espoirs, de désespoirs, de désillusions, de nuits blanches, de cris, de fatigue, de patience, de colère, de sanglots, de caresses, de tendresse, de survie et d'attente, toujours d'attente. Encore de l'attente de voir ce ne serait-ce qu'une minute une amélioration à la maladie de son fils.
Françoise Lefèvre écrit que le plus dur pour elle n'est pas le mutisme ni l'indifférence de son fils, mais ce sont ses cris.

« le Petit Prince cannibale » est un livre qui m'a déstabilisé par cette mère qui hurle sa souffrance et sa solitude, mais qui chaque jour continue d'espérer.


Pour information, le petit garçon a aujourd'hui 37 ans, il s'appelle Hugo Horiot. Il est écrivain et comédien.
Dans une interview, il dit ceci :

« Vers six ans, je me suis dit que si ma mère, la personne qui m'aimait le plus, se donnait tant de mal pour que j'accepte de vivre dans ce monde, ce serait peut-être bien que je le fasse. »

C'est alors qu'il annonça à sa mère qu'il changeait de prénom. Il s'appelait Julien, il s'appellerait désormais Hugo, son second prénom. C'était, explique-t-il, une façon de tuer en lui le dictateur qu'incarnait Julien, un puritain qui ne souffrait aucune compromission et préférait son rêve à la réalité bruyante.
Hugo représentait en lui la voix de la diplomatie.
Commenter  J’apprécie          134




Lecteurs (477) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
292 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}