J'attendais avec une certaine impatience de pouvoir lire cette trilogie consacrée à l'un de mes héros d'enfance, récemment revisité au cinéma par Ridley Scott, j'ai nommé Robin des Bois.
J'ai lu bien évidemment la version en deux volumes d'
Alexandre Dumas (qui en fait a délégué l'écriture à l'une de ses maîtresses !), Robin des Bois prince des voleurs et le proscrit, et
Ivanhoé de Walter Scott, dans lequel Robin tient une place non négligeable. Côté parodie, j'avais également appréci
Ivanhoé à la rescousse de
William Thackeray. Ne me manque que la version d'
Howard Pyle.
Robin est davantage présent au cinéma, et de tous les films traitant de mon héros, je confesse un faible pour la version avec Kevin Costner ainsi que la dernière avec Russell Crowe.
L'idée de faire de
Robin Hood un Gallois et de transposer l'action au XIème siècle n'est pas si farfelue dans la mesure où bien qu'il fut popularisé au XIVème siècle, on trouve une première trace écrite dès le XIIIème. On peut donc raisonnablement supposer que le personnage est antérieur à cette époque. A partir du XVème, le mythe s'étoffe au fil des différentes ballades, faisant apparaître un certain nombre de figures qui seront indissociables de la légende de Robin des Bois : le shériff de Nottingham, Guy de Gisbourne, lady Marianne, Petit Jean, frère Tuck, Will Scarlett, etc. et bien entendu le bon roi
Richard Coeur de Lion et son perfide frère Jean, car après moults changements, l'histoire de Robin se déroulera finalement sous ce règne. On le voit, la matière est diversifiée, éparse et contradictoire.
Stephen Lawhead avait donc tout loisir de s'approprier le mythe pour le réinventer.
Or donc, Robin est Gallois et il se nomme Bran Ap Brychan, l'héritier du trône d'Elfael. le pays de Galles est peu à peu envahi par les Normands. Nous somems donc loin du règne de
Richard Coeur deLion. Ici le souverain se nomme William le Rouge. A la suite de la mort de son père le roi, tué dans un traquenard organisé par les Ffreincs (c'est comme ça que les gallois appelaient les Normands), Bran est contraint de fuir. Gravement blessé, le jeune homme est sauvé par une vieille femme énigmatique, Angharad, au coeur de la forêt. Pendant ce temps, le baron de Neufmarché et le comte Falkes de Braose complotent et manigancent pour s'approprier les cantref (c'était une division territoriale galloise au Moyen-Age) voisins. A ce propos, j'aurai hautement apprécié un petit lexique en fin de volume car outre le cantref, les Ffreincs, il a fallu que j'aille chercher la signification des marchogi (cavaliers en gallois).
Les éléments principaux qui constituent le socle de la légende sont posés : pour récupérer son royaume, Bran doit verser une somme exorbitante aux envahisseurs, et fort logiquement, Bran et ses compagnons ont l'idée de voler les Ffreincs. Les Gallois opprimés (leurs fermes sont brûlées et le peuple est réquisitionné pour construire une ville) se retrouvent dans la forêt où ils forment une misérable communauté. Tout comme dans les différentes légendes, le noble Bran se retrouve naturellement à la tête de ces pauvres diables.
Le jeune homme est épaulé par Iwan (Petit Jean) l'un des anciens champions du roi, et seul rescapé du massacre, et par frère Aethelfrith, surnommé Tuck, un moine bon vivant et résolu à aider Bran.
Durant sa convalescence chez la barde Angharad, Bran entend pour la première fois la légende du roi corbeau dont il va se servir un peu plus tard, face aux Normands ; Enfin, on retrouve l'élément féminin indispensable. Bran aime Merian, fille du roi Cadwgan. Leurs relations sont plutôt tumultueuses et je suis curieuse de savoir comment s'opérera le changement dans la second tome, Will.
Le récit alterne scènes d'actions, rebondissements et passages plus contemplatifs. Car le lecteur assiste à la lente transformation de Bran, héritier égoïste et capricieux, qui peu à peu prend conscience de son devoir. Il y a évidemment beaucoup de bonnes trouvailles originales dans le roman qui respecte cependant la plupart des éléments de la légende. Une version suffisamment intéressante pour que j'ai envie de lire la suite.
Cependant, je ne peux cacher ma déception sur le plan littéraire. Je ne sais si la faute en revient à
Stephen Lawhead ou à la traductrice mais bigre, que tout ceci est plat et terne. Outre le fait que les descriptions des forêts ne sont pas assez nombreuses à mon goût, (et j'aurai aimé un peu plus de poésie) c'est le style général qui m'a déplu. J'avais espéré une écriture plus soignée, quelque chose de qualité au service de l‘une des plus belles légendes mais je me suis retrouvée face à un texte plutôt pauvre, parsemé de maladresses, de tirades banales. Quel regret !
Une telle histoire sous la plume de
Jean-Louis Fetjaine (comme ça, au hasard) aurait été un cadeau inespéré ! Alors même si j'ai globalement aimé l'histoire, ce ne fut pas une lecture enfiévrée et impatiente comme je l'avais espéré.
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