Une petite maison isolée dans la campagne, du vent dans le linge suspendu, quelques nuages gris... de la cheminée sort un cochon, tout guilleret et heureux. Il gambade vers une grande toile vierge sur laquelle il s'empresse de dessiner. Autour de lui, divers animaux admirent son travail et le félicitent. Rien de tel pour le ravir et lui dessiner un grand sourire sur le visage. Un sourire qui va peu à peu s'effacer dès lors qu'il retourne vers la maison. Et c'est
presque terrifié qu'il s'approche du lit où gît, mourant, un grand oiseau. Heureusement que le travail dans une grande usine l'éloigne, pour un temps, de lui...
Ex abrupto, brusquement, sans préambule... Et c'est bien cette sensation qui nous emporte avec cet album de
Manu Larcenet. L'on suit, sur pas moins de 250 planches, les boires et déboires de ce cochon. Des planches tout en noir et blanc, un trait griffonné,
presque gribouillé parfois, brut, effréné, virulent. Sans aucun doute, l'auteur change ici radicalement de registre. Surprenant donc mais pas moins prenant. Il aborde divers sujets tels que l'industrialisation, le chômage, la maladie, la mort, la peinture... Fascinante, sombre, libre, une fable animalière étonnante !