Voilà une oeuvre qui pourrait se comparer aux feuillets de présentation d'un opéra. En chef d'orchestre, Méphistophélès en personne ! Chaque jour, il fait danser sa baguette devant un parterre d'instruments de musique afin de faire rentrer les âmes en rythme dans son royaume infernal. Pendant ce temps, son fils et successeur s'entraîne pour obtenir sa première baguette. Des leçons qui sont loin de lui plaire et qui le conduisent à s'enfuir suite à une énième querelle avec son père.
Si père et fils sont des créatures phantasmagoriques dans le récit de
Pierre-Henry Laporterie, le concept est quant à lui bien réel. Les parents qui ont de grandes aspirations pour leurs progénitures, la confrontation quand les rêves des uns ne rencontrent pas celui des autres, … mais ainsi va la vie, avec son lot d'expériences, de travers et d'embûches.
Mimiphisto en fait la découverte en s'enfonçant plus profondément encore dans les méandres de l'Enfer – de quoi s'y perdre ! Mais c'est là qu'il fera la rencontre d'un autre grand nom dans le royaume des morts : le baron Samedi (entité venue, si je ne m'abuse, des croyances vaudous) ! Avec lui, un autre apprentissage, un peu comme si un élève de musique classique partait apprendre le jazz.
Le dessin, à l'instar de la couverture, est sombre, glauque, nébuleux… comme on peut imaginer le monde des morts derrière le voile invisible qui nous sépare. Toujours plus sombre et énigmatique au fur et à mesure qu'on descend dans les profondeurs des abîmes. Pourtant, dans ce récit initiatique qui pourrait faire penser, en plus léger, à
Dante dans les différents cercles de l'Enfer, une candeur, toute relative au jeune
Mimiphisto, émane et illumine la lecture au son de la musique infernale.
Reste à trouver lecteur. Poétique, sombre et à la fois tendre, ce titre déambule sur le mince fil entre le bel ouvrage et celui qui se laisse lire. À voir quel lecteur vous serez dans ce récital…
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