Je connaissais l'histoire d'
Helen Keller pour avoir lu son autobiographie "
Sourde, muette, aveugle, histoire de ma vie", livre saisissant.
Alabama, fin du 19ème siècle.
Helen Keller suite à une maladie contractée à l'âge de 19 mois devint subitement et irréversiblement sourde et aveugle. Privée de deux sens fondamentaux et ne pouvant plus communiquer avec le monde extérieur, la fillette va se renfermer sur elle-même et désemparer ses parents qui ne savent faire autrement que céder à tous ces caprices afin de ne pas déclencher de crise de rage. Quand Helen eut six ans, ses parents engagèrent une préceptrice, Annie Sullivan, elle-même malvoyante, qui réussit à communiquer avec elle en lui épelant les mots dans la main en langue des signes. L'intelligence et la curiosité d'Helen vont dès lors se développer à une vitesse fulgurante, et grâce au soutien indéfectible d'Annie, elle entrera à l'université de Radcliffe et y deviendra la première personne handicapée à obtenir un diplôme universitaire.
J'étais terriblement curieuse de voir comment cette histoire extraordinaire avait pu être adaptée en bande dessinée, et je remercie Babelio et les éditions Çà et Là de m'avoir fait parvenir ce livre.
Autant le dire tout de suite, j'ai été conquise.
J'ai ouvert le paquet, et là, première bonne surprise : une belle couverture bien épaisse, et à l'intérieur quatre-vingt-dix pages de papier de grande qualité : assurément, on ne se moque pas du lecteur. Je poursuis ma découverte, je feuillette un peu, et je suis émerveillée par les couleurs : c'est beau, et j'aime, tout simplement. Maintenant, en avant pour la lecture.
L'auteur a choisi d'illustrer une période précise de la vie d'
Helen Keller, à partir de l'arrivée d'Annie Sullivan. J'ai été dans un premier temps un peu déçue de ne pas voir l'histoire entière, mais en y réfléchissant, ce qui est présenté ici est cohérent, et sans doute la partie la plus forte de la vie d'Helen. Au-delà de l'histoire extraordinaire, j'ai adoré la façon dont l'auteur par ses illustrations nous fait comprendre l'isolement d'Helen (les dessins "dans le noir" sont superbes et percutants) et la façon dont Annie Sullivan rentre en communication avec elle est magnifiquement rendue : au début, on ne voit qu'une paire de grands bras bleus, bras par lesquels Helen "sentait" Annie. Ensuite, au fil de l'histoire, nous voyons les mots qu'Annie épelle pour Helen. Et nous avons une double vision, qui aide à comprendre le mieux possible ce qu'Helen pouvait percevoir : les illustrations "normales", et les illustrations du ressenti d'Helen. Et ça fonctionne à merveille. Les mots répétés inlassablement par Annie finissent par prendre sens, et dans certaines pages, c'est une explosion de mots que nous voyons, c'est très fort : nous avons l'impression de découvrir en même temps qu'Helen. Les dessins sont simples, mais l'émotion est grande.
Dernier point que je voulais aborder : j'ai beaucoup apprécié le fait que l'histoire ne soit pas seulement centrée sur Helen, mais que l'on découvre lors de flashbacks des pans entiers de la vie d'Annie.
Je ne peux que vous encourager à lire cette magnifique bande dessinée, qui prouve si besoin était que la bd est bien un art à part entière.