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EAN : 9782070382590
446 pages
Gallimard (22/06/1990)
3.53/5   19 notes
Résumé :
Rose et Madeleine avaient hâte de rentrer et de s'asseoir devant la cheminée, au pied du fauteuil de leur père...Il aimait surtout parler du Tonkin et du chemin de fer qu'il y avait construit, jusqu'aux confins de la Chine.
Ni Rose ni Madeleine n'étaient nées, alors : cela se passait en des temps très anciens, que seul leur père avait connus. La glaise dont notre monde est fait n'avait pas encore séché...Les petites filles, bouche bée, l'écoutaient ainsi rac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Stefan Zweig avait pour habitude de parler du « monde d'hier » pour évoquer l'époque qui précède la Grande Guerre.
Pascal Lainé situe le début de son roman biographique au début du XXème, justement. Un ingénieur travaillant chez Eiffel, rempli de cet engouement pour la technologie, cette certitude que la science allait résoudre tous les problèmes à l'aube du siècle nouveau. A commencer par la paix entre les hommes. La fée électricité, le développement des transports, sur route, sur rails et aussi dans les airs ; les avancées de Pasteur auraient raison de toutes les maladies ; les machines seraient les nouveaux esclaves, libérant l'homme et surtout la femme des tâches ménagères, répétitives, sans d'autre intérêt que celui d'être obligatoire. Après l'exposition Universelle, on avait foi en l'avenir, foi en l'homme.
Bien entendu, les tranchées de quatorze, cette ultime guerre « pour rien » (du reste, y a-t-il une seule bonne raison pour qu'un homme tue un autre homme?)  allait balayer tous ces espoirs d'un avenir radieux, les enterrer avec les premiers millions de morts d'un conflit devenu mondial, pour la première fois. Il y aura un bis repetita, vingt ans plus tard, comme si l'on n'avait pas bien compris et qu'il nous fallait une piqûre de rappel. Cela dit, cent ans après cette foi inouïe en l'avenir, cela continue.
Cette désolation se remarque au sein même de la famille de l'ingénieur. Il rencontre la fille de la couturière chez qui il confie son linge à repriser, à ravauder. Mariage de raison plus que d'amour. Un contrat. A cette époque, mariage et amour étaient deux choses bien distinctes. de là naît deux fillettes qui deviendront la mère et la tante de l'auteur. A travers leur enfance, puis leur vie de jeune femme, Lainé nous embarque dans ces années charnières où les prémices du monde moderne, celui qui va naître après le second conflit mondial, posent leurs bases.
Car la force de ce roman, c'est précisément cette double histoire : la Grande influe sur la petite, celle de tout le monde.
Chaque famille, la votre autant que la mienne ou celle de l'auteur, possède son histoire. Plus précisément ses histoires, c'est à dire ses zones d'ombre, ses secrets non-dits, ses mystères insondables. de là à forger une légende, il n'y a qu'un pas que chacun peut aisément franchir en relatant toutes ces petites anecdotes qui émaillent nos familles. Lainé s'y colle avec un brin de talent.

Je n'ai pas peur de l'affirmer, cette saga a un arrière goût de Hugo. Lainé ne pouvant s'empêcher de truffer sa prose d'une quantité sans fin d'effets de style : périphrases, métaphores, zeugmes, oxymores. Je comprends que cette débauche de bons mots et de phrases proverbiales peuvent heurter – cela pourrait constituer le seul défaut de ce roman et encore, personnellement, j'en redemande! La vie de ces deux soeurs est suffisamment forte pour pouvoir se passer d'une prose trop ampoulée. Car, au-delà de la simple histoire de famille, on y décèle facilement les implications quasi Freudiennes de l'importance de l'éducation, du rôle fondamental joué dans la petite enfance. Un manuel des comportements humains, dans la tradition des Stendhal ou Balzac. A peine moins lyrique.
C'est en lisant les quelques lignes que l'auteur a rajouté en fin d'épisode (les égarées ne sont que le premier volume d'une saga qui se poursuit sur tout le XXème siècle – j'attends de voir) que je me rends compte que j'avais vu, plutôt senti, juste. C'est la lecture des « Misérables » du grand Victor qui a insufflé la passion de l'écriture à l'adolescent en herbe.
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Avec ce roman, on devine que l'auteur a plongé dans ses racines. Très vite on est sous le charme de ces deux soeurs dont l'enfance fut baignée par la mesquinerie d'une belle-mère et la lâcheté d'un père obsédé par ses travaux d'ingénieur, négligeant l'éducation de ses filles. Il a une évidente tendresse pour ces personnages, incontestablement. le roman se lit d'une traite et sonne vrai.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Les fillettes essayèrent d'imaginer à quoi pouvait ressembler la vie dans un couvent : est-ce qu'on y marchait vraiment pieds nus dans la neige ?
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Or cette légende est d’une vérité plus profonde que la réalité même des faits, puisque ce ne sont jamais les êtres que nous rencontrons, mais leurs images, et que les événements les plus importants de notre vie sont les illusions, les plaisirs, souvent aussi les haines et les frayeurs, que ces rencontres ont fait naître en nous
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La nostalgie ne nous rend pas à notre passé. Elle ne nous ramène pas sur les lieux de notre souvenir : elle nous transporte dans un temps immobile qui est comme une image, mais une image seulement, de l’éternité, dont elle manifeste en nous le besoin toujours insatisfait.
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Ces hommes obéissaient à leur pays. Lui, n’obéissait qu’à une mégère. Ils se soûlaient de vin et de rhum pour se donner le courage de partir là-bas. Lui, n’était ivre que de sa propre lâcheté, et l’ivresse le faisait avancer comme les autres.
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Ce n’est pas seulement un patron qui vous besogne pour vos quarante sous par jour, mais le monde entier qui se vautre sur vous avec ses ordures, ses cris, ses bassesses. La création n’est qu’une immense cochonnerie écrasée sur votre figure.
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