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3,48

sur 247 notes
Le protagoniste de ce très court roman est pompiste dans une station service de la banlieue parisienne.
Il passe son temps à regarder en boucle des films, il se fait l'observateur des gens qui passent furtivement dans sa station, le temps de faire le plein d'essence, de boire un café ou d'acheter du soda allégé et des chips grasses et outrageusement salées.
Il organise régulièrement des expos photos en douce de son patron, il joue aux dames avec un ami ou tente de séduire une mystérieuse femme japonaise.
Il a la « nonchalance d'un zombie mélancolique », comme il le dit lui-même et ses réflexions sur les gens, la vie, la société de consommation, la ville, l'amour, le cinéma et bien d'autres choses encore sont un régal à lire, tantôt drôles, tantôt philosophiques, tantôt absurdes ou incompréhensibles, tantôt profondes, cyniques ou hilarantes, mais souvent justes.
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Si vous voulez faire le plein…

…d'histoires cocasses, philosophiques, économiques, sentimentales, alors rendez-vous dans la station-service de la banlieue parisienne où travaille le narrateur du premier roman de Alexandre Labruffe.

Quoi de plus banal et de plus ennuyeux que le travail dans une station-service? Comme le dit le narrateur de ce roman très original, la plupart des automobilistes ignorent jusqu'à l'existence de l'employé qui n'est plus pompiste. Mais à bien y regarder, cet endroit offre un point d'observation privilégié sur le monde, à condition d'élaborer une stratégie pour tromper la routine et l'ennui. Car, que l'on soit riche ou pauvre, en déplacement professionnel ou pour touriste, que l'on soit seul au volant ou en famille, tous se retrouvent un jour à devoir faire le plein ou effectuer un achat de dernière minute et laissent transparaître un bout de leur vie derrière les pompes à essence.
Le jeune homme que met en scène Alexandre Labruffe aime autant l'odeur de l'essence que son poste situé en banlieue parisienne, près de Pantin. Il se voit comme une «vigie sociétale» qui voit passer le monde devant lui «partir ou arriver, excité ou épuisé». La galerie de personnages qui défile là nous donne en effet de quoi nous divertir ou nous faire réfléchir sur des sujets aussi variés que la famille, la politique, l'environnement, les médias ou encore les relations hommes-femmes.
Plus pu moins sérieuses, les notations sur le Coca zéro, le plus produit qu'il vend le plus, sur les films de série B ou de science-fiction qu'il passe en boucle sur son écran ou encore sur les manies des habitués vont le rapprocher de son mentor, lui qui aurait aimé être Baudrillard.
Les mini-chroniques, qui sont autant de choses vues, vont prendre un tour plus intime quand apparaît la jeune femme asiatique: «Cette femme est un mirage. Elle vient probablement d'une autre galaxie. Tous les mardis à la même heure, vers 18 heures, habillée invariablement de talons hauts, de collants (noir ou chair) et d'une jupe à pois (ce qui renforce son innocence et son éclat), elle achète un paquet de chips à l'oignon et repart. Tétanisé, je la regarde pénétrer dans le magasin. Je retiens mon souffle. Tout se contracte, se fige. le temps. La station. L'espace. Mon coeur.» Que les lecteurs à la recherche d'un plan de drague infaillible passent leur chemin… À moins qu'ils cherchent la confirmation que pour peu que la volonté soit là, il est possible que des miracles se réalisent. Mais je vous laisse découvrir les charmes de la relation qui va se nouer avec Seiza pour en venir aux autres relations de notre employé-sociologue, Ray, Jean Pol, Nietzland et les autres. Cet ami qui divorce sans vouloir quitter sa femme, ce patron qui voit d'un mauvais oeil ses initiatives artistiques – transformer la station en galerie d'art – ou encore cette Cassandre qu'il retrouve dans son lit. Un vrai régal de «choses vues», avec un oeil pétillant de malice.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Le sous-titre aurait pu être "brèves de pompe” ! Pompiste à Pantin le narrateur livre ses pensées banales, philosophiques, érotiques, décousues et humoristiques ; ses réflexions sur ceux qui passent et ne le voient pas, ceux qui se posent au comptoir pour refaire le monde.

Des habitués, des gens de passage, sa soeur et ses amis qui prennent la station pour un lieu d'expo à la mode. Il joue aux dames avec un ami, plonge dans les nanars de zombies et autres films noirs, rêve devant des jambes sur un vélo avec un paquet de chips... Des morceaux de vie d'un pompiste de nuit : la sienne et celle de ceux qui passent.

Lecture sympathique et reposante.

CHALLENGE RIQUIQUI 2020
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« Je suis au sommet de la pyramide de la mobilité en quelque sorte : le rouage essentiel de la mondialisation. (Sans moi, la mondialisation n'est rien.) » (p. 7) Beauvoire est pompiste dans une station-service de la région parisienne. En courtes phrases, il raconte son quotidien. « Rares sont les clients qui me voient ou me parlent. Je suis transparent pour la plupart des gens. Certains se demandent sans doute pourquoi j'existe encore, pourquoi je n'ai pas été remplacé par un automate. Des fois, je me le demande aussi. » (p. 6 & 7) Les automobiles qui s'arrêtent le temps d'un plein, d'un café, d'un sandwiche ou d'une miction. Les habitués qui viennent partager une partie de dames ou un verre. Beauvoire est un observateur essentiellement passif, mais qui parfois, de bon gré ou à contrecoeur, se retrouve acteur. Sans savoir pour qui ni dans quel but, il fait passer des messages. Il ose aussi aborder la sublime cliente japonaise qui passe une fois par semaine. Il se rebelle contre son patron en organisant des expositions sauvages sur les murs de la station. Quant au temps qui coule, poisseux comme l'essence, le pompiste le trompe en lisant, en regardant des films ou en pensant à Jean Baudrillard, philosophe qui semble donner à toute chose un sens plus profond, pour peu qu'on accepte de renoncer aux évidences. Avec la lueur vacillante des néons et des enseignes pour seules étoiles, Beauvoire rêve à plus grand, plus loin, mais pour quitter sa station-service, il faudrait un éclat, un coup de tonnerre qui peut-être jamais ne viendra.

Non-lieu par excellence, la station-service est un espace étrange : on ne s'y arrête que pour mieux repartir, regonflé, rempli, reposé. Ce lieu de passage où l'on ne laisse rien porte un nom trompeur. Une station, c'est là où l'on s'arrête, mais la finalité de la station-service n'est pas l'arrêt, c'est le renouvellement du mouvement. de fait, produire des chroniques sur l'impermanence, c'est paradoxal, c'est un pari pris sur l'éphémère. C'est vouloir écrire la répétition là où rien ne revient ni ne perdure. C'est parfaitement vain. Et donc totalement sublime. À l'image du premier roman d'Alexandre Labruffe.
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"Le chiffre 5 en Chine, c'est le chiffre du Wu, du rien, du vide. À L'origine et à la fin de toute chose. C'est le chiffre du non-agir, du non-être, du pompiste."

Je retrouve ces phrases courtes, tranchées, ces cris silencieux face à l'absurdité d'une époque vide de sens et emplie de consommation, consumation.
À défaut d'une indignation beuglée nait chez Labruffe un constat incisif. Constat brut et détonant d'une société carbonisée transportant vers un proche néant l'homme déjà fossilisé.
Délectable poésie apocalyptique, cerveau propulseur de réflexions, succession de pensées en injection, Labruffe est un turboréacteur, un avion de chasse ovni lancé en pleine vitesse sur la planète pour la stimuler.

"Tout le monde demande le plein. Mais personne n'a jamais demandé le vide"

Vacuité d'un système, zombis du quotidien perfusés au coca zero et chips aux oignons.
Quel pouvoir nous reste-t-il avant la poussée d'un troisième oeil ?
La post culture apocalyptique, dystopique nous à-elle-déjà imaginés en être demystifiés mais plastifiés ?
Précisément, nous sommes dans l'ère du néant, en panne d'essence.
Accessoirement, Labruffe invoque Baudrillard.
Concrètement, je me shoote , m'enfile des lignes de virtuosité et de maîtrise me menant aux confins d'une construction littéraire artistique des plus cinématographiques.

"Je me dis qu'une pensée est un feu d'artifice figé".
 
Labruffe en est l'artificier.
Réservoir inépuisable de traits d'esprit , il carbure à l'à propos et la substance première de ses élucubrations est un pur elixir d'essentialisme sous des airs flegmatiques.
De contemplations en imaginations, il nous offre un subtil roman distillant l'intelligence et l'humour corrosif, au même titre que" Wonder Landes" et " Un hiver à Wuhan", et ca vaut de l'or (noir).

Totalement addicte et momentanément désoeuvrée de ne plus pouvoir aller au ravitaillement ayant épuisé cette bibliographie.

"Je respire l'odeur humaine, aggravée de fleur morte et de pétrole, qui offense le jardin [Colette]"
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Plate-forme pétrolière en pleine mer de Pantin, la station-service s'avère être un point de ravitaillement pour tout voyageur en quête d'essence. "Parfois je regrette l'époque dorée du super et je me dis que le sans-plomb est à l'essence ce que le préservatif est au sexe". "Je fais le plein. C'est de l'ordinaire. Chose de plus en plus rare. Mais je sais où la trouver en France. (Je connais le secret de l'ordinaire)."
Il y a différents flux comme différents courants de pensée, mais il y a aussi ... le coca zéro (à quand la voiture qui tourne au coca ?), les chips, les barres chocolatées, les sandwichs industriels, et ... des langoustes, qui, bizarrement, se vendent dans cette station-service, point de ralliement pour tous ceux qui voyagent en banlieue parisienne à défaut d'être sur la route 66. le pétrole, l'or noir, ce flux des bas-fonds, se prête ici à la littérature urbaine et ... à la fulgurance poétique. Mais pour apprécier ce livre, il faut être comme le pompiste celui ou celle qui a le permis (80% des annonces l'exigent) et qui aime l'odeur de l'essence (100% des annonces l'oublient)
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Bof, pas pour moi .
La forme très décousue , trop «  hachée » à mon goût m'a heurtée dans ma lecture dont le fond ne m'a pas séduite non plus.
Je n' ai ressenti aucune empathie pour le personnage principal , grand escogriffe lymphatique nourri aux films de série B ou Z , qui traîne sa flemme dans tous les domaines de sa vie , plus ou moins sous couvert d'une vague philosophie de vie qui m'a laissée de marbre.
L'univers chips grasses, coca light, soirées clandestines pour vernissage foireux , rendez-vous Tinder ratés , amours tendance SM avortées par lâcheté ou fainéantise, cuites et plans cul, ça ne m'a pas fait vibrer, sorry.
D'autres esprits plus affûtés que le mien y verront sans doute une certaine poésie dans l'art de dépeindre la vacuité de l'existence , mais en ce qui me concerne, je suis totalement passée à côté de l'intérêt de cette plongée dans le néant !
Ah, si, le seul épisode qui m' a sortie de ma léthargie, c'est celui des langoustes qui finissent dans le trou des WC . Je me suis juste dit , un peu indignée : quel gâchis.
Bah, oui, j'adore la langouste, et je n'ai pas souvent l'occasion d'en manger ….
C'est dire si ce livre a suscité chez moi une profonde réflexion.
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En quête d'originalité et de romans légers mais intelligents pour la rentrée littéraire ? Sautez sur ces chroniques truculentes, pleines d'humour et d'humanité.

Grâce à son écriture fluide, ce petit roman, aux chapitres très courts (certains ne contiennent qu'une seule phrase), nous embarque immédiatement dans le quotidien de son héros pompiste, qui travaille de nuit dans une station-service de la banlieue parisienne. Au fil des pages, on s'attache sans s'en rendre compte à ce personnage distrait, tellement tête en l'air qu'il en devient parfois agaçant, mais plein de poésie. Son nom, que je vous laisse découvrir, lui va comme un gant ! Les références cinématographiques, littéraires et les jeux de mots s'enchaînent avec les clients pour notre plus grand plaisir. le thème de la fin du monde fait des apparitions régulières dans l'esprit du protagoniste, qui semble la guetter avec une "attente curieuse" : une apocalypse que l'on imagine pourquoi pas joyeuse ou farfelue, à l'image de ses rêveries intempestives.

J'ai trouvé le travail de l'auteur d'autant plus intéressant qu'il aborde l'air de rien et avec humour des idées sur l'écologie et la société de consommation. On peut même passer à côté, que le roman ne perd en rien son aspect déjanté, ses petites intrigues délicieuses ou banales, toujours inventives. En revanche, comme dans la vie, il ne faut pas s'attendre à un dénouement idéal ou parfaitement clair, une question notamment demeure en suspens, mais c'est ce qui rend cette histoire si crédible, tendrement moqueuse, à mi-chemin entre le fantasme et la réalité.

Cela donne presque envie de s'arrêter dans la prochaine station-service pour discuter avec le pompiste, tant qu'il en est encore temps, tant que l'automatisation n'a pas encore touché la profession. Dans cette vision élargie du quotidien, l'imagination du héros-narrateur nous invite à réinventer l'ordinaire.

Je vous conseille vivement ce roman ! C'est avec le sourire qu'on referme le livre d'Alexandre Labruffe.
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⛽️ « 131
Mon souffle coupé. Est-ce la cruelle Nipponne ? Que faire ? Retourner à la fête ? Faire demi tour ? Un tête-à-queue ? Il est trop tard.
131 bis
Comme dirait Camus : « Heureusement il est toujours trop tard. » »
(P.110)

⛽️ A quoi carburez-vous ? Aux Haribo acidulés, aux chips saveur barbecue, aux sandwiches sous vide ? Dans la station service du pompiste Beauvoire, pas de place pour l'ennui. En 189 chroniques, un lieu aussi banal et quasi insignifiant qu'une station service devient le théâtre de l'absurdité la plus totale, savamment orchestrée par l'auteur. Rien ne devrait se passer dans ces lieux de passage, hormis un plein, un café, une pause pipi vite expédiée. Et pourtant…

⛽️ Ces gestes, aussi vides de sens soient-ils, laissent place à d'autres, des appels au secours, des questions existentielles, des actes désespérés. Qu'il s'agisse de connaître l'avenir de l'essence et de l'homme, de livres qu'on dépose et que d'autres viennent chercher, de messages cachés à l'intérieur, de coups de foudre improbables, de troc essence/homard, de prêtres en rangers qui font le plein sans payer, la station est bel et bien un lieu tout sauf banal, où l'être humain cherche un réconfort, une normalité qui lui échappe, un sens qu'il a perdu. Dans ce théâtre loufoque, notre pompiste devient le protagoniste drôle et cynique d'intrigues complètement déjantées.

⛽️ Alors si vous êtes en panne et que vous avez besoin d'un refill, lisez ce livre et vous ferez le plein de bonne humeur !
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Une lecture de laquelle on sort avec le sourire.
On plonge dans la tête d'un narrateur pompiste qui préfère ses rêveries/réflexions philosophiques au réel qui l'ennui. C'est drôle, cocasse et grotesque mais plus profond que ça en a l'air. Je me suis éclaté à lire ce court roman.
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