"Le chiffre 5 en Chine, c'est le chiffre du Wu, du rien, du vide. À L'origine et à la fin de toute chose. C'est le chiffre du non-agir, du non-être, du pompiste."
Je retrouve ces phrases courtes, tranchées, ces cris silencieux face à l'absurdité d'une époque vide de sens et emplie de consommation, consumation.
À défaut d'une indignation beuglée nait chez Labruffe un constat incisif. Constat brut et détonant d'une société carbonisée transportant vers un proche néant l'homme déjà fossilisé.
Délectable poésie apocalyptique, cerveau propulseur de réflexions, succession de pensées en injection, Labruffe est un turboréacteur, un avion de chasse ovni lancé en pleine vitesse sur la planète pour la stimuler.
"Tout le monde demande le plein. Mais personne n'a jamais demandé le vide"
Vacuité d'un système, zombis du quotidien perfusés au coca zero et chips aux oignons.
Quel pouvoir nous reste-t-il avant la poussée d'un troisième oeil ?
La post culture apocalyptique, dystopique nous à-elle-déjà imaginés en être demystifiés mais plastifiés ?
Précisément, nous sommes dans l'ère du néant, en panne d'essence.
Accessoirement, Labruffe invoque Baudrillard.
Concrètement, je me shoote , m'enfile des lignes de virtuosité et de maîtrise me menant aux confins d'une construction littéraire artistique des plus cinématographiques.
"Je me dis qu'une pensée est un feu d'artifice figé".
Labruffe en est l'artificier.
Réservoir inépuisable de traits d'esprit , il carbure à l'à propos et la substance première de ses élucubrations est un pur elixir d'essentialisme sous des airs flegmatiques.
De contemplations en imaginations, il nous offre un subtil roman distillant l'intelligence et l'humour corrosif, au même titre que"
Wonder Landes" et "
Un hiver à Wuhan", et ca vaut de l'or (noir).
Totalement addicte et momentanément désoeuvrée de ne plus pouvoir aller au ravitaillement ayant épuisé cette bibliographie.
"Je respire l'odeur humaine, aggravée de fleur morte et de pétrole, qui offense le jardin [Colette]"