Citations sur Amour malade (29)
Aujourd’hui, je suis encore moi pour toi et toi aussi, malade ou pas, tu es toi pour moi. Voilà la différence entre un aidant et un soignant, tout persuadé soit-il que « le malade est une personne ». Là où le soignant voit dans le malade l’incarnation en chair et en os d’une maladie qu’il sait identifier, l’aidant, lui, voit un individu unique qui ne ressemble qu’à lui-même. Et cet individu, il veut continuer à le voir malgré la maladie et les déformations qu’elle impose.
« Nous sommes une génération sans courage. Cette vertu ne nous a pas été nécessaire, elle s’est atrophiée en nous, comme un organe dont on ne se sert pas. Nous sommes la génération du “Je me demande ce que j’aurais fait à leur place”. »
Mais à notre place à nous, qu’avons-nous fait ? L’Histoire avec un grand H, celle où il y a des morts, tombe finalement sur nos vies vieillissantes. Que fait-elle de nous ? Des victimes. Du terrorisme, du capitalisme, des élites, du phallocratisme, du patriarcat, des prédateurs, des violeurs, des virus, des profiteurs, et que sais-je encore.
Car nous ne sommes plus capables de rien héroïser, hormis les victimes. En oubliant que ce qui fait les héros, c’est justement le refus d’être une victime.
Chaque moment de paix heureuse que je te donne est une victoire de la joie sur le chaos et l’affliction : joie de te voir nager, dans la fraîcheur salvatrice de l’Océan cet été ; joie de te faire danser l’autre jour, à la fin d’une soirée chaleureuse ; joie de te voir redevenue adorable comme tu sais l’être, quand tu veux plaire ; joie de te voir radoter de bonheur sur Skype devant les vagissements de ton petit-fils ; joie de te préparer des petits pois aux blettes et au foie gras que tu dévores avec appétit.
Que tous ceux qui s'imaginent qu'elle leur a aménagé après la mort un petit coin de paradis, où ils pourront, comme sur Facebook, dilater à l'infini leur ego se raisonnent : ça ne va pas se passer comme ça. La vie nous éconduit, elle a besoin de place pour ceux qui nous succèdent. L'élégance consiste à sourire, en se faisant sortir, à ceux qui naissent pour nous remplacer. ça me va, je souris.
Un rêve de violence est passé de certains hommes à certaines femmes qui leur fait démasquer comme violeur potentiel tout ce qui voudrait ressembler à un homme, au sens viril du terme.
Moi-même, d’ailleurs, je n’ai jamais rien trouvé dans mes faits et gestes qui soit particulièrement viril, si ce n’est cet organe qu’on nomme ainsi dont j’ai, tant qu’il m’en donnait les moyens, fait un usage que d’aucuns ou d’aucunes pourraient juger excessif.
Prendre sur soi, accepter la charge souveraine qui est la même qu’on soit empereur ou simple mortel. Reconnaître que lorsque tout s’effondre autour de soi, la chance nous est pourtant offerte d’un baptême de soi par soi qui se nomme virtu dans le monde antique ou chez Machiavel, un mot où convergent vertu et courage autour de vir qui veut dire homme, au sens de viril.
" Dans la vie de l’homme, la durée, un point ; la substance, fluente ; la sensation, émoussée ; le composé de tout le corps, prompt à pourrir ; l’âme, tourbillonnante ; la destinée, énigmatique ; la renommée, quelque chose d’indiscernable. En résumé, tout ce qui est du corps, un fleuve ; ce qui est de l’âme, songe et vapeur ; la vie, une guerre, un exil à l’étranger. "
Les héros, les vrais, n’ont pas besoin de haine pour trouver le courage de tuer ou mourir.
La haine, c’est la vertu des lâches. Je le dis avec d’autant plus de force que nous sommes entrés depuis cinq ans dans des temps haineux où la discorde, l’irritabilité, l’irascibilité, la colère de tous contre tous semblent devenir la règle du jeu social.
Il ne naîtra rien de ce monde colérique, que régressions et reculades.
Même avec les meilleures intentions, il y a en chacun de nous une intolérance à la déchéance de l’autre, comme à la nôtre – toutes deux liées à notre crainte du chaos – dont il faut toute la force de la foi pour se départir. Mais tout le monde n’est
La météo est la science de ce qui ne se ressemble jamais tout à fait : le temps qu’il fait. Elle nous rappelle que tout équilibre est fragile, instable, versatile. Ce n’est pas une science exacte ; elle garde toujours la poésie de l’imprévisible.