AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Manants du roi - 1793-1950 (14)

... ces gens étaient plus légitimistes que leurs rois. Ils n'admettaient pas l'empereur; n'avaient pas agréé Louis-Philippe, ni le comte de Chambord. Ils avaient nié Charles X, honni Louis XVIII; M. et Mme de La Haye ne croyaient qu'à la Survivance. Pour eux le seul monarque était Louis XVII, celui qui avait été enfermé sous le nom de Louis-Charles, duc de Normandie et dauphin, puis sauvé du Temple dans un cheval d'osier; attendu, reçu, reconnu par Charrette, et qui dissimulait aujourd'hui sa royale infortune, sous le personnage de Bruston, ancien bijoutier de Corbeil.
Bruston avait confondu Naundorff, imposé silence à Richemont et, sans colère, avec obstination consciencieuse, réclamait son nom, assurait mélancoliquement qu'il était le vrai dauphin. Il vivait dans un loisir récent, mais plein de dignité, depuis que certains fidèles venaient à son aide, sans générosité pour la plupart, sauf M. de La Haye qui, chaque semestre lui envoyait le quart de son revenu... tout simplement.
Le prétendant, maintenant sexagénaire, faisait extraordinairement Bourbon avec cette projection en avant du profil, comme si le nez eût tout attiré, et ces lèvres plus fortement dessinées qu'épaisses, héritées d'Autriche. Quand, dans l'intimité, il arborait le Cordon bleu, sur sa redingote, longue à mode ancienne, la ressemblance avec Louis XVI devenait si émouvante que nul n'allait le voir par curiosité, qui n'en parte sans foi nouvelle.

924 - [p. 74-75]
Commenter  J’apprécie          60
...drames de cent cinquante ans, aux acteurs héréditaires - dont les dernières plaintes furent étouffées par une conspiration étonnante des silences.
On ne devait pas !
A défaut d'autre, laissons à nos fils l'héritage de telles angoisses et de leur qualité.
Nous tentâmes d'en fixer la raison, la force, la noblesse, et, sans dénier l'esprit partisan, au moins voulûmes-nous rester dans une hauteur, égale à celle des causes débattues.
1938 L.V.
Commenter  J’apprécie          40
-Qui les reconnaîtrait pour les petits-fils de leurs grands-pères? Paris a causé tout le mal! Enfin! Monsieur! quelle autorité prendra-t-il, celui qui ne vient que quat' mois l'an? qui caponne au moment dur et nous laisse tout seuls dans l'hiver: "La boue, ell' m'fait peur! m'faut mon p'tit boul'vard! Adieu les gâs!" Pas un coeur campagnard qui ne souffre en voyant boucler si vite le château! On sent double sa solitude et sa pauvreté! Nos anciennes familles font comme les horsains enrichis au négoce, qui achètent une "campagne", comme ils disent...Monsieur, on n'achète point la campagne, on l'hérite, monsieur!
Commenter  J’apprécie          20
Ici, son esprit se déliait ; non que sa pensée devint plus spécialement agile : elle ne l'était jamais ; simplement, son imagination lente se délivrait de ses soucis coutumiers, de ce qui encombrait son âme. Au milieu des champs infinis, il arrivait avec ce sentiment de l'homme de mer qui parvient au large... Toutes les difficultés terrestres demeurent au rivage ; les choses qui compliquent et découpent la vie des hommes, le cèdent au monde uniforme. On redevient son maître, d'être si complètement seul.
Commenter  J’apprécie          20
-Les riottes entre presbytère et château, c'est pain du jour, maintenant; et quand on y pense, quand on pense à ce qui fût! l'esprit vous en tourne...Chaque château a caché son prêtre, en risquant toutes les têtes de la maison, chaque bande chouanne avait son aumônier, quand le Roi est mort, eh bien ! on dit que tous les prêtres fuyards, les pauvres, sont rentrés chacun dans leur paroisse, avec des gâs armés et que dans tout le pays, monsieur, dans chapelle ou paroisse, il y a eu de nuit une messe de Requiem pour le Roi assassiné.
Commenter  J’apprécie          10
Et pour arriver, nos messieurs, que font-ils pas! On voit des descendants de guillotinés qui mettent "Vive la République" au bas des affiches. On se f.... d'eux, comme si on les voyait en biaude et sabots, ou en chienlits. Et on a honte de les voir signer sur tous les murs d'un canton, qu'ils sont des menteurs.
Commenter  J’apprécie          10
-Et savez-vous, monsieur Jacques, pourquoi nos gâs avaient des chapelets à grains de fer? Quand les balles leur manquaient aux tireurs, il vous foutait son chapelet dans le canon!
Commenter  J’apprécie          10
Galart se pencha, pour se redresser dans un émoi immédiat: une inscription faite avec un poinçon, trou à trou, une prière sur cette canardière qui n'était plus alors une arme de chasse: Ave Maria...
-Oh! fit-il, quelque chrétien qui faisait le signe de la croix avant de lâcher sa balle.
-Un chrétien, sûr! répondit aussi à voix basse Béliphaire, mais ce chrétien ne perdait pas son plomb. (Il retourna l'arme lentement.) Onze croix, dit-il, encochées au couteau...Et la croix ne se met que sur une tombe d'homme!
Commenter  J’apprécie          10
Un rude batailleur, et un capitaine qu'il fut! L'avait monté tous les gens avec des chevaux à lui, vifs, qui venaient des haras qu'il soignait; les gendarmes pouvaient bien courir: ils ne voyaient pas longtemps leur dos...mais marchez! préféraient la chose, n'étant point le côté des carabines!
Commenter  J’apprécie          10
Ils ne galopaient plus. Ghauville s'inquiétait de son compagnon. Il l'aurait bien risqué en bataille avec une compagnie, mais pas contre la maladie louche.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (65) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3282 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}