En peignant les derniers jours d'un haut dirigeant du PC soviétique, ancien héros de la guerre civile,
Arthur Koestler se livre à une double réflexion.
Il est un des premiers à décrire le système soviétique - le livre a été publié en 1938 -, en particulier la mécanique des "procès de Moscou" (aveux détaillés extorqués aux futures victimes).
Par le truchement du héros, Koestler décrit également l'enfermement intellectuel, la prison des idées dans lequel sont condamnés à errer les partisans d'une idéologie, d'une explication close du monde, qui prétend saisir le réel dans ses moindres aspects.
D'où la capitulation du personnage principal, qui finit par accepter son sort "pour le bien du Parti".
Ici, l'idéologie est le marxisme, mais ç'aurait tout aussi bien pu être un autre extrémisme, une autre intolérance.
Ajoutons qu'autour d'une thématique somme toute aride, le livre est très bien écrit, très bien construit, ce qui le rend passionnant.