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Ghislain Riccardi (Traducteur)
EAN : 9782020297905
795 pages
Seuil (01/09/2000)
4.08/5   12 notes
Résumé :
"Plutôt une fin épouvantable qu'une épouvante sans fin". Tels sont les mots d'un homme accablé par la déchéance physique et morale ; celle d'un intellectuel juif allemand, témoin de la montée en puissance et de l'avènement monstrueux du IIIe Reich. Converti au protestantisme mais persécuté en raison de ses origines hébraïques par le régime nazi, Victor Klemperer restera en Allemagne jusqu'à la fin du second conflit mondial et trouvera dans ses prises de notes quotid... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce journal est le témoignage d'un homme qui, tout enfermé qu'il soit dans la propagande et la désinformation ambiante, continue à rendre compte de son temps en glanant des rumeurs, des informations, des témoignages, des opinions contradictoires, des extraits de discours ou d'articles de presse… des racontars et on-dit, des blagues, et ses propres réflexions.
Il raconte le quotidien, l'air du temps, les éléments de la langue officielle (discours du Führer et comparses, éléments de presse), les tracas, embûches et brimades, jusqu'aux exactions de la vie quotidienne. C'est un témoignage du quotidien en Allemagne nazie par un intellectuel déclassé (révoqué de l'université dès 1935) qui réussit malgré tout à se ménager un espace de liberté en continuant à réfléchir et à écrire selon trois axes : son travail - spécialiste de philologie romane (les auteurs de la littérature française au 18ème siècle et l'esprit des Lumières) -, la mise au clair de son journal depuis (1910 ?), en même temps qu'il écrit au jour le jour pour témoigner du quotidien, et enfin, ses réflexions sur la nazification/ totalitarisation du langage : le philologue qu'il est s'applique à rendre compte de l'esprit du temps national-socialiste à travers de nouveaux éléments de langage qui traduisent la nouvelle Weltanschauung (vision du monde) de l'Allemagne nazie, telle qu'elle se partage dans le discours ambiant (un peu difficile à saisir quand on ne connaît pas ou pas assez l'allemand).
Au fil du temps, à partir de 1934, on assiste au rétrécissement du champ d'action de Klemperer et de son épouse Eva, on voit l'impuissance grandissante d'un homme et d'une communauté confrontés à la propagande et à l'arbitraire par la promulgation de lois ou décrets iniques : interdiction de conduire, d'avoir une voiture, d'emprunter en bibliothèque, expulsion de sa maison pour rejoindre une «maison de juifs » ( Judenhaus) et une infinité de tracasseries ou exactions administratives (confiscation de sa machine à écrire, tickets de rationnement encore plus sévère à l'encontre des juifs (quantités réduites, denrées interdites comme les légumes ou le tabac…) sans oublier le vertige des impôts, amendes et taxes… jusqu'au couperet final, fin 1941 : interdiction d'émigrer. La trappe s'est refermée au moment où la solution finale se met en oeuvre dans les camps.
Le journal raconte aussi le désarroi d'un homme qui se sent profondément allemand par son éducation et sa culture, confronté au déni de sa germanité, puisqu'il est « racialement » juif, ce qui pose la question juive selon les termes où Hitler la pose pour la résoudre par une traque en règle, jusque dans les moindres interstices du quotidien et jusqu'à la solution finale. C'est effrayant de banalité et d'efficacité.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
19 août 1933
Je n'arrive vraiment pas à croire que les masses, dans leur sentiment profond, soutiennent encore Hitler. Trop d'indices contraires. Mais tout le monde, absolument tout le monde est mort de peur. Plus aucune lettre, plus aucune conversation téléphonique, pas un mot dans la rue ne sont à l'abri des dénonciations. Chacun redoute en l'autre le traître et le mouchard.
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9/10/1938
Quoi qu'il arrive sur le plan politique, en ce qui me concerne je suis définitivement transformé. Ma germanité, personne ne pourra me la prendre, mais mon nationalisme et mon patriotisme sont morts pour toujours. Ma pensée est maintenant plus que jamais voltairienne et cosmopolite. Tout cloisonnement national m'apparaît comme une barbarie. (416)
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17 mars 1933
Je ne peux plus me débarrasser du sentiment du dégoût et de la honte. Et personne ne bouge; tout le monde tremble, se terre.
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Videos de Victor Klemperer (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Victor Klemperer
En conversation avec Hervé Mazurel, Quentin Deluermoz & Anouche Kunth Rencontre proposée par la revue Sensibilités
« Il n'y pas d'histoire qui ne soit sensible de part en part ». Georges Didi-Huberman
La revue Sensibilités s'emploie à mieux saisir les ressorts sensibles de la vie collective. Elle s'efforce de décrire l'infinie variété des modes de présence au monde. Ou, dit autrement, des façons de sentir et de ressentir d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. Ce faisant, elle explore la vie affective dans toutes ses dimensions : pulsions et désirs, perceptions et émotions, sentiments, passions et autres fantasmes… Pour fêter la parution de son 10e numéro, la revue et son comité de rédaction, en partenariat avec les éditions Anamosa, ont souhaité inviter le philosophe et historien d'art Georges Didi-Huberman pour discuter de son approche de la vie sensible et de ce qu'il appelle les « faits d'affects ». Les historiens Quentin Deluermoz, Anouche Kunth et Hervé Mazurel se relaieront pour évoquer avec lui la vie longue de l'image survivante, les métamorphoses du pathos et de ses représentations, la contagiosité des émotions politiques et, avec elle, des gestes de révolte et de soulèvement.
Pour l'anniversaire de la revue Sensibilités. Histoire, critique et sciences sociales (Anamosa), Quentin Deluermoz, Anouche Kunth et Hervé Mazurel, trois de ses animateurs, discuteront avec Georges Didi-Huberman de ses derniers livres autour de la vie sensible et des faits d'affects.
À lire – La revue Sensibilités n°10, « La guerre transmise », éd. Anamosa, 2021. – Georges Didi-Huberman, le Témoin jusqu'au bout. Une lecture de Victor Klemperer, Les éditions de Minuit, 2022.
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