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sur 7435 notes
Une étude démontrait récemment que la science-fiction aidait ses lecteurs (souvent jeunes) à affronter la réalité du monde qui les entoure, à s'en rapprocher au plus près et à s'en saisir grâce à des notions scientifiques. On est bien loin du stéréotype de la lecture abrutissante ou déconnectée !
Avec Des fleurs pour Algernon, l'illustration du paradigme est parfaite : une expérience menée sur l'homme, après des essais concluants sur une souris, pour rendre un jeune « arriéré mental » plus intelligent. de ce point de départ, une réflexion fascinante est menée par l'auteur sur la déficience mentale, comme elle est perçue et vécue, sur l'intelligence, comment celle-ci est également perçue et vécue, sur la différence, sur l'amour, sur la vie en société, bref : sur la vie tout court.

Vous l'aurez compris, le point de départ du récit est tout simple : Charlie Gordon est un jeune homme dont le QI atteint à peine 70 et qui se voit proposer une opération chirurgicale qui le rendra intelligent. Pour suivre au mieux les progrès qui s'opèrent en lui et leur avancée, il tient un journal quotidien de ses journées.

« 3 mars - le Dr Strauss dit que je devrez écrire ce que je panse et que je me rapèle et tout ce qui marive a partir de mintenan. Je sai pas pourquoi mais il dit que c'est un portan pour qu'ils voie si ils peuve mutilsé. « 

Page après page, Charlie évolue, sans même sans rendre compte. Ses écrits s'étoffent, ses réflexions s'aiguisent, sa vie change ; tout comme sa perception, sa compréhension du monde qui l'entoure et des individus qui le composent. Et c'est ainsi que naissent en son esprit parallèlement à l'émergence de ces capacités nouvelles, l'incompréhension, puis une forme de lucidité amère sur les rapports humains. de même qu'il découvre le sentiment amoureux, affleure en lui des souvenirs enfouis lui révélant entre autres le désamour maternel dont il a été victime.

Des fleurs pour Algernon est un livre émouvant, et qui trouverait sa place je pense dans le grand programme annoncé d'apprentissage de l'empathie pour les jeunes (et moins jeunes). le regard porté sur l'handicap est d'une incroyable acuité et tristesse :

« Comme c'est étrange que des gens qui ont des sentiments et une sensibilité normaux, qui ne songeraient pas à se moquer d'un malheureux né sans bras, sans jambes ou aveugle, n'aient aucun scrupule à tourner en ridicule un autre malheureux né avec une faible intelligence. »

J'ai été plus particulièrement frappée par l'irruption du sentiment de honte dans le processus de maturation de Charlie, la honte de ce qu'il était, la honte dans les yeux de sa mère, dans les propos de sa soeur. N'est-ce pas un des sentiments les plus complexes et difficiles à vivre ? D'autant plus qu'elle naît là avec l'avènement de son intelligence, pour évoluer plus tard en une forme d'auto-compassion, une revendication même de la reconnaissance de l'individu Charlie en tant qu'être humain, à tout stade de sa vie ; ce qui m'a immanquablement fait penser à cette réplique déchirante du film de David Lynch : « I am not an animal ! I am a human being ! »

Un roman psychologique avant tout, touchant, poignant, avec son enveloppe SF qui nous protège quelque part. Et si tout n'était pas ni noir… Ça ne dépend que de nous.
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Ça m'énerve que BookReads compte ce livre comme un 2024 et non comme un 2023. Alors que je l'ai lu pendant 8 jours en 2023 et 2 en 2024... Bref on va dire que c'est un livre gratuit pour 2024.

Bref maintenant, PARLONS DU LIVRE ! C'était un véritable banger. le roman vraiment rien à redire, c'était incroyable. Par contre Charlie, Algernon & moi... Je pense qu'on aurait pu se passer d'une centaine de page facile. Comme on va dire que ça m'a coupé dans mon élan. Bref l'histoire du roman, devrait être enseigné partout. C'est une leçon de vie et d'humilité. Je repense souvent à Charlie, je pense qu'il va me marquer pour longtemps.
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Quand on referme certains livres, on sait qu'ils vont laisser une trace pour longtemps. Et pour moi, ce fut le cas de ce roman.

Rangé au rayon SF, l'histoire reste ancrée dans le réel, en apportant un unique élément d'anticipation : une opération chirurgicale expérimentale destinée à rendre intelligent un “adulte arriéré”.

Charlie Gordon, le cobaye consentant, est un personnage qui marque. Au début du roman, par sa bonté naïve et son orthographe approximative. Puis, par des changements fulgurants qui accompagnent l'augmentation spectaculaire de ses capacités intellectuelles. Enfin, les dernières dizaines pages sont tout simplement bouleversantes.

L'auteur utilise à merveille le journal comme vecteur de son récit. Charlie se confie à des fins de documentation scientifique. Et l'évolution de son langage, autant que ce qu'il nous raconte, est un indicateur du niveau actuel de son intelligence et de ses troubles.

J'ai beaucoup apprécié le travail nuancé sur le décalage entre intelligence et maturité émotionnelle du personnage, avec ce rapport complexe aux femmes incarnées par Alice et Fay. En quelques mois, Charlie vit de manière accélérée et exacerbée ce qu'un homme vit généralement lors de son adolescence, ce passage de l'enfance à l'âge adulte : d'une certaine forme d'insouciance à cette maturité parfois teintée de cynisme.

Le souvenir tient aussi un rôle crucial. L'intelligence accrue lui permet de revisiter des souvenirs enfouis. Ce nouvel éclairage, sans filtre, révèle tour à tour : les moqueries des autres enfants, la mesquinerie de ses collègues à la boulangerie, et surtout l'impact de sa tare sur le noyau familial avec une relation mère-fils torturée.

Je me suis surpris à ne plus pouvoir poser le livre, à tourner et tourner les pages tellement j'ai été happé par cette histoire à la fois captivante et poignante. Je n'oublierai pas de sitôt Charlie Gordon et Algernon.
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Des fleurs pour Algernon ? Hélas ! Elles risquent d'être plutôt fanées.
Pourtant je me faisais une joie d'aller vers ce grand classique de la littérature de Science-Fiction, écrit pas un certain Daniel Keyes, auteur d'un livre devenu iconique dans la culture littéraire américaine contemporaine, au-delà même de la simple sphère de la SF.
Le récit est écrit à la hauteur d'un jeune homme de trente-deux ans, Charlie Gordon, qui nous partage son histoire à travers des comptes-rendus qui deviennent peu à peu son journal intime. Charlie Gordon nous parle de lui, de sa vie, employé dans une boulangerie, il apparaît heureux, épanoui, entouré d'amis, fier de son travail qui apporte satisfaction et reconnaissance. Il se sent vraiment aimé.
Charlie Gordon a juste une particularité, il a une déficience mentale qui l'a doté d'un QI très bas et lui donne toujours le comportement d'un jeune enfant de six ans.
Charlie Gordon voudrait devenir intelligent. C'est là que la SF va s'en mêler, faisant apparaître deux savants fous, sortes d'apprentis sorciers pour lesquels on sent que l'auteur s'est inspiré du mythe de Méphistophélès et de celui de Frankenstein associé pour construire ces deux personnages qui vont trouver dans la rencontre avec Charlie Gordon l'occasion d'asseoir leur prestige à partir de l'expérience concluante réalisée sur une souris, Algernon.
Les deux scientifiques, assistés d'une jeune psychologue Alice Kinnian, l'intègrent dans leur programme pour tenter une expérimentation qui permettra peut-être à Charlie Gordon de réaliser enfin son rêve, la possibilité d'augmenter artificiellement son intelligence, le jeune homme accepte sans hésitation de participer à cette expérience scientifique.
Un voyage étonnant commence alors... Un voyage aller-retour aux conséquences irrémédiables...
Le sujet avait tout pour me plaire, d'autant plus que l'incipit démarre sur la célèbre allégorie de la caverne, de Platon.
Le traitement du thème de l'intelligence et le fossé qu'elle creuse pouvaient aussi être des thèmes inspirants.
Nous sommes dès le départ du récit plongés directement dans l'esprit limité de Charlie Gordon et nous allons suivre à travers son journal intime, à travers la métamorphose de son écriture, la transformation de ses affects et de son rapport au monde.
Mais hélas pour moi la rencontre ne se fait pas faite, l'empathie avec ce personnage n'a pas été au rendez-vous et j'en suis presque gêné vis-à-vis d'amis qui m'ont pris par la main pour aller vers ce roman en étant persuadé que je l'aimerais, que je serais d'émotion, que des larmes m'emporterais proportionnellement au sablier qui s'inverse brusquement irrémédiablement.
Pas de fleurs, ni de larmes pour Algernon, ni pour Charlie Gordon...
Ce que j'ai aimé, c'est l'effet « compte à rebours » du récit, c'est sans nulle doute le premier ressort narratif qui tient le roman, ce qui le rend palpitant et nous tient en haleine.
Des sujets intéressants sont posés ici qui touchent notamment le discernement du patient, son consentement lorsqu'il « accepte » de devenir cobaye d'une expérience scientifique censée tenter d'améliorer son état mental, la question du libre-arbitre...
Les dissonances mentales voire comportementales de Charlie Gordon, se découvrant un autre que lui-même, sont forcément des endroits qui rendent à la fois cocasse et pathétique son parcours.
En revanche, je n'ai pas adhéré à la relation entre les personnages que j'ai trouvée cousue de fils blancs. Vous me direz qu'il s'agit d'un récit de SF, certes mais un récit de SF se doit d'être crédible en imaginant un futur possible ou probable et ici c'est justement bien rendu sur le plan scientifique. Non, j'ai trouvé que les personnages manquaient de nuances dans leurs interactions, notamment dans la relation entre Charlie Gordon et Alice Kinnian où j'en entendais beaucoup.
Et puis surtout, ce qui m'a dérangé c'est cette approche manichéenne qui consisterait à affirmer que gagner en intelligence c'est forcément perdre en bonté.
L'évolution du personnage de Charlie Gordon est construite sur cette croyance et en fait même l'autre ressort narratif du roman.
Certes, gagner en intelligence c'est gagner en lucidité, c'est voir la vérité du monde dans sa douleur, ses maux, c'est forcément perdre en candeur d'une certaine manière. Mais peut-on dire qu'il y a une corrélation inversement proportionnelle au bonheur et à la faculté d'en apporter aux autres ?
Gagner en intelligence, c'est la possibilité d'élévation sociale, est-ce pour autant un risque de sacrifier ses valeurs humaines ?
Le narratif lié au parcours de Charlie Gordon tend à démontrer cette croyance à laquelle je ne peux pas souscrire, d'une part manquant de nuances et d'autre part ce serait renoncer aux exemples multiples qui démontrent le contraire. J'en veux pour preuve par exemple l'itinéraire et les travaux de Matthieu Ricard sur l'élasticité du cerveau pour mieux comprendre les comportements de l'altruisme et de la coopération, décrypter les mécanismes permettant d'expliquer leurs imapcts.
Bien sûr me direz-vous, le personnage de Charlie Gordon n'a d'attrait sur le plan romanesque que sur la base de cet itinéraire, passant « d'arriéré à génie » et découvrant par ce cheminement l'autre versant de son histoire, sa propre histoire...
Cependant, ce livre est riche, très riche dans ses intentions humaines initiales même si pour moi je ne parvins pas au rendez-vous attendu. Beaucoup de questions sont posées en si peu de pages, dépassant le registre de la SF, mais n'est-ce pas la force de la SF ? Dans l'évocation de notre rapport à la différence, au handicap, ce récit n'a certainement pas pris une ride et je lui suis reconnaissant de pouvoir continuer à demeurer une référence littéraire à ce sujet.
C'est un livre empli d'humanité et de cette lecture j'emporte avec moi ce ressenti qui perdurera.
Et pourtant...
Des fleurs pour Algernon ? Hélas ! Déjà pour moi un peu fanées...
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Ce roman est des rares à avoir toucher mon âme. Oui cela semble de bien grands mots mais c'edt vrai. Ce roman vous touche en plein coeur. Vous ne pouvez pas rester de marbre face à cette écriture à la première personne. Préparez vous car le voyage n'est certes pas très long mais il sera difficile.
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Un roman de science-fiction mettant en scène un jeune homme attardé qui souhaite devenir intelligent. Une expérience scientifique révolutionnaire va être tentée afin d'augmenter son Q.I., mais cela n'est pas sans risques. L'ouvrage prend la forme d'un journal qu'on lui demande de tenir tout au long du processus. L'édition "augmentée" que j'ai lue est un peu trop augmentée à mon goût, notamment avec la présence de la nouvelle originale...
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C'est un roman de science-fiction, dans lequel on suit Charlie Gordon, un simple d'esprit à qui le Pr Nemur et le Dr Strauss viennent de proposer de décupler son intelligence, après l'avoir fait pour la souris Algernon.
Charlie accepte, et (re)découvre la vie avec un oeil de plus en plus éclairé, que ce soit au niveau relationnel ou au niveau des connaissances.
Mais un jour, Algernon commence a avoir un comportement étrange, son intelligence décroît, jusqu'à ce qu'elle meurt. C'est alors un retour en arrière que Charlie va sentir en lui.

Ce roman de science-fiction est un drame : certains passages font sourire, mais la majorité est plutôt triste. Avec le résumé, on sait les grandes lignes de l'histoire, d'où on part et où on va, mais on s'attache au personnage de Charlie au fur et à mesure qu'on en apprend sur lui, sur son histoire, qu'il évolue. Il faut le lire pour le comprendre.
On suit Charlie au fur et à mesure de son évolution, à partir du moment où il apprend l'existence de cette expérience censée le rendre plus intelligent. Ce qu'on lit sont les comptes-rendu de Charlie, qui doit noter tout ce qui se passe dans sa tête, ce qu'il ressent, pour garder des traces du point de vue du sujet de l'expérience.
Lire les comptes-rendu écrits par Charlie permet vraiment de suivre son évolution sur beaucoup de plan : l'écriture, la façon de s'exprimer, les connaissances, l'envie d'apprendre, ses relations avec sa famille, ses collègues..

J'ai apprécié ma lecture, elle était bouleversante et nous fait également remettre en question nos comportements envers les autres : sommes-nous pris pour des idiots ou prenons-nous les autres pour des idiots ? Comment nous comportons-nous face à des simples d'esprit ou face à des personnes ayant beaucoup plus de connaissances et de réflexions que nous ? Que faisons-nous bien, et que faisons-nous mal ?
Ce sont les questions qui m'ont le plus trotté dans la tête, même si on peut se poser des questions sur le plan scientifique ou éthique (est-ce une bonne chose de faire des essais sur des animaux ? de faire ce genre d'essais qui affectent le cerveau?)

Ce roman date de 1966, ce qui fait que certaines choses ont parfois évolué depuis... En bien, en mal, ou pas du tout.

En bref, un bon roman qui fait réfléchir, qui se lit bien, avec son histoire propre et une rédaction qui change de d'habitude mais agréable.
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Comment écrire sur ce livre qui n'a pas déjà été dit ?

Bah je ne sais pas alors je vais juste transcrire mon ressentis qui est sûrement le même que beaucoup de gens.

Le livre a été génial, je ne le connaissais pas du tout et c'est grâce au cadeau d'une amie que j'ai pu arrêter d'être moins inculte.

C'est le premier livre à m'avoir fait autant brinquebaler entre plein d'émotions. La montée du de Charlie est très intéressante mais surtout d'une sincérité touchante. On pouvait déjà comprendre en le lisant quand il était retardé, ce qu'il lui arrivait vraiment. Mais son auto-introspection de ses souvenirs m'a totalement pris de court et c'est pour cela que j'ai pris quelque temps avant d'écrire cette critique.

J'aime aussi comment est présentée chute, très subtil pendant un moment, le personnage sait qu'il régresse mais nous le voyons pas, un moyen de montrer que Charlie avait réellement atteint un tout autre niveau. Quand la chute est limpide, c'est d'une tristesse mais surtout d'une horreur concrète. On ressent tous ses affres, ses peurs, ses pleurs et les derniers moments m'ont mis quelques poussières dans les yeux.

J'aime le lien avec Algernon, cette sourie qui sert de miroir futuriste au protagoniste. Jaime comment d'une certaine manière, elle est la preuve de l'humanité présente et toujours présente autour de ce candide et simple Charlie.

Enfin, voici une lecture qui m'a marqué et sera un pan de ma vie.

Merci Jacquelyn ❤
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Ce livre est une expérience bouleversante. Comment ne pas s'attacher à ce simple d'esprit qui fera l'objet d'un programme pour devenir intelligent ? Comment ne pas faire pause pour voyager à l'intérieur de soi toutes les 5 min lorsque le récit nourrit nos réflexions les plus profondes ? Un chemin introspectif aussi déroutant que fascinant, mais avant tout un grand roman de science-fiction, utile et important. Quelle démonstration, quel style, quelle éloquence même quand elle se fait plus discrète lorsque l'auteur se prête au jeu, sinon à la maladie, de la dyslexie. Et la portée philosophique de ce récit qui mêle l'intime et l'existentiel à l'universel et l'intemporel. Les certitudes volent en éclat, on remet beaucoup de choses en question : nos jugements, nos croyances, nos émotions, notre ego, notre rapport aux autres … notre intelligence, peut-être ? Puissant.
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Rencontre particulière avec ce roman, qui trottait dans ma tête depuis un moment... Tellement que quand j'ai cherché un roman avec des fleurs dans le titre... c'est ce titre qui me revenait toujours en tête, sans savoir rien du tout du contenu (mes techniques de protection contre le spoil fonctionnent bien). J'ai d'abord supposé que puisqu'il était présent à l'esprit, c'est forcément parce que le livre était sorti récemment et que j'avais du croiser des critiques en passant... le classement par ma bibliothèque en littérature jeunesse finissait par me convaincre, oui ce devait être un succès récent de la littérature adolescente, ce qui expliquait qu'il ait été aussi "visible" dans mon esprit.

Ce n'est que juste avant d'écrire cette critique que je découvre que le roman a reçu le prix Nebula... 1966 ! Et qu'il s'agit bien plus d'un classique de la science fiction qu'un nouveau Twilight ! L'adaptation en 2006 en France sur grand écran a peut-être aussi contribué à troubler mes repères.

A la lecture, c'est bien le classement "junior" qui a paru troublant. Si le langage bourré de fautes du début correspond sans doute dans certains esprits caricaturaux à un langage adapté aux "djeun's", c'est bien une des rares raisons qui a dû pousser Flammarion à l'intégrer dans son catalogue jeunesse. Car le propos et la réflexion sont bien adultes, et le niveau de vocabulaire fait rapidement un bond, même si l'analyse psychologique de l'expérience conduite sur Charlie Gordon reste à la surface, et ne gène pas la compréhension de l'intrigue. Cet homme déficient intellectuel qu'on opère et traite afin de développer ses aptitudes en imitant les expériences menées sur la souris Algernon nous pousse surtout à questionner le regard de la société sur la déficience, les bouleversements familiaux qu'elle suppose. Il nous renvoie évidemment à nos propres aprioris sur la déficience, nos propres jugements de valeur et bouleverse ainsi nos certitudes, atteint ainsi à l'émotion juste.

La narration sous le mode journal de bord est particulièrement adaptée pour observer les transformations traversées par Charlie. Sa quête d'identité, entre l'analyse de souvenirs fragmentaires d'une conscience limitée par une intelligence devenue supérieure et le positionnement schizophrénique entre celui qu'il était et celui qu'il est devenu, est très finement menée, à base d'introspections, d'analyse de rêves de manière psychanalytique, d'expériences concrètes de confrontation à ses anciens amis comme aux nouvelles rencontres.

On ne peut qu'émettre l'hypothèse que la réflexion sur la sincérité d'un amour qui trouve son origine dans la simplicité d'un esprit enfantin ainsi que la construction du roman qui, en parlant d'un homme d'une trentaine d'années, semble finalement explorer une construction d'identité à l'image d'une adolescence accélérée.... bref que ces divers éléments ont dû amener Flammarion à envisager de proposer à ses jeunes lecteurs ce classique dans leur collection réservée aux plus de 13 ans... et donc ma bibliothèque à mettre la côte JR (pour les romans jeunesses...)

Allez, soyons finalement positifs, c'est plutôt une bonne nouvelle que ce type de romans très qualitatifs soit proposé à nos jeunes lecteurs, cela ne peut que les rendre encore plus exigeants pour leurs autres lectures... même si un exemplaire en SF serait également un moyen de rendre hommage au statut de classique du livre !
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