David Lynch, entretien vidéo
Chaque mercredi, sur Télérama.fr, des entretiens vidéos, des questionnaires illustrés...Et le vendredi : festivals, DVD, reprises... le RDV des cinéphileshttp://www.telerama.fr/cinema/en-tete-a-tete-avec-david-lynch,61395.php
les gens attendent d'une œuvre d'art qu'elle veuille dire quelque chose alors qu'ils acceptent que leur vie à eux ne rime à rien.
J’appris que, juste en dessous de la surface, il y a un autre monde, et puis encore différent monde lorsque vous creusez plus profondément. Je le savais quand j’étais gamin, mais je ne pouvais pas en trouver la preuve. C’était juste comme un pressentiment. Il y a de la bonté dans le ciel et les fleurs, mais une autre force, une douleur sauvage et décadente, accompagne également le tout.
L’Elephant Man a quelque chose à l’intérieur de lui, qui pousse dans son corps. Il n’était pas un être humain parfaitement accompli mais il avait quand même des qualités très spirituelles. C’était comme si deux choses se passaient en lui, une dans son corps et l’autre qui gardait sa personnalité si innocente et bonne.
Les idées sont comme des poissons, et vous ne fabriquez pas le poisson, vous le péchez. Vous pouvez attraper des idées en rêvassant, ou en vous rendant dans certains lieux. Vous pouvez aller dans la rue, voir un reflet dans une flaque, et bang ! une idée surgit.
Je considère que le film a été mon grand échec, mais j’ai beaucoup appris. J’aimais Dino et sa fille, Raffaela, la distribution, l’équipe et Mexico, où j’ai vécu durant 18 mois. Le tournage de "Dune" a duré trois ans mais c’était un cauchemar. Un cauchemar !
Eraserhead est mon film le plus spirituel. Personne ne comprend quand je dis cela, mais c'est le cas.
Eraserhead a évolué d'une certaine manière, et j'ignorais ce que cela signifiait. Je cherchais une clé qui dévoilerait le sens de ces séquences. Evidemment, j'en comprenais une partie ; mais j'ignorais ce qui les faisait tenir ensemble. C'était une situation délicate. Alors j'ai pris ma Bible et je me suis mis à lire. Et un beau jour, j'ai lu une phrase. Ensuite, j'ai refermé la Bible, parce que ça y était. Et là, j'ai visualisé la chose comme un tout. Cette vision s'est accomplie à 100%.
Je ne pense pas que je dirai un jour de quelle phrase il s'agissait.
"David est vraiment une sorte de génie, çà, c'est clair et net, en conclut Mel Brooks.
Il comprend le psychisme et les émotions humaines, le coeur humain. Il est aussi assez détraqué, il est capable de projeter son trouble émotionnel et sexuel dans son travail, et nous assaillir avec le sensations qui l'assaillent. Ce qu'il fait brillamment dans chaque film qu'il réalise.
J'aime ce garçon, et je lui suis reconnaissant d'avoir réalisé ce qui pourrait être le meilleur film* que Brooksfilms ait jamais produit."
* Elephant Man
David Lynch à propos de Twin Peaks saison 3. page 601.
Le long métrage Fire walk with me est très important pour cette nouvelle série. Je ne suis pas surpris que les gens aient fait le lien. Il est assez clair. Je me rappelle combien j'étais reconnaissant d'avoir pu faire ce film. Chacun a sa propre théorie sur Twin Peaks, ce qui est génial ; voilà pourquoi il ne faut pas que j'explique la mienne. L'harmonie vient naturellement. Si vous êtes fidèle à votre coeur, l'harmonie est là, l'idée est juste, même si elle est abstraite. Et, dix ans plus tard, on peut l'interpréter d'une tout autre manière, car l'idée originelle détient un puissant potentiel. Telle est la magie du cinéma : on peut revenir à l'univers que l'on a créé vingt ans plus tôt, et le développer, du moment que l'on reste sincère.
On ignore ce qui se cache dans l’obscurité.
Une grande part de ce que nous sommes est déjà inscrite à la naissance. C'est le cycle de la vie et de la mort, que d'après moi on expérimente plusieurs fois. Une loi de la nature dit que l'on recoud ce que l'on déchire, et que l'on vient au monde avec la certitude qu'une partie de notre passé hantera notre présent. Imaginez que vous frappez une batte de base-ball : elle file tout droit jusqu'à ce qu'elle rencontre un obstacle. dès lors, elle repart dans l'autre sens. L'espace est si grand qu'elle peut poursuivre sa course très longtemps, mais à un moment donné elle finit toujours par revenir vers celui qui l'a lancée.