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Critique de ecceom


Jours tranquilles à clichés

Peut-être vous-est-il déjà arrivé d'être pris de doutes lors de la lecture de certains romans d'auteurs cotés ?
Peut être même avez vous éprouvé le sentiment qu'une gigantesque supercherie occupait le devant d'une scène décorée de prix prestigieux et de dithyrambes en carton-pâte ?
Si c'est le cas, ce livre est pour vous.

En un peu plus de 300 pages, Pierre Jourde s'en donne à coeur joie en faisant défiler comme à la parade, les plus éminents représentants en vieux poncifs, fausses audaces et vraies stupidités, pour mieux les "aligner".

L'auteur met au jour les ficelles les plus grossières et les processus les plus vulgaires utilisés fréquemment pour la fabrication de l'hypostase du "littéraire". Mais attention, contrairement à ce qu'annonce l'éditeur, "La littérature sans estomac" n'est pas vraiment un pamphlet.

Certes Jourde démonte et déboulonne, mais il ne se contente pas d'affirmer, il s'attache surtout à démontrer, sans aller jusqu'à profondément caricaturer. Et s'il épingle des extraits des romans mis en cause, il ne se contente pas de les "décontextualiser" pour s'en moquer, il se livre à une analyse solide et argumentée.

Ses charges (quand même !) sont savoureuses et à ce jeu de massacre, Philippe Sollers, Frédéric Beigbeder, Christine Angot ou Marie Darrieussecq en prennent pour ce grade qu'ils ont usurpé, attribué complaisamment par le milieu complice de la presse et de l'édition,

Mais il n'y a pas que ces têtes de Turc et d'affiche.
L'éventail retenu est assez large et j'avoue ne pas connaître tous les écrivains bien (mal) "traités" qui bénéficient de cette exposition.

Certes, compte tenu de la re-lecture qu'en fait Jourde, je n'éprouve pas le sentiment d'être passé par mégarde à côté d'un monument de la littérature contemporaine.

Mais d'un autre côté, voir exposées avec autant de drôlerie féroce, toutes leurs ahurissantes fadaises et leurs ridicules recettes de bazar, me donnerait presque envie de me précipiter sur les "oeuvres" de Camille Laurens ("on dirait que c'est une documentaliste de collège qui deviendrait écrivain"), Olivier Rolin (incroyable, cet homme a vraiment écrit "...demeurait associé dans mon esprit à une fugue pour violoncelle de Bach" ou "Les gouttes de sueur qui tombent de mon front allument sur l'encre de délicates flammes bleutées"), ou encore Pascale Roze ("le zéro absolu" ...il faut dire qu'avec une telle anagramme...)...

Et puis, à côté de ces baudruches qu'il s'efforce de dégonfler, Jourde évoque aussi des auteurs qu'il apprécie, comme Valère Novarina, Eric Chevillard ou Jean-Pierre Richard, parfois de manière ambiguë, voire circonspecte, comme dans le cas de Houellebecq dont il analyse l'oeuvre, sans se laisser perturber par l'environnement polémique autour de l'écrivain.
Mais il faut reconnaître que si elle n'est pas sans intérêts, la partie "clémente" du livre n'est pas celle qui m'a le plus intéressé. Je me demande si je n'ai pas un fond mauvais.

Encore qu'un reste de clémence m'habite sans doute encore, car j'ai trouvé qu'à un moment, Jourde allait trop loin en écrivant, au chapitre consacré à Pascale Roze, qu' "Il y a certes peu d'honneur à tirer de l'extermination des insectes".
Il me semble que son cas est déjà suffisamment pathétique pour qu'on ne soit pas obligé en plus, de l'achever à coups de blattes.

Un vrai regret quand même : ce livre date de 2003. J'aurais bien aimé en lire une version actualisée incluant par exemple, David Foenkinos, Anne Gavalda, Jerome Ferrari, Amélie Nothombe ou Véronique Ovaldé...

A suivre ?
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