Très beau texte que j'avais lu lors de sa parution chez P.O.L en 1993 et qui a été réédité en poche en 1995.
J'avais gardé de "
L'amour pur" un souvenir assez ébloui. J'en avais tout oublié, sauf l'éblouissement, retrouvé intact à la deuxième lecture.
L'essentiel de la scène se passe à Barcelone.
Sous forme romancée, il s'agit d'un véritable traité sur l'amour, tant humain que divin.
Quand je dis "un traité", je ne veux pas dire qu'il contienne d'assommantes considérations, mais seulement qu'il éclaire le sentiment sous tous ses aspects, dans toutes ses modulations, dont certaines, les plus extrêmes parfois, cohabitent : le désir, la chute, l'aspiration de l'âme à la vertu, à la chasteté, pendant que les sens délirent.
Un leitmotiv parcourt l'oeuvre : la clarté de la nuit et l'obscurité du jour ; symboliques puissantes et paradoxales ; dans cette histoire ce sont souvent les aveugles qui voient le mieux et les pécheurs qui s'élèvent le plus haut.
Il y a également la figure d'un évêque français éclairé, compatissant, indulgent envers la faiblesse humaine (est-ce un politique ou un saint ?) : à ma surprise, ses paroles ont été comprises par l'un des protagonistes à l'inverse de ce que j'en avais saisi : sans doute
Quignard, oh ! pardon...
Agustina Izquierdo, a-t-elle voulu souligner la difficile dialectique de la pureté, ainsi que l'incroyable surdité du personnage, enfermé dans son obsession. Ou bien c'est la lectrice qui a été le jouet de sa subjectivité...
Les images sont belles, on a l'impression de ne pas en saisir toute la portée en une seule lecture : il faudrait y revenir, plus lentement cette fois, en flânant et en rêvant.
Un sacré bon livre, quelqu'en soit l'auteur (et qu'importe, après tout !).
J'ai donc acquis l'autre roman d'
Agustina Izquierdo "Souvenir indécent".