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EAN : 9782226449368
656 pages
Albin Michel (02/09/2020)
3.53/5   38 notes
Résumé :
Trois cents ans.
C’est le temps que met la Terre pour tourner sur elle-même. Dans le ciel du Long Jour, le soleil se traîne et accable continents et océans, plongés tantôt dans une nuit de glace, tantôt dans un jour de feu. Tous contraints à un nomadisme lent, les peuples du Levant épousent l’aurore, les hordes du Couchant s’accrochent au crépuscule.
Récemment promue au rang de maître, l’assassine émérite Célérya est envoyée en mission secrète à l’est.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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La Lune est dite en rotation synchrone vis-à-vis de la Terre : ses périodes de rotation et de révolution sont égales, de sorte qu'elle présente toujours la même face depuis notre astre.

Imaginons que la Terre – elle-même satellite du Soleil – soit sur le point de subir pareil sort.
Quelles en seraient les conséquences ?
Une idée simple. Encore fallait-il y penser. Léafar Izen l'a fait et nous sert sur un plateau d'or et de cuir un monde fascinant, crédible, visuel et esthétique. Un monde où prophéties et luttes de pouvoir s'entremêlent pour tisser le destin des peuples qui marchent encore. Un monde, enfin, d'espaces et de liberté, de bravoure et d'espoir. Un monde façon Léafar Izen.

Mais encore ? Très concrètement, en ces temps qu'on devine vaguement lointains, la « course » du Soleil n'est plus qu'une lente marche, au point que nos jours de 24h sont devenus des « Longs Jours » et que nul ne vit assez longtemps pour voir le suivant, bien que l'espérance de vie se soit par ailleurs allongée.
La conséquence la plus visible de cette nouvelle donne astronomique est que l'hémisphère faisant face au Soleil n'est plus que sable et roches calcinées, tandis que l'hémisphère opposé se retrouve gelé sous une banquise gigantesque. Entre ces deux zones de mort, deux fenêtres d'espace vital larges de quelques longitudes à peine : le « Levant » et le « Couchant ». Chacune se décalant d'est en ouest au rythme lent de la marche du Soleil. Pour les humains comme pour les animaux, un seul mot d'ordre : marcher, nager, ou périr lentement mais sûrement !

Après lecture de ce beau pavé de 640 pages, ma première réaction est une petite déception :
- le concept est génial (quels auteurs de SFFF ne l'ont pas jalousé à sa parution ?).
- Il est original, à la fois simple et puissant par les possibilités qu'il ouvre (le seul titre approchant que je connaisse est le Monde Inverti, de Christopher Priest, avec une hypothèse et une exploitation bien plus complexes).
- le worldbuilding développé par l'auteur est fantastique, et ma foi sa plume tient la route !
Alors, pourquoi ne pas avoir tout misé dessus ? Je veux dire, un tel univers se suffisait à lui-même.
Je pense qu'il y avait matière à frapper fort, telle La Horde du Contrevent d'Alain Damiaso (qui présente bien des similitudes, au-delà du titre).
Au lieu de cela, l'auteur a choisi de plaquer sur cet univers génial tout ce qui se fait de plus classique dans une Fantasy, disons, grand public : lutte de pouvoir et intrigues en haut lieu, prophétie millénaire annonçant la libération du peuple par un enfant à naître, guerriers héroïques et guilde de voleurs…
Je peux comprendre les raisons. Dérouler des tropes qui ont fait leurs preuves et capter ainsi un large public.
Malheusement, ce remplissage ne fait pas que ternir l'idée maîtresse. Il présente également de nombreuses faiblesses.


Structurellement, l'histoire est découpée en trois parties égales appelées « chants ». Un très court épilogue assez spécial clôt le roman – j'y reviendrai. Un obscur avertissement encore plus court le précède ; n'oubliez pas d'y revenir après la fin !
Le premier chant raconte la naissance de l'enfant élue, le deuxième sa prise du pouvoir, le troisième relate son règne, jusqu'au dénouement. La prophétie comme fil conducteur.
Un découpage logique et classique aux transitions bien marquées, mais qui peut poser quelques problèmes de rythme. Ainsi, le deuxième chant est assez long à se mettre en place : après une dizaine d'années écoulées, l'héroïne Célérya tarde à retrouver ses marques et ses anciennes connaissances dans la ville d'Odessa. le troisième chant pose problème car, s'étirant sur près d'un siècle (les humains de cette époque vivent typiquement 130 ans), on voit les personnages principaux vieillir au fil des pages, ce qui est assez déstabilisant. En tout cas, le rythme relativement resserré des deux premiers chants est complètement distendu dans cette troisième partie.


J'ai dit que l'histoire relevait de la Fantasy, mais il est permis d'en douter, notamment au vu de l'épilogue. Mon point de vue est essentiellement pratique : à mon avis, le lecteur de Fantasy sera à son aise au cours de cette Marche du Levant, tandis que l'amatrice de SF risque fort d'être déçue. L'épilogue est certes sympa, mais je le vois davantage comme la cerise sur le gâteau : un ornement qui offre une nouvelle perspective, mais pas au point de chasser le ressenti de 637 pages. Cerise sur le gâteau aussi parce que, après tout, cette chute ne me semble pas essentielle. Son absence ne m'aurait pas choqué, non plus que d'autres scénarios alternatifs dont une demi-douzaine encombrent mon esprit. Et s'il apporte des réponses, il soulève également d'autres questions.

La Fantasy est signée d'entrée de jeu par le duo de personnages principaux élaborés par l'auteur.
Célérya la Voleuse Assassine et Oroverne le Guerrier-Barbare sont en effet de purs archétypes de classes de personnages issus des jeux de rôles. Tandis que le style fortement moyenâgeux de l'univers et l'intégration de batailles épiques évoquent l'Heroic-Fantasy.
De manière intéressante, le terme « classe » de personnage (comprendre « carrière »), qui fait partie du jargon des jeux de rôle, est explicitement utilisé dans le texte !
La filiation se voit aussi :
- à l'importance donnée à certaines activités typiques : équipement des personnages, montée en niveau (progression), recrutement, passages à l'auberge du coin…
- au questionnement autour de la morale, omniprésent chez Célérya.
- au rappel incessant de ce qui distingue les qualités martiales d'un assassin et d'un Guerrier-Barbare.
- au combat final d'Oroverne, formidable clin d'oeil à la capacité spécial « berserker » des barbares dans les jeux de rôle.

Une Fantasy sans magie serait bien fade. C'est pourtant le pari intéressant de Léafar Izen, du moins en apparence. Car en cherchant bien, on trouve ici et là quelques manifestations magiques, sinon surnaturelles :
- Dans le premier chant, Oroverne invoque une sorte d'esprit lors d'une séance de spiritisme à laquelle assiste Célérya.
- L'appel d'Ovoverne à ses dieux (lors de l'invocation de l'esprit ou lors de son combat final) a pour effet secondaire de consommer des années de vie.
- L'« Absenteur » possède des pouvoirs surnaturels manifestes, bien que très circonscrits.
Enfin, Célérya et Oroverne évoquent la classe de « mage » au cours d'une discussion.

Le traitement Fantasy suit une progression également intéressante : très marqué dans le premier chant, il s'estompe dans le second pour pratiquement disparaître dans le troisième.


Dans La marche du Levant, les personnages sont à l'honneur. Avec un rendu inégal, proportionnel aux paragraphes investis. La grande gagnante est donc l'héroïne Célérya, suivie déjà loin derrière par son compagnon d'armes Oroverne. Les autres personnages sont vraiment esquissés.

Célérya est la vedette de ce roman épique. Malheureusement elle se paie aussi les plus gros défauts. Avec sa double compétence, on a un personnage expert dans l'assassinat (dague, rapière, arbalète) ainsi que les multiples facettes du vol : déverrouillage, vol à la tire… Aucun problème jusqu'ici. Mais la demoiselle est par ailleurs une beauté irrésistible, ce qui fait d'elle une femme fatale. Soit, du grand classique. Là où ça ne va plus, c'est qu'on nous présente une bretteuse de premier ordre doublée d'une voleuse experte, mais concrètement chaque fois qu'elle doit s'illustrer dans ces domaines, son seul pouvoir de séduction suffit et fait mouche à tous les coups. C'est simple, je crois bien que sur l'ensemble du roman, il n'y a qu'un passage (une ligne) où on la voit personnellement mettre en oeuvre l'une de ses compétences de classe (et ironiquement, cette action ne nécessitait aucune maîtrise). Bref, une parfaite badass sur le papier mais dans les faits, une séductrice. Comme si la liste n'était pas déjà assez longue, la demoiselle est également experte dans l'art du déguisement pour se fondre dans tous les milieux. Un côté Sherlock Holmes qui aurait pu être plaisant s'il ne participait pas, comme l'aspect séduction, au torpillage de l'aspect badass.
Et ce n'est toujours pas fini : la demoiselle est également douée d'un charisme et d'une autorité hors norme puisqu'elle passe son temps à recruter et diriger des groupes de guerriers ou des milices. Là je dis : trop c'est trop ! Entre la roublarde, la bretteuse de l'ombre, la femme fatale qui se déguise et la meneuse d'hommes, il faut faire des choix. Je ne sais pas ce qu'à cherché à faire l'auteur avec ce personnage, mais s'il souhaitait donner vie au « gros bill » des jeux de rôle, c'est réussi…
Ce n'est pourtant pas ce qui m'a le plus agacé chez ce personnage central. le pire est sans doute la couche de romance qui l'encombre. Une romance toujours esquissée mais omniprésente. Dans ses rapports avec les hommes qui l'entourent (Oroverne, le riche marchand Doskyan, l'apprenti voleur Mylano), elle montre des sentiments très forts. C'est rappelé très souvent. Un sentimentalisme qui s'accorde très mal avec le personnage (une femme fatale qui s'éprend ? Une meneuse qui s'attendrit ?) . C'est d'autant plus paradoxal qu'elle n'a de cesse d'enseigner à son apprenti qu'un assassin ne doit jamais baisser sa garde sur le plan des sentiments.
Bref, dans ce roman il faut compter sur une bonne dose de sentimentalisme contre nature, mais cela on le devine dès la première scène avec cette séquence théâtrale : « Célérya n'arrêta sa course qu'au seuil des bras d'Oroverne. ».
Dernier problème avec Célérya : la fin du premier chant marque une évolution significative de son personnage, puisqu'elle renonce à sa carrière de Voleuse-Assassine. Un choix intéressant mais trop risqué à mon avis car on perd ainsi la part la plus vendeuse du personnage, et celui-ci étant déjà assez chargé, on ajoute encore de la confusion. Enfin, cette évolution génère de nombreuses contradictions par la suite.

Oroverne est un personnage assez solide, mais on n'a pas trop l'occasion de savoir ce qui se passe dans sa tête.

L'Archiprêtre est le grand méchant, bien installé au pouvoir. Son comportement vis-à-vis de son entourage le conduit logiquement petit à petit à l'isolement. Je ne l'ai pas trouvé très crédible. Un homme de pouvoir solitaire sans scrupules, mais au comportement paradoxalement enfantin parfois.

Le personnage de l'enfant élue Akeyra pose quelques problèmes. Son aspect central pour l'intrigue principale le met en concurrence avec le personnage de Célérya pour l'identification du personnage principal. Ensuite, il est difficile de s'identifier à elle car l'enfant Akeyra n'est pas loquace, et la future Akeyra régnante n'apparait qu'au troisième chant et évolue dans son caractère.


De manière générale, les personnages principaux de ce roman ont une fâcheuse tendance à s'estomper dans le troisième chant (en même temps que la touche Fantasy) :
- Célérya, devenue proche conseillère d'Akeyra, devient de plus en plus discrète à mesure qu'elle devient vieille. Une sorte de passation de premier rôle au personnage d'Akeyra, on peut dire. Toujours est-il que Célérya n'est plus l'ombre que d'elle-même, ce qui peut laisser un goût amer quand on s'est identifié à elle au fil de ses aventures.
- Si Célérya n'est plus l'ombre que d'elle-même, que dire d'Oroverne ? Sans rien dévoiler, il n'y a plus rien à attendre de ce beau personnage. Dommage car il était porteur de bien des mystères dont on ne saura jamais rien.
- le guetteur du désert Ak Bhalak est un personnage plus intéressant que les autres, car depuis le premier chant un sérieux doute plane sur ses intentions. On le soupçonne d'agir en sous-marin pour ses seuls intérêts personnels et d'avoir peu de scrupules. La clique des héros finit par s'en méfier, et nous faisons de même. Hélas, dans le troisième tome, cette intrigue prometteuse finit par être abandonnée, sans trop de justification.


En vrac, voici les autres faiblesses que j'ai relevées :

- Des aspects peu crédibles, comme Oroverne qui se balade en armure de plate sur la banquise pendant des semaines. Pour relativiser, les soucis de crédibilité ne sont pas gênants dans une Fantasy grand public comme ici, même si en en gommant les aspects surnaturels, l'auteur s'expose un peu plus. Il faut par ailleurs souligner que l'univers est globalement très cohérent et crédible.

- La Prophétie est invoquée plusieurs fois par des personnages souhaitant justifier une prise de risque. Cela donne quelque chose comme : « Ne vous inquiétez pas, il n'est écrit nulle part dans la prophétie que je doive mourir aujourd'hui. ». Une fois, ça passe. Mais c'est répété de nombreuses fois avec quelques variations, et on finit par ne plus voir que le côté artificiel d'un procédé qui permet d'évacuer à moindre coût certains problèmes.

- Des personnages parfois creux, comme les Sélénités Pourpres (un concile de sages, gardiens de la tradition du peuple de la Marche du Levant) et le Grand Invisible (le chef de la Guilde des Voleurs-Assassins). Chacun à leur façon, on les voit débattre âprement avec l'Archiprêtre lors du premier chant. En réalité, ces personnages ne sont pas plus exploités que ça. Leur fonction narrative est essentiellement de donner l'illusion d'une complexité dans un jeu de pouvoir où l'Archiprêtre règne en maître.

- Un roman sans surprises, ou presque. D'un côté, la trame principale est courue d'avance, avec la fameuse Prophétie. de l'autre, les différentes intrigues sont généralement très simples, et même parfois révélées à l'avance, comme c'est le cas avec les plans échafaudés par l'Archiprêtre ou par Brégisor et son clan de rebelles.

- Des intrigues abandonnées. La plus frustrante étant celle du peuple de Polaria, évoquée par l'Archiprêtre dès le premier chant. Bien plus tard, on apprend que ce peuple dispose d'une technologie bien plus avancée que tout ce qui est connu. Pourtant, on n'en saura pas plus. Pfuit !

- Une narration parfois trop elliptique. Les scènes de guerre en usent souvent (ex. : le combat final d'Oroverne ou la grande bataille finale) pour résumer la violence, mais au prix d'une distanciation. Les ellipses temporelles sont très nombreuses et malheureusement difficilement évitables puisque le récit s'étire sur plus d'un siècle.

- Certaines scènes qui s'enlisent et tuent le rythme, comme le deux camps qui se regardent en chiens faïence après le coup d'État.

- Mon plus gros bémol concerne le troisième chant, dont une moitié est consacrée aux rencontres entre le peuple de la Marche du Levant et le peuple voisin allant sous les Tropiques (un peuple maritime). Il s'agit avant tout de la rencontre entre deux cultures que presque tout oppose (mais soumises au même impératif de nomadisme lent. L'auteur traite ces quelque cent pages par une rupture totale de style, abandonnant la Fantasy pour mimer des Lettres Persanes et la littérature qui s'en est inspirée. Un choix très risqué pour un résultat qui m'a rebuté par sa tonalité excessivement naïve sous fond d'exotisme.



Ce que j'ai aimé :

- Il va s'en dire, le concept et le worldbuilding tout entier !
- le premier chant, et tout particulièrement l'épisode sur la banquise.
- L'épilogue.
- L'infiltration du Palais royal.
- L'Absenteur, une merveille d'originalité.
- La plume très agréable.
- le vocabulaire spécifique aux corps de métiers et aux lieux visités. L'expérience de l'auteur comme aubergiste et guide de montagne a sans doute parlé ici.
- Les tournures de phrases pour rendre l'univers féodal, sans excès.
- le travail sur les toponymes quelques noms communs, de simples variations des noms que nous connaissons.


Pour finir, quelques références :

Selon la Prophétie, l'espoir repose sur un enfant à naître – l'élu – au sein d'un peuple du désert. Une prophétie très biblique !
La suite de la Prophétie continue à puiser dans l'histoire de Moïse qui à l'âge de 80 ans, conduit son peuple à la Terre promise. C'est précisément ce que doit faire Akérya à la fin de sa vie ! Encore une référence : Après sa fuite du désert, Moïse mène une vie de berger. Cette fois-ci, c'est Célérya qui s'y colle…

La prophétie annonce aussi que l'élu est destiné à renverser le pouvoir en place en s'appuyant sur ce même peuple du désert et à régner… Dune, quoi !

Si vous avez aimé le duo féminin formé par Akérya régnante et Célérya devenue sa proche conseillère, sachez que le même existe dans L'Interdépendance, de John Scalzi, une excellente trilogie de space opera. On y voit ainsi une jeune fille qui se retrouve malgré elle impératrice, sans aucune expérience du pouvoir, assistée par une autre femme d'action qui porte le récit.
La comparaison est intéressante, car si dans les deux cas, les auteurs ont délibérément placé au pouvoir deux héroïnes, l'approche de Scalzi est profondément féministe, tandis que celle d'Izen n'en a que l'apparence : Célérya reste dominée par une logique de séduction et de sentimentalisme, tandis qu'Akéria reste fade et se repose sur son entourage (c'est Mylano qui échafaudera le plan de la bataille finale). D'autre part, la tonalité est très différente : dans l'Interdépendance, les méchants sont vraiment méchants, la fille badass est vraiment badass et a un vrai caractère fort, les intrigues de cour sont vraiment des intrigues de cour.
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Second roman du français Léafar Izen, La Marche du Levant est l'un des deux livres de la rentrée littéraire d'Albin Michel Imaginaire (l'autre étant Quitter les monts d'Automne d'Émilie Querbalec).
Annoncé depuis quelque temps déjà par son éditeur, le roman devait à la base paraître sous la forme d'une trilogie. Après un travail que l'on devine conséquent, nous voici finalement devant un ouvrage de 650 pages, un poids idéal pour un pavé de l'été…mais qui sortira finalement en Septembre.
Après Rivages et le Chant Mortel du Soleil, voici donc le troisième auteur français d'Albin Michel Imaginaire pour un nouvelle dose de fantasy (ou presque…).
Un monde au ralenti
La grande originalité de cette Marche du Levant ? Son background.
Sur une terre que l'on devine rapidement être la nôtre, la rotation s'est ralentie de façon dramatique tant et si bien que c'est désormais trois cent années qui sont nécessaires à notre planète pour accomplir un tour complet sur elle-même. La conséquence directe de ce bouleversement, c'est qu'un côté du globe se retrouve assommé par les rayons cuisants d'un Soleil sans fin tandis que l'autre grelotte sous un hiver interminable. Entre les deux se trouvent les dernières zones habitables de la planète où les hommes survivent en tant que nomades organisés en Marche ou en Horde.
D'un côté, la Marche du Levant (et celle des Tropiques), de l'autre les Hordes du Couchant, la première avançant face aux glaces et vers l'aube, l'autre pourchassant le crépuscule.
C'est avec la première, la fameuse Marche du Levant du titre, que le lecteur va faire le tour du globe à la recherche de la mythique Arche du Destin et de ses Versets. Si tout ça rappelle de prime abord le Monde Inverti de Christopher Priest, point de gigantesque ville roulante mais une multitudes de roulottes, palais sur roues et autres structures mobiles qui forment ensemble une gigantesque capitale sans cesse en mouvement du nom d'Odessa.
Le courant dominant ici n'est pas la science-fiction mais bien la fantasy puisque 95% du récit se place sous les auspices du genre, ne laissant entrevoir son twist que dans un épilogue surprenant et très bien pensé…dont nous ne vous dirons cependant rien.

Classicisme, mon amour…
Mais revenons à nos buffles !
La Marche du Levant, c'est une histoire en trois volets où l'on suit plusieurs personnages : Célérya, Oroverne ou encore Ak Bhalak.
Tout débute par les manigances politiques de l'Archiprêtre de la Marche du Levant qui désire subjuguer les peuples du Désert, les Guetteurs, pour sa propre gloire et en faire l'instrument d'une politique belliqueuse destinée à soumettre l'autre Marche qui voyagent plus au sud, la Marche du Tropique.
Dans sa première partie, le roman place donc ses personnages et son univers, tisse sa toile fantasy sur un fond que l'on devine déjà science-fictif (grâce aux noms déformés que l'on reconnaît de temps à autres) et pose surtout les bases d'une prophétie sur celle qui guidera la Marche vers l'Arche du Destin sur un continent lointain, l'Amerika.
Vous l'aurez compris, rien de neuf sous le long soleil de la fantasy.
Dans ces deux cent premières pages, Léafar utilise à peu près tous les clichés du genre : l'héroïne-assassine membre d'une Guilde secrète, le grand guerrier du Nord où réside des barbares tout en muscles et en honneur, le méchant très méchant qui utilise tout le monde pour se vautrer dans le pouvoir et la luxure et, forcément, la prophétie sur une enfant qui va tout changer.
(Soupir)
Bien que l'esthétisme de ce monde au ralenti ait quelque chose d'hypnotique et de franchement envoûtant, la structure de cette première partie laisse totalement dubitatif. C'est bien simple, on a déjà vu ça mille fois.
Seul espoir à ce stade : la prophétie en elle-même. Pendant un temps, Léafar montre que la prophétie n'en est une que parce que certaines personnes manipulent les choses ou ne voient que ce qu'ils veulent voir.
Ou comment faire coïncider le réel avec le fait religieux, trucage(s) compris. Un excellent angle d'attaque qui, malheureusement, ne sera jamais exploité au gré de l'aventure de Célérya. Car c'est bien elle qui joue le rôle de personnage principal pour la première et deuxième partie de la Marche du Levant. Un personnage assez fade à l'arrivée, un peu assassin hors-la-loi puis beaucoup révolutionnaire aux bonnes intentions (mais l'enfer tout ça…), Célérya fait le job pour le lecteur mais ne fournit pas l'empathie attendue pour une telle aventure.

Révolte et politique(s)
Qu'à cela ne tienne, la seconde partie se recentre sur la Révolution et l'accomplissement d'une partie de la Prophétie. Les choses bougent, les enjeux se précisent et tout cela culmine dans une révolution de palais (et de ville) qui ajoute de l'action et du suspense à l'ensemble. de nouveau, Léafar mise davantage sur un déroulement fantasy classique plutôt que de creuser des questions politiques franchement intéressantes telle que la métaphore coloniale représentée par les Guetteurs (qui passent d'esclaves du désert écrasés par Odessa à serviteurs et pauvres de la cité roulante pour devenir boucs émissaires du pouvoir quand celui-ci n'en a plus l'utilité).
Plus rythmée, plus convaincante mais toujours tout à fait classique, cette deuxième partie rehausse le niveau sans pour autant convaincre pleinement l'habitué du genre fantasy.
Dernière partie et dernière chance avec un nouveau bond dans l'avenir ainsi qu'un changement de personnage principal avec l'enfant devenu reine, Akeyra. La Marche du Levant re-devient une histoire de découverte et d'exploration d'univers avec l'intervention de la Marche du Tropique et de sa Grande Armada. L'auteur capitalise de nouveau sur la politique et les enjeux liés à la Prophétie pour converger vers un affrontement final conforme à ce que l'on trouve généralement ailleurs en fantasy. Seuls les derniers chapitres et les interrogations autour de la nature de l'Arche finissent par enfin accrocher le lecteur et le surprendre.

En terrain connu
Si, expliqué ainsi, le roman peut sembler médiocre, ce n'est pas du tout le cas.
Il est juste classique. Trop classique, noyé dans les clichés de la fantasy, à peine tiré vers le haut par un background science-fictif ultra-light et un monde parsemé de fulgurances esthétiques (la débâcle des glaces, l'immense Odessa, la Grande Armada…). de même, Léafar Izen déroule un style vif et fluide avec un côté addictif indéniable qui incite le lecteur à tourner les 644 pages de cette aventure sans rechigner.
Non, le vrai problème de la Marche du Levant, c'est que tout cela manque cruellement de prise de risques et d'ambition sur le plan fantasy. Difficile de passer après l'excellent Un Long Voyage de Claire Duvivier sur ce point, mais La Marche du Levant n'arrive quasiment jamais à nous étonner dans ce qu'il a de fantastique/fantasy. Et c'est bien dommage car en soi, l'aventure devrait ravir pas mal de lecteurs amateurs d'une fantasy classique et bien menée.

Malgré un style élégant et un univers bourré de potentiel, La Marche du Levant recycle les poncifs de la fantasy et se contente d'offrir une énième prophétie, un énième grand méchant à renverser et une énième aventure avec des épées et des rebelles. Une déception en regard de l'épilogue et du retournement final qui valaient certainement mieux…et plus concis !
Lien : https://justaword.fr/la-marc..
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Une planète où le jour dure 300 ans : la population est contrainte de se déplacer au rythme du soleil pour survivre, en cherchant les couloirs à travers les montagnes ou les mers. Ceux du Levant assistent à la fonte des glaces et au réveil de la nature tandis que ceux du Couchant fuient la nuit glacée… Et Odessa, la capitale de la Marche du Levant (lire aujourd'hui un livre qui imagine une capitale de tout un peuple en la baptisant Odessa — le roman a été publié en 2020 — provoque un pincement au coeur), poursuit sa longue route avec ses chariots tirés par des buffles, ses palais portés par des aérostats, ses guerriers et ses marchands qui vivent dans des tentes ou des baraquements. Un monde prétechnologique entouré par divers peuples, comme les Nördtzins du Nord (oui oui) qui rappellent les Vikings, les Guetteurs qui survivent dans les déserts, sans compter des hordes dangereuses. le lecteur comprend assez vite qu'il s'agit de notre Terre, le nom des territoires traversés étant très proches de ceux que nous connaissons. Dans ce monde, les fidèles de la religion des Versets attendent la réalisation de la Prophétie, qui annonce la naissance d'une enfant qui mènera son peuple vers l'Arche du Destin.

Celerya est une jeune assassine qui, après avoir fait ses preuves, est acceptée dans la Guilde des assassins. Mais cette organisation est achetée par le pouvoir d'Odessa pour manipuler ses ennemis, que ce soit à l'intérieur du Palais ou dans des contrées lointaines. Car Odessa est gouvernée par un Archiprêtre qui se vautre dans le luxe et la luxure alors que les Guetteurs survivent à peine et doivent payer un lourd tribut pour bénéficier de la protection de la capitale, qui pourtant ne manque pas de mépriser ce peuple du désert. Or les Versets affirment que l'enfant tant attendu naîtra chez eux.

Pendant ce temps, chez ces Guetteurs, une enfant est détectée puis désignée comme étant Akeyra, l'héroïne de la Prophétie censée apporter un immense espoir.

On retrouve quelques tropes de la fantasy dans ce roman : une prophétie, une société divisée en castes et en peuples très distincts, des guerriers farouches et quasi invincibles, et j'en passe. Heureusement, l'auteur a l'intelligence de présenter une prophétie « forcée », dans le sens où des personnages s'arrangent pour que la réalité corresponde à cette prophétie, dans leur propre intérêt. C'est dommage qu'il ne soit pas allé plus loin avec cette idée : j'attendais les conséquences de ce mensonge.

La plume de l'auteur et surtout son talent pour rendre vivant son univers sont notables : citons la longue pérégrination d'Odessa, le Nord et le désert, la nature qui s'éveille quand le soleil arrive, ou encore l'Armada sur les mers. C'est un grand point fort du roman. La ville d'Odessa est vivante, elle bouge — littéralement — et elle grouille. La nature évolue au rythme de ce long jour, en sortant lentement des glaces de la nuit, et des graines doivent être plantées pour devenir des arbres, bien des années plus tard, lors de l'arrivée d'Odessa. Chaque peuple a construit un mode de vie intimement lié à son environnement : ceux de la capitale, lieu de pouvoir et de commerce qui subit un nomadisme contraint, ceux du Nord glacé, ceux du désert, et ceux des mers qu'on découvre en même temps que les protagonistes.

Cette histoire était au départ prévue pour être une trilogie, remaniée pour devenir un seul roman. Peut-être est-ce l'explication de certaines actions trop rapidement brossées, voire résumées : j'ai parfois été frustrée lors de passages qui auraient mérité plus de descriptions et auraient pu animer le récit. J'ai aussi regretté que maints personnages secondaires ou tertiaires ne soient jamais nommés mais seulement désignés par leur fonction, les transformant en personnages de papier.

Pour ce qui est de la construction du récit, les trois tomes d'origine ont été changés en trois « chants », et autant le premier et le deuxième sont appréciables, autant le dernier manque singulièrement de tension dramatique — sauf lors d'un grand affrontement dans sa conclusion — alors même qu'il narre l'épopée finale de tout un peuple. Certes, pendant de ce troisième « Chant » on nous parle à tout-va de la Prophétie que tous les personnages attendent, mais ce n'est pas suffisant pour être palpitant.

Quant à l'épilogue, il est surprenant et renverse la perspective. Bien vu. Il conduit à classer ce roman en science-fiction, car si le reste du roman se place dans un monde imaginaire, ce dernier n'est pas surnaturel, sauf à considérer un long jour de 300 ans comme magique.

En conclusion : un univers imaginaire extrêmement bien décrit dans lequel on plonge avec bonheur, mais quelques défauts dans la narration. Néanmoins, j'ai passé un bon moment en compagnie de ce livre : le dépaysement est au rendez-vous.

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Tout comme avec « Mage de bataille », le label imaginaire des éditions Albin Michel mise pour la rentrée 2020 sur une « fantasy » ultra classique qui devait au départ être (auto)édité en trois tomes, pour finalement être publié en un seul volume. Léafar Izen nous y dépeint une Terre futuriste qui n'a plus grand-chose à voir avec la notre (seuls les noms de lieux sont restés similaires), et pour cause, puisque la Terre met désormais trois cent ans pour tourner sur elle-même. Impossible dans ces conditions de rester sédentaire, si bien que la plupart des habitants se sont rassemblés en plusieurs groupes nomades qui n'ont toutefois pas toutes les mêmes pratiques. Ainsi, si la Marche du Levant avance de quelques pas chaque jour pour suivre l'aube, les Hordes du Couchant visent pour leur part le crépuscule, tandis que d'autres, comme les Guetteurs, préfèrent rester sur place un long moment avant de parcourir une grande distance pour distancer le soleil. D'autres, enfin, se déplacent également quotidiennement, mais cette fois par voie de mer à l'aide d'une gigantesque armada. La majorité de l'action se déroule dans la ville-convoi d'Odessa, capitale de la Marche où l'on espère depuis des années la réalisation d'une prophétie autour de laquelle s'est développé un véritable culte. Prophétie qui prédit qu'une enfant exceptionnelle naîtra, unira les Marches et conduira son peuple à l'Arche, qui s'ouvrira et apportera l'espoir. Une prophétie, un(e) élu(e), un univers médiéval (parce que oui, on est manifestement revenu au temps des épées et des arcs, avec quasiment aucune technologie) : tous les stéréotypes du roman de fantasy standard sont réunis, ce qui aurait pu malgré tout s'avérer intéressant si l'auteur s'en était servi pour les détourner. Mais non. Pourtant le roman possède plusieurs atouts non négligeables, à commencer par son décor. Il faut admettre que la vision de cette ville-convoi, dont les plus humbles cahutes et les immenses palais sont tractés jour après jour, est assez frappante, de même que celle de cette gigantesque Armada. Les intrigues politiques qui sont dépeintes sont pour leur part intéressantes et cohérentes, quant aux scènes de bataille, elles sont elles aussi bien écrites et livrent de beaux moments épiques. Enfin, il convient d'ajouter à la liste des points positifs l'épilogue qui, bien que (trop) bref et assez frustrant, invite à remettre en perspective l'ensemble de l'oeuvre.

La lecture est donc loin d'être désagréable, et se fait même parfois assez prenante. Pourtant l'ensemble de l'oeuvre souffre d'un paquet de défauts qui empêchent de véritablement s'immerger dans le récit. Les premières pages sont un peu ardues (même si le premier chant est, rétrospectivement, mon préféré), et puis on se laisse progressivement entraîner par l'intrigue. Seulement l'intérêt retombe assez rapidement : trop d'ellipses, et surtout trop de clichés, à commencer par cette prophétie qui régit la vie de tous les protagonistes. Or, le problème avec les prophéties (surtout lorsque leur interprétation ne fait pas vraiment débat, comme c'est le cas ici), c'est qu'elles ôtent tout suspens. Et effectivement, même si l'auteur nous épargne le détail des Versets, on sait dès le départ où on va et qui aura un rôle important ou non, ce qui ne laisse pas franchement de place aux rebondissements. Les obstacles rencontrés par Akeyra n'en sont ainsi pas vraiment aux yeux du lecteur, puisqu'on sait déjà qu'elle va les surmonter, si bien qu'on assiste sans aucune passion aux aventures de la petite reine. Certains choix narratifs posent aussi problème, notamment le choix (judicieux) de l'auteur de placer Célérya au coeur de l'intrigue des deux premiers chants, pour ensuite l'abandonner totalement dans la dernière partie. Les nombreuses ellipses dont est constituée la dernière partie du roman sont également problématiques dans la mesure où, même si l'auteur nous précise bien que tant d'années ont passé et que les protagonistes ont vieillis, le fait est qu'on ne vieillis pas avec eux, si bien qu'on en vient à devenir totalement indifférent à leur sort. Je suis aussi dubitative concernant l'absence totale de réponses à plusieurs événements mystérieux non essentiels à l'intrigue et dont on se demande bien pourquoi ils ont été intégré à la version finale. Parmi les autres bémols, difficile de ne pas mentionner la plume de l'auteur qui, bien que pouvant être tout à fait captivante lorsqu'il est question de dépeindre les intrigues politiques ou des affrontements épiques, se fait aussi parfois très maladroite. C'est notamment le cas en ce qui concerne les dialogues qui sont écrits dans un langage bien trop soutenu pour paraître naturel (le vouvoiement entre Célérya et Oroverne est une sacrée mauvaise idée, de même que la manie d' Oroverne de parler de lui à la troisième personne, ou encore celle du « méchant », caricatural au possible, de se gargariser sans cesse de sa propre intelligence…).

J'en arrive, pour terminer, au dernier aspect du roman qui m'a parue un peu bancal : les personnages. Célérya est sans commune mesure la plus attachante car la mieux caractérisée (les deux premières parties lui sont en quelque sorte consacrées), même si la jeune femme reste, elle aussi, parfaitement conforme aux clichés des romans de fantasy classique (guerrière bad-ass, membre d'une confrérie d'assassin...). J'ai également été assez agacée par la fâcheuse manie de l'auteur de s'attarder sans cesse sur l'effet qu'elle fait aux hommes. « Mortelle beauté », « beauté assassine »… : Célérya est sans arrêt caractérisée par son physique, et elle n'est d'ailleurs pas la seule puisque même les servantes (qui n'apparaissent dans l'intrigue que le temps d'entrer dans une pièce pour y servir le thé) sont systématiquement dépeintes comme sublimes ou ravissantes. J'ai un peu l'impression d'écrire ce genre de remarque pour la plupart des romans que je lis maintenant, et ça devient de plus en plus pénible : encore une fois un personnage féminin n'a pas besoin d'être belle pour être intéressante. Franchement, une assassine partie de rien, qui a su monter en grade grâce à son seul talent et qui s'est hissée aux plus hautes sphères du pouvoir, ça suffit largement pour allécher le lecteur, par besoin d'en faire une bombe et d'insister lourdement là dessus à la moindre occasion ! Les autres personnages présentent pour leur part peu d'intérêt car tous sont trop peu caractérisés. Ils ne sont que des figurants, et si leur sort peut à certains moments émouvoir (c'est le cas d'Oroverne, par exemple), on en sait trop peu sur eux pour vraiment se sentir bouleversé. La faute, aussi, au choix de l'auteur de mettre certains personnages sur le devant de la scène dans les premières parties… pour ensuite totalement les laisser de côté dans les suivantes.

« La Marche du Levant » est un roman qui réutilise la plupart des stéréotypes de la « vieille » fantasy, sans jamais tenter de les détourner ou de se les réapproprier, ce qui aboutit à un récit certes pas inintéressant mais néanmoins peu surprenant. C'est d'autant plus dommage que l'auteur possède de bonnes idées, et que certains passages sont assez immersifs. A réserver, peut-être, à des novices qui voudrait découvrir le genre ?
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Dans un monde où il faut trois cents ans à la terre pour tourner sur elle-même, il existe des peuples qui traversent les terres d'est en ouest pour survivre et préparer l'avenir des jeunes descendants. Parmi eux se trouve le peuple du Levant, une ethnie parcourant les terres du désert de l'Est, aux glaciers de l'Ouest. C'est la marche du Levant et concerne le royaume d'Odessa, ville mobile qui se dirige vers Polaria. Malgré son nomadisme, le royaume d'Odessa est très bien structuré, avec ses guerriers, ses guetteurs, ses ministres et ses chefs armés.

Accompagnés de chevaux tigrés et de rennes blancs, le convoi est prêt à prendre une nouvelle fois la route avec, à sa tête, Célérya.

Célérya est une jeune femme émérite qui a durement été formée depuis son enfance à survivre, à se battre et à affronter la dure loi de son peuple. Son expérience et ses compétences font d'elle un élément clé du peuple du Levant. Guidée par une étrange prophétie, elle va devoir participer à une longue épopée à travers les terres dangereuses.

Ce roman m'a été proposé et envoyé il y a quelques semaines par les éditions Albin Michel imaginaire que je remercie pour cette lecture. Vu le thème abordé, j'ai préféré attendre mes vacances pour m'y plonger pleinement et j'ai bien fait car ce livre demande beaucoup de concentration et de calme. Il s'agit d'un roman fantasy dans lequel on trouve un monde imaginaire parfaitement bien construit, une héroïne coriace à la forte personnalité et des personnages et créatures mythologiques et mystérieuses.

J'ai aimé la femme que représente Célérya, courageuse, battante, réfléchie qui vit dans un monde d'hommes et de violence. Lorsqu'elle prend la tête du convoi et guide le peuple à travers les terres, elle doit faire preuve de prudence et d'intuition. J'ai aimé ce personnage hors du temps.

Dans "La Marche du Levant", il y a de l'aventure, des batailles, et des dynasties qui survivent, d'autres qui s'éteignent.

Le voyage des lieux désertiques aux glaciers s'étend sur de nombreuses années, beaucoup d'hommes savent qu'ils ne vivront pas jusqu'à leur destination mais continuent la marche, contribuant ainsi à faire avancer le groupe au plus proche d'un meilleur destin.

Sans en dévoiler trop, sachez qu'avec cette lecture vous traverserez Syberya, Amerika et d'autres contrées. Les chapitres sont divisés en "Chants". On y parle non seulement de cette marche, mais aussi de religion, de fanatisme, des gardiens des versets et d'un Dieu nommé "Krön".

"Que resterait-il de notre civilisation sans L Arche et les Versets ?"

Une très bonne lecture que j'ai pris le temps de savourer. le monde imaginaire créé par Léafar Izen foisonne de détails, il ne faut rien rater et ouvrir cette lecture dans un moment de calme mais une fois dedans, il est difficile de quitter Célérya et les siens. La fin est particulièrement étonnante, j'ai vraiment adoré !

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critiques presse (1)
Elbakin.net
28 août 2020
C’est une lecture qui vous interrogera, vous tiendra parfois en haleine ou a contrario vous fera pousser de longs soupirs. Les vétérans de la fantasy y verront de nombreux défauts et redites, mais l’ouvrage peut aussi constituer une excellente porte d’entrée au genre.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Était-ce vrai ce que d'aucuns prétendaient ? Que la terre et les hommes connurent des jours si courts qu'on s'endormait en voyant l'astre disparaître sous l'ouest pour se réveiller sous un nouveau soleil, surgissant de l'est plus vite que la lune ? Un soleil qui traversait le ciel à la vitesse d'un char de guerre ? Était-ce vrai qu'en ces temps le soleil prenait tout de vitesse et qu'il n'était nul besoin de le fuir ou de courir après ? À quoi ressemblaient alors les arbres, les plantes , les mers, la terre et les animaux qui peuplaient la planète ?
L'enfant peinait à s'imaginer un tel monde.
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Bien vite, il refusa d’avancer tandis qu’une épaisse écume verte s’accumulait sur ses babines. Dans leurs orbites, les yeux de l’animal se révulsaient et laissaient voir le blanc des globes oculaires. Ce blanc qui, chez toutes les créatures, se révèle avec la peur. Ce blanc que seuls les humains affichent, du premier au dernier jour de leur vie, depuis qu’ils se croient mortels.
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Les grands hommes écrivent l’Histoire… et l’effacent quand cela devient nécessaire.
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La terre entonnait son printemps comme un chant nuptial et s’offrait toute entière. Et, pour celles et ceux qui allaient sous le Levant, sans attaches et sans demeure, les nuages composaient dans le ciel la partition d’une symphonie prometteuse.
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Rien n’a de sens ni de raison, la vie est sa propre justification.
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