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EAN : 9782367342429
452 pages
Au Vent des Iles (03/09/2020)
4.17/5   12 notes
Résumé :
Dans cette grande saga maorie au rythme endiablé, le jeune Simeon se rebelle à ses risques et périls contre l'autoritarisme forcené du patriarche de sa famille élargie. Il nous entraîne dans sa découverte du monde - amour, injustice, compétition, religion et hypocrisie, secrets, liberté - avec un humour décapant qui rend ses combats sur tous les fronts d'autant plus poignants.

Dialogues truculents, scènes inoubliables, Witi Ihimaera dépeint avec brio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

*** Rentrée littéraire 2020 #19 ***

Dès les premières pages, on est plongé avec bonheur dans une saga familiale maorie dans la Nouvelle-Zélande rurale des années 1950, sur les traces de Simeon 15ans, un personnage immédiatement attachant. C'est à travers sa rébellion qu'on découvre l'organisation immuable du clan Mahana, trois générations qui cohabitent sous la coupe tyrannique du grand-père, le patriarche du titre.

Pour un lecteur français, le roman est forcément très dépaysant lorsqu'il décrit les us et coutumes des Maoris, entre concours de Kapa haka et tontes de moutons. Mais ce serait extrêmement réducteur que de ne parler que d'exotisme tant Witi Ihimaera est un maître conteur qui tire son roman vers l'universel. La trame est toute shakespearienne, avec en toile de fond les rivalités claniques opposant la famille de Simeon à une autre famille maorie depuis 1919 et un affrontement devenu homérique entre les patriarches respectifs.

Universel aussi car Simeon fait l'expérience douloureuse que font des millions de jeunes de par le monde, pris entre les exigences de la tradition familiale et la soif de liberté. Simeon refuse que tout soit déterminé par l'ordre de naissance dans la lignée : son père est le dernier fils, le septième d'une fratrie de 9 enfants, et se voit donc refuser l'accès à des terres et à l'indépendance, condamnant ainsi Simeon au même sort, alors que celui-ci assume d'être un «Whakahihi » ( un «  je sais tout », insulte ultime lancée par le patriarche analphabète.

Au-delà, de ces grandes qualités de narration, ce qui frappe dans ce roman très aboutie, c'est la verve, la vivacité et l'humour qui soufflent dans toutes les pages. On rit beaucoup, les dialogues sont savoureux et pétulants, portés par la fougue irrévérencieuse de Simeon qui ose s'opposer frontalement à sa grand-père jusqu'à faire exploser les secrets de famille et les mensonges qui ont bâti la mythologie familiale. David contre Goliath.

Tous les ingrédients sont là pour prendre du plaisir dans ce conte épique qui offre une belle leçon de vie et d'humanité.

A noter que le Patriarche est une réédition de Bulibasha, roi des gitans, paru initialement en 1994.
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Auteur : Witi Ihimaera
Editions : Au vent des îles
Année : 2020

Résumé : Siméon est le petit dernier d'une famille Maorie vivant sous la coupe d'un patriarche omnipotent. Chef de clan, chef religieux, Tamihana régie la vie de chacun des nombreux membres du groupe et ses décisions, mêmes les plus injustes, ne souffrent d'aucune discussion. C'est sans compter sur Siméon et son âme rebelle, le jeune homme au caractère trempé, aux remarques acerbes, va faire souffler un vent de rébellion sur le clan.

Mon humble avis : Ce n'est pas tous les jours que nous avons la chance de lire le texte d'un auteur Maori, avouez-le. Et quand ce texte est d'excellente facture, cela devient même un sacré privilège ! Car oui, le patriarche est un grand roman, une saga Néo-Zélandaise âpre, édifiante, souvent hilarante mais aussi une plongée dans un monde qui disparait, rongé par le modernisme. Vous l'aurez compris le thème principal de ce livre est la rivalité : rivalité entre les générations, rivalité entre des clans mais au-delà de ce constat, c'est aussi un livre sur la puissance des liens familiaux, sur les valeurs claniques, sur la force des liens du sang. Traversé d'un souffle rare, enlevé, le roman de Ivhimaera narre les traditions du peuple Maori, les tribulations d'une famille, le quotidien d'un jeune garçon tiraillé entre ses aspirations personnelles et les coutumes ancestrales de sa communauté. Siméon est un personnage attachant, idéaliste, un esprit vif qui insuffle à cette saga un rythme endiablé, où les compétitions entre clans s'enchaînent, où l'exotisme des premières pages s'efface progressivement au profit de l'universalité du propos. C'est trépidant, truculent et l'auteur excelle dans les dialogues, ce qui n'est pas si courant. Pour conclure, force est de reconnaître que le patriarche est un excellent roman d'apprentissage, un roman foisonnant et un témoignage, parfois glaçant, sur les us et coutumes de certains peuples du Pacifique Sud. À découvrir.

J'achète ? : Les yeux fermés. Tu y découvriras des concours de tonte de mouton, des parties de hockey endiablées mais aussi un regard plein d'acuité sur les traditions Maories, sur les hommes et les femmes de cette communauté. Tu y découvriras aussi Siméon, ce jeune homme idéaliste que rien ne semble pouvoir arrêter. Un auteur à découvrir et un titre qui restera dans les mémoires, à n'en pas douter.

Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Captivant, de haute voltige, « le Patriarche » est une épopée. La rencontre fabuleuse avec le peuple Maorie dans les années cinquante. Conté par le narrateur Simeon fil route de cette histoire dont on ne lâche pas un seul instant la voix de cet enfant. « le Patriarche » est le chef du clan de cette grande famille. « La famille observait toujours une stricte hiérarchie. Quelle que fût l'occasion, les oncles Matiu, Maaka, Ruka, Hone et leurs familles étaient les plus proches de grand-père, dans cet ordre précis. le reste suivait, par ordre de naissance, et si quelqu'un se plaçait au mauvais endroit, gare à lui. » Les dés sont lancés. le Patriarche est sectaire. le regard vif, dur, empreint d'ordres et de d'autorité. La main leste, trop, beaucoup trop. Il est le maître absolu de cette fratrie et nomme ses fils en chiffre d'arrivée au monde. Il est la somme d'une idiosyncrasie opprimante, arriérée, où les femmes sont soumises et ne se mêlent pas des affaires des hommes. Il instaure chaque vendredi un rituel de réunion où ses paroles ne doivent pas être contredites. Il demande le déroulement des tâches exécutées. Tontes des moutons, travail à la ferme etc. Des comptes-rendus qui sonnent comme des sommations. Ils font à genoux des prières. Rituel incontournable. Ce grand-père maorie, mormon étouffe les siens. Lui seul donne les ordres, abat les cartes. Néanmoins, un vent de révolte gronde. Simeon est rebelle, éclairé. Sachant lire et écrire, éveillé aux questions existentialistes. Cet enfant ose s'exprimer, affirmer ses opinions. Malgré les coups il va chercher sa voie dans un ailleurs plus aérien, plus nuancé. Même si l'éducation, l'empreinte religieuse sont des sceaux à jamais. « Mes corvées éreintantes me mirent d'humeur rebelle. Debout à cinq heures, pour traire les vaches, oui maître. Allumer le feu sous la cuve à lessive, oui maître. S'assurer qu'il y a du kérosène dans toutes les lampes et effectuer toutes les besognes requises, oui maître. » Ce récit est apprenant. On découvre un pays La Nouvelle-Zélande, le front collé à la vitre de cette maisonnée où le grand-père est l'ombre persistante. On imagine des plaines vastes, des moutons sur l'herbe tendre. Les bras des hommes sont de labeur, de sueur, d'endurance, de soumission au Patriarche. Tout est avéré. Pas de pas de côté plausible. le Patriarche Tamihana veille. On aime sa femme Ramona, éprise de ses abeilles, lourde de secrets infinis. Femme dévorée par le manque d'amour, rassemblant les morceaux d'étoiles tombés à terre. « Celui-Qui-Doit-Etre-Obéi » s'affronte de plus en plus avec Simeon grandissant. Ses parents sont des écueils, torturés et pris en tenaille entre le grand-père et leur fils et leurs propres craintes. Cette saga est fabuleuse, réaliste. Witi Ihimaera est doué. le Patriarche a donné lieu à un film, « Mahana » en 2016. Cette saga casse les codes, dévoile et surprend par sa force intrinsèque. La persévérance de Simeon est un modèle. Sa force de caractère est un point fort de ce beau récit. On découvre, assiste, écoute, se rebelle, on est au coeur de cette famille (grande) maorie. « le Patriarche » est lauréat du Montana Books Awards. Traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) avec brio par Mireille Vignol. Publié par majeures Editions Au Vent des îles. Brillant.

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Le patriarche, c'est la saga Maorie, l'originalité même du continent austral.
En lisant ce roman, on intègre toute une famille scindée par le sang, avec des liens indéfectibles. Notre jeune héros, Simeon, le rebelle, le petit fils tiraillé entre la culture religieuse du grand-père et son affirmation personnelle au coeur des années cinquante en Nouvelle Zélande.
Cette saga familiale est riche et très bien documentée en ce qui concerne la culture Maorie, toute la tradition indigène est prépondérante et il y règne une hiérarchie implacable, d'où le titre de ce fameux roman qui promet un long chemin de découverte pour les amateurs de cultures étrangères.
Un grand merci à babelio pour cette masse critique.
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Une bien belle découverte, grâce à la Masse Critique, un roman que je n'aurais probablement jamais lu sans cela. Un grand merci à Babelio et aux Éditions Au Vent des îles.
De l'humour, une famille hors du commun, la découverte d'un pays presque inconnu pour moi, et surtout, une lecture extrêmement agréable, fluide, bien écrite, un joli "page-turner".

Le Patriarche, c'est le grand-père de Simeon / Himiona. le jeune garçon nous raconte à la première personne la vie de sa tribu hors du commun.

Ayant découvert la Nouvelle-Zélande avec Les rives de la terre lointaine, j'étais curieuse de la voir par les yeux des Maoris.
J'ai été d'abord surprise car je m'attendais donc à voir l'histoire du point de vue d'une famille maorie traditionnelle. Mais cette famille-là est "convertie", des chrétiens pratiquants et très rigoureux, (des Mormons, mais je ne l'ai compris qu'en le lisant).
Mais on va tout de même entrer profondément dans le quotidien de cette famille maori, des traditions, avec notamment tout ce qui a trait à la tonte des moutons, et c'est très étonnant.


Une grande famille, où tout le monde est aux ordres du grand-père, même si on découvre peu à peu combien il est injuste, borné et parfois à la limite de la folie.
Seul Simeon, le fils du plus jeune fils, celui qui n'a aucun droit, mais tous les devoirs, va oser s'opposer à ce patriarche.
On a du mal à comprendre comment des adultes, nombreux et responsables peuvent ainsi se laisser commander par un homme qui ne jure que par la famille et par Dieu. Il se croit quasiment l'envoyé de Dieu sur terre, et tous doivent s'incliner.
J'ai parfois eu envie de secouer un peu ces adultes si peu adultes finalement dans leur relation à la famille. de même qu'à la fin, j'ai été outrée (le terme est faible) par leur attitude envers leur mère.
Difficile de distinguer ce qui est dû à la tradition des Maoris de ce qui émane de leurs croyances religieuses, imposées, et de l'aura du grand-père.
Quelles qu'en soient les raisons, c'est une lecture inoubliable, drôle et émouvante, animée et agitée, hautes en couleurs.
On voit en lisant un film se dérouler sous nos yeux, la course des rivaux à l'entrée du pont, les campements pour la tonte des moutons, les compétitions, sportives ou pas ... et d'ailleurs, le film existe, tiré du livre et réalisé par Lee Tamahori (réalisateur entre autres d'un James Bond !!)
Je me suis particulièrement attachée au narrateur, si courageux face au reste de la famille, à sa petite soeur Glory, et à leur grand-mère Ramona.
Avec, dans un second rôle important, la chanson Ramona.
Et la dernière partie change soudain d'ambiance, pour nous faire découvrir les vérités qui nous avaient échappées, comme elles avaient échappées aux membres de la famille. D'un coup, tout se met en place, et on a envie de relire depuis le début.

J'ai un peu regretté qu'il n'y ait parfois pas de traduction des petites phrases en maori, pas toujours compréhensibles même si ça ne gêne pas la lecture, j'aurais aimé savoir, je suis curieuse !
J'ai apprécié d'en apprendre un peu sur la Nouvelle-Zélande, et notamment de croiser Apirana Ngata, qui a réellement existé, personnage important de la communauté maori.

Witi Ihimaera est, semble-t-il, le premier romancier maori a être publié. Il a reçu de nombreux prix et c'est un auteur très prolifique, livres, films, documentaires, tout en enseignant la littérature anglaise à l'université d'Auckland.


J'ai eu aussi le plaisir de découvrir Au Vent des îles, éditeur francophone qui publie des textes contemporains, du Pacifique et d'Océanie.
Lien : https://livresjeunessejangel..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Honore ton père et ta mère, Simeon.
- Quand vas-tu faire un choix en fonction de moi, papa ? De ma mère et de mes soeurs ? De toi ? Et quand prendras-tu le parti de ce qui est juste ? Prendras-tu toujours son parti uniquement parce qu'il est ton père ? Et s'il avait tort ?
Mon père me dévisagea, effrayé.
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Une affaire de femmes; les hommes avaient plus important à faire. Ca ne me dérangeait pas. C'est le soutien actif des femmes -leur présence, leurs prises de position et leurs revendications pour des changements dans la langue et la culture maories - qui finirait, dans l'avenir, par faire changer toutes nos vies.
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Nos enseignants étaient Pakeha. [Néo-Zélandais d'origine européenne]
[...]
Mademoiselle Dalrymple se chargeait aussi de nous faire perdre notre culture à grands coups de baguette et nous donnait cent lignes si nous parlions en maori.
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Le rôle du Pakeha était de punir et celui du Maori d'être puni. Le processus semblait inéluctable, comme si, EUX, ils avaient toujours raison, et NOUS, toujours tort.
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"Si tu ne poses aucune question, on ne te répondra aucun mensonge"
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Video de Witi Ihimaera (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Witi Ihimaera
À l'occasion de leur venue à la librairie Dialogues pour une rencontre autour de leur livre, "Escale en Polynésie" publié aux éditions Au vent des îles, Titouan et Zoé Lamazou nous ont confié plusieurs conseils de lecture !
La femme de Parihaka de Witi Ihimaera : hhttps://www.librairiedialogues.fr/livre/6737338-la-femme-de-parihaka-witi-ihimaera-au-vent-des-iles le baiser de la mangue d'Albert Wendt : https://www.librairiedialogues.fr/livre/702160-le-baiser-de-la-mangue-albert-wendt-au-vent-des-iles Diadorim de Doão Guimarães Rosa : https://www.librairiedialogues.fr/livre/999016-diadorim-joao-guimaraes-rosa-editions-10-18 Pina de Titaua Peu : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20130193-pina-titaua-peu-au-vent-des-iles Au temps des requins et des sauveurs de Kawai Strong Washburn : https://www.librairiedialogues.fr/livre/18956184-au-temps-des-requins-et-des-sauveurs-roman-kawai-strong-washburn-gallimard Manières d'être vivant de Baptiste Morizot : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16090590-mondes-sauvages-actes-sud-manieres-d-etre-vi--baptiste-morizot-actes-sud Calanques, Les entrevues de l'Aiglet de Karin Huet : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16651719-calanques-les-entrevues-de-l-aigle-karin-huet-parc-national-des-calanques-glenat-livres
Belles découvertes !
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