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3,6

sur 293 notes
Paris. Dans un grand restaurant, un serveur Sila est violemment frappé par un client. Personne n'intervint. A partir de cette scène inaugurale, Fabrice Humbert va reprendre le cours des vies des personnes présentes, avec en toile de fond la dernière partie du XXème siècle. Une mosaique du genre humain guère reluisante : cynique, égoiste, assoiffé d'argent et de pouvoir, sans morale ni scrupule. Est- ce le monde dans lequel nous voulons continuer à vivre ? Sila , lui le déraciné, est l'image que peut-être tout n'ai pas perdu. Humbert après le remarquable "Origine de la violence" confirme un sacré talent
de sociologue de notre époque, Et un grand écrivain. Prix RTL-Lire.
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Merci aux lecteurs de Babelio sans lesquels je serais passé à côté de ce roman et de cet auteur dont je n'avais absolument jamais entendu parler.J'ai lu d'une traite ce presque polar social remarquablement bien construit et terriblement d' actualité.En effet ,ce chassé-croisé de personnages certes caricaturaux nous révèle un monde de la finance et du pouvoir édifiant et nous livre des pistes pour une meilleure compréhension de la crise que connaissent nos pays dits "développés".En fermant ce roman,on songe à rejoindre les rangs des altermondialistes et des "indignés".
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A la terrasse d'un grand restaurant, par ce mois de juin 1995, un couple russe, deux jeunes amis qui fêtent une embauche à La City de Londres. Et un client en colère quand le serveur Noir demande à son fils de rejoindre la table. le client, de rage inexpliquée, frappe le serveur à lui casser le nez. Personne ne réagit. Une violence anodine qui annonce des fissures dans les vies des spectateurs indifférents.


A travers cette scène d'agression gratuite, par delà cette injustice, Fabrice Humbert dresse le portrait des personnages "satellites". Il y a un oligarque russe, qui a fait fortune sous Elstine et qui se retrouve à magouiller dangeureusement avec les Tchétchènes, toujours assoiffé d'argent et angoissé par la faillite, sous le regard consterné de sa femme Elena. Il y a Simon le matheux sérieux et son colocataire Mathieu grand fêtard et ambitieux, tous deux à fêter le nouveau poste de Simon à La City, et les perpectives financières qui s'annoncent. Et il y a ce couple d'Américains, dont l'enfant fait la sourde oreille et vagabonde sans cesse entre les tables du restaurant, dont l'homme s'énerve violemment, dont la femme regarde médusée ce drame qui met mal à l'aise.

Et bien sûr, il y a Sila, le serveur, la victime, homme digne, vie insignifiante mais trajectoire si courageuse.

Derrière ces personnages, la présence de l'argent abondant apparaît comme une cause inéluctable de violence, de déséquilibre, de pertes de ses repères, de déceptions amères. Fabrice Humbert décrit avec détails cette scène et en fait le pivot de son roman, en s'attardant par la suite sur les portraits et les passés des personnages, puis de ce qui s'ensuivit dans leurs carrières et leurs vies personnelles. Avec la certitude de l'auteur que leurs parcours ont été influencés ou ont pû être devinés dès le jour de cette scène de restaurant.

Un roman très bien écrit, autour des ravages de l'argent et de l'avidité qu'il suscite, de la folie qu'il sème dans les cerveaux, de la perte qu'il entraîne pour les sujets qu'il aliène. La fortune de Sila, c'est justement qu'il n'en a pas. Ses sentiments sont motivés autrement, même si la violence qui gangrène la société pourra avoir raison de lui.


Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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se lit d'une traite !
Humbert nous plonge dans le monde inhumain de la finance qui broie tout et tout d'abord les êtres humains sans état d'âme.
bien écrit et assez palpitant mais effrayant et décourageant.
est-ce ainsi que les hommes vivent ?
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Au sein d'un restaurant prestigieux de la capitale française, un serveur se voit fracaser le nez par un riche client américain. Au travers de ces personnages et des témoins de l'événement, Fabrice Humbert décortique les éléments qui on menés à la crise financière mondiale de 2008 avec la chute du bloc soviétique et la faillite de la Russie qui a suivi.
Un "bûcher des vanités" à la française où l'argent n'est qu'un instrument de pouvoir, instrument bien fragile dans un monde moderne où tout ne tient que sur le vent du crédit à outrance.
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Comme beaucoup d'entre nous, j'avais bien apprécié «l'origine de la violence» du même auteur.
Aussi, quand la jeune libraire de la place d'Auteuil m'a conseillé celui-ci , je n'ai pas hésité.

Ses conseils étaient bons: grâce à cette lecture, j'ai oublié le temps passé dans les transports parisiens.

Le roman est construit autour des personnages décrits dans la première scène, que j'ai trouvée remarquable.
La violence avec laquelle le jeune serveur noir est frappé par l'odieux américain au gamin méchant et mal élevé , m'a touchée , ensuite j'ai été accrochée et je n'ai quitté ce livre qu'à la dernière ligne.


Il faut quand même savoir que ce n'est pas un roman très gai et si vous voulez retrouver la forme en ce mois de novembre gris et triste à souhaits , ce n'est pas un bon choix.


En effet, si les autres convives du grand restaurant n'ont pas réagi, c'est qu'ils appartiennent au genre qui nous font perdre confiance dans l'humanité d'aujourd'hui.


Entre l'oligarque russe qui a prit part au dépeçage de la Russie pour son seul profit, le futur trader qui met son savoir mathématique au service de l'enrichissement le plus rapide possible et l'Américain qui a trouvé comment une société de crédit pouvait s'enrichir sur le dos des très pauvres, le récit n'est pas franchement optimiste, mais hélas!.... réaliste.


Le destin croisé des rapaces de la finance et de ce jeune serveur, Sila qui n'a rien, que la chance de vivre , est vraiment bien mené,( malgré quelques outrances) et nous permet de nous remémorer tous les événements qui ont fait l'actualité de ces dernières années.

La seule réserve que je ferai , c'est que j'ai trop senti, par moments, la trame romanesque l'emporter au dépend de la crédibilité des situations et de la profondeur des personnages.


Lien : http://luocine.over-blog.com..
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Voici un livre au ton singulier, à mi-chemin entre la fable et la peinture sociale.
La scène inaugurale, d'une brutalité crue, sonne comme une véritable parabole : un couple de richissimes Américains et leur jeune fils turbulent dînent dans un grand restaurant parisien. Tandis que le petit garçon entrave le ballet des serveurs, l'un d'entre eux, un jeune Noir, lui suggère aimablement de se rasseoir et, d'un geste, le ramène vers sa table. le simple fait d'avoir touché l'enfant lui vaut d'être aussitôt violemment frappé au visage par le père, sans que quiconque ne réagisse, chacun souhaitant que l'établissement retrouve au plus vite l'ordre et le silence qui le caractérisent.
Le contraste entre l'atmosphère feutrée du lieu et le comportement primaire de cet homme est saisissant et donne le ton à ce qui va suivre.

Cette scène, extrêmement brève, apparaît peu crédible : on se dit que de tels comportements de nature animale sont généralement proscrits de ces lieux. Pourtant, la violence n'est pas étrangère aux plus privilégiés d'entre nous. Au contraire, l'auteur démontre que plus les enjeux financiers sont importants, plus cette violence semble pouvoir se manifester insolemment, sans fard et sans pudeur. C'est précisément cette violence que le roman va s'efforcer de mettre à nu en nous décrivant le cheminement des divers spectateurs de cette scène, tous confrontés d'une manière ou d'une autre à l'attrait de l'argent élevé au rang de valeur suprême.

Du petit professeur russe devenu un oligarque capable d'adopter les méthodes les plus expéditives pour étendre son empire sur les ruines de celui de l'Union soviétique au WASP prétendant incarner le rêve américain pour bâtir sa fortune sur la crédulité de ceux qu'il va réduire à la misère par le biais des crédits immobiliers, en passant par la trader aux dents plus que longues, c'est une galerie de portraits d'un cynisme totalement écoeurant que nous présente Fabrice Humbert.

Même si l'on ne doute pas de la crédibilité des situations et des personnages, une telle concentration finit par donner le vertige et provoquerait un véritable dégoût du genre humain s'il n'y avait la présence de Sila, qui donne par ailleurs son titre au roman. Quelle est donc cette fortune qui serait celle du seul protagoniste à ne pas se montrer fasciné par l'argent ? Ce personnage un peu énigmatique qui semble venir d'Afrique, mais non d'un pays précis, plutôt d'un village fantasmagorique, à l'allure quelque peu christique que lui confèrent ses attitudes, sa gestuelle et sa propension - presque - inconditionnelle à pardonner ceux qui l'ont offensé, sauve le roman de l'abjection et le pare d'un caractère étrangement poétique qui en fait tout le charme.
La juxtaposition du point de vue de Sila, pour qui la valeur de l'argent se mesure à l'aune du travail accompli, et celui des autres protagonistes, pour lesquels l'argent est une valeur en soi justifiant leur avidité, ne fait qu'accentuer l'absurdité et le néant de cette quête insondable.

A l'aube d'un monde nouveau façonné par la recherche effrénée et insatiable du profit, de la chute du mur de Berlin à la crise financière de 2008, Sila apparaît comme le seul être en accord avec lui-même, en capacité de conduire sa vie sans se compromettre ni chercher à soumettre autrui, et finalement à conserver sa part de liberté et de choix.
Avec cette vision très noire de notre société mondialisée, Fabrice Humbert nous offre un roman dense et fulgurant qui se lit d'une traite.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Dans un restaurant de luxe parmi les clients, un couple de russes, deux jeunes amis français, une famille américaine en vacances avec son fils turbulent qui manque de bousculer le serveur avec ses assiettes. Les parents ne semblent pas d'accord sur l'attitude à adopter envers lui. Pour éviter de troubler le service des assiettes le serveur reprend le garçon en le sommant de se rassoir. Rapidement le père, un homme à la carrure d'un footballeur américain se lève et envoie un coup de poing dans le nez du serveur. Silence, personne ne bouge. L'américaine est honteuse, la femme russe regarde effarée son mari indifférent reprendre son repas, les deux français observent tout ce petit monde mais ne font rien non plus. de cet incident, tel "l'effet papillon" la vie de ses personnes va être changée. le serveur après des soins pour nez cassé, veut comprendre les raisons de ce geste et va travailler à Miami, ville d'origine de son agresseur. le russe continue son ascension professionnelle, mais sa femme réalise qu'elle ne suit plus la même voix que son mari. L'américaine ne se pardonnera jamais d'être la femme d'un homme de plus en plus odieux. Les deux français vont vouloir découvrir encore plus ce monde de fortunés.
Nous découvrons le passé de chaque personnage, ses qualités, ses défauts, ses aspirations, ses compromis pour un monde meilleur ou pas, ses choix. On évolue dans le nouveau monde des finances, de l'individualisme et des nouveaux codes de la fin du 20ème siècle.
Je l'ai dévoré rapidement, et ai été émue de ces situations. Qu'aurais-je fait à mon tour dans de telle situation ? Ne sommes nous pas chacun coupable de ne plus rien faire. Indignons-nous.
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Paris, juin 1995. Dans un grand restaurant, un serveur est violemment frappé par un client. Autour de lui, personne n'intervient. Ni le couple russe , ni la femme de l'homme en colère, ni les deux jeunes traders. Une simple anecdote ? Pas même un fait divers ?

De la chute du mur de Berlin à la crise financière de 2008, dans un monde façonné par l'argent, les destins croisés des acteurs de cette scène inaugurale tissent peu à peu une toile.

Et au centre de la toile, Sila, le serveur à terre, figure immobile autour de laquelle tout se meut.

J'ai aimé Simon capable de réciter du Rimbaud et qui se fait embaucher par une grande banque londonienne, et dont l'ami est un baratineur incapable de travailler.

J'ai aimé Lev qui se bat pour conserver son empire du pétrole en Russie car il ne sait faire que cela, tel le moujik éternel.

Mais Ruffle m'a donné des boutons, cet éternel adolescent qui ne sait que courir et rentrer dans les autres comme au football américain.

Sa femme m'a exaspéré : qu'est-ce qu'elle attendait ? Et en plus, elle provoque une catastrophe.

J'ai aimé que l'auteur pose dans ces pages la question du choix : a-t-on jamais le choix dans notre vie ? La question de la peur qui nous guide ou nous empêche d'agir.

J'ai aimé les images des arbres sensés monter jusqu'au ciel, omniprésents.

La fin est terrible, dans un carnage fou.

L'image que je retiendrai :

Celle de Sila courant vite, ce qui ne lui sauvera toutefois pas la vie.

Quelques citations :

« l'amitié de cet homme ne pouvait s'accomplir que dans la cruauté, parce que le vide de son être le condamnait à la destruction de ses proches. » (p.314)

« Il était heureux : il était vaincu. » (p.317)
Lien : http://alexmotamots.fr/la-fo..
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Roman sur la violence ordinaire, le manque de courage…Dans un grand restaurant trois tables sont occupées, Lev Kravchenko Russe enrichi avec l'arrivée au pouvoir de Eltsine avec sa femme , un peu plus loin Matthieu et son meilleur ami Simon fêtant la fin de leurs études et l'entrée dans la vie active, et enfin Mark Ruffle Américain, mal dans sa peau, sa femme et son fils. Un jeune serveur va faire éclater leur monde, il va être frappé par Ruffle pendant son service, devant les clients et tout ce petit monde ne va pas bouger, ils continueront leur repas comme si rien ne s'était passé. A partir de là, nous allons faire connaissance avec chacun d'eux. Leur soif insatiable pour la « réussite » sociale, leur soif de l'argent, du pouvoir. Nous parcourons le monde si puissant de la finance aussi bien en Russie, États-Unis et l'Angleterre. un livre que l'on ne lâche pas jusqu'à la dernière page Nena
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