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EAN : 9782070531301
176 pages
Gallimard (26/09/1991)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Lorsque LIVINGSTONE, médecin et missionnaire, débarque au Cap en 1840, il s’apprête à explorer une terra incognita. A la recherche de nouvelles routes pour évangéliser les régions intérieures et commencer avec elles, il traverse l’Afrique, d’est en Ouest le long du Zambèze, puis du Sud au Nord, du Cap aux chutes Victoria. Si le prosélytisme et le commerce font naître des vocations, l’élan vers les sciences de la nature suscité par le siècle des Lumières est à l’orig... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Contrairement à une idée répandue, l ‘Afrique, nous dit Anne Hugon dans son introduction au livre « L'Afrique des explorateurs, Vers les sources du Nil » était connue, d'où les écrits d ‘Hérodote et de Diogène. Elle avait été parcourue par les caravanes arabes, nous dit-elle, sans s'appesantir sur le fait que ces caravanes étaient esclavagistes.
Vint le temps des sciences avec le siècle des Lumières. Puis vint le temps des
Abolitionnistes, sauf que même eux selon Anne Hugon, sont sujets à caution et même Livingstone affiche une « bienveillance condescendante » soit un racisme déguisé.
Pour Anne Hugon la lutte des philosophes des lumières reste complètement ignorante des sociétés africaines.

Donc, pour connaître, il faut côtoyer, non ?
Il y a eu des missionnaires, puis des marchands côtiers, puis des explorateurs.
Là, patatras !double peine ! « L' exploration rime avec colonisation » nous dit Anne Hugon, car les explorateurs véhiculent les fantasmes de l'exploit et déclarent sans scrupules être les premiers à gravir tel mont ou longer tel fleuve, comme s'ils mettaient le pied sur quelque planète inhabitée. Ils rapportent de faux témoignages, parlant des forêts humides, des maladies nombreuses, des animaux comme le gorille énorme, des dangers en un mot, pour redorer leur héroïsme.


Oubliant deux choses, cet auteur, que l'Afrique avait été déclarée zone blanche, ensuite que les nombreuses bibliothèques des savants africains résidaient dans l'esprit des sages, pas dans les livres, et qu'il ne suffit pas d'habiter le long d'un fleuve pour en connaître la source et la longueur.
Bref, après ce préambule idéologique et pratiquement inutile, Anne Hugon fait curieusement oeuvre d'historienne, en vrai avec images à l'appui. Un bijou d'histoire.

Le mystère des sources du Nil a passionné les sociétés géographiques anglaises. L'Angleterre fut la première nation, avec la France, qui au Congrès de Vienne en 1815 interdisent la traite négrière triangulaire (mais pas l'esclavage, pratique endémique africaine) et, parallèlement à chercher à connaître les affluents du Nil.

Petit sursaut idéologique, on ne se refait pas : Fréderic Cailliaud, archéologue Français et géologue se joint aux archéologues Egyptiens :
« Néanmoins, remarque Anne Hugon, il s'émerveillait de tout : les girafes, les autruches, les peuples du Nil … »
S ‘émerveiller ? Pas bon.
Mine de rien, pourtant, ils découvrent ensemble que le Nil bleu est rattaché au Nil blanc.
Les choses sérieuses arrivent avec l'expédition Speke/ Richard Burton, en 1857, qui découvrent le lac Tanganyika. Speke aveugle et sourd à cause d'un insecte qui lui est entré dans l'oreille, Burton abcès à la langue suite à une pagaie l'avant atteint et à moitié paralysé.
Speke repart, en bon traitre qu'il est , avec Grant pour découvrir le lac Victoria-Nianza, mais non, malgré les rodomontades de Speke, ce n'est pas le Nil qu'il traverse, mais il n'en est pas loin.
Simon Baker , avec sa femme Florence( qu'il a achetée sur un marché aux esclaves à Istanbul ) repart et découvre le lac « Albert ». Leur retour est catastrophique, Baker étant tellement persuadé de la supériorité du blanc, et les africains se méfiant d'un homme qui fasse tellement de chemin pour découvrir … un cours d'eau ».
La conclusion est que le problème est très difficile à résoudre, car le réseau hydrographique est extrêmement complexe.
Dans les années 1870, David Livingstone va tenter de résoudre l'énigme, est « retrouvé » par Stanley, mais meurt sur place près des grands lacs. On peut identifier le corps grâce à la blessure qu'il a au bras gauche, séquelle d'une attaque de lion.

Stanley, parti à sa recherche, confirme la découverte de Speke : une des sources du Nil part bien du lac Victoria. Il découvre aussi le lac Edward, le lac George, et les fameux monts de la lune. Conclusion : les sources du Nil blanc que rejoint le Nil bleu sont multiples.
Puis Stanley , d'abord financé par un journal américain, repart vers le fleuve Congo, où il est héroïque et à la fois égocentré ; après avoir été recruté par Léopold II le roi des Belges, il fait malheureusement oeuvre politique, et non plus simplement géographique, faisant signer aux rois congolais des accords unilatéraux, instaurant un régime de terreur autant inique que non-nécessaire.

Puis, Savorgnan de Brazza, Vénitien envoyé par la France, fera le contraire de ce qu'a fait Stanley, sur la rive Nord du Congo. Alors que Léopoldville et Stanley pool ont été débaptisées, pour s'appeler respectivement Kinshasa et Pool Malebo, la capitale du Congo s'appelle toujours Brazzaville.

Enfin, une femme ! Mary Kingsley, défendant la polygamie contre l'avis des missionnaires, voyageant léger, nageant seule, se laissant porter dans les rivières par ses robes fin XIX siècle, refusant de se faire porter, dormant à la belle étoile : elle fait oeuvre d'ethnographe sans être envoyée par une puissance occidentale.

(voir mes chroniques de Ibn Battuta, de Mungo Park, de Richard Burton, de Livingstone, de Stanley, de Savorgnan de Brazza et de Marie Kinsgley)






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Anne HUGON, spécialiste en la matière, nous entraîne à la découverte de ce continent, qui deviendra, au fil des ans, l'immense marché des européens (matières premières, esclaves,….). Pour y parvenir, les explorations se sont multipliées, et cet ouvrage décrit autant l'Afrique que ces expéditions et ces grands explorateurs.
La cupidité humaine y est décrite comme les nobles combats des abolitionnistes. Précisons néanmoins, , que le livre ne traite pas –et on le comprend, ce n'est pas son propos – de l'histoire de l'Afrique.
Comme tous les titres e cette collection, l'iconographie aide à la compréhension et à la découverte de ce pan du Savoir, qu'il s'agisse des extraits du journal de LIVINGSTONE, les cartes établies par Speke, ou les photographies de Mary KINGSLEY

Lien : http://leslivresetlemonde.bl..
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Vidéo de Anne Hugon
Africaines et travailleuses en contexte colonial : regards croisés sur les luttes de femmes dans les mondes du travail
Table ronde, carte blanche à l'Institut des Mondes africains Modération : Elena VEZZADINI, chargée de recherche au CNRS, IMAF, Françoise BLUM, ingénieure de recherche au CNRS, Ophélie RILLON, chargée de recherche à l'Institut des mondes africains Avec Pascale BARTHÉLÉMY, historienne, maîtresse de conférences à l'École normale supérieure de Lyon, Anne HUGON, maîtresse de conférences à l'Université de Paris et membre de l'Institut des Mondes Africains, Sara PANATA, historienne, membre de l'Institut des Mondes africains, Violaine TISSEAU, historienne, chargée de recherche au CNRS et membre de l'Institut des Mondes africains.
À partir de récits biographiques, quatre historiennes de l'Afrique dialoguent autour de la question du travail féminin rémunéré de femmes d'origines, éducation et classes sociales différentes pendant la période coloniale. À Madagascar, au Nigéria, en AOF et en Côte d'Or, des femmes se forment ou choisissent des métiers comme enseignante, sage-femme, commerçante et domestique. Ces métiers ont un impact crucial sur des aspects multiples de leurs vies, tels que leurs statuts et reconnaissance sociale, les liens à leur communauté, les relations affectives et la famille, leur éducation et les savoirs auxquels elles ont accès ; mais leur travail contribue à façonner également leurs perceptions de soi, leurs subjectivités et valeurs. Enfin, certains de ces métiers sont inextricablement liés à des formes d'activisme politique et social, allant de l'adhésion à des mouvements nationalistes anticoloniaux et à la fondation d'organisations féminines pour l'obtention de droits politiques, à des luttes plus spécifiquement liées à la situation d'être femme au travail (inégalités de salaires, licenciements arbitraires lors de grossesses, et ainsi de suite). D'autres métiers, au contraire, entrainent des formes d'exploitation intensive qui rendent impraticable toute forme d'organisation, et poussent à une résistance plus silencieuse. En s'appuyant sur des matériaux différents, notamment sur des entretiens, mais aussi sur la presse vernaculaire de l'époque, des archives photographiques et parfois radiophoniques, croisés avec des sources coloniales officielles, les historiennes de cette carte blanche cherchent à mettre au coeur de leur analyse l'expérience des femmes au travail en situation coloniale.
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>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Géographie générale>Géographie de l'Afrique (179)
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