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Citations sur Anéantir (306)

"Dans toutes les civilisations antérieures, dit-il finalement, ce qui déterminait l'estime, voire l'admiration qu'on pouvait porter à un homme, ce qui permettait de juger de sa valeur, c'était la manière dont il s'était comporté tout au long de sa vie ; même l'honorabilité bourgeoise n'était accordée que de confiance, à titre provisoire ; il fallait ensuite, par toute une vie d'honnêteté, la mériter. En accordant plus de valeur à la vie d'un enfant - alors que nous ne savons nullement ce qu'il va devenir, s'il sera intelligent ou stupide, un génie, un criminel ou un saint - nous dénions toute valeur à nos actions réelles. Nos actes héroïques ou généreux, tout ce que nous avons réussi à accomplir, nos réalisations, nos oeuvres, rien de tout cela n'a plus le moindre prix aux yeux du monde - et, très vite, n'en a pas davantage à nos propres yeux. Nous ôtons ainsi toute motivation et tout sens à la vie ; c'est, très exactement, ce que l'on appelle le nihilisme. Dévaluer le passé et le présent au profit du devenir, dévaluer le réel pour lui préférer une virtualité située dans un futur vague, ce sont des symptômes du nihilisme européen bien plus décisifs que ceux que Nietzsche a pu relever..."
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La coïncidence n’était pas fortuite, une amélioration des conditions de vie va souvent de pair avec une détérioration des raisons de vivre, et en particulier de vivre ensemble.
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Curieusement, la presse, tout en perdant la quasi-totalité de ses lecteurs, avait augmenté son pouvoir de nuisance ces dernières années, elle pouvait maintenant briser des vies, et elle ne s'en privait pas, en particulier en période électorale, le passage par une procédure judiciaire était même devenu inutile, un simple soupçon suffisait à détruire quelqu'un.

p. 486
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Il n’avait jamais trouvé aucun mérite esthétique particulier à cette juxtaposition déstructurée de gigantesques parallélépipèdes de verre et d’acier, qui dominait un paysage boueux et morne. De toute façon le but poursuivi par les concepteurs n’était pas la beauté, ni même vraiment l’agrément, mais plutôt l’étalage d’un certain savoir-faire technique – comme s’il s’agissait, avant tout, d’en mettre plein la vue à d’éventuels extraterrestres.
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Ce à quoi elle croyait aussi, sans la moindre hésitation, c'était à la réincarnation. Ca restait bizarre, aux yeux de Paul, c'était un peu comme si on avait abdiqué tout espoir pour l'incarnation en cours, et qu'on demandait une deuxième chance, une deuxième donne (..)
La première idée qui vint à Paul fut que c'était loin d'être idiot. La deuxième fut que pour beaucoup de gens aujourd'hui cette vision hindouiste traditionnelle de la réincarnation et de l'échelle des êtres, apparaîtrait comme une idée spéciste. La troisième fut que beaucoup de gens aujourd'hui étaient devenus très cons ; c'était un phénomène contemporain frappant, indiscutable.
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À cet instant il songea que leur voyage au Portugal, l’été dernier, aurait été leur dernier voyage ; ils avaient l’intention d’aller en Écosse l’été suivant, c’était un des autres pays que son père avait envie de revoir, qu’il avait aimés. Ce voyage n’aurait pas lieu, et en voyant Madeleine qui rangeait les objets dans le coffre, en pensant à la vie brisée de Madeleine, il fut envahi par un flot de compassion si violent qu’il dut se détourner pour s’empêcher de pleurer.
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[Le héros, qui vient d'apprendre qu'il est atteint du cancer, s'achète des livres à la Fnac sur la question.]

ll compléta ses achats par un petit livre d'un certain David Servan-Schreiber, apparemment constitué de conseils psychologiques destinés aux cancéreux. Ce n'était pas un très bon choix, il s'en rendit compte d'emblée : très imprégné de pensée positive, l'auteur insistait sur la nécessité de maintenir des moments agréables, des bons petits repas entre amis, accompagnés de vins de pays consommés avec modération et ponctués de fous rires, il allait même jusqu'à faire l'éloge des blagues belges ; tout cela lui donnait plutôt envie de se coucher et de mourir, surtout les fous rires, à vrai dire ça faisait pas mal de temps déjà que cet éloge des vins de pays et des fous rires lui sortait par les yeux, enfin ce n'était pas un livre pour lui.

p. 645
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Est-il vrai qu'on ne change pas, même physiquement, pour des yeux aimants, que des yeux aimants sont capables d'annihiler les conditions normales de la perception ? Est-il vrai que la première image qu'on a laissée dans les yeux de l'aimée se superpose toujours, éternellement, à ce qu'on est devenu ?
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"... dans le temps tu recopiais des phrases sur un cahier, des phrases d'écrivains, celles que tu trouvais les plus belles, et de temps en temps tu m'en lisais."
Ça lui revint d'un seul coup; en effet, oui, il faisait ça. Il avait commencé à l'âge de treize ans, et continué jusqu'à l'année du bac; il calligraphiait les phrases avec soin, il y passait des heures, s'entraînait plusieurs fois, sur des feuilles volantes, avant de les recopier dans son cahier.
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Je comprends votre désir de la protéger mais quand même à un certain stade il vaut mieux être transparent, vous ne croyez pas? » En effet, je pourrai difficilement lui dissimuler mon décès »grinça Paul
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