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Citations sur Anéantir (306)

L'ambiance générale depuis quelques années était en faveur du protectionnisme, et Bruno était de plus en plus ouvertement protectionniste - mais il l'était tout à fait sincèrement, et depuis longtemps, pour la France le libre-échangisme lui paraissait une option suicidaire. Par ailleurs, pensait-il, le patriotisme économique pouvait être un puissant facteur d'union. Une guerre avait toujours été le moyen le plus sûr de ressouder une nation, et d'améliorer la popularité du chef de l'état. À défaut d'un conflit militaire, devenu trop dispendieux pour un pays de taille moyenne, une guerre économique pouvait parfaitement faire l'affaire, et Bruno n'hésitait pas à pousser dans ce sens, multipliait les provocations à l'égard des pays émergents ou récemment émergés. Selon Bruno, il ne fallait pas craindre de s'engager dans une guerre économique, les seules guerres économiques qu'on était sûr de perdre, lui avait-il dit une fois, étaient celles que l'on n'avait pas le courage de mener.
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Ce à quoi elle croyait aussi, sans la moindre hésitation, c'était à la réincarnation. Ça restait bizarre, aux yeux de Paul, c'était un peu comme si on avait abdiqué tout espoir pour l'incarnation en cours, et qu'on demandait une deuxième chance, une deuxième donne - une seule lui paraissait pourtant largement suffisante pour se faire une opinion sur la vie; mais il est vrai que cette croyance était très répandue à travers le monde, la moitié de l'humanité ou presque avait édifié ses civilisations sur cette base. Et même d'un point de vue occidental, beaucoup de gens vivaient jusqu'à la fin de leurs jours dans l'illusion que leur existence pouvait bifurquer, prendre un tour radicalement neuf ; considérée en dehors de toute dimension religieuse, la réincarnation n'était qu'une variante extrême de cette idée.
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La gravure représentant une sorte de diable, par contre, n'avait pas grand sens à ses yeux; l'attentat contre la banque de sperme l'avait déstabilisé, l'obligeant à passer d'une piste d'ultragauche classique à une piste catholique intégriste beaucoup plus improbable ; cette image semblait maintenant les orienter vers une piste sataniste ; au point où il en était ça ne le dérangeait plus beaucoup, on restait à peu près dans le même domaine.
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Les rectangles de verre qui composaient la façade de Saint-Luc avaient certainement pour objectif d’améliorer le moral des familles, de leur suggérer l’idée d’un hôpital pour rire, un hôpital de Lego, un hôpital jouet. L’effet n’était que très partiellement atteint, le verre était terne et sale par endroits, l’impression de gaieté douteuse ; mais de toute façon, dès qu’on pénétrait dans les couloirs et dans les chambres, la présence des moniteurs de contrôle, des appareils d’assistance respiratoire vous ramenait à la réalité. On n’était pas là pour s’amuser ; on était là pour mourir, la plupart du temps.
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Dans le célèbre début de La Fille aux yeux d'or, où Balzac dépeint les humains comme mus par la quête du plaisir et de l'or, on peut s'étonner qu'il ait omis de parler de l'ambition, cette troisième passion, d'une nature tout à fait différente, à laquelle il était lui-même particulièrement soumis. Bruno par exemple n'avait jamais paru porté par un grand appétit de jouissance, de lucre encore moins ; mais ambitieux, oui, il l'était. On ne pouvait d'ailleurs pas très bien déterminer si l'ambition était une passion généreuse ou égoïste ; si elle correspondait au désir de laisser une trace positive dans l'histoire de l'humanité, ou à la simple vanité d'être compté parmi ceux ayant laissé une telle trace. En somme, Balzac avait un peu simplifié.
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[…] Un couple
se constitue le plus souvent autour d’un projet, hormis le
cas des couples fusionnels, dont l’unique projet consiste
à se contempler éternellement, à se prodiguer jusqu’à la
fin de leurs jours mille attentions caressantes, des gens
comme ça existent, Paul en avait entendu parler, mais ses
parents n’en faisaient pas partie, aussi avaient-ils dû
élaborer un projet, avoir deux enfants était un projet
classique, et même l’archétype du projet classique, si
Prudence et lui avaient eu des enfants ils n’en seraient pas
là, en réalité sans doute que si, au contraire même, ils se
seraient probablement déjà séparés, les enfants aujour-
d’hui ne suffisent plus à sauver un couple, ils contribuent
plutôt à le détruire, de toute façon les choses avaient com-
mencé à se dégrader entre eux avant même qu’ils ne
l’envisagent.

pp. 96-97
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