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«Le vent se lève !... il faut tenter de vivre !», ce vers du cimetière marin de Paul Valéry accompagne ce texte à la beauté mélancolique de Tatsuo Hori, où un écrivain se souvient des mois passés au sanatorium de Nagano, dans les Alpes japonaises, mois partagés avec Setsuko sa fiancée atteinte par la tuberculose.
«Le vers inopinément monté à mes lèvres, deux ans auparavant, l'été où nous nous étions rencontrés pour la première fois, et que j'aimais ensuite à me réciter à tout propos, ce vers : «Le vent se lève, il faut tenter de vivre», que j'avais complètement oublié depuis, avait soudain repris tout son sens pour nous : c'étaient des journées comme en avance sur la vie, pleines d'une exaltation, d'un bonheur poignant, plus intenses que ceux de la vie. Nous commençâmes à préparer notre départ, prévu à la fin du mois, pour le sanatorium au pied du Yatsugatake.» p 27

Le souffle du vent traverse ce livre, souffle de vie parfois léger rafraîchissant, parfois violent coupant la respiration. 
Anxiété et légèreté alternent. La vie suspendue au souffle de Setsuko allongée sur son lit, devient dans le confinement de la chambre, où chaque journée ressemble à la suivante plus dense, plus intense.
« ... à mesure que se succédaient ces journées toutes semblables les unes aux autres, nous finîmes par échapper complètement à l'emprise du temps. Ce faisant, les moindres circonstances de notre vie quotidienne, aussi insignifiantes fussent-elles, prirent un attrait entièrement nouveau.»

Ce livre est inoubliable. le silence dont il est empreint est de la même texture que celui de la neige qui tombe et atténue tous les bruits. Plein de douceur malgré le tragique de la situation, d'une grande poésie, il envahit progressivement et durablement le lecteur comme Setsuko demeure aux côtés de celui qui l'aura accompagnée jusqu'à ce que l'ombre gagne. Et revenant sur les lieux quelques années après la disparition de celle qu'il sent toujours très proche il relit les vers du Requiem de Rilke et conclut

«S'il fallait absolument comparer, mon coeur aujourd'hui ne paraît guère changé, si ce n'est pour un peu de tristesse, quoique, il faut bien le dire, il ne semble pas non plus fermé à toute joie.»
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C'est une histoire d'amour, d'une grande pureté, qui va jusqu'au bout, jusqu'à la mort. Dans un sanatorium, une jeune femme est mourante et son compagnon l'accompagne jusqu'au trépas. La présence de la nature autour du sanatorium renforce l'aspect panthéiste. Peu à peu l'esprit de la mourante se dilue dans le souffle du vent, jusqu'à plus ne plus faire qu'un avec cette nature. Ce récit est bouleversant. Je n'ai plus ce livre mais je me souviens avoir été longtemps perturbé par cette relation amoureuse. En fait, c'est comme si cette jeune femme était toujours vivante. J'ai beaucoup de mal à expliquer mon ressenti face à ce livre. Les Japonais, eux, sont vraiment très forts pour exprimer cette idée d'immortalité.
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Ce roman, qui peu à peu prendra la forme d'un journal, débute avec un vers de Paul Valéry : "Le vent se lève, il faut tenter de vivre" et se terminera avec ceux du "Requiem" de Rilke. L'inspiration de l'auteur est donc grâce à une prose subtile plus poétique que romanesque. Celui-ci se montre surtout attentif aux mouvements du coeur et de l'esprit, suivant le fil de ses sentiments et de ses pensées , de même qu'à ceux de la nature, décrivant, selon les saisons, les paysages, tantôt sombres, tantôt lumineux, des Alpes japonaises. le narrateur, un écrivain, accompagne sa jeune fiancée atteinte de tuberculose dans un sanatorium de montagne. Ils y vivent un bonheur intense mais éphémère, tant la maladie, comme des nuages noirs qui s'amoncellent, gagne du terrain jusqu'à emporter la jeune malade. le narrateur reviendra peu après sur les lieux de ce drame qui l'avaient en même temps subjugué. Ce roman évoque l'innocence et la jeunesse aussi bien que la solitude et la mort. le style de l'auteur rappelle l'art du Haiku et la quatrième de couverture qualifie avec beaucoup de justesse ce roman de "poème très japonais du souffle".
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Ce court récit d'environ 110 pages est bouleversant. L'auteur nous conte une histoire d'amour, de mort, de solitude, et finalement de résilience, dans un cadre naturel, la montagne, la forêt, des plus poétiques.

Le héros narrateur est écrivain. Il a l'âme d'un solitaire. Un été, dans un village de montagne, le destin lui fait rencontrer Setsuko. Ces deux-là sont fait l'un pour l'autre et se fiancent quelques mois plus tard avec la bénédiction du père chéri de Setsuko.

Pourtant, l'horizon s'assombrit déjà lorsque Setsuko tombe malade, atteinte de tuberculose. Dès lors, il décide de l'accompagner dans un sanatorium, au pied du Mont Yatsugatake près de Tokyo où ils vont s'installer le temps que Setsuko guérisse.
Mais le médecin ne cache pas au narrateur et au père de la malade que le mal est très enraciné…L'écrivain comprend que la femme de sa vie est condamnée.

Dans une langue superbe, l'auteur nous fait vivre les tourments de cet écrivain dans l'adversité : sa pudeur, sa volonté de ne pas montrer sa détresse à sa fiancée, son dévouement et son amour poétique et romantique pour elle, mais aussi sa solitude intérieure constante, sa lutte permanente pour gérer ses émotions…L'histoire d'amour entre ces deux êtres est aussi forte que brève dans son vécu terrestre, mais elle perdurera éternellement dans le coeur du survivant.
Un des aspects remarquables est la puissance de la nature, la montagne, la forêt, les oiseaux, mais aussi du climat, la neige, le froid, éléments dans lesquels le héros va sans cesse puiser de la force pour se ressourcer continuellement et faire face malgré tout dans cette situation dramatique.
A tel point qu'après la mort de Setsuko, il y trouvera le courage de se reconstruire, dans une forme de résilience, pour non pas oublier mais vivre avec cette histoire douloureuse. Il avoue ainsi que si son coeur a encore un peu de tristesse, il n'est pas fermé à toute joie.

Ce roman est aussi une forme d'allégorie de la souffrance de l'écrivain dans la création de son oeuvre, le héros écrivant au jour le jour pendant leur séjour au sanatorium son histoire d'amour avec Setsuko, son deuil annoncé et ses états d'âme.

La figure de Setsuko est celle de l'être aimée, icône, idéal... Pourtant notre héros semble parfois s'en détacher, peut-être en raison de la solitude intérieure qu'il a éprouvé toute sa vie et d'une volonté de distanciation, pour se protéger de la souffrance, sa fiancée étant très souvent désignée comme « la malade ».

Cette oeuvre est d'une puissance évocatrice et d'une beauté extraordinaires. Elle est presque mythique. Elle touche d'autant plus qu'elle n'est pas larmoyante, elle raconte simplement la vie, la vie qui continue malgré les épreuves gravées à jamais.

L'auteur tire cette force décuplée de son propre vécu. L'oeuvre est aussi soutenue par une culture étendue des grands poètes occidentaux, Rilke, Valéry (et ce vers magnifique, « le vent se lève, il faut tenter de vivre ») que l'on sent imprégner ces pages magnifiques. Son caractère japonais se révèle dans la place centrale de la nature, du cycle des saisons, qui dépassent le destin de l'homme.

A noter, comme cela a pu être souligné, qu'Hayao Miyazaki s'est bien inspiré de cette oeuvre pour son film animé éponyme de 2013. Cependant, son film est au moins autant consacré au destin professionnel du héros (qui n'est pas écrivain mais ingénieur chez Mitsubishi et inventeur du fameux avion zéro qui servira à son grand désespoir aux kamikazes quelques années plus tard), qu'à l'histoire du couple.

Je vous invite avec enthousiasme à visionner ce film non moins magnifique, mais finalement assez différent, et à faire la comparaison, cela vaut vraiment la peine de ne pas rater ces deux talents hors normes !
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Dans ce récit bref, le narrateur accompagne sa fiancée dans un sanatorium de montagne, pour soigner sa tuberculose. L'écriture se fait alors silence, laissant les sentiments se deviner au bord des yeux.Les choses importantes se taisent et ne se communiquent que de façon détournée.
En une longue méditation sur le bonheur et sa recherche en se concentrant sur l'instantané, le narrateur raconte les derniers mois de Setsuko puis comment il revint dans ces montagnes pour finir son deuil et retrouver la vie.

Fortement imprégné de littérature européenne, Hori Tatsuo ouvre son roman avec une citation de Paul Claudel, "Le vent se lève, il faut tenter de vivre" pour le conclure avec "Requiem" de Rilke.
Ce livre se lit comme un tableau, Hori consacrant une grande partie de son récit à la description de la nature magnifique des montagnes Yatsugatake et au passage des saisons. Par rapport à la terrible maladie de Setsuko et à son aggravation, il reste très sobre, sans épanchement ni grands cris. Les deux protagonistes semblent pris tous deux dans une bulle de cristal, fragile et sensible.

D'après mon libraire, Hayao Miyazaki s'inspirerait de ce roman pour son prochain long métrage d'animation. J'ai déjà hâte de voir le rendu des paysages et le traitement qu'il va apporter à cette histoire.
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J'ai tendance à me montrer indulgent envers ce type de roman-là : il n'est certainement pas parfait, la mise en abyme par exemple m'a paru assez poussive, mais le sujet, l'essence du livre sont si délicatement amenés, si pleins d'émotions simples et vivaces, que je suis prêt à détourner les yeux quant au style un peu trop conventionnel, et simplement arrêter de bouder mon plaisir – quoique "plaisir" ne soit pas le mot le plus approprié pour désigner l'expérience d'une lecture si émouvante. Parfois, ce sont les romans les plus modestes en apparence qui couvrent le plus de justesse.
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Ce court roman (120 pages), écrit au milieu des années 30, n'a que de lointains rapports avec le film d'animation éponyme. 



Il raconte comment le héros, un écrivain ressemblant beaucoup trop à l'auteur, accompagne dans les Alpes japonaises Setsuko, sa fiancée, qui vient y soigner sa tuberculose. On comprend très rapidement qu'en fait de soin, il s'agit là d'un joli endroit où Setsuko va mourir.

Écrit sous la forme d'un journal entrecoupé de longues réflexions, le roman décrit cet éloignement progressif entre les deux amants, leurs efforts désespérés contre une destinée inexorable. C'est une oeuvre sensible et empreinte d'un douloureux désespoir, c'est aussi l'histoire d'un deuil.

L'écriture est assez recherchée sans être pour autant pédante, l'auteur incluant dans les réflexions de son personnage de nombreuses considérations sur la création littéraire et des références à des auteurs européens de l'époque. Toutefois, rien d'insurmontable : un novice en littérature peut fort bien lire et apprécier « le vent se lève ». Ce roman correspond, en fait, à la suite de ce poème : c'est une tentative pour vivre, malgré la fin de l'être aimé, malgré la neige de l'oubli, somptueuse et mortelle pour les souvenirs des disparus.

Lien : https://litteraturedusoleill..
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Un magnifique roman sur une belle et poignante histoire d'amour qui ne peut pas vous laisser indifférent. Une ode à l'amour, à la nature, mais surtout, à la vie. Je ne peux que conclure sur ces mots. « le vent se lève, il faut tenter de vivre. »
Lien : https://comaujapon.wordpress..
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"Le vent se lève" de Tatsuo Hori est un chef-d'oeuvre de poésie où la nature est omniprésente: "Le souffle du vent murmure à travers les feuilles, tel un chant éternel." le texte est imprégné d'une beauté délicate, chaque mot évoque la tranquillité et la mélancolie des paysages.
La relation complexe entre le narrateur et sa femme Satsuki est d'une intensité poignante, reflet de la condition humaine et de ses contradictions.
La quête du bonheur, inextinguible et insaisissable, est symbolisée par le vent: "Le bonheur, tel un souffle, disparaît avant qu'on puisse le saisir." Hori explore cette recherche perpétuelle avec une sensibilité profonde, nous rappelant que le bonheur se trouve souvent dans l'éphémère et l'inattendu.
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Accompagnant sa fiancée dans un sanatorium où elle mourra, la narrateur nous fait partager le bonheur qui est le sien, et sans doute partagé, dans ces circonstances où les fiancés témoignent de leur attachement mutuel.
Avec cette belle élégie funèbre et poétique à la fois Tatsuo Hori ne nous montre pas le travail d'élaboration et de ciselage de sa prose, mais nous fait simplement partager la simplicité et la délicatesse qui en résulte.
Un écrivain très europhile à découvrir.
Parution en 1936, Traduction Daniel Struve
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