En ce début de 20ème siècle, un petit coin de Belgique s'implante dans le vaste Brésil, où tant de territoires sont encore à conquérir. A l'époque, la petite Belgique industrielle et industrieuse est ambitieuse et décomplexée, et l'une de ses compagnies ferroviaires ne craint pas d'installer ses ateliers à Santa Maria, dans l'Etat du Rio Grande do Sul, pour y construire le réseau ferré régional et, pourquoi pas, le relier à l'Uruguay et l'Argentine. Pour développer toute cette activité, il faut des bras et des cerveaux expérimentés, introuvables parmi la population locale. On recrute donc, au pays, ouvriers et ingénieurs, qui s'embarquent depuis Le Havre vers ce nouvel Eldorado aux promesses infinies. Parmi eux, Paul-Aimé Aerts, mécanicien de talent, au bras de sa jeune épouse, Amanda, la fille de son patron. Un mariage peu banal pour l'époque : lui, ouvrier socialiste militant, et elle, issue de la petite bourgeoisie. Mais un mariage d'amour, consenti par le père de la jeune fille, libéral et éclairé, et qui voit en son gendre un futur bras droit. Sur le bateau, à la recherche d'une carrière, d'un destin, d'une vie meilleure ou de liberté, fuyant les pogroms, la police, l'ennui ou le conformisme, voyagent aussi d'autres émigrés européens, des familles juives de Russie qui s'en vont peupler une colonie sur leur nouvelle terre promise, une religieuse peu orthodoxe qui veut créer un orphelinat pour enfants lépreux, et quelques personnages plus ou moins louches qui s'en vont se refaire une réputation professionnelle ou une virginité judiciaire.
Après la découverte de leur nouveau rivage, les expatriés s'adaptent tant bien que mal à leur nouvelle vie. De tracas administratifs en négociations de contrats commerciaux, de sécheresses en inondations, de train-train quotidien en mésaventures plus ou moins graves, ils tentent de trouver leur place, et pour certains, remettent leurs choix en question : était-ce bien là la vie et l'aventure rêvées ?
Dans une construction originale qui alterne récit, coupures de journaux et échanges épistolaires, on assiste à la confrontation des idéaux et des idées à la réalité du terrain. Chacun cherche son destin, mais découvre qu'il faut d'abord se trouver soi-même, quitte à faire vaciller quelques certitudes. Des personnages sympathiques, une intrigue un peu décousue teintée de féminisme, un parler qui fleure la Belgique, un intéressant coup de projecteur sur un passé méconnu.
Merci à Babelio pour cette opération Masse Critique et aux Editions MEO, qui après quelques péripéties postales, ont accepté de m'envoyer le livre une seconde fois.
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