AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 187 notes
5
8 avis
4
10 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Heinlein conservateur réac ?
Pas vraiment ...
En terre étrangère raconte l'histoire d'un jeune homme qui suite à un accident a échoué sur mars où il fut élevé par des martiens et donc dans un environnement culturel et physique radicalement différent de celui de la terre où le destin l'a ramené .
Sur terre , il atterrit d'abord dans un hôpital pour une réadaptation à la gravité terrestre et il est cerné par les médias comme par les politiques , comme par le citoyen lambda ...
Il n'est pas bien physiquement et moralement et il ne comprend rien .
C'est un récit de science-fiction incontestablement , mais le lecteur doit savoir que le sujet est l'analyse d'un choc culturel et l'analyse de la société d'accueil .
Ce n'est pas par exemple , un roman que je classerais comme futuriste par exemple et trop d'attentes à ce niveau devraient être déçues , ainsi le lecteur potentiel doit-être avertis .
L'auteur décortique avec sagacité : le télé évangélisme , le pentecôtisme , l'argent comme idole , le cynisme des politiques et des medias et aussi celui de bien des individus obnubilés par la satisfaction égoïste de leurs aspirations individuelles...
Un roman contestataire ?
Le fait qu'il fut un des bréviaires du mouvement hippie devrait répondre positivement à cette question ...
Commenter  J’apprécie          420
Un classique de la science-fiction, un roman des années 60 qui a marqué son époque.

Intimidée par ce livre de plus de 700 pages, j'ai d'abord été enthousiasmée par l'imagination de cette vision de l'« Homme de Mars » et par l'écriture pleine d'humour et de réflexions mordantes.

Mais ensuite, les histoires de religion ont refroidi mon ardeur, même si le propos était sans doute innovateur et même impie au début des années 60. Les pages sur les tribulations de cette « église » de grand amour universel m'ont semblé un peu longues (sans s'étendre là-dessus…).

J'ai aussi trouvé que le texte date dans sa description des rapports homme/femme (du moins je l'espère…). Quand un invité observe : « que les femmes ne bavardaient pas et n'intervenaient pas dans la conversation des hommes, mais étaient promptes à faire montre d'une chaleureuse hospitalité. Il avait d'abord été choqué par le manque de respect de Myriam envers son maître — puis il reconnut qu'il s'agissait de cette liberté que l'on permet aux chats et aux enfants dans l'intimité de la maison. » (p.368)

Et surtout quand il fait dire à Jill : « Lorsqu'une fille se fait violer, c'est neuf fois sur dix de sa faute, du moins en partie. » (p.520). Pour une lectrice, ça grince…

Un avis mitigé, donc, mais peut-être parce que n'ai pas tout gnoqué…
Commenter  J’apprécie          290
"Il était une fois un Martien du nom de Valentin Michaël Smith."
Fils de deux membres de la première expédition sur Mars, dont tous périrent, Mike est né là-bas et est ramené sur Terre par l'expédition suivante. Il a vingt ans et découvre avec émerveillement et stupéfaction la planète d'origine de ses parents biologiques. Pour le jeune homme élevé par les Martiens, tout est surprise et découverte. Objets, coutumes, comportements, tout est nouveau et source de questionnements.
Sur cette Terre, Mike n'a pas que des amis. Certains risquent de perdre beaucoup avec son retour. Certains complotent pour le tenir caché, au calme, entre les murs d'un hôpital ou ailleurs, dans quelque prison dorée.
Les choses ne se passeront évidemment pas comme cela. L'infirmière Gillian s'en mêle... et Mike part à la conquête de sa nouvelle vie.

La postface et la quatrième de couverture présentent Heinlein comme l'un des grands noms de la science-fiction. Lisant assez peu ce genre littéraire, je n'avais jamais entendu parler de lui et un ami s'est chargé de me le faire découvrir.
Mon avis sur ce roman est mitigé. Je l'ai dévoré mais, pour autant, ne peux pas dire l'avoir adoré du début à la fin. J'ai beaucoup aimé les deux premières parties où Mike, innocent et naïf, apprend à connaître les Hommes. L'auteur y met à merveille en lumière les contradictions ou le ridicule de certains de nos comportements. Cela rappelle la perte de l'évidence naturelle observée dans certaines psychoses, de même que l'incompréhension face au second degré. Mike est en cela extrêmement touchant.
Et puis... Il quitte son refuge (je n'en dirai pas plus au sujet de ce lieu) et tout bascule. Les parties suivantes sur la fondation de la secte m'ont parues complètement tirées par les cheveux, bien que je saisisse le but de l'auteur, notamment au travers des explications que Jubal donne à Ben vers la fin du roman. Et c'est là que j'ai un peu moins apprécié la lecture : tout est trop gros, trop exagéré, trop dégoulinant de belles intentions. Il convient également de replacer la sortie de ce roman dans le contexte des années 1960 aux Etats-Unis.
Enfin, le final est grandiose, dramatique à souhait. Quel spectacle !
Mention spéciale pour le personnage de Jubal qui est sans conteste mon préféré !

Challenge XXème siècle 2021
Commenter  J’apprécie          160
2021 J'ai relu ce roman de 1961 qui eut son heure de gloire dans les années « flower power » . L'argument de base est le retour sur terre d'un enfant des premiers colons de Mars éduqué dans la très exotique culture autochtone et nanti par elle de non moins étranges pouvoirs, de plus il est l'héritier d'une colossale fortune. le thème du « regard éloigné » porté par un étranger sur notre culture fut l'un des favoris du siècle des Lumières (plus que Candide ou au Persan de Montesquieu, c'est au Micromégas de Voltaire qu'il fait penser ) . La première partie du roman est jubilatoire , « l'homme de Mars » semant un joyeux foutoir dans les lois , les croyances et les moeurs américaines, avec la complicité d'un « gang » d'hédonistes anarchistes menés par Jubal Harshaw . Mais lorsque le néo-terrien se mue en prophète et se lance jusqu'au martyre dans la création d'une secte , le récit se fait poussif , alourdi de longs discours érotico-théologiques (je n'ai pas « gnoqué » ). Au total , sans être un chef d'oeuvre , c'est un texte assez amusant avec son dézingage des télé-évangélistes , son président américain dominé par sa femme manipulée par son astrologue et son culte où « aimez-vous les uns les autres » est mis en oeuvre au sens littéral.
Commenter  J’apprécie          60
L'Homme de Mars est une étrange créature. Né sur la planète rouge de parents terriens qui moururent rapidement, Valentin Michael Smith est un esprit martien. Son retour sur Terre - envisagé comme un voyage diplomatique - représente, à bien des égards, un bouleversement majeur qui ébranle d'abord les plus hautes autorités terriennes - une fédération mondiale, représentée par son secrétaire générale, M. Douglas, dispose de l'autorité politique sur une majeure partie du globe - puis sur le reste de la population. Défendu, au sens légal du terme, par l'auteur et avocat et médecin Jubal Harshaw, Smith - plus couramment dénommé Mike dans le roman - est rapidement entouré d'hommes et de femmes fascinés par cet esprit nouveau et puissant. Surtout, le personnage timide et naïf des premiers temps devient bientôt une superpuissance économique, intellectuelle et même religieuse. Sa destinée le place aux côtés des plus grands politiques et prophètes de l'Histoire humaine. Roman autant politique que philosophique, En terre étrangère use du regard de l'étranger - rappelant en cela les Lettres Persanes ou Les voyages de Gulliver - pour observer les moeurs et la morale humaines, et placer au-dessus de tout autre principe celui de liberté, associée à la responsabilité individuelle.

Il semble que Robert Heinlein ait utilisé la forme du roman de science-fiction pour en faire, in fine, tout autre chose qu'une littérature de l'imaginaire. Certes, Mike vient de Mars et les voyages spatiaux sont technologiquement possibles, tandis que la géopolitique de ce monde procède d'une vision futuriste d'un globe unifié. Cependant, le récit est très fermement ancré dans son époque, qui sont les années 1960, les années d'une Amérique surpuissante à l'extérieur et profondément interrogée en son sein intérieur. Certaines expressions, certains mots ou certaines idées exprimées témoignent d'ailleurs de ce poids culturel des années 1960 qui entourent l'écriture du roman. Ainsi de la vision de la femme, ouvertement sexiste - l'un des personnages allant même jusqu'à déclarer que neuf femmes violées sur dix l'est par sa propre faute - qui jure avec le caractère pourtant progressiste des personnages principaux. Il est à noter toutefois que les femmes occupent une grande part du récit et qu'elles sont un vecteur essentiel de l'intégration de Mike parmi les humains. Plus encore, la marque du contexte d'écriture est fortement imprimée sur les thèmes abordés : libération sexuelle, réception de l'étrange et de l'étranger, refus de la violence, critique de la morale religieuse.

De façon assez nette, le roman semble diviser en deux parties. Dans la première, Mike arrive sur Terre et il apparaît davantage comme un objet plutôt que comme un sujet. Convoité par les grandes puissances politiques du monde, Mike est un trophée à détenir plutôt qu'un ambassadeur à recevoir. A cela, Heinlein donne des raisons très pragmatiques : en tant que seul survivant du vaisseau spatial, il est l'héritier non seulement de ses parents, mais aussi des autres passagers, lesquels détenaient tous, par des moyens divers, des fortunes qui font de Mile l'homme le plus riche de la planète. Sur Terre, Mike est protégé par Jubal Harshaw ainsi que par le journaliste Ben Caxton, puis par des personnages féminins aussi dévoués qu'intelligents, dont Jill en premier lieu, infirmière de son état et première protectrice de Mike. Dans la seconde partie du roman, Mike gagne en puissance et en charisme. Sa compréhension des logiques terriennes ainsi que sa puissance intellectuelle lui permettent de s'extraire du cocon protecteur de la maison de Jubal, et de découvrir le monde en grande liberté. Impressionné par l'Église fostérite, Mike fonde sa propre Église, provoquant la fureur de foules américaines qui le lynchent.

Tous les thèmes abordés dans le roman se rejoignent dans un méta-thème, la liberté. Déclinée sous sa forme individuelle et sous sa forme collective, la liberté semble bien être le principal enseignement de Mike. Au niveau individuel, la liberté passe d'abord par celle du corps, et notamment par le moyen sexuel. Mike promeut le sexe comme moyen d'union non seulement physique, mais aussi psychologique et, au-delà, sociale, des corps. le concept de jalousie lui est complètement étranger, et le partage du plaisir est une condition obligatoire au bonheur des hommes. On remarquera toutefois que cet amour est exclusivement hétérosexuel et que, malgré son absence d'a priori, l'homosexualité n'est jamais envisagée par Mike. L'union des corps et des âmes - par le sexe mais aussi par télépathie - est d'ailleurs l'un des piliers de l'Église de Mike, dans une forme totalisante d'empathie. La libération des individus passe par d'autres formes, qui remettent gravement en cause l'ordre établi par l'usage politique et par la morale. Au plus extrême, cette liberté prônée a un goût libertarien, où la liberté individuelle prime sur toute autre forme. Celle-ci est consacrée par la formule "Tu es Dieu", comme une manière d'affirmer le pouvoir absolu que chacun possède pour décider des orientations de sa vie. Mais, explique Mike, cette formule appelle aussi à une responsabilité individuelle totale car l'Homme, débarrassé de Dieu, n'a ainsi plus d'épaule supérieure sur laquelle se reposer. La liberté selon Mike est une affirmation de soi qui n'est pas au détriment d'autrui, mais possible seulement, au contraire, dans le partage. Plusieurs fois, Mike exprime l'incompréhension des Martiens vis-à-vis de la race humaine, égoïste et cruelle ; pour les Martiens, l'honneur suprême consisterait plutôt à offrir son corps à manger à ses congénères affamés. Toutefois, la race humaine connaît des limites qui sont étrangères aux Martiens ainsi qu'à Mike. L'argent, d'abord, est une convention certes très pratique, mais elle empêche l'accomplissement matériel des choses à celui qui n'en possède pas assez, c'est-à-dire à la majorité de la planète. Mike, lui, par son héritage, n'a pas ce souci là. Il met ainsi en place une sorte de communisme total où la propriété privée n'est pas abolie, mais elle perd de son sens dans laquelle mesure où tout appartient à tout le monde. D'autre part, le temps est une dimension que Mike peut étirer à l'infini, grâce à une technique semblable à la méditation qui lui permet de plonger en lui-même et à littéralement prendre le temps d'étudier ce qui l'entoure. La conséquence la plus évidente est que la mort ne présente aucun caractère fatidique pour les Martiens, qui choisissent de se désincarner quand ils le veulent. La mort n'est jamais que physique chez les Martiens, car l'esprit demeure, et est la forme la plus aboutie de l'être ; en témoigne le respect qu'éprouve Mike pour ceux qu'il nomme les Anciens. Ainsi cette conception du temps - ou du non-temps, pour les Martiens - induit deux manières opposées qu'ont les humains et les Martiens d'appréhender la vie. Les uns sont toujours pressés, et ne peuvent pas prendre le temps de comprendre les sujets, aussi importants soient-ils ; les autres ont accès à une connaissance totale de l'univers, du moins potentiellement.

Le rapport est donc radicalement différent pour les humains et les Martiens avec la vérité puisque, pour des raisons matérielles - le temps, l'argent, la morale -, les humains ne peuvent réellement accéder à celle-ci. L'Église fondée par Mike a d'ailleurs cet objectif, plutôt que d'aboutir à une foi, qui ne serait que la soumission à une fatalité, celle de l'acceptation de la méconnaissance de toute chose -, objectif qui est d'amener ses fidèles à la vérité, et donc au bonheur. Là où le savoir humain, limité, aboutit à un malheur induit par l'incapacité à agir et à vraiment comprendre, le savoir total martien, couplé à un respect de l'individu dans un grand tout lui aussi adoré, permet le bonheur. Ainsi Mike devient-il un prophète, un messager d'un Dieu nommé Vérité, ou Bonheur. Telle la figure christique, il offre son corps à la colère de la foule, en sachant que son message est prêt à être diffusé par ses disciples. La diffusion de son message est permise par l'apprentissage du langage martien par les humains, rappelant la nécessaire compréhension de l'arabe, par exemple, pour pleinement appréhender le message coranique. La question du langage apparaît en filigrane dans tout le roman, depuis les premières pages où le droit, comme langage, détermine la liberté et les conditions de vie auxquelles peut prétendre Mike. Après avoir eu des interprètes dans pareille langue, Mike essaie de comprendre l'anglais, médium des sentiments et des concepts humains, telles que l'amour ou la jalousie. La dernière étape consiste en l'apprentissage du martien par le premier cercle des amis de Mike - Jill, Patty, Aube ... - afin que le message de vérité et de liberté se répande, tel l'Évangile, sur la Terre.

En terre étrangère sonne une charge littéraire et philosophique contre le monde moderne et ses représentants : l'État, la religion, la morale, qui empêchent littéralement l'individu de s'accomplir. La présence de Mike met en évidence la corruption des institutions et des dirigeants, prêts à tout pour conserver leur mainmise sur le pouvoir - c'est le cas de Douglas, secrétaire général de la Fédération - ou sur l'argent (ainsi l'évêque fostérite Digby). Il n'est pas innocent que Mike et Jill fassent leurs premières armes dans un cirque et qu'ils se servent de cette expérience pour comprendre les ficelles qui feront leur succès après la fondation de l'Église de Mike. Qui dit cirque dit farce, dit illusion. Mike et Jill y apprennent à parler aux "jobards" qui aiment être émerveillés, mais pas être pris pour des imbéciles. Il n'en demeure pas moins que la libération promise aux hommes se heurte à des préceptes moraux qui tiennent encore sous leur coupe une frange largement majoritaire de la population. Mais seuls seront horrifiés ceux qui n'auront pas compris le message. Il faut être patient pour que les choses changent.
Commenter  J’apprécie          50
Ce livre de Robert Heinlein est une véritable curiosité, qui m'avait échappée lorsque je me suis mis à lire de la science-fiction vers 16-17 ans.

Paru en 1961 (l'année de ma naissance), prix Hugo en 1962, En terre étrangère est devenu culte sur les campus américains au plus fort de la contestation contre la guerre du Vietnam. Ce livre est un complément indispensable à Starship Troopers pour qui veut comprendre Robert Heinlein et ne pas le réduire à une sorte de va-t-en-guerre impérialiste et xénophobe. L'édition que j'ai lue (Livre de Poche 2016) propose d'ailleurs à ce sujet une très utile postface de Gérard Klein.

Le livre est divertissant malgré quelques longueurs et nous offre une galerie de personnages hauts en couleurs, parmi lesquels Jubal Harshaw pour lequel Heinlein s'est pris sans aucun doute pour modèle. Autre fait amusant, c'est dans ce livre que l'auteur invente le verbe "to grok", (traduit ici par gnoquer) qui est passé dans le langage courant de toute une génération de geeks et d'informaticiens.

Pour finir, signalons une traduction que l'on qualifiera de scolaire pour rester poli. Un exemple parmi d'autres, Jill et Mike prennent un "lévrier" pour se rendre d'une ville à une autre. le lévrier en question est naturellement un bus Greyhound, et on se demande comment un traducteur et un éditeur peuvent laisser passer une énormité pareille...
Commenter  J’apprécie          30
Comme pour chaque livre, la seule question qui subsite une fois la lecture achevée est de savoir s'il m'a suffisamment plu, interpellé, questionné ou émerveillé pour que je souhaite me replonger un jour dedans et parcourir une nouvelle fois ses pages. La réponse est oui malgré quelques longueurs dans le récit. L'ensemble reste cohérent et plaisant à lire. La fin est prévisible mais bien traitée pour autant.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai beaucoup aimé ce roman.
Ses thèmes anarchistes et libertaires ont particulièrement raisonnés en moi.

L'approche d'Heinlein reste toujours très originale et son oeuvre reste très atypique dans le domaine de la science fiction qui est bien souvent (trop sans doute) anthropocentrée.

Il s'y adonne à une vive critique de la société matérialiste et capitaliste américaine qui est plaisante à lire.
Un regret néanmoins concernant les thèmes de la liberté sexuelle ou l'on sent quelques dérapages qui m'ont laissé un souvenir quelques peu amers sur un roman particulièrement intéressant.
C'était sans doute l'époque qui voulait cela.
Commenter  J’apprécie          00
Valentin Michaël Smith est le dernier survivant de la première mission spatiale humaine vers Mars. Né sur la planète rouge, il a été élevé pendant des années par les Martiens. Âgé d'une vingtaine d'années, il est ramené sur Terre par une expédition de sauvetage. Il est très vite confronté à un univers inconnu, plongé au coeur d'intrigues politiques, médiatiques et financières qu'il ne comprend pas. Secouru par un journaliste et une infirmière, il trouve refuge chez Jubal Harshaw, un vieil avocat et médecin acariâtre. Grâce à lui, Valentin Michaël Smith tente de comprendre l'espèce humaine et d'expliquer les étonnants et terrifiants pouvoirs dont il semble disposer.

Considéré comme le plus grand des écrivains de SF aux Etats-Unis, Robert Heinlein est surtout connu en Europe pour être l'auteur du roman raciste et militariste "Starship Troopers". Pourtant, En terre étrangère deviendra un des ouvrages de référence de la contre-culture des années 70 et un roman culte du mouvement hippie : religion de l'amour universel, libération sexuelle, mystique de la communion spirituelle avec ses semblables et avec le Cosmos par la méditation et le sexe, critique féroce des médias, de l'Etat, de l'Eglise, de la consommation de masse, des politiciens, de la soif d'argent et de pouvoir, … Bizarrement, ces thèmes qui peuvent paraître éculés sont plutôt rafraîchissants. Cette naïveté apparente fait du bien en cette époque cynique et désabusée qui est la nôtre, principalement parce qu'elle est traitée avec beaucoup d'intelligence, de subtilité et d'humour. Car avant tout, "En terre étrangère" est un roman drôle et spirituel, dans tous les sens du terme.

Malgré un début un peu lent, la lecture de ce roman est rendue jouissive par la finesse des dialogues et des traits d'humour réguliers qui font mouche. Les thèmes abordés auraient pu s'avérer d'une lourdeur insupportable, mais l'auteur évite de nombreux pièges. La fable du gentil Sauvage qui rencontre la Civilisation est évitée, parfois de justesse. Il n'est pas non plus question d'un combat épique du surdoué isolé qui renverse tous les obstacles grâce à ses super-pouvoirs, que l'on rencontre si souvent dans l'oeuvre d'un auteur comme A.E. van Vogt. L'ensemble est même suffisamment moqueur pour faire digérer le final dégoulinant de mysticisme grand-guignolesque.

Prix Hugo du meilleur roman en 1962, "En terre étrangère" sera le premier roman de SF à intégrer la liste des best-sellers du New York Times. En novembre 2016, Syfy annonce même la production d'une adaptation du roman pour la télévision. S'il est difficile d'en préjuger l'intérêt et la qualité, c'est un exemple de plus de l'effet durable produit par ce roman, qui reste une passionnante lecture aujourd'hui.
Lien : https://olidupsite.wordpress..
Commenter  J’apprécie          00
Ce roman fut parait-il un best-seller, un livre culte de la vague hippie des années 1960/70. Il y a vraiment deux parties à ce roman.
Dans la première, c'est la lutte pour la liberté de Valentin Michaël Smith, né sur mars lors de la première mission d'exploration de cette planète, seul survivant de cette mission et éduqué par les martiens, une espèce très ancienne et très sage.
Dans la deuxième, c'est l'apologie dun mode de vie très hippie, d'amour libre et de compréhension universelle, de vie simple (enfin, aidée par une immense fortune aussi), communautaire.
J'avais, à l'époque ou j'ai lu ce livre, préféré de loin la première partie. La deuxième était interpellante car évoquait des pouvoirs cachés de l'esprit humain, disponibles par un apprentissage adéquat (comme celui des anciens martiens).
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (810) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4948 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}