Quatrième roman que je lis d'
Ali Hazelwood, et je commence à déchanter car ils sont tous pareils : même trame, même milieu universitaire, même héroïne peu sûre d'elle et beaucoup d'incohérences.
Mais aussi même humour et mêmes réflexions pertinentes sur le milieu universitaire.
Elsie a obtenu un doctorat de physique au forceps , dans le sens où venant d'une famille pauvre, elle a dû faire un prêt. Sa dette s'est encore agrandie avec les soins médicaux dont elle bénéficie pour son diabéte, et il lui a fallu trouver des solutions. Elle est escort girl en tout bien tout honneur puisqu' il n'y a aucune prestation sexuelle.
Son univers presque routinier vole un peu en éclat lorsque en postulant pour un poste de chercheuse qui la délivrera de son métier de prof qu'elle déteste, l'un des recruteurs (
Jack Smith) n'est autre que le frère d'un de ses bons clients qui la croit bibliothécaire...
Prenez une romance Harlequin, enrobez-là de trucs modernes, et scientifiques , ajoutez beaucoup d'humour et hop, vous avez un roman d'Hazelwood...
Lorsque j'étais étudiante, j'avais été très surprise d'apprendre que la soeur d'une amie, qui s'apprêtait à devenir BAC + 12 ( endocrinologue) , lisait des Harlequin, à la pelle. Ça la détendait , m'avait-elle dit. Eh bien, c'est à elle que je pense en lisant ces histoires.
Ali Hazelwood a eu une sacrée bonne idée en dépoussiérant ce type de littérature, en y introduisant de l'intelligence, beaucoup d'humour, et une pincée de féminisme, ce qui fait que ça plait. Pour le coup : ça détend, et l'on ressort de là, en n'ayant pas l'impression d'être (complétement) idiotes !
Oui mais voilà, il y a une trame inhérente à ce type de littérature qui manque un peu, (beaucoup), de subtilité, mais il faut gratter sous la surface, les réparties fraiches et pleines d'humour...
L'héroine est pauvre, le gars très riche. La fille n'arrive pas à obtenir ce qu'elle veut au niveau professionnel, elle est dominée psychologiquement par son mentor ("à qui elle doit tout"). le héros a très bien réussi, est en position de pouvoir (lui donner un poste ou pas ). Elle a un diabéte qui l'oblige à faire attention à sa santé, lui est en pleine forme . Elle manque d'assurance, pas lui.
Et c'est là que le bat blesse, l'autrice la présente comme une fille un peu sans personnalité, pas très sûre d'elle, se faisant avoir par son mentor, hors, c'est une femme dotée d'un Enorme cerveau qui devrait lui servir à réfléchir ! Elle ne devrait pas manquer d'assurance, pas avec l'activité d'escort qu'elle exerce, c'est impossible ! Elle devrait comprendre les rouages sous-terrains, les luttes politiques de ses collégues chercheurs. Si elle est vraiment brillante comme le pense ses pairs après ses publications, pourquoi est-elle la seule à douter d'elle-même ! Comme s'il n'y avait qu'une personne qui la regardait , son mentor, un enseignant chercheur,, comme si elle avait vécu en vase clos, alors qu'elle doit avoir des dizaines de collègues ! Ce n'est pas possible.
Ce manque de cohérence entre l'intelligence d'Elsie, et sa façon d'être et d'agir, m'a gênée, mais il n'y pas que ça.
Il y a aussi une certaine forme de machisme assumée et valorisée par l'autrice dans le personnage et les agissements du personnage masculin de ce couple, alors qu'elle dénonce par ailleurs celui des universitaires. Où est la cohérence ?
Il y a aussi une sorte de vulgarité qui détonne, qui tranche, dans les scénes sexuelles très explicites, alors que le reste du bouquin est très "mignon" , très fleur bleue.
Et puis, tous les scientifiques ( jeunes ) croisés sont magnifiques...
Des romans d'
Ali Hazelwood, j'aime les débuts, quand l'intrigue se met en place, j'aime l'humour, j'aime ce milieu de la recherche américain que je ne connais pas, j'aime les problématiques qu'elle soulève (prêts étudiants, galère financière, carrières précaires, dénonciation d'un milieu machiste) , mais il y a d'autres aspects qui me plaisent moins et qui pourraient aisément être améliorés. Mais bon, comme d'autres adorent, ce n'est pas pour demain !