AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 36 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
‘Poussière tu es, à la poussière tu retourneras'. Façonné entre les mains divines, le dérisoire morceau d'argile ouvre soudain les yeux. Un geste, un seul, par lui-même. le pantin a acquis sa volonté propre, sa conscience, sa mémoire. Il est devenu un individu à part entière. Que va-t-il faire ?

Fouiller la glèbe.

Quelque part dans la grande forêt de Norvège surgit un homme, un colosse. Il s'appelle Isak. On ne sait pas qui il est. On ne sait pas d'où il vient. Mais il a choisi cette terre pour y enraciner sa vie. Il laboure, sème, dort à la belle étoile puis dans une hutte de terre. Il abat des arbres, transporte les troncs à la ville, les vends. Un jour une femme robuste mais défigurée par un bec de lièvre le rejoint. Ils auront un fils. Puis deux. La Genèse dans les montagnes de Norvège….

Sur ce, le texte n'est pas précisément ce qu'on peut appeler moderniste. le racisme envers les Lapons, décrits littéralement comme de la vermine, est édifiant. le rôle de la femme vu par Hamsun n'est pas non plus des plus attrayant : quand les lumières de la ville les détournent de leur rôle de bonnes ménagères et du goût du dur travail des champs, rien de telle qu'une bonne raclée pour les remettre dans le droit chemin ! Cela dit, toujours selon Hamsun, quand la même chose arrive à un garçon il est fichu et n'est plus bon à rien. La seule route qui lui reste pour devenir un homme, c'est le chemin de l'exil. Sinon il est condamné à devenir une caricature endimanchée dépensant l'argent mais incapable de le gagner faute d'être capable de travailler dur – un homme de la ville, quoi…

Mais ce qui se dessine aussi dans ce texte, c'est un rejet total de l'existentialisme et du consumérisme. Si vous voulez sortir du nombrilisme et arrêter de n'exister qu'à travers les gadgets que vous collectionnez, abandonnez la ville et prenez une fourche ou une cognée. L'accomplissement d'un individu se fait dans la dureté de ses tâches, dans sa proximité avec la terre et sa capacité à produire directement ce qu'il consomme ; pas dans les livres ou dans une quête du soi ne pouvant déboucher que sur le nihilisme, proclame Hamsun

Aujourd'hui, ses thèses et sa vision du monde se retrouvent quasiment à l'identique dans un nombre considérable de mouvements écologistes. Si Hamsun avait compris que la négation de l'individu était exactement la même dans le fascisme que dans le communisme, il n'aurait sans doute pas vu l'accomplissement de son idéal nietzschéen dans un petit homme avec une moustache en brosse à dent. Il n'aurait pas été bouté dans l'oubli. Et il aurait, je le pense vraiment, tenu dans le monde des idées une place bien plus importante. Une place que Sartre occupa sans complexe.
Commenter  J’apprécie          310
Il fut un temps où l'académie du Nobel récompensait souvent en littérature ceux de ces auteurs qui savaient par la fiction traduire en visionnaires l'évolution d'un monde en devenir: Reymont, Galsworthy, Martin du Gard... Ce roman méconnu de Knut Hamsun s'inscrit à mon sens dans cette veine, loin du célèbre "La faim" et plus loin encore des égarements politiques ultérieurs de l'auteur du côté de l'idéologie nazie.
Ravie d'avoir découvert cette superbe saga paysanne qui à travers l'histoire d'une famille et de son patriarche, inamovible et tellurique pionner rétif aux bruits du monde, raconte l'inexorable chemin vers la modernité d'une petite société rurale d'abord quasi féodale puis entrainée peu à peu vers l'appât du gain et du confort.
On vibre au rythme enlevé de cette histoire racontée à hauteur d'hommes et femmes à la volonté forcenée, taiseux mais bouillonnant de l'intérieur, à la fois acteurs et victimes de leur environnement. Et l'on se repose, encore une fois, la question de la différence à faire ou pas entre l'auteur et son oeuvre...
Commenter  J’apprécie          251
Knut Hamsun est un auteur norvégien du tournant du dernier siècle, reconnu (il s'est fait attribuer le prix Nobel de littérature en 1920) mais également controversé vers la fin de sa vie. Depuis un moment déjà je voulais m'attaquer à ce pilier. À la bibliothèque, le premier de ses bouquins sur lequel je suis tombé est L'éveil de la glèbe. Malheureusement, ce ne fut pas un choix qui me satisfit. Essentiellement, il s'agit d'un roman du terroir. Un type solitaire mais travailleur se retire dans une région excentrée de la Norvège, défriche un bout de terre puis se trouve une femme. Celle-là, Inger, est un personnage féminin fort et intéressant. Avec les années, leur famille s'agrandit (et se réduit), des voisins s'amènent, etc. Bref, une histoire plusieurs fois racontée déjà. Tous ces romans qui font l'apologie de la vie d'agriculteurs, plus capable ! En plus, il s'agit d'austères protestants, on est loin des scènes bucoliques et festives de la campagne française… Ça n'a rien à voir avec le talent de l'auteur (quoique son style ne m'ait pas particulièrement interpelé), je le sais, mais ça teinte ma perception de l'oeuvre. Au moins, j'ai trouvé original comment il a intégré des éléments spécifiques à son pays, comme la présence de Lapons et des supersitions locales, ou bien la fracture entre les générations, celles d'Isak et de ses fils Sivert et Eleusis, davantage tourné vers l'avenir… ou l'Amérique.
Commenter  J’apprécie          230
La substantifique moelle de la vie: oui, cela peut paraitre simplissime mais s'installer sur une terre, la cultiver, prendre une femme, créer sa famille et son foyer, les relations sociales qui se font et se défont,...c'est la vie et sacrément bien écrite. J'ai lu beaucoup de livres de K. Hamsun et celui-ci fait partie de mes préférés. Pas de style ampoulé, juste la vie, la vraie, celle des gens du terroir certes mais des humains avec des peines, des joies, des choix difficiles, ..bref, je le recommande sans aucune hésitation!
Commenter  J’apprécie          51
Ce livre ne se démarque pas de mes précédentes lectures au niveau du thème global: il s'agit toujours de l'histoire du destin d'un homme. Après Okwonko et Robert Neville, nous suivons Isak...Mais où sont donc partis les bouquins avec mes héroïnes préférées ? Ce type de lecture ne me ressemble pas trop, ce qui explique la note passable.
L'histoire est divisée en deux grandes parties, centrées essentiellement sur la vie d'Isak. On découvre les conditions de vie des fermiers de cette région, où ils sont soumis au dur travail quotidien de la terre, rythmé par les saisons. A travers le couple Isak/Inger, nous suivons leurs lots de tragédies, de peines et d'erreurs ainsi que ceux de leurs proches voisins. Il y a quelques moments angoissants, lorsque l'auteur aborde le sujet de l'infanticide mais finalement, ce sujet ne prend pas une grande place.
L'objet principal du livre est la description de la vie routinière et laborieuse des colons. L'auteur oppose leur mode de vie à ceux des citadins, des commerçants et des exploitants de la mine de cuivre. Isak est le modèle : un homme travailleur qui ne ménage pas ces forces pour cultiver et agrandir son domaine ; un homme simple et serein qui vit au contact de la nature. Les personnes qui lui sont opposés seraient Brede, son voisin, qui au lieu d'exploiter sa propriété court après des mirages censés lui apporter une fortune immédiate ; ou même son propre fils Eleseus qui le décevra beaucoup. Tout le long du livre, on sent cette opposition, cette comparaison et cette apologie de la nature.
La place réservée aux femmes m'a gênée dans cette histoire : Isak accepte Inger car elle est une aide précieuse pour la ferme, et ce malgré son bec-de-lièvre. Barbro est aussi presque dans le même schéma. Elles sont traitées comme de la main-d'oeuvre "gratuite" et "disponible" (dans tous les sens du terme). Même lorsqu'elles commettent l'irréparable, les hommes préfèrent fermer les yeux par peur de perdre une force de travail nécessaire pour le fonctionnement de la ferme.
Son style d'écriture est simple, avec des phrases courtes. Ce n'est pas une lecture qui m'a envoûté : je n'ai pas eu envie d'aller en Norvège et bien souvent, je trouvais ce rythme et la trame du récit long et ennuyeux. J'en garde un souvenir mitigé, et même si parfois j'étais tenté d'arrêter la lecture, quelque chose m'a retenu jusqu'au bout. Peut-être suis-je passée à côté d'un chef-d'oeuvre ?
En tout cas, je ne vous recommande pas cette lecture.
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
Commenter  J’apprécie          50
Isak se retire dans une région reculée de Norvège avec pour ambition la culture d'une terre en friche. Lorsqu'il rencontre Inger, Isak perçoit sous son physique disgracieux et « son bec de lièvre » un caractère laborieux. Il décide de s'unir à elle et ils construisent ensemble une vie éloignée du monde.

Grâce à leur union, ils vont réussir à bâtir une ferme florissante. Entre concupiscence, jalousie ou infanticide, le couple lutte et l'amour que porte Isak pour Inger se renforce avec le temps.

Au fil des années, la ferme s'étend et doit coexister avec son milieu. D'autres cultivateurs s'installent dans la région et l'influence de la ville se fait de plus en plus prégnante. le progrès qui éclôt dans la région éloignera-t-il Isak de la nature ?

Cette fresque familiale raconte la lente progression d'un couple de fermiers. Knut Hamsun parvient à faire évoluer ses personnages et à construire un portrait de femme puissant sous les traits d'Inger. Je confirme mon attrait pour la plume de Knut Hamsun qui nous propose un très bel éloge de la nature.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
Commenter  J’apprécie          10
Lecture très particulière, très atypique, inclassable pour tout dire. Lu
après « la faim » que j'avais beaucoup aimé, ce livre-ci détonne. Il donne tout d'abord une impression d'écriture « naïve », qui se contente de décrire les faits (genre d'auto-description).
Les rapports entre les gens sont également brut, sans fioritures.
Mais on se laisse prendre à ce jeu, à ce rythme, et j'ai finalement beaucoup aimé cette littérature hors-norme.
Il y a beaucoup d'histoires qui se croisent, dont une pr
Commenter  J’apprécie          10
Surpris par le style et le ton employé. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus solennel, de plus lyrique aussi, et aussi allant beaucoup plus dans le détail des travaux accomplis, dans le détail du quotidien, et dans l'explicitation de la difficulté et de l'effort. Cependant Knut Hamsun a étonnement choisi un ton très neutre, descriptif, avec aussi une voix très à l'humour, comme pour apporter un peu d'autodérision à son texte, sans trop le prendre au sérieux. En découle un texte au ton finalement très léger, et non pas du tout édifiant. Étonnant. Je trouve que ça traîne en longueur sur la seconde partie mais on a envie connaître les rebondissements.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (113) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11247 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}