Hitler, antisémite de toujours: cette évidence ne l'est peut-être pas tant que cela. Au cours de ses années viennoises de 1908 à 1913, rien n'indique que le futur dictateur ait manifesté une animosité particulière envers les juifs. Encore moins se plaindre de certains d'eux à titre personnel, comme voudraient certaines légendes. Telles sont les conclusions de l'historienne allemande
Brigitte Hamann, auteure d'une étude extrêmement fouillée de la jeunesse d'Hitler, mais la haine, c'est certain, suintait dans la capitale d'un empire multinational austro-hongrois en crise. Au pilori des partisans de la Grande Allemagne, les autrichiens loyalistes, les sociaux-démocrates et surtout les juifs émancipés en 1867 par l'empereur, et les pangermanistes viennois furent les tuteurs du fondateur du IIIe Reich, mais ce n'est qu'après la Première Guerre mondiale qu'Hitler mit leurs leçons à profit pour développer l'antisémitisme racial idéologique, pièce maîtresse du nazisme.