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EAN : 9782220059167
380 pages
Desclée de Brouwer (06/12/2007)
4.2/5   15 notes
Résumé :
Ces derniers temps, on s'est beaucoup questionné sur efficacité des thérapies : pour beaucoup, c'est la personnalité du thérapeute, sa compétence et sa force qui sont en cause. Ce livre présente clairement la façon de faire de celui qui est presque devenu un mythe aux Etats-Unis : Milton H. Erickson. Une large part est donnée à sa parole même, et on découvre comment chaque personne, grâce à la compétence et à la pratique d'un thérapeute exceptionnel, et quelles que ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Erickson est un original et dans bien des cas, génial. Là où on peut le critiquer c'est dans sa vision un peu archaïque de l'évolution d'un être qui tendrait d'office au mariage et à la construction d'une famille. En disant cela, on est injuste à son égard car il fait aussi montre de souplesse et de respect infini dans les personnes et qui ils sont.
Sa vision est donc en cycle de vie, enfance, passage à l'adolescence, l'âge adulte, mariage, enfants... A chaque fois de nouveaux problèmes, de nouvelles déstabilisations, de nouvelles stases...
Erickson utilise l'hypnose, de façon directe, parfois indirecte, parfois pas, s'adapte sans arrêt. Il a en outre une incroyable faculté à se donner du temps et d'oser des techniques tout à fait hors norme, proposant, imposant des tâches incroyables à ses patients, mais toujours avec un but clair dans sa tête et un vrai respect. Il ose presque tout. Insulter, faire tourner en bourrique, se moquer, augmenter le mal, la souffrance pour faire se rebeller un patient endormi...
Il y a trop de choses à dire sur ce personnage.
On peut juste regretter la frilosité des psychiatres et des divers chefs d'unité en psychiatrie qui sont trop dans une recherche diagnostique et de traitement médicamenteux, plutôt que de réellement parler le langage du patient, le comprendre dans ce langage, et pouvoir infléchir les raisons de sa "folie"... Il y a des passages incroyables de traitement avec des cas très lourds, désespérés qui sont confondants et donnent vraiment à réfléchir. Faut oser !!
Sinon, hélas, le texte n'est pas agréable à lire, il est mal mis en page, il n'y a pas assez de paragraphes ou de changement de typographie ou que sais-je, les dialogues sont parfois difficile à suivre, il y a sûrement moyen de trouver des artifices pour fluidifier ce texte trop dense et si riche. On pourrait/devrait le rééditer, je pense.
Sinon, ce n'est pas un traité sur l'hypnose, ce n'est pas non plus une biographie d'un maître (quoique), c'est un ensemble assez cohérent de toute une vision de la thérapie et tout un travail rempli de pépites, de culot et de talent.


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Livre intéressant si on lui passe qu'il date: point de vue sur le mariage, éthique un peu limite... il y a quelques points qui m'ont un peu gênée (comme faire croire à un homme souffrant d'une phobie quand les ascenseurs montent que la liftière va l'embrasser de force, à chaque arrêt de la montée) mais dans l'ensemble il vaut le coup.
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Un ouvrage qui fourmille d'exemples de cas individuels ou familiaux traités par Erickson. Riche et intéressant.
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Le livre qui a fait connaître Milton Erickson.
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Citations et extraits (234) Voir plus Ajouter une citation
Favoriser une réaction en s’y opposant
Il faut rattacher à cette technique la manière dont Erickson s’arrange pour décider un mari, jusque-là hostile à coopérer, à se soumettre "spontanément" à un traitement en même temps que sa femme. Si le mari refuse d’assister aux séances, Erickson voit l’épouse seule. Au cours de chaque entretien, il mentionne un fait avec lequel il sait que le mari sera en désaccord, et il dit : "Je suppose que votre mari sera d’accord avec cela », ou bien : « Je ne suis pas sûr que votre mari comprenne cela." Tenu au courant par sa femme de l’incompréhension que manifeste le médecin à son encontre, le mari va faire usage de son libre arbitre et demandera avec insistance à sa femme de lui prendre un rendez-vous pour mettre les choses au point avec Erickson – et ce faisant, le voilà mûr pour la thérapie !

C’est un trait distinctif du travail qu’effectue Erickson en hypnose que de chercher à obtenir une réaction minime ; ensuite, il s’en sert comme base de travail et amplifie cette réaction jusqu’à ce que l’objectif visé soit atteint.

Eviter l’introspection
Autant Erickson est porté à entreprendre un travail destiné à modifier une relation, autant il est peu enclin à concentrer son énergie pour aider les gens à comprendre pourquoi ou comment les rapports qu’ils entretiennent ne sont pas satisfaisants. Ce qui apparaît fondamental dans son approche thérapeutique, c’est l’absence d’interprétation de ce que l’on suppose être les causes du comportement. Son style de thérapie ne repose pas sur l’investigation des processus de l’inconscient, il ne consiste pas à aider les gens à comprendre leurs difficultés de relations interpersonnelles, il n’y a pas d’interprétations de transfert, pas d’examen des motivations des gens, pas même de reconditionnement. Sa théorie du changement est plus complexe ; elle repose sur l’impact interpersonnel du thérapeute sans que le patient en prenne conscience, elle inclut l’attribution de consignes qui amènent un changement de comportement, et elle insiste sur la communication métaphorique.

Deux exemples de cas pratiques extraits du livre :
" Le problème en question était celui d’une fille de 14 ans qui imaginait qu’elle avait des pieds beaucoup trop grands. En l’espace de 3 mois elle s’était mise à mener une existence de plus en plus retirée, et elle refusait d’aller à l’école…. Elle ne voulait pas qu’on aborde le sujet de ses pieds. Sa mère et moi, nous convînmes que je me rendrais à leur domicile sous un prétexte quelconque. Nous dirions à la jeune fille que je venais examiner sa mère pour voir si elle avait attrapé la grippe…
Pendant que je finissais d’examiner sa mère, je fis en sorte que la jeune fille se trouve placée juste derrière moi. J’étais assis sur le lit et je parlais à la mère, puis je me levai lentement et avec précaution. En reculant maladroitement, je posai mon talon en plein sur les orteils de la jeune fille. Celle-ci, bien sûr, poussa un hurlement de douleur. Je me retournai et lui dis d’un ton absolument furieux : " Si seulement vos pieds étaient assez grands pour qu’on les voie, je n’aurais pas marché dessus ! " La jeune fille me regarda d’un air perplexe pendant que je rédigeais l’ordonnance et que je téléphonais à la pharmacie. Ce jour-là, elle demanda à sa mère si elle pouvait aller au cinéma, ce qui ne lui était pas arrivé depuis des mois. Elle retourna en classe…"

" Une jeune femme vint me voir car elle s’inquiétait beaucoup au sujet de ses parents. Elle avait un père et une mère qui faisaient preuve d’une sollicitude et d’une possessivité vraiment exagérée. Ce qui tracassait le plus ma patiente, c’était que ses parents, en guise de cadeau pour l’obtention de son diplôme de fin d’études secondaires, lui avaient offert entre autres choses la construction d’un certain nombre de pièces qu’il firent ajouter à leur maison afin que, lorsqu’elle se marierait, elle pût habiter là. Ma patiente disait qu’elle ne savait que faire à propos de ces pièces ajoutées à la maison : en effet, ils attendaient d’elle qu’elle s’installât à leurs côtés, et elle ne le souhaitait pas. Dire qu’ils avaient investi tout cet argent, et qu’ils montraient tant de gentillesse ! La jeune fille avait le sentiment d’être piégée par ses parents ; elle ne parviendrait jamais à devenir indépendante même si elle se mariait.
Je vis les parents ensemble, et nous eûmes une série de conversations agréables. Je les félicitai de la sollicitude qu’ils manifestaient envers leur fille et du souci qu’ils avaient de son bien-être. Ils avaient prévu l’avenir de leur fille, c’est pourquoi j’évoquai le moment où elle tomberait amoureuse, ses fiançailles, son mariage, sa grossesse, et la naissance de l’enfant. J’insistai sur le fait qu’ils étaient disposés, bien davantage que d’autres parents, à accepter les conséquences de ces futurs événements. La plupart des parents, lorsque leur fille est élevée, estiment que leur tâche est achevée, mais eux, ils pouvaient envisager de poursuivre leurs efforts. Comme leur fille habiterait vraiment à côté d’eux, dans cette partie ajoutée de leur maison, ils pourraient lui rendre d’innombrables services lorsqu’elle aurait un enfant. Ils seraient disponibles à n’importe quel moment pour garder le bébé, contrairement à beaucoup de parents qui n’appréciaient pas cette contrainte. Le bébé pleurerait peut-être pendant la nuit, mais bien entendu, ils avaient fait insonoriser les murs des pièces supplémentaires ? Il se révéla qu’ils n’en avaient rien fait. Aussi les félicitai-je d’être prêts à affronter à nouveau les problèmes qu’ils avaient déjà eus lorsqu’ils étaient jeunes au temps où leur fille était elle-même un bébé. Puis nous avons parlé du moment où leur petit-fils ou leur petite-fille commencerait à marcher ; évidemment, comme l’enfant habiterait vraiment sur place, il ne cesserait d’entrer chez eux et d’en sortir. Nous nous rappelâmes ce que c’était que d’avoir un petit enfant qui commence juste à marcher et qui va partout : il faut mettre hors de sa portée tous les objets qu’il pourrait casser ; en fait, cela force à tout réarranger dans la maison. Tous les grands parents ne seraient pas disposés comme eux l’étaient à sacrifier leur façon de vivre.
Les parents commencèrent à éprouver quelques doutes et à se demander s’ils souhaiteraient vraiment que leur fille s’installe aussi près d’eux….
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A première vue, il pourrait sembler bizarre que l'un des points clé d'un processus thérapeutique consiste à suggérer le refoulement d'un "insight" (d'une soudaine et meilleure compréhension de soi). Cependant j'avais eu recours à ce procédé pour trois raisons. D'abord, cela impliquait qu'une grande partie de cette prise de conscience affective pouvait soir rester inconsciente, soit le redevenir sans que pour autant la valeur thérapeutique du procédé en question en soit amoindrie. Ensuite, cela constituait un moyen de protéger la patiente, qui aurait risqué d'être perturbée si elle avait eu le sentiment que quelqu'un d'autre qu'elle était au courant de choses personnelles qu'elle connaissait maintenant mais souhaitait garder pour elle ; c'est pourquoi il était important de lui suggérer que sa compréhension dépassait de beaucoup la mienne. Et enfin, la patiente, en considérant tout cela comme une simple construction d'hypothèses et de probabilités élaborée par moi, avait la possibilité de s'approprier peu à peu cette découverte, de façon lente et progressive, tout en mettant la valeur à l'épreuve.
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Erickson. - Oui. Il ne faut jamais oublier que notre propre familiarité avec nous-mêmes, avec notre moi physique, est telle que, consciemment, nous ne faisons jamais attention à tout cela. Comment peut-on savoir si une femme a des faux seins ?
J.T. [Jeune Thérapeute]. - Je me le demande... Peut-être à cause de leur volume excessif par rapport au reste du corps ?
Erickson. - Je vais vous montrer. Je demande ç une femme de s'asseoir en se tenant bien droite, puis de supposer qu'elle a un moustique sur l'épaule droite, puis de supposer qu'elle a un moustique sur l'épaule droite ; et je lui demande de l'écraser. Regardez d'abord comment je fais. (Il fait un grand geste du bras sans toucher sa poitrine.) Evidemment, j'exagère pour bien vous montrer comment elle fait - vous voyez, elle règle son geste d'après la grosseur réelle de sa poitrine.
J.T - Oh ! Je vois. Si elle a des faux seins, elle frotte son bras contre sa poitrine.
Erickson. - Oui, si elle a des seins vraiment petits, presque pas de poitrine, elle aura tendance à se frapper l'épaule comme je le ferais. Si elle a une forte poitrine, elle fera un geste plus large.
J.T. - C'est un test assez simple.

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Je fais certaines choses lorsque j'ai un entretien avec un groupe familial, un couple marié ou une mère et son fils. Les gens viennent pour qu'on les aide, mais aussi pour trouver une justification à leur façon d'agir et pour sauver la face. Je fais attention à cela, et j'ai tendance à m'exprimer d'une manière qui leur fait croire que je suis de leur côté. Puis j'opère une digression acceptable pour eux ; mais pendant ce temps-là, ils restent dans l'expectative. Ils ne peuvent faire autrement que d'admettre que ma digression est justifiée et parfaitement correcte, mais ils ne s'attendaient pas à ne pas savoir à quoi s'en tenir, et ils ont envie de connaître la solution que j'étais sur le point de leur révéler. Puisqu'ils attendent cette solution, il y a davantage de chances pour qu'ils acceptent ce que je dis. Ils attendent avec une très grande impatience que je me prononce de façon décisive. Si la consigne était énoncée immédiatement, ils pourraient engager une controverse à son sujet. Mais si vous faites une longue digression, ils espèrent que vous allez en revenir au propos initial, et votre décision reçoit un accueil favorable.

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Il y a tant de thérapeutes, dont la formation est trop étroitement médicale, qui oublient les droits du patient. Et ils essayent de soulager une jeune fille qui a des règles douloureuses par une suppression complète des douleurs. [...] Elle repousse votre offre de soulagement parce que vous n'avez pas pris en considération le cours naturel des événements. Dans son inconscient, elle s'en rend parfaitement compte et vous perdez toute crédibilité à ses yeux parce que vous vous contentez en fait de supposer qu'elle n'a a effectivement jamais aucune interruption. Mais c'est pourtant ce qui se produira. Elle peut tomber malade. Peut-être qu'elle est déjà tombée malade et que ses règles se sont interrompues. Et son inconscient, en vous demandant de l'aide, veut que vous la considériez comme quelqu'n qui va se trouver personnellement dans telle ou telle situation.
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