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Citations sur Variations sauvages (46)

« Si ma vie avait dû s’arrêter à cet instant, je serais mort avec joie », s’exclama Dostoïevski.
Ainsi, ces mots ont fait leur lit dans mon cœur alors que j’avais à peine quinze ans. Ils ont épousé mon âme, ils l’ont entourée de milles attentions. Alors, dans des rendez-vous amoureux et passionnés, j’ai retrouvé Dostoïevski pendant des nuits entières, cachée sous mes draps avec pour seule lumière une lampe de poche. Dans ses romans que j’effeuillais selon l’ordre des pages et le désordre des passages, grâce à ses mots, guidée par son art si particulier de l’ellipse et de la parabole, je vérifiais que la douleur n’est pas le lieu de notre désir mais de notre certitude. Dostoïevski, à force d’exposer les cœurs désespérés d’éternité, me montrait jusqu’où peut aller l’amour de la vie dans les êtres profonds, nés pour la souffrance ; cet amour-là porte à tous les excès, que l’on appelle ailleurs des crimes selon le droit.
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La musique s'est-elle emparée de moi parce qu'elle est le prolongement du silence, ce silence qui la précède toujours, qui retentit au cœur du morceau ? La musique est l'accès à un ailleurs de la parole, que la parole ne peut pas dire et que le silence dit pourtant, en le taisant. Une musique sans silence, qu'est-ce, sinon le bruit ?
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J’avais les loups. J’avais la musique.
J’avais la musique des loups sous la lune, et dans mon jeu toute l’animalité qui sauvegarde l’artiste.
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J’étais tombée, chez un bouquiniste, sur un ouvrage de Hermann Hesse – son roman Narcisse et Goldmund est devenu l’un de mes livres favoris. Sur une page ouverte au hasard, une phrase disait : « La musique repose sur l’harmonie entre le Ciel et la Terre, sur la coïncidence du trouble et du clair. » Ces mots m’ont frappée au cœur, comme s’ils mettaient directement adressés. A cet instant, j’ai introduit dans mon vocabulaire la notion de « trouble ».
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il m’arrive de rester longtemps sans parler ; alors la parole m’apparaît superflue. Parfois, je pratique des ascèses de silence, longtemps, jusqu’à ce que j’entende dans le silence la musique même du silence : un rien, mais un rien qui parle, qui s’écoute. La musique est un prolongement du silence, elle est aussi ce qui la précède, ce qui retentit au cœur du morceau. Elle est un accès à un ailleurs de la parole, que la parole ne peut pas dire et que le silence dit pourtant, en le taisant. Une musique sans silence ? J’appelle cela du bruit.
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Ce que j’ai aimé profondément dans la musique de Brahms, c’est ce qu’elle raconte, note après note : une vie volontairement retranchée, vouée exclusivement à l’essentiel. Et qu’est-ce donc que cette musique, sinon l’histoire de ce voyageur attendu, toujours le même, toujours un autre, qui a pris passage sur le pont du navire, à l’avant, face au soleil, pour un aller sans retour ?
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En fait, une seule culture a respecté le loup, et encore dans la mythologie seulement car sur ses terres aussi, il était impitoyablement chassé pour sa fourrure. Les pays celtes et les contrées scandinaves aux nuits infinies d’hiver, aux ciels d’une pureté cristalline dans la rhapsodie blanche du Nord lui ont attribué, dans leurs légendes, le symbole de la lumière. Là où d’autres le font hurler sous la lune, le loup y incarne le soleil. Au cœur de ces grands espaces saisis, dans leur aveuglante vérité, par le froid, dans cet autre éden, ce paradis préadamique où ne fleurit aucun mensonge ni imposture, dans ce Grand Nord qui n’admet aucun relâchement, interdit toute langueur sauf en l’amour, le loup est la vie, plus mordante que le gel. La vie, dans une acuité énorme.
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Passé Arles, quand on prenait la route des Salins ou celle de Saintes-Maries, mon attention se tendait comme un arc. Je sentais mon cœur battre plus fort. Je scrutais le paysage de toutes mes forces, dans l’attente du chemin de terre qui nous mènerait dans les replis secrets du delta.
Si, partout, j’avais l’impression d’être une fausse note, là, au contraire, je participais à une vaste harmonie. Dans les étangs et les miroirs d’eau à perte de vue, on sentait la force du Rhône, on devinait qu’il pouvait devenir à son tour taureau, donner du flot comme de la corne. Ce n’était plus le soleil d’abeilles et de mimosa du jardin, mais l’éblouissement impitoyable d’un midi aux quatre points cardinaux. Les flamands roses, les chevaux sauvages brassaient le parfum puissant du sel et de l’humus. La liberté avec laquelle, brusquement, les uns prenaient leur envol et les autres leurs galops en secouant leurs crinières me vitaminait l’âme. La Camargue était plus qu’un paysage : le soupçon brièvement entrevu, l’intuition fulgurante d’une harmonie entre mon âme et un avenir. Là, pour la première fois, j’ai eu la prémonition de grandes choses, d’un destin.
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Si quelqu'un, à cause de maladies qui s'en prennent à sa tête, entre en fureur, il faut lui raser le crâne, puis faire cuire un loup dans de l'eau, après avoir enlevé la peau et les viscères ; laver alors la tête du furieux avec l'eau de cuisson, en obstruant les yeux, les oreilles et la bouche avec des linges, pour que l'eau n'y entre pas : car si ce liquide entre dans son corps, sa folie augmente comme si c'était du poison ; répéter cela pendant trois jours - même si la folie est forte, il retrouvera ses esprits. S'il ne supporte pas qu'on obstrue ses yeux, son nez et sa bouche, il faut alors tremper un linge dans un bouillon et envelopper sa tête avec ce linge encore tiède, qu'on laissera une petite heure sur sa tête ; répéter pendant trois jours et l'homme reviendra à son bon sens. Quand il ira mieux, laver la tête avec du vin chaud pour en enlever la graisse.
C'est sainte Hildegarde de Bingen qui écrit ces lignes dans son Livre des subtilités et des créatures divines entre 1105, année où elle est confiée aux Bénédictines (elle a huit ans), et le 17 septembre 1179, où elle meurt dans le monastère de Rupertsberg, qu'elle a fondé en Allemagne.
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jouer la musique de Bach ou les messes de Mozart, c’est peindre des icônes avec des sons.
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