Bon livre, qui aurait pu être formidable s'il n'était pas si inégal. La traduction est très fainéante par ailleurs, se content souvent de faire du "mot à mot" d'expressions idiomatiques anglaises.
Sur les 8 chapitres, la qualité va décroissante :
- les 2-3 premiers sont excellents
- les ch. 4-5 sont moyens
- les chapitres 6-7-8 sont franchement bancals
Les essayistes américains ont souvent ce travers de vouloir "tout mettre" dans les premiers chapitres, pour captiver le lecteur qui feuillette en librairie, sans consacrer autant d'effort aux autres chapitres.
Je reproche à cet essai son manque de "fil rouge" : l'auteur semble accoler des illustrations sur son thème général (chapitre après chapitre), sans avoir cherché au préalable à en établir une structure. On retrouve également une tendance à l'américaine.
De même, l'auteur développe beaucoup trop les biographies de certains des auteurs évoqués, on n'en demande pas tant. Avec surtout des références américaines, peu connues du public francophone.
Et enfin, l'auteur délaie son propos à travers moultes exemples et paragraphes. Tout le bouquin est littéralement résumé en 7 pages à la fin (P. 245 à 252) !
Cependant, vous y trouverez également beaucoup de choses intéressantes, mais il y a à boire et à manger :
- Ch 1: être original, c'est chercher à améliorer les choses. Une manière de s'y prendre, c'est d'adopter un regard neuf (le "vuja de", inverse de déjà-vu). 15% des gens osent proposent de nouvelles idées au travail...
- Ch 2 : pour évaluer une idée nouvelle, inutile de la soumettre aux managers ou aux clients (et encore moins à son inventeur). Il faut la soumettre aux "pairs créatifs", qui ont déjà innové. Idéalement, pas non plus un expert à 100%. Attention à l'intuition, qui n'est d'aucune aide. Importance de l'exécution, de l'équipe opérationnelle (vs l'idée)
- Ch 3 : attendre de grimper les échelons pour afficher ses idées originales. Révéler (proactivement) les défauts de son projet pour lever les suspicions. Pour convaincre, s'adresser à son N+2/3 et aux N-1/2/3, pas à son N ou N+1
- Ch 4 : procrastination comme source de créativité. Importance de l'état du marché pour une innovation (est-il prêt ou non ? trop tôt ?) Pas que des avantages à être le 1er, 4 grands inconvénients. Innovation conceptuelle (pas d'XP nécessaire) vs expérimentale (nécessite des années de maîtrise, par accumulation).
- Ch 5 : importance de se rattacher à qqch de modéré ou d'existant quand on veut convaincre : radicalisme ne marche pas. OUI à un radicalisme mesuré.
- Ch 6 : (mentors et proches favorisent l'originalité). Chapitre bancal. Approche très déterministe. le thème du mentor est évacué en une seule page.
- Ch 7 (culture de l'avocat du diable) : pas appris grand chose car thème déjà abordé dans mes lectures précédentes (notamment Les Décisions absurdes de
Christian Morel)
- Ch 8 : (résilience) : chapitre très étrange, passant du coq à l'âne, pas de fil rouge
NB : à signaler, police d'écriture très désagréable, style "machine à écrire" (Courier).