Entre mon coup de coeur (sans stage à l'hôpital, heureusement) pour le génial
Kisanga, et l'autre livre plus moyen d'
Emmanuel Grand :
Les salauds devront payer, en voici un troisième :
Sur l'autre rive : là, mon coeur ne balance plus.
Grand.
On y retrouve le souci du détail, les caractères campés en trois phrases, le phrasé spécial pour nous faire partager la beauté de ces lieux, entre Saint Nazaire et Noirmoutier.
L'introduction est non datée, un trou noir dans la mer happe Franck.
Aujourd'hui Julia, avocate parisienne un peu jet set dans un cabinet de haut vol, rentre dans son village natal Trifouillis, euh, Triscane, euh, Trignac où elle n'a plus mis les pieds depuis des années, et n'y revient que parce qu'elle a appris la mort de son frère.
Devant le cadavre sorti de l'eau depuis des heures, le légiste est formel : Il est mort !
Or la situation se complique, les Gilets jaunes manifestent : « halte aux suicides sur le pont de Saint- Nazaire. »
Entre la belle Julia, la belle Laure au profil baoulé, sa collègue antillaise, et l'affaire, Marc Ferré, chargé de l'enquête, ne peut oublier son intuition, que rien pourtant ne corrobore : ceci n'est pas un suicide.
Pascal, le père, soupire : “Pourquoi cette enquête sur un suicide ? Ils n'ont vraiment rien d'autre à foutre dans la police ?”
Christine, la mère, pour qui le fils en hérissant sa crête de petit coq était le sel de la terre, « dans un rapport oedipien délétère » perd la tête et tombe en catalepsie.
Toute la famille est ainsi passée en revue, puis nous apprenons la vie de Franck, pendant des pages et des pages : son appartenance à un club de foot, sa copine Sandra, son oncle Régis, son amitié avec des bourgeois friqués, alors que son père est au chômage, son petit boulot dans une jardinerie, et…. une télévision qui vaut 7000 euros, une Alfa Romeo rouge, un train de vie sans rapport avec ce qu'il gagne.
Suivez mon regard.
Une fois toutes les présentations faites et des retours en arrière,
Emmanuel Grand s'arrange pour que le capitaine Ferré et sa collègue restent humblement au deuxième plan, et que nous fassions l'enquête comme des grands.
J'ai d'abord pensé que c'était pas mon job, j'ai envisagé me plaindre à l'auteur, cependant les arcanes du passé récent de Franck m'ont ouvert peu à peu les yeux. Avant de vous laisser à votre triste sort puisque je serai muette quant à la suite de l'histoire, et il s'en passe… des choses, vous dire qu'
Emmanuel Grand assaisonne son livre de quelques morts, de fêtes bien arrosées, vous avez bien compris j'espère le trafic mortifère de Franck, enfin une scène d'amour dans la baie de Noirmoutier (pays qu'il connait tellement bien que certaines pages pourraient figurer dans un guide de voyage) et renversement des perspectives, des horaires et des coupables, ceci au dernier moment.