J'ai longtemps tourné autour de ce roman, avant de me décider à l'acheter et à le lire dans la foulée. Surprise ! Ce livre est extrêmement facile à lire, je me suis laissée emporter par ce récit. Je suis allée au bout de ce livre sans m'en apercevoir.
La chronologie du récit, qui se déroule sur cinq ans, est extrêmement précise, chaque chapitre s'ouvre pas une date, indique parfois l'heure et le lieu comme s'il s'agissait d'un journal de bord d'une époque révolue. Nous suivons l'itinéraire de deux personnages, Claire, une lycéenne mal dans sa peau et Franck, VRP, séducteur impénitent et sûr de lui (il résume à lui seul tous les clichés d‘une époque).
Bien sûr, ce qui m'a attiré dans ce roman, c'est qu'il parlait d'une époque que j'ai vécue. J'ai quasiment l'âge de Louisa, la petite soeur
De Claire. J'ai reconnu la plupart des marques et des émissions qui ont été citées. Au début, ce procédé rend presque le récit étouffant. Il donne l'impression de dresser un catalogue exhaustif de toutes les marques qui existaient à l'époque. Puis, j'ai cherché sa signification : montrer que la société de consommation existait déjà à l'époque ? Montrer surtout qu'elle étouffait tout et que le paraître, l'avoir remplaçait déjà l'être.
S'ils sont capables de mettre des mots sur ce qu'ils possèdent ou désirent posséder, ils sont incapables de mettre des mots sur leur mal-être. On le fera, plus tard, dans les années 90. On parlera de troubles obsessionnelles compulsif, on parlera de boulimie, et de bien d'autres pathologies encore. Pour être exact, ils sont incapables de mettre des mots tout courts. le dialogue est difficile, pour ne pas dire impossible entre les personnages. le métier de Franck est à cet égard très représentatif car son discours, bien rodé et efficace, a pour but de vendre, et aussi de se vendre lui-même, son activité principale étant de séduire ses clientes avant de leur placer un des produits phares des années 80. En revanche, son beau discours tombe à plat face à sa compagne, Nadine, absolument pas dupe de ses manoeuvres pour lui imposer ses volontés.
La fin du roman, qui nous mène aux portes des années 90, reste ouverte, et c'est à nous d'imaginer ce qu'ils deviendront. Certes, le récit comporte parfois des anticipations, mais elles se portent davantage sur des personnages secondaires (la grand-mère
De Claire, une de ses amies) ou sur l'évolution des produits consommés (nous savons quand Claire aura son premier portable, comme nous avons su quand elle a eu son premier bic) que sur leurs destinées individuelles. L'avoir a définitivement triomphé sur l'être.
Ce premier roman est très prometteur, je suivrai de près les prochaines publications de cette auteur.
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