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De cet écrivain russe, j'ai lu , il y a fort longtemps , avec passion et moult émotion la trilogie autobiographique, "Enfance", "Mes apprentissages",
et "Mes Universités", mais j'avoue bien honteusement n'avoir jamais parcouru ce grand classique...réédité magnifiquement par les éditions,
"Le Temps des cerises"....¨Pélagie, femme et mère d'ouvrier, illettrée,écrasée par une vie laborieuse et les coups d'un mari alcoolique , de son vivant...va apprendre au contact de son fils et de ses camarades la réalité du monde ouvrier et de l'engagement politique...

L'évolution extraordinaire, exemplaire d'une mère qui par amour pour son fils, va avoir l'élan de comprendre ses idéaux, ses révoltes...

Un témoignage des plus prenants sur le peuple russe quelques années avant la Révolution d'Octobre, ce roman met en scène le portait unique d'une figure maternelle, qui va s'éveiller intellectuellement, humainement....
Elle va apprendre à lire à 40 ans... et s'investir de toutes ses forces pour soutenir, participer à son niveau aux actions de son fils, dont elle admire l'intelligence et le courage !

Avec cette figure féminine emblématique, c'est un très beau texte que Gorki nous offre, où des camarades-ouvriers se mettent à lire, réfléchir, pour ne pas répéter la fatalité vécue par leurs parents ni les injustices criantes vécues
par les classes laborieuses, traitées depuis toujours comme "quantités négligeables" !!

Je ne peux résister à transcrire un extrait de l'excellente préface de François Eychart : "La Mère offre un des plus beaux portraits de femme de la littérature mondiale. (...)
Gorki, lui, a osé faire de Pélagie Vlassova le sujet d'une oeuvre dont le retentissement fut considérable parce qu'il s'agit d'une femme des plus ordinaires qui prend toute son amplitude en devenant une militante du combat pour la révolution.

On s'étonne que le courant féministe n'ait pas cru devoir revenir sur ce roman. (...)
Car c'est à une sorte d'insurrection que le roman de Gorki convie son lecteur, insurrection contre ce qui courbe les humbles, les maintient dans leur faiblesse, les désarme d'avance contre leur malheur. Au fur et à mesure qu'elle
se libère la mère s'affirme, devient de plus en plus elle-même. Elle dévoile ses qualités en devenant un élément actif du mouvement révolutionnaire.
C'était là, bien sûr, un scandale pour l'opinion de l'époque qui, même dans sa partie progressiste, n'acceptait une telle audace que pour des femmes instruites, appartenant aux milieux éclairés et aisés. La participation d'une
femme du peuple au mouvement socialiste restait un interdit" (p. 7-8)
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Avec son roman La mère, Maxim Gorki nous offre le portrait d'une femme du peuple ordinaire mais qui, par son amour pour son fils, se révèlera un des personnages les plus intrigants et poignants de la littérature russe. du moins, c'est mon opinion. Pélagie Vlassov est la veuve d'un mari tyrannique (alcoolique et violent). Son fils Paul deviendra-t-il comme son père ? Mais non. Il se détourne de cette voix. Et pas seulement, il effectue un 180 degrés. Il se met à lire (quoi ? la pauvre mère illettrée ne saurait le dire), puis à fréquenter des gens, même à recevoir chez lui ces « camarades », comme Nicolas Vessovchikov. L'action se déroule en 1906, alors on voit venir la suite… le communisme ou le socialisme, comme vous voudrez bien le nommer.

Fort heureusement, l'auteur nous épargne de longs passages descriptifs où d'autres auraient décrit en long et en large ces philosophies des débats politiques à n'en plus finir. Et c'est d'autant plus crédible que ses personnages centraux proviennent du peuple, pas des intellectuels (ceux qui ont échoué la révolution avortée de 1905). Un an plus tard, il va sans dire que le socialisme et le communisme sont fortement réprimés. Un jour, le directeur de la fabrique veut tirer profit d'un marais adjaçant et souhaite refiler la facture des travaux aux ouvriers (en retenant un kopek par rouble sur leurs salaires) sous prétexte que l'assainissement de l'endroit améliorerait les conditions de tous. Paul Vlassov est le premier à se lever et il encourage ses collègues à la résistance. Évidemment, il est emmené en prison. Sa mère aurait pu se désoler, se refermer sur elle-même et dépérir (comme elle s'était écrasée sous son mari) mais non ! Elle embrassera plutôt les idéaux de son fils.

C'est ainsi que Pélagie va se transformer. Elle prend sur elle de continuer le travail de son fils. Elle continue à héberger Rebyne malgré l'opprobe qui commence à s'abattre sur sa maison. Puis elle aide directement les amis de son fils. Réussissant à se faufiler partout (qui suspecterait une vieille femme), elle circule dans la région, distribue des tracts, fait passer des messages, etc. Elle se bagarre même avec la police ! de plus, elle apprend à lire à son âge afin d'appuyer le mouvement de son mieux. Ainsi, elle deviendra un des symboles de la classe laborieuse !

Pélagie, qui était au début un personnage de mal-aimée, une femme parmi les plus ordinaires, devient malgré elle une héroïne. (Pas vraiment le type de figures féminines auxquels les grands auteurs russes nous ont habitués!) de faible elle s'affirme. Qui aurait pu croire qu'elle deviendrait l'instrument de l'action politique, une militante du combat pour la liberté. de cheminement est tout de même long (et répétitif par moment), vers le dernier tiers du roman, bof… j'avais hâte d'en arriver à la fin. Mais, heureusement, la finale, si elle n'est pas enlevante, est tout de même dramatique et touchant. Dans tous les cas, je la trouvais appropriée. La mère ne pouvait revenir en arrière, redevenir la simple mère abusée qu'elle était jadis. C'était très réussi de Maxim Gorki, qui a su prévoir une décennie plus tôt la terrible révolution qui a secoué la Russie.
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Pélaguée, une vieille femme russe, va petit à petit s'éveiller à la vie et sortir de sa condition de femme soumise et ignorante. Veuve d'un mari violent, elle va découvrir grâce à son fils Pavel, militant socialiste, la vérité sur leur vie de misérables.

Tous ces ouvriers du début du XXe siècle, exploités, maintenus dans l'ignorance, la peur et les mensonges, ne savent comment exprimer leur révolte. Irrités par leurs conditions de vie misérable, indignes d'un homme, ils sombrent dans l'ivrognerie et la violence.

Il faut leur apprendre qu'il est possible de vivre autrement, que leur misère n'est pas une fatalité. Se délivrer de la peur de l'oppresseur, chercher la vérité. Ils ne sont pas méchants, idiots et bruts par hasard. On les a maintenus volontairement dans cet état d'asservissement, afin de profiter de leur travail, de se divertir au prix de leurs peines.

Pélaguée et son fils Pavel vont être les symboles de cette révolte, les apôtres de la vérité.
Petit à petit le monde des ouvriers s'éveille à la révolte, les idées de liberté, de savoir et d'égalité font leur chemin. le monde fraternel des socialistes est en marche, soulevant aussi le monde paysan qui crève de faim.

Très beau portrait du prolétariat, mais aussi du monde paysan, et de la justice de l'époque.
Portrait d'un peuple courageux qui s'éveille, de son existence monotone et obscure, et allume en lui la flamme de la raison, la flamme de l'espoir d'une vie meilleure, qui fait enfin entendre sa voix pour anéantir l'autocratie.
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Titre : La mère
Auteur : Maxime Gorki
Année : 1906
Editeur : le temps des cerises
Résumé : Pélagie Nilovna est une vieille femme russe vivant dans la misère. Veuve d'un mari violent, la pauvresse assiste, médusée, à la prise de conscience politique de son fils Paul et de ses compagnons. D'abord spectatrice incrédule, la vieille femme illettrée va peu à peu ouvrir les yeux sur sa condition et celle de ses semblables, jusqu'à devenir un exemple de courage et d'abnégation dans les luttes ouvrières qui secouèrent l'empire russe en ce début de XX ième siècle.
Mon humble avis : Maxime Gorki, un nom qui claque comme un coup de fouet, un nom qui évoque des steppes enneigées et d'intenses luttes ouvrières. Maxime Gorki, un auteur que je n'avais jamais lu avant de découvrir ce roman sur les rayonnages d'une petite librairie de Pamiers en Ariège. Un coup d'oeil à la jolie couverture et le pavé se retrouvait illico dans la pile de livre s'accumulant sur le comptoir. Les lecteurs métropolitains ne connaissent pas leur chance de pouvoir disposer de tels endroits, mais je m'égare… Revenons à l'illustre auteur du pays des tsars et chantre du réalisme socialiste, revenons à ce roman comptant les prémisses de la révolution russe. Pélagie est une vieille dame au grand coeur, naïve et croyante. Son mari décédé ne lui a laissé que de mauvais souvenir : une vie rude et humiliante où les privations et la violence furent quotidiennes. Lorsque son fils Paul s'éveille aux idées communistes, la vieille femme est effrayée, médusée par ces promesses d'un monde meilleur. Puis vient l'espoir : celui de voir les damnés de la terre se lever et renverser un ordre qu'elle pensait jusqu'alors immuable. Vous l'aurez compris, ce bouquin de Gorki est un hymne à la révolution, mais également un témoignage implacable des conditions de vie ignobles des ouvriers de cette époque. Mais au-delà de cela, la mère est aussi le portrait poignant d'une femme qui s'éveille à la vie sur le tard, une femme qui s'émancipe et peut-être aussi un excellent manifeste féministe. J'avoue avoir été surpris par la modernité de ce texte, les personnages sont attachants et le style n'a pas pris une ride. J'avoue également, et c'est bien dommage, un certain ennui dans la dernière partie du texte, avec l'impression que chaque chapitre est le reflet fidèle du précédent et puis une gêne lorsqu'après quelques recherches, je me rendis compte que Gorki fut, à priori, l'un des fidèles alliés du père des peuples, j'ai nommé l'immonde Joseph Staline. Mais laissons de côté l'aspect politique et la vie personnelle de l'auteur pour ne retenir que le personnage marquant, nuancé et idéaliste de Pélagie Nilovna. Pour conclure, la mère est un roman édifiant, une oeuvre contrastée dont certains passages m'ont ébloui et d'autres profondément ennuyé. Contrasté vous dis-je…
J'achète ? : Oui pour l'aspect sociologique de l'oeuvre, pour la description précise de cette époque pré-révolutionnaire, une époque qui changea la face du monde, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Mais aussi parce qu'il s'agit d'un classique de la littérature russe et qu'affirmer avoir lu Gorki en société fera de toi un potentiel et dangereux gauchiste à surveiller de près. Courage camarade !
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Pas mal pour un roman dont son auteur n'était pas vraiment satisfait : il le trouvait trop long, ennuyeux, écrit à la va-vite et d'après lui il imposait trop son point de vue. Effectivement il l'a écrit vite, pendant un séjour aux USA. Mais cela ne sent pas du tout. Ce roman s'appuie sur un personnage bien réel, Piotr Zalomov, l'un des organisateurs d'un des premières manifestations du premier mai à Sormovo, près de Nijny Novgorod, ville natale de Gorki, en 1902. La mère, c'est celle de Piotr. Il n'y a pas à proprement parler une intrigue, le coeur du livre, c'est l'évolution de Pélaguée, la mère, à partir de la confiance qu'elle a dans son fils. Son éveil social et intellectuel, ses états d'esprit, sont décrits et analysés dans le détail avec beaucoup de finesse. Ce qui est remarquable c'est l'angle choisi par Gorki pour raconter les mouvements sociaux du début du siècle, après l'échec de la Révolution de 1905, plus intellectuelle : un personnage féminin très ordinaire au départ, une veuve dont le mari était alcoolique et violent, qui s'émancipe, se met à lire à 40 ans, pour finir par devenir un rouage important de l'action révolutionnaire. le résultat est l'un des plus beaux personnages féminins de la littérature, ce qui était sans doute très choquant à l'époque. La peinture psychologique sonne vrai, de même que les dialogues. On est très loin du réalisme soviétique, d'autant que la mère reste croyante jusqu'au bout ! Un certain manichéisme est certes présent, mais en même temps, la diversité des personnages du côté des opprimés est bien présentée, on sent toute leur complexité, bien loin de ce que peut résumer un chapitre d'un livre d'histoire. Gorki a l'habileté de ne mettre en scène aucun débat politique théorique, ce qui permet de ne pas étiqueter ses personnages à l'intérieur du mouvement révolutionnaire (ils peuvent correspondre à n'importe lequel des courants de l'époque). Et pourtant le roman est saturé d'idéologie, mais il s'agit surtout de questions sur le comportement que doit avoir un révolutionnaire par rapport à ses idéaux, son attitude et ses actions par rapport à la police, aux mouchards, … C'est vrai que la lecture et l'histoire avancent très lentement, au rythme de l'évolution de Pélaguée plutôt qu'à celui des événements mais c'est cependant l'optimisme sans faille de cette vision humaniste et positive de l'être humain qui m'a le plus gênée. Cette optique est amplifiée par des comparaisons que le lecteur français ne relève même plus avec des métaphores bibliques (les héros sont comparés à des anges ou des apôtres, la manifestation est comparée à un chemin de croix, etc...) qui ont valu d'ailleurs à Gorki d'être inquiété pour blasphème ! C'est vrai qu'on peut trouver ce roman un peu long, qu'il aurait pu être moins manichéen tout en faisant passer le même message, mais il reste incomparable pour sa peinture de la vie quotidienne et de l'état d'esprit du milieu ouvrier russe de l'époque tsariste et au moins autant, pour le tableau qu'il dresse de la condition des femmes russes d'alors. Un très beau portrait de femme absolument remarquable.
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Publié en 1907, La Mère de Maxime Gorki est, à travers le portrait d'une mère courage, un roman sur la condition des classes populaires de la Russie tsariste et sur la naissance d'un socialisme révolutionnaire. Gorki qui avait participé au mouvement révolutionnaire de 1905 avait lui-même été arrêté puis libéré avant d'être à nouveau poursuivi en 1909 pour agitation révolutionnaire à cause de ses écrits.

Dans ce roman il décrit le quotidien de Pavel Vlassov et de sa mère. Pavel est un jeune homme instruit, qui travaille à l'usine et qui répand en secret des idées de justice sociale au sein de la fabrique. Chaque soir, ses camarades se réunissent chez lui pour décider des actions à venir. La mère, Pélagie, maintenant veuve, ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe chez elle, elle est illettrée, extrêmement pieuse et a toujours vécu soumise dans la terreur d'un mari violent et alcoolique. Petit à petit, elle se prend de sympathie, puis d'affection pour tous ces jeunes gens. Leur discours finit par faire écho en elle, elle réalise qu'elle a eu une vie misérable et sans espoir jusque-là, comme tous les gens qui l'entourent. Lorsque son fils est arrêté elle reprend le flambeau et s'occupe à son tour de diffuser les tracts et les journaux séditieux jusqu'à devenir une des figures de la résistance populaire.

Dans ce livre, il est question d'injustice, d'inégalité, d'idéalisme socialiste et révolutionnaire, de lutte organisée contre un pouvoir qui prend tout et qui gère tout par la répression aux côtés des nantis. Ce n'est pas un roman politique en tant que tel, car on n'y décrit pas de débats politiques. C'est plutôt la description des conditions de vie de toute une société soumise et d'un idéal soutenu par des gens convaincus et dévoués à l'avènement d'un monde plus juste. C'est aussi un portrait de femme fort et émouvant.
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Pour toi mon fils, j'oublierai ces années de misère conjugale quand ton père, ivre mort, rentrait du travail pour me battre.
Pour toi mon fils, j'écouterai ta voix qui distillera petit à petit aux jeunes de ton âge ce qu'est notre condition d'ouvriers.
Pour toi mon fils, j'apprendrai à regarder en face notre vérité : travail, misère, maladie, pauvreté.
Pour toi mon fils, j'ouvrirai les livres interdits pour réapprendre à lire et à comprendre.
Pour toi mon fils, je soutiendrai ton idéal politique, le socialisme...
Je ferai tout cela pour toi, mon fils...

Pélagie, mère russe soumise et très croyante, voit sa vie et ses habitudes bouleversées par l'engagement de son fils dans la lutte ouvrière. D'abord effrayée par le comportement de son fils, elle va petit à petit ouvrir les yeux sur sa propre condition sociale, adhérer aux idées de la jeunesse russe et prendre une part active dans les décisions du mouvement.
Même si le livre aborde l'histoire de la montée du militantisme socialiste, c'est avant sur sur le personnage de Pélagie qu'il faut se pencher. C'est bien, elle, la mère, humble ouvrière sans éducation ni conscience, qui peu à peu sous l'influence de son fils et de ses amis, va se révéler. Son parcours force l'admiration. Par amour, par abnégation, elle franchira toutes les étapes.

Le livre est d'une belle construction. Au fur et à mesure que Pélagie gagne en connaissances et en conscience, on suit l'ascension du mouvement révolutionnaire qui secoua la Russie après 1905. Il faut aussi souligner la qualité des descriptions, celles des paysages et portraits, mais aussi et surtout celle des usines où la laideur est transcrite de manière remarquable.

Un très beau roman, une très belle héroïne que j'ai rapprochée immédiatement d'une autre très belle femme de papier, "Mère courage" de Bertold Brecht.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Lorsqu'il écrit La Mère en 1906, Gorki est aux États-Unis, avec mission de collecter des fonds pour le parti bolchevik. Il le termine à Capri où il s'exile et se soigne. Il vient de participer à la révolution russe de 1905, ce qui lui a valu d'être emprisonné par le gouvernement tsariste. Forcé de travailler à l'âge de 10 ans, devenu écrivain, il est opposant révolutionnaire depuis toujours.

Ce livre montre la pénétration des idées socialistes internationalistes et révolutionnaires, au sein de la classe ouvrière russe, à la veille de 1905, cet épisode préparatoire à la révolution de 1917.
http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/gorki-maxime-la-mere.html
livre audio conté par Albatros, une donneuse de voix à la très bonne élocution et très agréable à écouter.

J'apprécie beaucoup la littérature slave, sa force, son intensité et dans "La mère" le traitement intelligent des valeurs du peuple russe, l'idéalisme et le sacrifice ainsi que la capacité de l'auteur à nous faire vivre intensément son récit sans l'alourdir de détails et descriptions. Une très belle découverte qui amène à beaucoup de réflexions...
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« Dans leurs relations, c'est surtout un sentiment d'animosité aux aguets qui dominait les gens et qui était aussi invétéré que la fatigue de leurs muscles. Ils étaient nés avec cette maladie de l'âme qu'ils héritaient de leurs pères, qui les accompagnait comme une ombre noire jusqu'à la tombe, et leur faisait commettre des actes hideux d'inutile cruauté ». Voilà le peuple des «  scorie humaines ».
Voilà la vie maudite, l'enfer des hommes créée par les hommes. 1906, Gorki est en exil. A cette date il commence la rédaction de ce roman qui paraître en 1907. La première révolution de 1905 est un échec pour le monde des ouvriers et des paysans Mais tout n'est pas perdu, bien au contraire. L'esprit est vivant. le monde politique l'entend, le pouvoir en place le comprend-t-il ?, le tsar lui veut l'ignorer et renforce son autocratie.
Gorki raconte, peint, porte « la mère ». «  La mère » Un des plus beaux personnages de la littérature du 20 e siècle. Personnage d'une réalité romanesque remarquable, fait de chair, d'une chair qui crève de misère , fait de ces os que l'on broie, fait de larmes, de peur, de nuit et d'ignorance mais fait également de force et de courage.
Bien sur 1906. Et non 1917...L'histoire est en marche. le peuple reprend son souffle , la mère s'émancipe. Elle s'émancipe à travers la nouvelle génération. C'est à travers la jeunesse de son pays que la mère comprend l'injustice de sa condition. C'est à travers la jeunesse, et tout d'abord avec l'aide de son fils Paul, qu'elle comprend la férocité et l'iniquité de sa vie.
Au delà de l'Histoire, c'est la naissance de ce personnage qui est intéressante. le personnage de cette mère, marquée de naissance comme le sont les bêtes de somme, vouée de naissance, à la misère sociale, au mépris, la mère, la femme, la plus humiliée parmi les méprisés, la plus pauvre parmi les plus pauvres. C'est à elle que Gorki choisit de confier le drapeau déchiqueté du 01 mai.
La fille, l'épouse, la mère, qui s'éveille et qui devient femme, militante, active, et activiste dirions nous aujourd'hui 'hui. La mère qui se souvient qu'elle connaissait ses lettres, et qui se rappelle..Et la voilà qui se met à lire , elle se met à parler, elle témoigne, elle apprend, il ose. La mère qui tremble devient la femme qui combat. Elle part, voyage, rencontre, prend l'initiative, propose, la voilà résistante. Bien sur... 1906.
Ce livre a connu dès sa parution un succès immédiat aux USA, en France, en Allemagne. Succès légitime. L'âme est présente, l'écriture est puissante, les personnages sont inoubliables.
Alors oui Gorki. Parce que 1905. là où le destin de la Russie a sans doute basculé. L'après 1905, ces années où le pouvoir russe s'est obstiné a laissé le pouvoir entre les mains du tsar, tsar qui s'est lui même obstiné de 1881 à 1904, a maintenir la Russie dans un état d'urgence ou un état de siège quasi permanent. Alors que le pays commençait sa révolution industrielle. A une période où les lignes bougeait, à un moment où les choses auraient peut être été encore possible. Autrement, autrement que ce que L Histoire a construit. Parallèlement, le pays connaissait un rapide essor économique. Essor et mutation économique qui ne bénéficiaient en rien au prolétariat, qui livrait les mougiks à une nouvelle servitude .
Un pouvoir qui armera le bras de son agent double Dimitri Bogrov pour assassiner le ministre Stolypine en 1911. le ministre qui aurait peut être pu mener les réformes sociales et politiques nécessaires.
Et puis 1917. Parce qu'il fallait faire un choix. .. Et puis plus tard, Staline.Staline resté seul après avoir écrasé ses opposants. Là n'est pas le sujet de la mère bien évidement. Puisque..
«  La mère » 1906 .
Alors oui, « La mère » pour la qualité littéraire du roman, pour la puissance des personnages, même si entre les lignes on voit ressurgir l'ancien culte, celui qui était pourtant combattu, celui qui devait s'opposer à l'arrogance du profit et à l'autocratie,  : l'effroyable culte de l'homme.
Culte de l'homme qui allait transmuter l'autocratie en dictature.
Alors oui, «  La mère » pour la mémoire du dimanche rouge , pour la mémoire de celles et ceux qui menèrent la grève générale d'octobre 1905, « la mère » en mémoire également de celles et ceux assassinés par Staline.
« La mère » d' Alekseï Maksimovitch Pechkov , dit Maxime Gorki, «  la mère » parce que 1906.

Astrid Shriqui Garain
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La suite de l'histoire et la place qu'y a tenu Gorki donnent une saveur particulière à ce roman mais au moment de sa parution, on n'en est pas encore là, mais peu après les premières grandes grèves de 1905. le roman relate la prise de conscience politique du monde ouvrier et paysan russe exacerbée par la récession économique et les mauvaises récoltes. Et c'est une mère admirable qui illustre cette prise de conscience, éveillée telle Bouddha, par l'enthousiasme communicatif de son fils et de ses amis. Il y est question d'idéalisme, d'abnégation, de courage, d'altruisme, toutes ces valeurs mythiques de la révolution sincère et pure. Une écriture efficace et émouvante donnant l'impression de vivre les scènes décrites, des personnages exemplaires et une peinture sociale réaliste font de ce roman un classique incontournable.
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