Ho mince, ça n'a pas pris. J'ai abandonné ma lecture, à la page 200 ; ma chronique est à prendre avec des pincettes...
J'ai découvert Ces plaisirs violents grâce à l'édition Masse Critique de décembre 2023. Encore un titre de chez Desaxus qui m'intriguait mais pour lequel je n'ai pas osé dépenser de l'argent, j'avoue (problèmes de traductions récurrents de la maison d'édition dans des ouvrages hors de prix). Mais c'était alors pour moi l'occasion idéale de découvrir ce titre que j'avais croisé très souvent sur Instagram, que ça soit en anglais ou en français.
Ces plaisirs violents est une relecture très libre de l'histoire de Roméo et Juliette. Ici, Roma et Juliette évoluent dans une Shanghai des années 1920 où les Fleurs Blanches pour l'un et les Écarlates pour l'autre se déchirent. Russes et Chinois s'opposent dans une ville en proie à un traffic de drogue, à des rivalités menaçantes mais aussi à une folie étrange et incontrôlable qui pousse les gens à se mutiler jusqu'à la mort, toujours de plus en plus nombreux.
L'univers bâti ici par
Chloe Gong est riche, très riche. Français, Britanniques, Russes, Chinois, s'opposent dans des décors très visuels et agréables où l'on sentirait presque l'air marin et le soleil sur sa peau. L'univers est très immersif, bruyant, et on aime le découvrir et s'y plonger page après page. Les questions des clans rivaux et les questions politiques sont nombreuses, au point que j'avais très peur de m'y perdre. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à me rendre compte que l'autrice ne m'avait pas perdue autant que je le pensais lorsque j'ai entamé ma lecture. C'était alors une très bonne surprise.
Malheureusement, l'étalage du background omniprésent est venu alourdir ma lecture de nombreuses fois. À regret, il a beaucoup ralenti le rythme de l'histoire et brisé mon intérêt un peu fébrile et fragilisé par les explications trop longues. À peine je reprenais mon souffle après un rebondissement qui m'avait captivé que l'autrice revenait à nouveau sur l'histoire de Shanghai, des Montagov ou des Cai, à travers ce qui me semblait être des pages et des pages qu'elle remplissait d'explications qui devenaient presque soporifiques lors de mes séances de lecture un peu tard le soir. Frustrée, je voulais en savoir plus sur le mal qui touchait la population ça et là, sur l'avancement de l'enquête de Juliette, sur le bien trop discret Roma et sur l'histoire encore trop peu développée à la page 200 des deux protagonistes.
Ceux-ci d'ailleurs ne se sont pas montrés aussi attachants que les personnages secondaires qui, de part leur identité, leur genre ou encore leur orientation sexuelle, ont pu m'apporter un vent frais sur ma lecture. C'était un peu le coeur brisé que je les voyais quitter l'histoire au détour d'un chapitre pour ne pas y revenir assez souvent à mon goût. Quant à Juliette, je ne suis pas parvenue une seule seconde à la porter dans mon coeur. À l'image de Roma, elle m'a donné l'impression de ne pas être découverte en profondeur. Aurait-elle besoin d'encore plus que 200 pages pour se montrer au-delà de son caractère un peu badass qui n'a pas été efficace auprès de moi ?
En conclusion, Ces plaisirs violents est très séduisant avec ses décors, ses personnages secondaires, son ambiance mais aussi sa couverture magnifique et ses en-têtes de chapitres très jolis. Mais le rythme brisé par des explications trop longues voire parfois indigestes nous écarte bien malgré nous de la folie mortelle intrigante qui donne au roman une odeur de thriller qu'on ne soupçonnait pas une seule seconde. J'ai repoussé encore et encore l'envie de refermer mon livre pour ne pas le rouvrir le lendemain, mais c'est avec beaucoup de déception que j'ai décidé de le faire, n'ayant plus la force de lutter contre le rythme décousu et lent, contre l'ennui qui a fini par pointer le bout de son nez.