La haine de soi serait-elle la cause de la haine de la nature ?
Comment le développement des techniques vient à mettre en péril la vie ? L'importance qu'il y a à recréer du rêve autour de la nature et le rôle attendu des artistes, pour une vison de la nature qui ne soit pas artificielle. Christian Godin nous alerte sur l'urgence d'un changement de nos attitudes vis à vis de la nature. Si ce cri est bouleversant, il ne m'a pas atteint au fond de moi ni ne m'a donné des idées pour agir.
Commenter  J’apprécie         10
Les hommes se sont peu à peu éloignés de leur habitat naturel et ont nié les liens qui les unient à la nature. Ils ont créé des espaces artificiels, au détriment de toute logique environnementale et écologique, dans leur volonté de tout dominer, diriger, dompter, en écartant les contraintes et les limites naturelles, et peut-être même ont-ils le désir inconscient de supprimer l'humain.
Commenter  J’apprécie         01
Un essai visant à penser les causes profondes de la crise environnementale contemporaine, qui passe malheureusement à côté de son sujet.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Si on ajoute d’excellentes illustrations de Chouin, des séries d’anecdotes hilarantes, de citations (justes !), des intertitres bien pensés, on a le livre-presque-idéal…
Lire la critique sur le site : Liberation
Mais, à partir de XVIIème siècle, ce que les allemands nommeront la «mécanisation de l’image du monde» emporte tout. L’industrie démultipliera la puissance de la technique comme la technique a démultiplié la puissance de la science. 115 millions d’années auront été nécessaires pour constituer les énergies fossiles. Deux siècles auront suffi pour les épuiser. En une génération, sur le continent américain les blancs avec leurs fusils auront tué plus de bisons que les indiens dans toute leur histoire. L’industrie a labouré les terres et les mers, creusé les mines, coupé les forêts. Il semble qu’à ce travail, l’homme ait ressenti une ivresse d’enfant.
Pour un homme de plus en plus riche et de plus en plus puissant, les limites naturelles deviennent d'insupportables contraintes. Limites naturelles du corps physique - c'est sa finitude sous tous ses modes (fatigue, accident, maladie, vieillissemment, et mort pour finir). Bornes sociales de l'être en relation - dans la famille ou dans l'ordre politique. Tout ce qui pourra transgresser ces limites et dépasser ces bornes sera automatiquement compris comme une liberté gagnée. Désormais le corps et l'esprit actuels d'Homo sapiens sont considérés comme des prisons dont il convient par tous les moyens de sortir.
Le négationniste environnemental est quelqu'un qui abhorre à ce point la nature et qui adore à ce point l'être humain qu'il ne peut admettre que celle-là puisse être détruite au risque de la destruction de l'humanité elle-même et que celui-cu puisse en être responsable.
L'une des contradictions fatales dont souffre notre monde est celle qui fait coexister une mondialisation de plus en plus intégrée des idées et des valeurs d’une part, et le caractère parcellaire des consciences et comportements.
Les réserves naturelles et les parcs zoologiques sont à la nature ce que les musées sont à l’art : des lieux de sauvegarde mais aussi de plus en plus des laboratoires.
Vendredi 10 décembre
Théâtre Princesse Grace
Monaco
Conversation « Peut-on renouer avec la nature ? »
Présentée par Robert Maggiori
Avec
Christian Godin, philosophe
Caroline Lejeune, politiste
Grégory Quenet, historien
La notion de «nature» a de telles arborescences de sens que les controverses naissent dès qu'on tente de la définir, et, en même temps, elle apparaît fixée par mille chevilles à l'histoire de la pensée, et inéliminable. La «nature» serait «tout ce qui est né» et «est là», l'ensemble des phénomènes, l'essence de quelque chose, mais on dit «naturel» ce qui n'est pas artificiel – sinon ce qui n'est pas «spirituel», quand en théologie le «naturel» est synonyme de «rationnel» – et on fait enfin référence à «sa nature propre» pour désigner quelque chose comme un instinct irrépressible. On parle de «nature humaine», mais on fait retour à la nature», et l'on s'y promène. On l'a tenue pour l'ensemble des ressources dont l'homme se voulait « maître et possesseur» – et de fait l'homme et ses techniques l'ont exploitée sans limites, jusqu'à la défigurer, en briser les équilibres, la détruire, en compromettre l'avenir. Dès lors ont été ravivés les mythes d'un retour romantique au «naturel», à une nature originelle et immaculée. Dès lors, surtout, est née la conscience d'un nécessaire dépassement de l'anthropocentrisme, s'est ouvert l'horizon d'une écologie intégrale dans laquelle l'homme assume la responsabilité de bâtir une relation de respect, de soin, de protection de la nature inerte et du vivant, de tous les vivants, humains et non-humains. Comment penser une telle relation aujourd'hui ?
#philomonaco
+ Lire la suite