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3,78

sur 1647 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Transportés sur une Amérique du deuxième millénaire, nous suivons le personnage au nom mystérieux d'Ombre, qui rencontre un homme tout aussi étrange que l'on appelle Voyageur…

L'idée même d'American Gods, le fond de son récit, est merveilleusement fort, réaliste et parlant : parmi chaque immigration qui a amené des Hommes sur le nouveau continent, quels cultes ont survécu ? Ici, les dieux nordiques des Vikings au XIe côtoient les Leprechauns des Irlandais accomplissant le rêve américain. Les esclaves emmenaient avec eux un fragment de leur culture et des divinités africaines ; et encore aujourd'hui des figures moins connues jalonnent des parts de notre civilisation.

Et pourtant, face à une modernisation expresse de ce monde-là, Neil Gaiman questionne la société : les seules idoles qui existent à présent et auxquelles on croit ne sont-elles pas les objets de notre quotidien ?

Dans cet haletant road trip initiatique, aux airs d'urban fantasy, de puissantes mais vieilles divinités antiques telles qu'Odin et Loki se battent face à de certains Médias, Ville ou Télévision… Et si je parle des légendes nordiques, ce ne sont pas les plus représentées. Neil Gaiman nous offre l'échantillon d'une vaste palette mythologique et culturelle : Slave, Africaine ou encore Égyptienne. Chacune a ses raisons pour être arrivée aux États-Unis, et leurs dieux se retrouvent à présent désoeuvrés, tâchant de s'adapter à ce monde qui ne les attend pas.

Ils veulent survivre, subsister, ont leurs métiers, leurs connaissances et leurs activités ; mais le récit nous exprime bien rapidement que cela ne leur suffit pas. Ils ont besoin de croyances, de passion pour leur personne et nous ne pouvons le leur retirer : voici donc le défaut majeur des dieux tout au long d'American Gods.

Tout comme dans La Mythologie Viking, l'auteur régale d'action et de philosophie sans superflu. C'est un road movie qui veut aller vite et nous emmener loin. Quand Ombre, personnage principal et héros du récit, devient malgré lui propulsé en travers de cette histoire de querelle mythologique, il se mettra à de diverses réflexions qui feront évoluer l'entièreté de son rôle. La mort de sa femme et de ses proches, les rencontres qu'il fait et la justice venant à le rattraper représentent tout autant de raisons pour lui de se questionner, et ses dernières scènes en sont la preuve.

La structure du roman en elle-même appelle de nombreux rebondissements ; chaque sous-intrigue se retrouve raccrochée à la fin. Une enquête, un meurtre, une amitié, tout mène assez bien au bout du livre pour qu'on se refuse de le quitter avant la fin de chaque chapitre. C'est donc un assez gros pavé, mais léger à se lire.

Pour finir, le style toujours aussi enivrant de l'auteur, qui parvient avec des phrases très simples mais lourdes de sens à dépeindre ses personnages. Lesquels peuvent se ressembler ; mais tout au plus au premier abord. Chacune de leurs scènes est rigoureusement bien rythmée, et la tension oscille avec nervosité au cours du récit pour offrir ce chef-d'oeuvre aux prix littéraires mérités.
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A quoi reconnaît-on un grand auteur ? Au fait que ses livres ne laissent pas indifférent. On peut dire beaucoup de choses sur les oeuvres de Neil Gaiman, mais jamais "passez votre chemin, aucun intérêt".
American Gods est l'une de ses oeuvres phares, qui a eu le privilège d'être adaptée en série sur Amazon Prime tout comme Good Omens qu'il avait co-écrit avec le regretté Terry Pratchett. Et là, contrairement à Good Omens, la série ne divulgâche pas le roman : les histoires sont basées sur le même principe et commencent de la même manière, mais évoluent différemment.

Revenons à ce principe. Les États-Unis sont une terre d'immigrants (quoi que puissent en dire certains politiciens) et ces gens venus plus ou moins volontairement de différents pays d'Europe, d'Asie ou d'Afrique ont apporté avec eux leurs coutumes, leurs croyances, leurs dieux et leurs créatures mythologiques ou folkloriques. Mais toutes les civilisations évoluent, et les Américains ont désormais de nouveaux dieux modernes comme la technologie, les médias, les automobiles... Les anciens dieux en sont souvent réduits à vivoter, tenaillés entre l'envie de ne pas se faire oublier (car un dieu qui n'a plus d'adorateurs est condamné) et celle de rester discrets car la rumeur dit que les nouveaux dieux ont l'intention d'en finir avec eux une bonne fois pour toutes.
C'est à ce moment qu'intervient Ombre (Shadow en version originale), un colosse récemment libéré de prison et qui ne retrouve le monde extérieur que pour faire le deuil de sa femme Laura. N'ayant plus d'attache, il accepte de travailler pour "M. Voyageur" (ou "Mr Wednesday" en version originale), un escroc borgne qui prétend être le dieu nordique Odin et rassembler les dieux éparpillés aux États-Unis pour faire face à la menace des nouvelles divinités. le croyant d'abord fou, Ombre est rapidement amené à rencontrer d'autres dieux et autres créatures de différentes mythologies, et à douter de tout. D'autant plus que les nouveaux dieux connaissent son existence et estiment qu'il représente une terrible menace, et vont tenter de l'écarter du chemin. Même sa femme Laura n'a pas pu trouver le repos éternel, et erre désormais comme un zombie à sa recherche.

Comme dans sa série graphique Sandman, Neil Gaiman joue avec différentes mythologies et différents folklores et fait interagir le monde "réel" et les créatures fantastiques qui s'y cachent, d'une manière qui rappelle aussi Neverwhere mais aussi le jeu de rôle Nephilim. le tout donne un mélange étonnant, mêlant narration très contemporaine et onirique, où les personnages (et le lecteur avec eux) ont du mal à distinguer où finit la réalité et où commence le rêve ou même la folie. On est tout à la fois dans une ancienne saga nordique, dans un road-movie désabusé et imbibé de drogues comme chez Jack Kerouac, et parfois dans une histoire à la Stephen King, où une petite ville tranquille où tout le monde est gentil cache un redoutable monstre.
C'est peut-être le but de ce point de vue à la fois à ras de terre, où ni le sexe ni la violence ne sont édulcorées, et au firmament des dieux encore en quête de gloire : se plonger dans une autre dimension et se rappeler que les contes ou les légendes peuvent avoir l'air de simples histoires pour enfants, mais qu'ils constituent souvent le fondement d'une vie ou d'une civilisation.
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Le personnage d'Ombre, tout juste sorti de prison et veuf, va découvrir un monde fantastique, glauque et inquiétant. Il reste pourtant assez serein face aux évènements de plus en plus bizarres qui se produisent autour de lui. Face à des enjeux qui le dépasse totalement, il va se révéler bien plus malin que ce qu'on aurait pu penser de lui. J'ai été totalement entraînée par la plume acerbe et entraînante, alors que le début m'avait rendu méfiante. En découvrant l'univers glauque et sombre, je ne pensais pas spécialement adhérer, mais le style m'a fait totalement changer d'avis.

La galerie de personnages hauts en couleur est intrigante, le jeu étant de deviner leur avatar antique! Certains sont drôles, d'autres pathétiques, effrayants, mystérieux, ou encore tout cela à la fois. Ombre est un peu paumé face à ces gens, mais s'adapte très bien à leur monde de mensonges. On s'en rend bien compte lorsqu'il s'installe dans une petite ville, sous une fausse identité pour se faire discret. Il s'intègre facilement en se coulant dans la peau d'un autre. J'ai également apprécié les personnages de ce village, typiquement américain.

Un des aspects qui m'a le plus plu est la critique au vitriol du monde de consommation actuel. Les nouveaux dieux, qui affrontent les dieux traditionnels, sont bien trouvés et réfléchis. Gaiman fait mouche en comparant les sacrifices humains ou d'animaux pour Thor ou Odin, au temps consacré au dieu Media ou Internet! La lutte entre tradition et modernité est très bien illustrée par ce conflit. La tradition se fait doucement écraser par la nouveauté, de façon assez résignée, avant de se rebeller violemment quand on attaque directement un de ses symboles. Pour autant, il n'y a ni « bon », ni « mauvais ».

J'ai adoré la fin et la révélation finale qui en révèle beaucoup sur ce conflit et sur la nature humaine. Bien qu'un des aspects de ce twist ne soit pas vraiment surprenant, il est cohérent et coule parfaitement dans l'histoire. L'épilogue relativise encore une fois tout cela, j'aime bien ces fins « tiroirs » avec plusieurs retournements, pas tous spectaculaires, mais qui apportent tous leur pierre à l'édifice.



Le récit passe par des moments très WTF et ésotérique. Cependant, cela passe tout seul et paraît même dans la logique des évènements. le contraste avec certains moments du quotidien, l'intégration dans le village et les soucis des voisins est saisissant. J'ai beaucoup aimé cette alternance fantastique/réel, qui dynamise l'histoire. Beaucoup de lieux, personnages ont cette double casquette, leur aspect réel, quotidien et presque banal, et leur forme mythique, magique, totalement hors de notre réalité.

J'ai vraiment apprécié ma lecture et je compte découvrir d'autres livres de Neil Gaiman dans le futur. C'est sombre, glauque, acerbe et ironique, mais vraiment très agréable à lire. Je vous recommande de découvrir ce roman et cet auteur à la plume vraiment excellente!
Lien : https://lirelafolie.wordpres..
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J'ai voulu lire American Gods parce que j'ai vu la saison 1 de l'adaptation en série et que, si le concept me fascinait et que, visuellement j'ai trouvé ça magnifique, du point de vue de l'intrigue, j'étais restée sur ma faim. le roman de Neil Gaiman se démarque assez vite de la série TV, tant dans l'intrigue, qui prend d'autres chemins, que dans le développement des personnages. En effet, si j'avais trouvé Shadow un peu lisse dans la série, dans le livre, je me suis vite attachée à cet homme qui voit le monde autour de lui prendre un nouveau visage et qui se retrouve entraîné malgré lui dans une histoire invraisemblable.

Il y a, dans American Gods, un sens de l'onirisme et de l'imaginaire très développé, on va assister à des scènes délirantes, rencontrer des personnages mystérieux et se retrouver entraîné dans une lutte à échelle divine qui fera paraître la réalité telle que nous la connaissons comme toute petite et toute fripée. American Gods, c'est aussi un peu un road-trip, un voyage à travers une Amérique imagée et fantasmagorique.

Shadow est un peu comme Alice tombée dans le terrier du lapin, ici, il oscille entre la réalité et le monde des légendes et mythes. Notre héros est propulsé dans cette aventure et on le sent hébété par tout ce qu'il voit. Comme le lecteur il n'a d'autre choix que de se laisser porter par les événements sans comprendre la moitié de ce qu'il voit ou entend.

Le roman renferme un mélange d'informations sur la culture populaire américaine, L Histoire des légendes associées à certains lieux, mais aussi des mythologies venues du monde entier, et pas des plus connues. Toutes les petites digressions, tous les chapitres qui se penchent sur un autre temps et d'autres histoires, sont à la fois passionnants à lire et apportent ce quelque chose en plus au roman.
Il se dégage de l'univers créé une impression de grande profondeur, l'auteur ajoute les éléments couche après couche, passe d'un thème à l'autre avec fluidité, nous baigne dans cette étrangeté permanente sans nous y perdre.

Tous les personnages ont ce quelque chose de fascinant, de plus qu'humain comme s'ils ressortaient en surbrillance dans un monde réaliste. C'est une autre des forces d'American Gods : placer ces personnages divins aux pouvoirs incroyables dans un univers parfaitement réaliste, et faire que tout cela nous apparaisse comme parfaitement crédible.

J'ai adoré les révélations de la fin, la manière dont tout s'enchaîne et s'emboîte, dont tout prend son sens alors que les choses ont si longtemps semblé flotter de ci de là sans qu'on cherche réellement à leur donner de raison d'être. L'auteur fait tant d'écarts, de digressions, il nous parlent de tant de thèmes variés qu'on en vient à douter que l'intrigue principale nous mène à une fin digne de ce nom, on se demande plusieurs fois si l'auteur n'a pas perdu le fil de ce qu'il voulait raconter, si tant est qu'il y ait jamais eu un fil. Mais les cinquante dernières pages rassemblent toutes les lignes et les nouent ensemble avec une dextérité et un crédibilité qui force le respect. L'intrigue s'accélèrent, tout prend sens et les personnages qui semblaient errer, perdus dans ce monde trop large pour eux, révèlent enfin toute leur importance et trouvent leur place.

Je ressors de ma lecture avec l'impression d'avoir trouvé en Neil Gaiman un auteur à part, doté d'un imaginaire sur développé et du talent de nous le faire partager. American Gods est un roman complexe, intelligent et marquant, dans lequel on se perd et dont on ressort abasourdi.
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Avec ironie, Gaiman dresse le portrait au vitriol de nos sociétés modernes dans lesquelles l'homme est écartelé entre le poids des traditions et la tentation de céder au tout technologique.

C'est aussi la démonstration intelligente que la vénération portée progrès technique s'apparente bien souvent à une nouvelle religion qui possède ses adeptes fanatiques, son clergé et ses dieux...
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American Gods paru en 2001 dans sa version originale puis traduit de l'anglais par Michel Pagel en 2002 au Diable Vauvert (paru également en poche) est un livre qui mérite ses prix! Ayant abordé les écrits de la nouvelle génération fantastique anglaise avec Gaiman et son excellent livre de Bons Présages en collaboration avec le non moins fameux Pratchett, il me semblait incontournable de passer par son plus grand succès: American Gods. L'Amérique, continent qui a accueillit bien avant Colomb une foultitude d'hommes et de croyances est aujourd'hui en proie aux nouveaux dieux: l'internet, les médias, la consommation. C'est un combat mortel qui s'engage entre les divinités évoluant parmi nous depuis des millénaires et les nouveaux arrivants.

Rythmés, les livres Gaiman se lisent d'une traite, il joue d'ailleurs beaucoup sur des retournements inattendus et l'on s'y ennuie peu.
Lien : http://ranatoad.blogspot.com
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Je l ai lu en anglais, ca a ete un peu complique car le livre alterne les phases revee, imaginaire, realiste et il faut donc etre meticuleux dans sa lecture et comprehension. Neanmoins j ai adore cette oeuvre profondement originale par sa narration, par les personnages qui y prennent part. Quelque chose de poetique et violent.
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American Gods nous invite à une relecture de notre histoire, l'ancien et le moderne. Neil Gaiman a décidé de les opposer dans un même récit. Les anciens dieux vivent de petits boulots dans des décors sales et passés, ça en est même glauque parfois ;alors que les nouveaux se déplacent en limousine avec une arrogance de gangsters des années 30. Ce sont bien deux visions du monde qui s'opposent alors. Les anciens dieux ont soif de sacrifices, de guerre et d'honneur alors que le récent panthéon parodie notre civilisation actuelle et par conséquences nous, lecteur : soif d'actualité, de Giga-bytes de données, d'informations et de divertissement. Les deux camps se font face pour la bataille et les Hommes en sont au centre.

Toutefois, Ombre ne fait pas tout le temps son job de héros notamment au niveau des émotions. Au début du livre par exemple, alors que les enjeux du livre sont décrits et les personnages dévoilés, la réaction de Ombre est de rester stoïque alors que la majorité des personnes aurait contesté que l'on se moque d'elle ou bien harcelé les divinités de questions sur la Vie et la Mort mais elle ne serait sûrement pas resté fermée comme Ombre. Il reste la majorité du temps soumis aux événements sans en être soit moteur ou acteur. Lakeside en est un autre exemple, Ombre est ballotté tout le temps et fait plus office de fil rouge que de personnage principal. La fin du livre nous révèle enfin le potentiel d'Ombre et sa grandeur d'âme. Il n'en reste pas moins attachant tout au long du livre.
Mais d'autres protagonistes donnent aussi sens au livre comme le Bison, ce personnage mystérieux qui apparaît dans les rêves, est plus que ne semble faire passer Neil Gaiman.

Neil Gaiman a réussi à donner de la profondeur à son récit en le mettant en perspective dans l'Histoire et même dans les moments les plus tragiques comme l'esclavagisme. le lecteur de prendre du recul sur le récit et nous fait respirer et regarder plus loin dans l'Histoire de l'Humanité. Cela légitimise aussi la mythologie du récit.
C'est une histoire qui garde un bon rythme tout le long du livre. Road-movies oblige, les lieux changent et donnent assez de dynamisme et de respiration au lecteur. On voyage avec eux dans leur van crasseux et leurs vieilles voitures. L'ambiance est, elle aussi, réussie et variée. On rentre dans des appartements qui sentent le tabac froid et à la tapisserie dépassée et dans des mondes sacrés. Quant à la fin, elle n'est ni trop peu pour ne pas être déçu, ni trop pour être la surestimer. L'histoire se démêle dans une vérité que l'on soupçonnait parfois avec quelques indices éparpillés le long du roman. Elle reste tout de même surprenante et bien écrite et on y est quand même frappé.

Neil Gaiman a fait preuve d'une imagination fournie et a accouché d'une fable mythologique qui me marquera sûrement. L'écrivain a dosé avec réussite le réalisme du monde actuel, ses attentes et sa spiritualité et les aspirations de notre société. « Quelle valeur je défends » répond à la question « quel camp aurais-je choisi ? » mais les dernières paroles du Bison, personnage mystique du livre sont encore dans mon esprit.
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Cela faisait longtemps que j'avais envie de découvrir quelque chose de Neil Gaiman et je dois dire que j'ai vraiment beaucoup aimé American Gods. Je n'en suis pas devenu fan à la seconde où je l'ai commencé, mais il m'a immédiatement intrigué, il m'a intéressé. Oui, c'est le mot. Il m'a intéressé au point que je suis vite devenu incapable de le lâcher. J'ai trouvé le concept particulièrement intelligent et j'ai apprécié les personnages (surtout Ombre qui est très attachant). Je ne me suis pas ennuyé un seul instant non plus, le rythme à la fois lent et tortueux qu'a instauré l'auteur sied parfaitement à son histoire.

Une très bonne découverte, donc. Il me tarde de lire d'autres choses de sa plume.
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Bon allez, cela fait bien longtemps que je n'avais pas écrit de critique à la volée. Donc, c'est parti.

Qu'est-ce qu'une critique à la volée ? C'est une critique écrite d'une traite (ça, je sais faire), sans réfléchir (ça, je sais faire encore mieux), pour donner un ressenti sans chercher à tomber dans l'extravagance intellectuelle si chère aux torcheurs de cul sévissant dans certains magazines.

Alors le thème du jour sera double : une critique "littéraire" et une critique de série, concernant American Gods. Pourquoi double ? Tout simplement parce que le livre et la série se complètent fort bien.

Tout d'abord, le bouquin ! American Gods a été écrit par Neil Gaiman, un auteur/dessinateur américain que je connaissais surtout pour sa participation à l'excellent roman "De bons Présages" écrit main dans la main avec Sir Terry Pratchett. Bon déjà, c'est un bon point, si Terry l'avait choisi, c'est qu'il devait avoir du talent, le bougre. Et je ne saurai le faire mentir, car American Gods est puissamment puissant. Outre un véritable don de conteur, Gaiman a une imagination très fertile, mise à la disposition de sa plume simple, efficace et inventive (où l'on retrouve beaucoup d'humour noir entre les lignes). Mais qu'est-ce que ça raconte tout ça ?

Bon, là, on va essayer de ne pas spoiler comme un goret. American Gods nous narre l'histoire d'un mec appelé Ombre (déjà le nom...). Ombre est en tôle, mais plus pour très longtemps. D'ailleurs, il sort plus tôt que prévu. Une aubaine ? Non, il sort car il apprend que sa femme vient de mourir. Bon, déjà, le mec, la chance, il ne sait pas ce que c'est...Donc, un peu désemparé, mais sachant ce qu'il doit faire pour ces funérailles, il prend l'avion pour l'enterrer. Et il tombe (sans se faire mal, il a déjà assez mal comme ça, le pauvre) sur un étrange personnage nommé Voyageur (Mr Wednesday en version originale, et c'est bien mieux pour la compréhension). Ce dernier lui propose de devenir son garde du corps et son homme à tout-faire (et c'est peu dire) contre de l'argent. Ensemble, ils vont parcourir les USA et Ombre va découvrir un monde qui lui était inconnu : celui des Dieux.

Là, on va me dire que c'est capillotracté, tout ça. Et on aura raison. C'est capillotracté. Et c'est tout autant jouissif car nous sommes en présence d'une espèce de road-movie écrit, dans un cadre what the fuck, étrange, lugubre, sale. Là, déjà, je suis sûr que je retiens votre attention...Un étrange voyage les attend...où se mélangent croyance anciennes et nouvelles...où se mélangent philosophie crade et leçons de vie (et de mort)...

En réalité, le thème central d'American Gods demeure l'identité. Une identité perdue. Celle des USA, et celle d'Ombre. Comment définir l'un ou l'autre ? La culture, les mythes, les légendes sont pris dans une tornade moderne où l'identité de tout un chacun se perd au profit d'un grand tout indivisible.

Bref, c'est un voyage quasi initiatique qui vous attend. Dont vous ne sortirez pas indemne. Bien entendu, l'oeuvre n'est pas parfaite. Certains pourront la trouver longue, surtout au début où tout se met en place. Mais, si, comme moi, vous faites l'effort des quelques premières pages, vous serez happé par les qualités indéniables de ce roman, d'un genre très particulier, je me répète, mais particulièrement absorbant.

Fort du succès du livre (de nombreux prix en attestent), une série a vu le jour depuis peu, disponible pour les heureux abonnés d'Amazon Premium. Une série américaine créée par Bryan Fuller (Hannibal pour ne pas le citer) et Michael Green. Et là, on peut se demander comment les deux gars ont fait pour adapter une telle oeuvre foisonnante. Bah, simplement, avec talent.

La série reprend un rythme similaire au livre, et un visuel très particulier que les fans d'Hannibal reconnaitront tout de suite. C'est lent. C'est crade. Et c'est tout aussi jouissif (décidément, j'en ai plein sur le clavier). Avec un visuel détonnant. Avec une ambiance qui sert parfaitement ce WTF d'histoire de Dieux et de Déesses. Rien que l'opening vaut le coup, pour la musique et les images...

C'est un véritable prodige que de donner une image à un monde aussi torturé, et d'y donner le son adéquat. Une ambiance étrange, envoutante, et un tantinet morbide. Tout y est.

Fuller, qui décidément a une patte indéniable, rend véritablement hommage au roman. Mais, là, où ils font fort, c'est qu'il en reprend la trame principale, mais en réécrivant certaines parties. Il met en avant des Dieux tertiaires dans le livre, avec leurs histoires. Il souligne certains traits qui ne le sont pas par l'écrit. Bref, il complète parfaitement l'oeuvre de Gaiman. Si bien que la série et le roman en viennent à se compléter. Les faits divergent (pas de jeu de mots honteux, je vous prix), certains sont mis en exergue, mais ils forment un tout inaltérable.

Ainsi, on peut lire le roman, tout en conservant la surprise avec la série. Et, franchement, ça, chapeau ! Et je m'y connais en chapeaux !

Vous l'aurez compris : j'ai adoré le livre et je me suis délecté avec la série. Qu'importe l'ordre que vous suivrez, aimez American Gods ! Déjà, ça vous changera de vos lectures habituelles, et ça vous changera des séries que l'on nous vend comme "intelligentes". L'intelligence n'est pas là, où les mots sont nombreux. L'intelligence est là quand on cherche du sens.
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