"Familles ! je vous hais ! Foyers clos, portes refermées ; possessions jalouses du bonheur." écrit
André Gide dans
Les nourritures terrestres. Et toujours dans le même livre : "Je haïssais les foyers, les familles, tous lieux où l'homme pense trouver un repos."
Si la famille est un endroit généralement fermé, elle n'est pas toujours un lieu protecteur pour ses membres. Loin s'en faut.
Vous pensez que dans une famille idéale on s'aide et on se soutient ? Que chacun prend à coeur l'épanouissement des autres ?
Vous avez sans doute raison. Mais ceci n'est vrai que dans une famille idéale.
La plupart des familles ne sont pas parfaites (aucune ne l'est, en fait), mais certaines sont franchement toxiques.
C'est le cas de la famille de Mia.
Mia s'étiole dans son mariage. Elle étouffe. Elle voudrait fuir, changer de vie. Mais pour sa famille immigrée italienne en Suisse, on ne plaisante pas avec le mariage, avec les convenances, avec le qu'en-dira-t-on. Aussi, sans moyens financiers, et ne pouvant compter sur personne, Mia est-elle coincée. Condamnée.
Jusqu'à ce qu'elle prenne une incroyable décision. Une décision audacieuse et terrifiante.
Sonia Frisco raconte dans ce roman l'histoire vraie de son amie Mia qui lui a donné l'autorisation de publier ce récit terrible.
Et Sonia raconte tout. Elle n'épargne rien au lecteur.
Elle présente la prostitution sans fard. Les scènes de sexe sont crues, très crues même, mais grâce à l'écriture de l'auteur, pas vulgaires du tout.
L'histoire aurait pu être très glauque, mais elle ne l'est absolument pas car
Sonia Frisco l'a écrite tout en finesse.
J'ai dévoré ce livre en un week-end, et en suis ressortie toute bouleversée. Quel talent (et quel travail) de la part d'un auteur pour pouvoir faire naître autant d'émotions chez un lecteur !
Sonia Frisco nous livre une réflexion sur ce que l'on veut faire dans la vie, ce que l'on peut faire, et ce que l'on est prêt à accepter. "Le Vouloir dans son sens plein implique une intention inébranlable. C'est un fer rouge que l'on peut battre et plier dans la forme qui le mieux nous plaît. C'est notre oeuvre. L'oeuvre libre de chacun."
Oui mais souvent, la peur ou l'envie de rester dans notre petit confort, même imparfait, l'emporte sur le choix réel de ce que nous voulons faire : "On s'adapte tellement bien qu'on finit par s'adapter à tout, même à l'insupportable."
Sans en arriver à des extrémités aussi terribles que Mia, nous pouvons tous, si nous le voulons, changer des choses dans notre vie, tomber les masques et avancer dans la bonne direction, dans notre direction.
Je pense que c'est là le plus bel hommage que l'on puisse rendre à Mia.
Je reprends la très belle citation d'
Italo Calvino placée en tête de la note de l'auteur qui introduit ce livre : "Lire, c'est aller à l'encontre d'une chose qui va exister, mais dont personne encore ne sait ce qu'elle sera."
Eh bien, ne peut-on pas, de la même façon dire : "Vivre, c'est aller à l'encontre d'une chose qui va exister, mais dont personne encore ne sait ce qu'elle sera." ?
Alors, pour Mia, vivons. Vivons notre vie, et pas celle que les autres veulent nous voir vivre.
Merci à
Sonia Frisco pour ce texte plein d'humanité et qui me donne envie de découvrir vos autres romans.
Merci à l'éditeur Amazon Publishing pour l'envoi de ce livre.
Et bien sûr, merci à Babelio pour l'organisation de ses opérations Masse Critique qui permettent de faire de belles découvertes.