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Citations sur Septologie I-II : L'autre nom (6)

C'était un baiser prudent, elle dit
et il pose une main sur ses cheveux, mais il pose sa main sans lui toucher les cheveux, et ils s'enlacent, et ils s'étreignent, blottis l'un contre l'autre, et il pose la main sur les cheveux, et il se met à caresser ses longs cheveux foncés, de haut en bas, et elle pose sa tête sur son épaule, et je vois qu'ils restent comme ça, dans cette position, sans bouger, et ils ressemblent à une nouvelle image, à l'une de ces images que je n'oublierai jamais, à une image que je vais peindre, je vais les peindre et les dé-peindre, je vais les peindre et les dé-peindre dans cette position, je pense, car on a l'impression qu'une lumière sort d'eux quand ils sont dans cette position, enlacés, blottis l'un contre l'autre, comme s'ils ne formaient plus qu'un, dans cette position on a l'impression qu'ils ne forment plus qu'un, oui, blottis l'un contre l'autre pendant que la nuit tombe, pendant que l'obscurité tombe sur eux comme de la neige, l'obscurité tombe comme une chute de flocons mais une obscurité qui n'en demeure pas moins inentamée, non comme des pans d'obscurité mais comme une obscurité floconneuse, neigeuse, et plus cette obscurité s'épaissit plus la lumière jaillit, oui, une espèce de lumière sort d'eux, je le vois, et même si on ne voit pas la lumière on la voit quand même, car la lumière peut aussi sortir des gens, surtout de l’œil, et surtout par des étincelles, sous la forme d'une invisible lumière étincelante, mais d'eux sort une silencieuse lumière régulière, qui reste la même et ne change pas, comme si blottis l'un contre l'autre dans cette position ils étaient une seule et même lumière...
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...là Ales m'attend, elle et notre enfant, et je dois rentrer chez moi, je dois rentrer les retrouver, retrouver ma femme, retrouver notre enfant, mais qu'est-ce que je suis en train de penser ? Je pense, car je vis seul, je vais rentrer dans ma vieille maison à Dylgja, là où je vivais autrefois avec Ales, elle qui est partie à présent, elle qui repose en Dieu à présent, comme je le sens très distinctement, au plus profond de moi, elle qui ne marche plus sur terre mais à qui je parle quand même quand je le désire, oui, aussi étrange que cela puisse paraitre, car la différence n'est pas si grande, oui, la différence entre la vie et la mort, bien que cette différence paraisse indépassable elle ne l'est pas, car c'est vrai, je lui parle tous les jours à Ales, oui, presque tout le temps, et nous nous parlons sans prononcer de mots, presque toujours, et bien sûr qu'elle me manque, mais comme nous sommes très proches l'un de l'autre, et comme il ne reste plus très longtemps avant que n'arrive l'heure où moi-même je devrai aller là où elle est, oui, dans ces conditions, je m'en sors bien dans la vie, même si c'est moche, oui, la perdre revenait à tout perdre dans cette vie, oui, sa perte a presque eu raison de moi, et nous n'avons jamais eu d'enfant ensemble, donc pourquoi suis-je en train de penser que je rentre retrouver ma femme et notre enfant ? c'est sans doute parce que je glisse dans un assoupissement quand je conduis, et c'est dans l'assoupissement que cette pensée peut surgir, mais bon, je le sais, je ne suis pas plus fou que je le laisse penser...
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Et je me vois debout face à l'image avec ses deux traits, un marron et un violet, qui se croisent dans le milieu, une image oblongue, je me vois la regarder, et je vois que j'ai peint les traits avec une grande lenteur, avec une épaisseur dans la peinture, qui a coulé, la couleur se mélange à l'endroit où se croisent la petite ligne violette et la marron, avant de couler vers le bas et je pense que ce n'est pas un tableau, mais en même temps l'image est telle qu'elle doit être, elle est terminée, il n'y a rien à ajouter, je pense, et je dois m'en débarrasser, je ne veux plus l'avoir sur le chevalet, je ne veux plus la voir, je pense, et je pense qu'on est aujourd'hui lundi, que je dois la remiser avec les autres tableaux sur lesquels je travaille en ce moment mais que je n'ai pas encore terminés, ceux que j'ai posés entre la porte de la chambre et la porte du couloir, inclinés châssis apparent, sous le crochet du portemanteau auquel est suspendue ma sacoche en cuir marron, dans laquelle se trouvent mon carnet de croquis et mon crayon de bois...
(Incipit)
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Et elle demande si je bois, et je dis que je buvais, et pas qu'un peu, mais, oui, c'est une histoire longue et compliquée, je dis, mais, au bout d'un moment ça a été soit l'eau-de-vie soit l'art, oui, on pourrait même dire soit l'eau-de-vie soit la vie, et, oui, oui, j'ai réussi à me défaire de l'emprise que l'eau-de-vie avait sur moi, mais, ça n'a pas été facile, je dis, et bien sûr, Ales, ma femme, n'aimait pas me voir boire, et si ce n'avait pas été grâce à elle, non, je ne sais pas comment j'aurais fini, je dis
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des hommes sont disséminés de part et d’autre de l’établissement, assis seuls à leur table, en solitaire, totalement seuls avec leur pinte de bière en face d’eux et leur paquet de tabac à côté d’eux, un ici et un autre là, ils se roulent une cigarette, ils s’allument leur cigarette, ils tirent une longue bouffée de leur cigarette, ils recrachent la fumée de leur cigarette, ils lèvent leur pinte de bière, ils boivent une grande gorgée de bière, désespérément seuls à leur table, un ici et un autre là, en solitaire, ils ne semblent même pas remarquer la présence des autres clients dans l’établissement, ni même que nous sommes entrés dans l’établissement, ils sont assis tout seuls à leur table, un ici et un autre là, en solitaire, plongés dans leur monde, enfermés en eux-mêmes, je pense
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|...] comme elle n’avait ni enfants ni héritiers, et comme nous n’avions pas de toit au-dessus de notre tête, ou plutôt comme nous vivions dans la maison en ruine marron et mal chauffée, oui, dans l’allée de celle où je me suis arrêté plus tôt dans la journée, nous nous sommes installés dans la vieille maison à Dylgja, oui, il y a des années de cela, je pense, et nous y sommes restés, Ales et moi, et, non, je ne veux pas y penser, pas maintenant, je pense, et je roule vers le nord, et je pense que j’aime faire de la voiture, tant que je n’ai pas la peine de conduire en ville, car je n’aime pas ça, je deviens aussitôt inquiet et désorienté, tant que je n’ai pas la peine de conduire en ville je ne le fais sinon jamais, mais Beyer, le galeriste, m’a appris quelle route emprunter pour rejoindre la Galleri Beyer puis en repartir, sa galerie est située dans le centre de Bjørgvin, en face d’un grand parking où je gare ma voiture, donc là-bas, dans la ville de Bjørgvin, je n’ai pas de peine à conduire, je pense, et je suis arrivé à l’Instefjord, et je continue de rouler vers le nord, et je roule le long du Sygnefjord, et je suis tellement fatigué, [...]
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