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EAN : 9782070401178
368 pages
Gallimard (15/11/1996)
3.5/5   12 notes
Résumé :
"Ma mère était une rieuse, une moqueuse( ...) Pour elle, les locataires du soixante quatorze avenue Ledru Rollin - l'immeuble sordide où nous avions émigré après la faillite de papa - n'étaient pas madame Morel, monsieur Bénin, les Falkenberg ou les Paposki mais Belle-en-cuisses, le père Cocu-Content, les Mangeurs-de-pelures et les Grandes Oreilles (...)

Et puis c'est elle qui est tombée. Un dimanche de février. Tombée pas vieille. Entraînant dans sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le jeune homme n'aime pas son pardessus mal taillé d'un brun trop criard.
Il n'aime pas Jacqueline, la perfide ballerine qui, en minaudant, refusait de l'embrasser, et qui pourtant attend un enfant d'un musicien de son orchestre.
Il n'aime pas les allemands qui, en 44, sont là depuis trop longtemps et semblent s'être installés pour toujours.
Mais par-dessus tout, il n'aime pas la mort qui, un sombre dimanche de février, a, sans prévenir, emporté sa mère ...
"La déglingue" c'est un livre de Remo Forlani.
Il a été écrit "pour eux, pour eux tous".
Mais avant-tout, c'est un livre écrit par un fils pour sa mère.
Derrière le stylo qui, en 1995, a retracé "la déglingue", le jeune homme, pourtant presque devenu un vieillard, a conservé sur ses épaules le vieux pardessus.
Le livre a été écrit sans fausse pudeur, parfois même crument.
C'est que son auteur n'est pas un poseur.
Mais en quelques mots, en une ou deux phrases, à l'aide d'un flot de tendresse, Remo Forlani balaie tout ce qui pourrait être gênant ou désespérant.
Les phrases ont ici la force de la vie.
"C'est farce ... la vie. Enfin bizarre".
"La déglingue", c'est un adolescent, presque un jeune homme, dans la désespérance.
C'est un livre beau et puissant ou l'auteur a ouvert le sac, dont sa mère disait, qu'à y avoir fourré ensemble la droite et la gauche, on n'en sortirait que de la calamité.
Il en est sorti beaucoup de mélancolie, énormément de tendresse, une profonde tristesse, un amour éperdu pour sa mère et de la vie ...
Le style de Remo Forlani est à son image.
Sous sa plume, les mots d'ailleurs semblent ne s'ordonner en phrases que pour se transformer en autant d'images.
C'est que l'écrivain sait aussi à l'occasion se faire fin scénariste et habile dramaturge.
Depuis longtemps, j'aime Remo Forlani.
Il m'a présenté "P'tit Pat" dans ma jeunesse.
Et m'y a raconté "le roman vrai des bandes-dessinées".
Pour ça et pour "la déglingue", merci Mr Forlani ...





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Roman autobiographique d'un écrivain-journaliste,-scénariste-homme de radio, que je connaissais principalement pour son amour-passion des chats ; Je me souviens, entre autres, au début de mes années de libraire, d'un de ses succès, « Pour l'amour de Finette »…Grâce à un passage récent chez des amis jurassiens… j'ai découvert ce « vieux Folio » jauni de 1996, dans leurs rayonnages. Lecture que je leur ai empruntée.

Lecture attachante, remplie de gouaille et d'un langage aussi imagé que très fleuri !...
Remo Forlani, fils d'un maçon italien de Bergame nous raconte son enfance parisienne des quartiers très chics à ceux plus populaires, lorsque son père, après une brève période avant guerre, où il gagnait beaucoup d'argent avec moult chantiers…se retrouve "démuni". Toutefois, il dépensait sans compter, puis la crise, la guerre, et à nouveau le paternel de l'écrivain s'est retrouvé simple »ouvrier-cimentier »…Une maman, mère Courage, à laquelle il rend hommage Tout cela narré avec un langage désopilant , entre le Titi parisien et Gavroche !

« Il faudrait mille pages et un stylo-feutre mille fois plus lyrique que le mien pour dire combien il était bel homme, mon père. Et il n'était pas que plus beau, plus surprenant à voir que tous les autres hommes de notre quartier et d'ailleurs. Il était aussi plus drôle à écouter avec son parler étrange parce que à moitié étranger et émaillé de mots de son invention, de grossièretés rien qu'à lui. Comme un poète, il s'exprimait, un barde de bistro. A jeun, comme parti, il fallait qu'il débloque, qu'il délire. C'était sa méthode pour dérouter qui l'écoutait avec les oreilles d'âne de la logique. Papa avait le goût de la provoque et disons...une dinguerie qui nous valait de vivre, lui, maman et moi, une vie nettement plus excitante que celle de la quasi-totalité des Parisiens macaronis ou pas. (p. 114-115)”

Une grande partie du récit… concerne le décès brutal de la maman adorée (en février 1944), les préparatifs de son enterrement , le chagrin de l'écrivain, tout jeune adolescent, paumé par cette brusque mort, qui le laisse se débrouiller avec un père, qui est plus un gamin qu'un père, la découverte des filles, la débrouille, le rêve et l'ambition de devenir « un grand peintre » célèbre, les copains, les amitiés, les voisins plus ou moins compatissants…

La vie, quoi ! sauf que c'est une vie avec la guerre, la présence des Allemands, la nourriture rationnée, les difficultés du quotidien le plus simple ! mais aucun larmoiement , aucune plainte…Un amour de la vie, un appétit , une curiosité tous azimuts… de notre écrivain, tout jeune… qui se souvient de sa jeunesse, de ses parents… et surtout du manque de cette mère adorée… à qui il rend un hommage intense… jusque dans les choses les plus simples de leur vie très modeste.

« Quand je suis rentré dans notre non moins désolant logis, maman et une bonne odeur m'attendaient.
Une odeur d'avant-guerre.
Elle avait ça de merveilleux , ma mère, elle avait des attentions.
De me voir aussi déçu par mon pardessus neuf, ça l'avait remuée. Alors pendant que je vadrouillais, elle s'était mise en quatre, décarcassée pour que je trouve un bon dessert en rentrant.
Un riz au lait. Notre régal à elle et à moi.
Sans lait.” (p. 23)

Un moment riche d'émotions et de sourires grâce à une langue, un style jubilatoires…entre rocaille, égratignures, chagrin, manques, éclats de rire , malice et grande tendresse pour ses “personnages” et son quotidien de gamin d'émigré italien pendant l'Occupation…Une lecture attachante qui nous fait mieux connaître cet écrivain passionné érudit de cinéma, ami indéfectible des animaux et des chats…!
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Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours eu une tendresse particulière pour Remo Forlani.
Il a un réel talent pour nous faire vivre des époques de sa vie ou nous plonger dans la fiction, dans un style toujours vif et coloré.
Ici, dans Paris occupé, il a seize ans lorsque sa mère meurt brutalement.
Commence alors pour lui la « déglingue », entre un père alcoolique et cavaleur, ses rêves improbables de devenir peintre célèbre, ses figurations au théâtre, et surtout la douloureuse absence de sa mère.
La lecture coule toute seule, c'est gai et triste en même temps. le style est tellement vivant que j'avais l'impression de l'entendre raconter plus que de le lire.
C'est avec regret que j'ai tourné la dernière page, j'aurais bien continué un petit bout de route avec lui.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Ayant avalé avec gloutonnerie pas mal de livres sur la peinture que m'avait révélés JeanJean, ayant été rôder sur ses conseils dans des musées, des expositions, j'avais découvert combien l'art c'était encore mieux que je me le figurais. Et combien c'était raffiné, gratifiant d'être un Matisse, un Dufy, un Derain, un Vlaminck plutôt que cimentier comme mon père, marchand de minestrone comme Monsieur Pipolina ou tapissier ou ébéniste ou flic ou fonctionnaire ou d'exercer n'importe lequel des métiers sans éclat, sans mystère et exténuants et peu payés que le commun des mortels exerçait.
C'était réglé. Je serais un grand peintre et rien d'autre.
Mais quel grand peintre ? (p. 88)
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C'est comme ça, c'est comme ça.
Le temps va.
Bon, mauvais, faut qu'il s'écoule, filoche, s'esbigne.
Emportant les gens. Des milliasses de gens.
Des gens dont on ne savait même pas qu'ils étaient de ce monde.
Et des gens à nous, des gens qu'on connaît, amis, père, mère, cousins, cousines, petites soeurs, fillettes si palôtte, si chétives qu'on reniflait qu'elles n'iraient même pas jusqu'à leur première communion, et aussi de grands gros gaillards suant la santé qui, coups de malchance, se goinfrent un bus emballé ou une cheminée qui leur dégringole dessus sans prévenir.
Les morts ...
Une rude débandade, si on y pense.
Vous laissant des chagrins qui n'en finissent pas de s'accumuler ...
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[Faire griller des marrons et les vendre ]
C'était nettement plus captivant que d'apprendre par coeur les noms des colonies que nous allions perdre et des principaux os du squelette de l'homme (et de sa femelle)
Plus j'y pense et plus je me dis que, vendre des marrons à une terrasse dans une artère bien passante, j'aurais volontiers fait ça toute ma vie. C'est un métier d'intérêt public, agréable et qui vous permet de prendre langue avec nombre de gens. L'ennui c'est que c'est un métier saisonnier. (p. 44)
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Il faudrait mille pages et un stylo-feutre mille fois plus lyrique que le mien pour dire combien il était bel homme, mon père. Et il n'était pas que plus beau, plus surprenant à voir que tous les autres hommes de notre quartier et d'ailleurs. Il était aussi plus drôle à écouter avec son parler étrange parce que à moitié étranger et émaillé de mots de son invention, de grossièretés rien qu'à lui. Comme un poète, il s'exprimait, un barde de bistro. A jeun, comme parti, il fallait qu'il débloque, qu'il délire. C'était sa méthode pour dérouter qui l'écoutait avec les oreilles d'âne de la logique. Papa avait le goût de la provoque et disons...une dinguerie qui nous valait de vivre, lui, maman et moi, une vie nettement plus excitante que celle de la quasi-totalité des Parisiens macaronis ou pas. (p. 114-115)
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Le Front Popu ça faisait belle lurette qu'il n'était plus que dans les mémoires.
Léon Blum s'était fait virer par des politicards qui ne le valaient pas, et de loin, et son bon camarade Thorez était devenu quelque chose comme l'allié de ses ennemis nazis.
C'est que le sac à calamité de maman on l'avait ouvert.
Et grand.
C'est que nous avions eu un Munich.
Puis une guerre.
Puis l'arrivée des allemands à Paris.
Puis une vieille baderne de maréchal qui avait fait don de sa personne à la France et était allé serrer la main d'Hitler à Montoire et qui nous bassinait avec son travail et sa famille et sa patrie.
Et nous étions le 6 février quarante-quatre.
Le matin ...
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Théâtre
Matthieu GALEY, Robert KANTERS, Pierre MARCABRU, Gilles SANDIER débatent des pièces de théâtre suivantes : - "Guerre et Paix au café Sneffle", de Rémo FORLANI (Théâtre La Bruyère) - "Tchao", de Jacques-Henri DUVAL, mis en scène par Marc-Gilbert SAUVAGEON (Théâtre Saint Georges) - "L'Infame", écrit et mis en scène par Roger PLANCHON (Théâtre de la Cité de...
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