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Citations sur La Déglingue (22)

C'est moche de voir, à neuf ans, sa mère verser de grosses grosses larmes ...
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Ayant avalé avec gloutonnerie pas mal de livres sur la peinture que m'avait révélés JeanJean, ayant été rôder sur ses conseils dans des musées, des expositions, j'avais découvert combien l'art c'était encore mieux que je me le figurais. Et combien c'était raffiné, gratifiant d'être un Matisse, un Dufy, un Derain, un Vlaminck plutôt que cimentier comme mon père, marchand de minestrone comme Monsieur Pipolina ou tapissier ou ébéniste ou flic ou fonctionnaire ou d'exercer n'importe lequel des métiers sans éclat, sans mystère et exténuants et peu payés que le commun des mortels exerçait.
C'était réglé. Je serais un grand peintre et rien d'autre.
Mais quel grand peintre ? (p. 88)
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C'est comme ça, c'est comme ça.
Le temps va.
Bon, mauvais, faut qu'il s'écoule, filoche, s'esbigne.
Emportant les gens. Des milliasses de gens.
Des gens dont on ne savait même pas qu'ils étaient de ce monde.
Et des gens à nous, des gens qu'on connaît, amis, père, mère, cousins, cousines, petites soeurs, fillettes si palôtte, si chétives qu'on reniflait qu'elles n'iraient même pas jusqu'à leur première communion, et aussi de grands gros gaillards suant la santé qui, coups de malchance, se goinfrent un bus emballé ou une cheminée qui leur dégringole dessus sans prévenir.
Les morts ...
Une rude débandade, si on y pense.
Vous laissant des chagrins qui n'en finissent pas de s'accumuler ...
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[Faire griller des marrons et les vendre ]
C'était nettement plus captivant que d'apprendre par coeur les noms des colonies que nous allions perdre et des principaux os du squelette de l'homme (et de sa femelle)
Plus j'y pense et plus je me dis que, vendre des marrons à une terrasse dans une artère bien passante, j'aurais volontiers fait ça toute ma vie. C'est un métier d'intérêt public, agréable et qui vous permet de prendre langue avec nombre de gens. L'ennui c'est que c'est un métier saisonnier. (p. 44)
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Quand aujourd'hui je lis Zola, L'Assommoir, Le ventre de Paris ..., je pense à tout ce qu'elle me racontait sur son enfance de fille de bignole, ma mère.
Mais je le lis dans mes livres de la Pléiade "reliés en pleine peau dorée à l'or fin".
Et ça me met mal à l'aise.
Elle, elle n'avait jamais lu que des bouquins à moins d'un franc, des bouquins en mauvais papier, même pas à elle, empruntés.
Et bêtes ...
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Quand je suis rentré dans notre non moins désolant logis, maman et une bonne odeur m'attendaient.
Une odeur d'avant-guerre.
Elle avait ça de merveilleux , ma mère, elle avait des attentions.
De me voir aussi déçu par mon pardessus neuf, ça l'avait remuée. Alors pendant que je vadrouillais, elle s'était mise en quatre, décarcassée pour que je trouve un bon dessert en rentrant.
Un riz au lait. Notre régal à elle et à moi.
Sans lait.
(p. 23)
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On devrait toujours écouter ceux qui vous parlent, même si ce qu'ils vous disent est chiant comme la fumée.
Parce que les gens, tous, ils sont mortels.
Mais, ce matin-là, ça non plus je ne le savais pas. (p. 58)
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Il faudrait mille pages et un stylo-feutre mille fois plus lyrique que le mien pour dire combien il était bel homme, mon père. Et il n'était pas que plus beau, plus surprenant à voir que tous les autres hommes de notre quartier et d'ailleurs. Il était aussi plus drôle à écouter avec son parler étrange parce que à moitié étranger et émaillé de mots de son invention, de grossièretés rien qu'à lui. Comme un poète, il s'exprimait, un barde de bistro. A jeun, comme parti, il fallait qu'il débloque, qu'il délire. C'était sa méthode pour dérouter qui l'écoutait avec les oreilles d'âne de la logique. Papa avait le goût de la provoque et disons...une dinguerie qui nous valait de vivre, lui, maman et moi, une vie nettement plus excitante que celle de la quasi-totalité des Parisiens macaronis ou pas. (p. 114-115)
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Le Front Popu ça faisait belle lurette qu'il n'était plus que dans les mémoires.
Léon Blum s'était fait virer par des politicards qui ne le valaient pas, et de loin, et son bon camarade Thorez était devenu quelque chose comme l'allié de ses ennemis nazis.
C'est que le sac à calamité de maman on l'avait ouvert.
Et grand.
C'est que nous avions eu un Munich.
Puis une guerre.
Puis l'arrivée des allemands à Paris.
Puis une vieille baderne de maréchal qui avait fait don de sa personne à la France et était allé serrer la main d'Hitler à Montoire et qui nous bassinait avec son travail et sa famille et sa patrie.
Et nous étions le 6 février quarante-quatre.
Le matin ...
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Les petits oiseaux du Bon Dieu, ils ont pas de fourneau à gaz, pas de moulin à café, pas de phono et ça les empêche pas de chanter. (p. 132)
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