De
Patricia Hearst, de l'Armée de Libération Symbionaise et d'un contexte états-unien de 1974, extraire de curieuses lignes de force et de fuite tout à fait contemporaines.
Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/06/03/note-de-lecture-
stockholm-jean-marc-flahaut/
Publiée une première fois en 2014 et rééditée dans une version augmentée en 2021 chez Intervalle(s), la novella poétique «
Stockholm », trois ans avant « Deadline » et quatre ans avant «
Cinéma Inferno », illustre parfaitement l'acuité avec laquelle
Jean-Marc Flahaut est capable de se saisir de motifs réputés contre-culturels, notamment ceux de l'underground politique et artistique états-unien des années 1970, pour en extraire une substance poétique et littéraire qui en magnifie les dimensions socio-politiques intemporelles.
Si l'Armée de Libération Symbionaise, avec ses vingt membres, sa langue révolutionnaire assez particulière (même pour l'époque), son étonnant syncrétisme et sa maladresse bizarre, est assez loin, comme matériau littéraire, poétique et critique, de la Rote Armee Fraktion si magnifiquement traitée par l'
Alban Lefranc de «
Si les bouches se ferment » , elle permet toutefois à l'auteur, en intégrant discrètement les codes souterrains de la clandestinité politique aux États-Unis explorés jadis par
Dana Spiotta («
Eat the Document », 2006), de nous proposer, en prétextant habilement s'enquérir des pouvoirs de la rééducation politique et de ses séquelles mortifères (on songera certainement, avec un degré d'horreur largement supplémentaire, aux Khmers rouges du «
Kampuchéa » de
Patrick Deville), une lecture à nouveau bien éclairée des dessous honteux et des envers mal décorés d'un certain rêve américain – dont le pouvoir spectaculaire marchand demeure presque intact de nos jours, comme le rappelaient à leur manière le Patrick Bouvet de « Petite histoire du spectacle industriel » (2017) et l'Éric Vuillard de « Tristesse de la terre » (2014), et comme l'auscultait encore récemment, par un angle bien différent,
Jean-Marc Flahaut lui-même dans son «
Paradise » (2019) écrit en commun avec
Sophie G. Lucas. Ce sont bien dans les méandres des petits caractères de la domination capitaliste, et dans les mystères des résistances parfois hautement improbables qu'elle suscite, que peut se lire, par le truchement de l'entreprise poétique, une certain vérité mouvante et inquiétante de la femme et de l'homme nus face à elle – et à la possibilité d'écrasement qu'elle entretient en permanence.
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