Une sale rumeur

Anne Fine propose souvent des récits dans lesquels elle analyse les relations familiales, que ce soient dans ses romans jeunesse ou contemporains.
Une sale rumeur ne fait pas exception à cette règle, puisque l'histoire se concentre sur les relations entre quatre soeurs unies comme les doigts de la main… du moins au début de l'histoire. Car une fois que les méchantes rumeurs au sujet de Georges, le compagnon de Liddy, arrive aux oreilles de Bridie (qui est assistante sociale et se sent donc particulièrement concernée), rien ne va plus.
L'auteure se sert donc d'une simple rumeur pour analyser les rapports de force entre les soeurs et pour mettre en exergue les défauts de chacune. Heather, est intelligente, mais carriériste, froide et indifférente. Stella, perfectionniste en diable, est superficielle et fade. Liddy est irresponsable et inconséquente. Et Bridie, responsable et mâture, a tendance à tout assumer et à porter la famille à bout de bras : son mari et ses deux fils en souffrent en silence, car ils passent toujours après ses soeurs.
On comprend vite que de telles relations ne peuvent pas durer : la belle entente qui règne entre les soeurs et les conjoints de deux (trois si l'on compte Georges) d'entre elles ne peut pas durer, car elle semble très superficielle. Et au fil des pages, on comprend que, finalement, si tout ce petit monde parvient à se fréquenter sans s'étriper, c'est surtout grâce aux efforts de Bridie, qui fait le lien entre tout le monde. Une fois le drame survenu au sein de la famille, une fois que Bridie en a assez, les choses changent et évoluent.
La présentation de l'éditeur laisse présager une histoire tournant autour du couple formé par Liddy et Georges. Mais c'est pourtant bien de Bridie et de son couple qu'il est question. L'assistante sociale zélée et très professionnelle va passer par toutes les émotions possibles avant de se rendre compte que quelque chose dysfonctionne profondément dans leur famille, et que les relations entre elle et ses soeurs ne sont pas aussi saines que ce qu'elle imaginait. Déçue et amère, Bridie va alors se transformer et c'est tout l'équilibre de la famille qui va s'en trouver changer.

Portrait caustique et un peu cruel d'une famille bien sous tous rapports, Une sale rumeur fait comprendre que tout n'est pas toujours rose dans toutes les familles et que les relations entre parents peuvent aussi être sources de conflits. Avec quelques touches d'humour, Anne Fine parvient à rendre cette histoire de famille très distrayante et prenante.

Liddy, Stella, Bridie et Heather sont quatre soeurs extrêmement liées, bien qu'aux caractères très différents. Elles forment un véritable clan, soudé et fort. Elles habitent la même ville, se voient souvent et se téléphonent encore plus. Elles partagent joies et peines, anxiétés et réussites. Elles n'ont aucun secret les unes pour les autres. A ce qu'il paraît.

Jusqu'au jour où Stella, qui a eu vent d'une vague rumeur -invérifiée et surement infondée- de pédophilie au sujet du fiancé de Liddy, en parle à Bridie. Celle-ci, assistante sociale, est catégorique : il faut alerter Liddy au plus vite, même au risque de détruire son tout nouveau bonheur. Mais Stella n'en est pas convaincue, Heather non plus. Leurs discussions s'enveniment, raniment les anciens conflits. Finalement, Bridie obtient gain de cause et révèle la rumeur à sa soeur, "pour son bien" évidement, mais la réaction de Liddy, d'une grande violence, n'est pas celle escomptée : elle accuse sa soeur de mentir, d'inventer pour ternir son bonheur et du jour au lendemain, coupe tout contact. Et Bridie se retrouve esseulée, mise à l'écart par ses soeurs.

Contrairement à ce que peut laisser présager son titre en français, le sujet de ce roman n'est pas de dénoncer la violence et les méfaits du "bruit qui court" et qui peut sur son passage détruire l'existence de sa victime. Pour Anne Fine, la rumeur n'est qu'un prétexte. En imposant un choix aux soeurs -parler ou se taire- elle est le révélateur de dissonances familiales sous l'hypocrite façade de "famille idéale". Anne Fine se sert donc de ce prétexte pour mener une sorte d'étude-critique des rapports familiaux : rapports de force qui peuvent exister entre les membres d'une fratrie, jalousie, rancoeurs et méchanceté qui peuvent aussi parfois être à l'oeuvre, hypocrisies, renoncements et non-dits auxquels il faut se livrer pour conserver l'illusion de former une famille...

Hélas ! le trait est bien trop forcé pour être crédible. Les personnages sont sans nuances, (stéréotypes de femme au foyer ou de femme d'affaires) et leurs actions et réactions outrancières. Quant aux dialogues, ils sont répétitifs et convenus. Bref, tout (situations, actions et personnages) est lourd et exagéré dans ce roman qui manque de finesse, de tendresse et de drôlerie alors que le sujet pouvait s'y prêter. L'auteur semble avoir uniquement basé son récit sur la cruauté des situations et des personnages qui oscillent entre insupportable apitoiement et colère démesurée.

Par exemple, dans toute la partie centrale du roman, entre le moment de la révélation à Liddy et le moment du revirement de Bridie, on fait du surplace : Bridie se lamente indéfiniment sur sa mise à l'index et met une éternité à en comprendre la raison sous-jacente alors que le lecteur la comprise depuis, pfff, bien longtemps déjà. Et Bridie tombe alors d'un excès à l'autre : alors que jusque-là elle avait basé sa vie entière sur ses relations avec ses soeurs au détriment même de son mari et de ses fils, la voilà qui renie sa fratrie et met en place, sans aucun scrupule, une vengeance bien ignominieuse.

Alors quoi ? La "morale" de ce roman serait que toute famille qui semble idyllique ne serait en fait que pourriture intrinsèque ? Il n'y a donc pas de place à l'entre-deux, à la nuance, à la finesse, chez Anne Fine ? Il semblerait que non. Dommage.
Lien : http://descaillouxpleinleven..

Un livre sur les liens unissant 4 sœurs (Liddy, Stella, Bridie et Heather), qui vont être mis à mal par une rumeur concernant le conjoint de l'une d'entre elle.
Je m'attendais à un livre "chorale" explorant la vision de chacune des soeurs. Mais trés vite l'histoire se concentre sur une seule des protagonistes, Briddie. Eprise de vérité et de sincérité, elle veut l'assentiment de ses 2 autres soeurs, afin de révéler une "information" à la plus jeune des soeurs Liddy concernant son futur conjoint.

Malheureusement, rien ne se passe comme elle l'aurait souhaité et suite à la révélation, les autres soeurs vont prendre de la distance, lui reprochant d'être à l'initiative de cette révélation, ce qui met la protagoniste principale dans une rage folle.

Si au début on éprouve de la sympathie pour la quête de vérité de Briddie, au fur et à mesure la sympathie se transforme en agacement devant ses réactions disproportionnées et ses atermoiements...

Il y a quelques rebondissements plus ou moins convaincants mais on reste sur une impression de tourner en rond et de ressassement ...

On a lu de bien meilleurs livre sur le même thème, et je trouve qu'on est assez loin de l'intensité d'un Mauriac par exemple...

3 étoiles car je suis suis allée au bout avec tout de même une certaine curiosité de découvrir la fin!

Harold Pinter en roman cela donne ce livre .Plat ,répétitif ,insipide .Au théatre avec de très bons acteurs ,des déplacements aux millimêtres ,des inflexions de voix au décibel près ,des jeux de mains et de regards à la seconde ,cela pourrait être bon. Avis aux acteurs et surtout metteurs en scène comme Claude Régy.S'il en reste un de cette trempe ???