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EAN : 9782253161806
360 pages
Le Livre de Poche (07/11/2012)
4.17/5   41 notes
Résumé :
Seul récit autobiographique d'un des plus grands écrivains allemands de son époque, Le Diable en France retrace l’internement de Lion Feuchtwanger au camp des Milles, près d'Aix-en-Provence. Exilé dès l'arrivée des nazis au pouvoir, Lion Feuchtwanger vit pendant six ans « heureux comme Dieu en France », pour reprendre le dicton germanique. Mais l'enfer commence pour lui avec la débâcle française de 1940, quand il est incarcéré avec d'autres artistes juifs allemands ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
J'ai eu l'occasion de visiter le camp des « Mille », cette ancienne tuilerie près d'Aix en Provence transformée en camp d'internement pour des milliers d'hommes et de femmes, une visite qui m'a révélé des pans de l'histoire de la période 1939-1945 que j'ignorais.
Lire ce témoignage était donc la suite logique d'une visite qui m'a profondément marquée.

Après avoir fui l'Allemagne qui l'a déchu de sa nationalité Lion Feuchtwanger vit quelques années heureuses en France. Las ! en juin 1940, il est arrêté et se retrouve interné au camp des Mille. Les conditions de vie sont dures, l'hygiène déplorable et la faim torturante mais la vie intellectuelle s'épanouie malgré tout car nombreux sont les intellectuels allemands internés dans ce camp de transit. On retrouve, sous la plume alerte et acérée de Lion Feuchtwanger, tous les travers et les mesquineries d'une société reconstituée. Ces intellectuels pour la plupart, ne se montrent pas toujours sous leur meilleur jour malgré leur perte de liberté et l'incertitude de leur avenir. On sourit aussi à la description minutieuse et savoureuse de l'administration française, ubuesque et stupide. le camp est tenu par les gendarmes français, dépassés par cette tâche pour laquelle ils ne sont pas formés. Ordres et contre ordres abondent. On ne sait comment occuper tout ce beau monde qui s'agite et palabre, alors on lui impose des travaux inutiles comme déplacer des tuiles d'un endroit à l'autre.
Ce récit est précieux aussi pour sa valeur de témoignage. Travaillé sur le motif comme un peintre, il décrit, décortique, et analyse la vie du camp sous toutes ses facettes.
On découvre aussi l'atmosphère politique de cette époque trouble et cette lâcheté qui consistait à emprisonner des apatrides pour complaire à l'Allemagne nazie.
Bien qu'écrit dans un style quelque peu vieilli, ce témoignage se lit avec intérêt.



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J'ai beaucoup aimé ce roman autobiographique, et surtout l'auteur que je ne connaissais pas ,grave lacune !.
J'avais entendu parler des camps de réfugiés pendant la seconde guerre mondiale,en particulier celui des Milles, près d'Aix en Provence.Apres quelques recherches ,j'ai appris beaucoup de faits historiques concernant cette période de la guerre 39/45,où une partie de l'intelligentsia Allemande et Autrichienne indésirable dans leur pays s'était réfugié en France.
Au travers le récit de L.Feuchtwanger,interné dans le camp des Milles en 1940,ce qui m'a profondément étonnée et surprise est la façon qu'il'a d'appréhender les chose qui lui arrivent.
J'ai eu l'impression tout au long de ma lecture que l'auteur était spectateur et qu'il nous décrivait une scène sans vraiment être impliqué dans cette page de vie.C'est étrange et en même temps nous sentons toute la philosophie contemplative de l'écrivain, il se bat avec ses mots ,mais n'entre jamais dans l'action.Et au fur et à mesure de ma lecture ,ce fatalisme est remplacé par un sentiment d'impuissance face à un gouvernement, qui à cette époque est totalement laxiste et indecis.Nous sentons toute l'amertume et toute la désillusion de L.Feuchtwanger face à ces événements,c'est ce qui donne cette impression de détachement de l'écrivain.La France l'a trahit ,la France où il avait mis toute sa confiance,il,y aurait tant et tant de discussions à avoir sur ces événements honteux d'une France soumise .Un très très bon livre que je recommande chaleureusement .( pour les passionnés d'histoire ,entre autres)⭐⭐⭐⭐⭐
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Dès 1939, et malgré sa notoriété, Lion Feuchtwanger est interné au camp des Milles où il ne reste qu'une dizaine de jours. le but était de faire un triage entre les exilés politiques et d'autres ressortissants du Reich. Au moment de la débâcle, en juin 1940, il est de nouveau interné dans le camp des Milles, à côté d'Aix-en-Provence. Cette fois, il y restera longtemps. Les premiers internés de ce camp étaient principalement des Allemands et d'autres étrangers (Autrichiens, Hollandais...). Il fallait contrôler les Allemands sur le territoire, emprisonner d'éventuels nazis. le problème, c'est que ces derniers ne sont qu'une poignée parmi tous ces gens internés et que le triage n'aura jamais lieu. On trouve à cette époque de nombreux artistes qui avaient trouvé refuge en France. Max Ernst, par exemple, a été interné à la même période que Lion Feuchtwanger.

Dans le Diable en France, il raconte les conditions d'internement. le "diable" n'est pas méchant : les gardiens font leur travail, ne sont pas violents. Pas de cruauté gratuite, juste un certain "je m'en foutisme" que Lion Feuchtwanger pense être propre à l'administration française. On dort dans la poussière, les uns sur les autres, dans un bruit permanent, avec les odeurs. le camp d'internement n'a rien à voir avec les camps de concentration, d'extermination et de travail tels que Buchenwald ou Auschwitz. Aux Milles, on ne sait même pas comment occuper les prisonniers. Il arrive donc, mais c'est rare, qu'on leur fasse déplacer un tas de briques d'un endroit à un autre pour les occuper.

Le bruit court que les nazis sont en France, qu'ils s'emparent du territoire. La peur des internés est que ces hommes leur mettent la main dessus, car la plupart d'entre eux, comme Feuchtwanger, sont des opposants au régime. Il faut partir! Les prisonniers décident de convaincre le commandant de leur affréter un train pour les conduire dans le sud-ouest, du côté de Bayonne (c'est l'histoire du "train des Milles", racontée dans un film avec Philippe Noiret, entre autres). Tous ne partent pas, on dresse des listes de volontaires effrayés par l'arrivée des nazis dans le sud. le voyage en train de plusieurs jours est très pénible : les wagons sont surpeuplés, impossible de s'asseoir ou de se coucher si ce n'est à tour de rôle. Enfin, quand le train arrive à Bayonne, une rumeur crie : "Voilà les Boches! Voilà les Boches!" et, par peur, le train fait demi-tour et repart dans la direction d'Aix. le malentendu est le suivant : les nazis n'étaient pas arrivés encore mais le train ne comportait quasiment que des Allemands. La population autochtone, en criant "Voilà les Boches!", a propagé une fausse rumeur sans le vouloir. le voyage n'a servi à rien. Certains décident de s'enfuir par leurs propres moyens (personne ne les retient d'ailleurs). Finalement, le train dépose son chargement humain à Nîmes où se construit un camp en toiles : des tentes sont montées, les prisonniers vont vivre ici. Ils peuvent sortir à leur guise, mais personne ne s'enfuit parce que sans papiers, sans laisser-passer, les prisonniers savent qu'ils sont plus en sécurité sous la garde des gendarmes français que livrés à eux-mêmes, prêts à tomber à tout moment aux mains de leur pire ennemi : les Nazis.

Ce livre est un témoignage vraiment intéressant sur la vie dans un camp d'internement. On voit aussi l'injustice de cette France qui se renie et qui, après avoir asile à des hommes engagés contre Hitler, les emprisonne sous prétexte de les trier. le mythe du pays libre, d'une République ouverte et éclairée, est largement égratigné. Comment peut-on penser que le pays héritier des Lumières ait été capable de se dédire et de signer, par la main de Pétain, un accord avec Hitler?
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Ce récit autobiographique est celui d'un auteur allemand, Lion Feuchtwanger, très connu dans les années 1920 en raison de son roman à succès LE JUIF SUSS. Lion Feuchtwanger est contraint de s'installer en France en 1933, déchu de sa nationalité allemande. Au début de la seconde guerre mondiale, il est interné par le gouvernement français avec beaucoup d'autres étrangers, jugés "ennemis" de la France, il se retrouve au camp des Milles, près d'Aix-en-Provence.
Ce livre est son récit des mois de captivité, c'est passionnant car ce témoignage s'intéresse à la vie quotidienne de ces hommes à l'intérieur de cette fabrique de briques réquisitionnée pour leur "hébergement". Les prisonniers ne comprennent pas que la France qui fut leur asile devienne ainsi leur prison. Les jours s'écoulent faits de promiscuité, de peur, de trafics en tous genres, de moments de fraternité, d'espoirs déçus, de spectacles, de créations artistiques ( Max Ernst y fut interné), de discussions intellectuelles.
Ces hommes attendent que le gouvernement leur permette le s'exiler avant l'arrivée des allemands, Lion Feuchtwanger se sait recherché. Les responsables du camp gardent leurs papiers, les empêchant de fuir de façon "légale", c'est pour ces hommes une incompréhension anxieuse qui se joue chaque jour, l'auteur finira pas pouvoir fuir mais il ne raconte pas la fin de son aventure ne voulant pas compromettre les passeurs.
Finalement qui est ce "diable" en France que le titre nous annonce ? peut-être les troupes allemandes qui déferlent aussi en zone sud, pour ma part un autre diable se profile : le diable c'est aussi la désinvolture et le caractère bouillon, négligent et désorganisé des Français, incapables de prendre une décision claire avec ces hommes.
Un récit qui se lit d'une traite.
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Un témoignage intéressant sur le sort réservé à ces hommes et femmes ayant fuit le régime d'Hilter mais considérés par la France comme des "ennemis potentiels". Nous sommes en 1940 et dans le sud, à Aix-en-provence, une ancienne tuilerie va servir de camp de rétention pour ces intellectuels allemands désormais apatrides comme Feuchtwanger, ou encore Marx Erntz. L'auteur décrit avec minutie mais sans jamais tomber dans l'outrance ou le pathos excessif leurs terribles conditions de vie au camp des Milles mais aussi au sein d'autres camps comme celui de Nîmes. Il teinte également son récit d'anecdotes humoristiques afin de caricaturer le système administratif français et d'en faire ressortir les incohérences.Ce récit autobiographique qui ne fut jamais terminé par Lion Feuchtwanger (une fois exilé en Amérique, il abandonna le projet) a le mérite d'avoir été écrit "à vif", dans le "coeur de l'action" ce qui nous plonge, avec lui, dans le chaos d'une vie qui perd son sens, dans le chaos d'une vie qui menace à tout instant d'être interrompue, dans le chaos d'une vie où seule importe la survie.... En conclusion, un témoignage éclairant sur une partie de notre histoire de France que nous ne connaissons pas toujours....
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Chez nous ,en Allemagne,quand quelqu'un vivait confortablement,on disait qu'il vivait : Comme Dieu en France.Cette expression signifiait probablement que Dieu se sentait bien en France ,qu'on y vivait librement et qu'on y laissait vivre les autres ,que l'existence y etait facile et confortable.Mais si Dieu se sentait bien en France ,on pouvait dire également,précisément en vertu de cette conception du monde assez insouciante,que le diable n'y vivait pas mal non plus .Pour qualifier leur indifférence ,dans la vie courante ,les Français utilisaient volontiers l'expression de : je -m-en foutisme. Je ne crois pas que notre malheur soit dû à de mauvaises intentions de leur part,je ne crois pas que le diable auquel nous avons eu affaire en France en 1940 ait ėtė un diable particulièrement pervers qui aurait pris un plaisir sadique à nous persécuter.Je crois plutôt que c'était le diable de la négligence, de l'inadvertance ,du manque de génėrositė, du conformisme,de l'esprit de routine,c'est à dire ce diable que les Français appellent le : je-m-en -foutisme.( page 62)
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Je me trouve désormais au seuil de la vieillesse. Mes envies s'amoindrissent comme s'amoindrissent mes colères et mon enthousiasme.J'ai rencontré dieu sous bien des formes ,mais aussi le diable. La joie que me donne Dieu ne s'est pas démentie, mais la peur que j'avais du diable ,en revanche ,à disparu.J'ai dû faire l'expérience que la bêtise et la méchanceté des hommes sont effrénées et aussi profondes que les sept Mers. Mais j'ai aussi eu l'occasion de comprendre que la digue qu' une minorité de Justes et de Sages ont érigée est plus haute et plus résistante avec chaque jour qui passe.( page 338).
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Pendant les sept années que j'ai passées sur les côtes du midi de la France, j'ai profité, tous les sens en éveil, de la beauté des paysages et de l'insouciance qui caractérise la vie au bord de la Méditerranée. Par exemple, quand il m'arrivait de rentrer de Paris par le train de nuit et que je revoyais au petit matin les côtes bleutées, les pins et les oliviers qui escaladaient les coteaux, quand je sentais à nouveau de moi la douceur de vivre méditerranéenne, je poussais un profond soupir de soulagement et me réjouissais d'avoir choisi de vivre sous ces cieux-là. Et lorsque je montais au sommet de la petite colline, vers ma maison blanche et ensoleillée, que je retrouvais mon jardin et sa paix profonde, mon grand bureau si clair qui donnait sur la mer...quand je retrouvais mes chers livres, alors toutes les fibres de mon être me disaient : c'est ici que tu es chez toi, cet univers est le tien. De même, lorsqu'il m'arrivait d'avoir bien travaillé pendant la journée et que je me promenais à la nuit tombante dans le silence de mon jardin que seuls le ressac de la mer et parfois un petit cri d'oiseau venaient troubler, je me sentais en accord avec mon univers et pénétré de bonheur.
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Je ne crois pas que notre malheur soit dû à de mauvaises intentions de leur part, je ne crois pas que le diable auquel nous avons eu à faire en France en 1940 ait été un diable particulièrement pervers qui aurait pris un plaisir sadique à nous persécuter. Je crois plutôt que c’était le diable de la négligence, de l’inadvertance, du manque de générosité, du conformisme, de l’esprit de routine, c’est-à-dire ce diable que les Français appellent le je-m’en-foutisme.
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On n'avait certainement pas l'intention de nous maltraiter ou de nous considérer comme des ennemis. On savait très bien que sur cent détenus, quatre-vingt-dix-neuf étaient sans aucun doute innocents, qu'ils étaient des amis de la France venus se réfugier dans ce pays en accordant toute leur confiance à l'hospitalité française. On savait qu'ils avaient été accueillis cordialement par le peuple et le gouvernement, et qu'ils étaient des alliés naturels dans le combat contre Hitler. Mais si l'on nous faisait subir des conditions de vie aussi misérables, et si l'on mettait en danger notre santé en manquant aux règles de la plus élémentaire hygiène, c'était par pure négligence, par manque d'organisation.
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